Accueil🇫🇷Chercher

Ghajar

Ghajar (arabe : غجر , hébreu : ע'ג'ר ou רג'ר ) est un village situé à la frontière entre le Liban et la partie des hauteurs du Golan en Syrie occupée par Israël depuis 1967, près des Fermes de Chebaa, au sein de la vallée du fleuve Hasbani. En 2019, il comptait 2 659 habitants. Il est à majorité alaouite.

Ghajar
Ghajar
Place centrale de Ghajar
Administration
Démographie
Population 2 256 hab. (2011)
Densité 917 hab./km2
Géographie
Coordonnées 33° 16′ 22″ nord, 35° 37′ 23″ est
Altitude 310 m
Superficie 246,1 ha = 2,461 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Liban
Voir sur la carte administrative du Liban
Ghajar
Géolocalisation sur la carte : Syrie
Voir sur la carte administrative de Syrie
Ghajar

    Le village faisait partie de la Syrie quand il a été occupé et annexé par Israël comme le reste du Golan après 1967.

    Il s'est étendu sur le territoire libanais ; il a été occupé par Israël pendant de longues périodes comme le reste du Liban Sud à partir de 1982.

    Empire ottoman

    La région s'est trouvée dans l'Empire ottoman depuis le XVIe siècle. Il n'y avait pas de frontières au sein de l'Empire, mais des divisions administratives[1].

    Mandat français

    Carte des Nations unies du Liban du Sud (août 2006). La frontière suit la ligne Paulet-Newcombe de 1923.

    Les Français et les Britanniques établissent des frontières dans les zones qu'ils contrôlent, durant la période du mandat français en Syrie et au Liban et du mandat britannique en Palestine (mandats créés en 1920, et qui se prolongent de fait jusqu'en 1946 pour le premier, 1947 pour le second). L'accord franco-britannique Paulet-Newcombe en 1923 trace une frontière entre la Palestine sous mandat britannique, et le Liban et la Syrie tous deux sous mandat français. L'accord Paulet-Newcombe attribue le Golan à la France[2].

    En 1932, les habitants de Ghajar ont eu la possibilité de choisir leur nationalité et ont massivement choisi de faire partie de la Syrie, qui compte une importante minorité alaouite[3].

    Accès à l'indépendance de la Syrie

    De la fin du mandat français sur la Syrie en 1946 à la guerre israélo-arabe de 1967, Ghajar est considéré comme faisant partie de la Syrie, et ses habitants étaient comptés lors du recensement syrien de 1960[4].

    Occupation israélienne en 1967

    Israël a occupé militairement le Golan syrien en 1967, y compris Ghajar, à la suite de la guerre des Six jours[1].

    En 1981, date de l'annexion officielle du Golan par la Knesset israélienne, la plupart des villageois alaouites ont été poussés par les autorités à obtenir la citoyenneté israélienne en vertu de la loi sur les hauteurs du Golan[5] qui a annexé le territoire syrien occupé à Israël, mais l'annexion unilatérale n'a pas été reconnue par la communauté internationale.

    Extension du village sur le territoire libanais

    Maisons à Ghajar

    Ghajar s'est étendu vers le nord sur le territoire libanais[1] - [3].

    Occupation israélienne de la partie libanaise de Ghajar

    Après l'opération Litani en 1978, au cours de laquelle l'armée israélienne envahit le Liban sur une profondeur de 40 km, Israël occupe le Liban de manière indirecte, en employant les supplétifs de l'armée du Sud-Liban, jusqu'en 2000. La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a été créée après cette opération militaire, en mars 1978 pour confirmer le retrait israélien du sud du Liban, rétablir la paix et la sécurité internationales et aider le gouvernement libanais à rétablir sa souveraineté dans la région (résolution 425 du Conseil de sécurité des Nations unies)[6].

    En 1982, Israël envahit le Liban et par conséquent la partie nord, "libanaise", de Ghajar[1] - [7], l'autre partie étant déjà annexée par Israël comme le reste du Golan.

    Ligne bleue (2000) : division du village entre Golan et Liban

    En 2000, après l'élection d'Ehud Barak au poste de Premier ministre, Israël retire ses troupes du Liban. Dans une tentative de délimitation des frontières permanentes entre Israël et le Liban, les Nations Unies ont tracé la Ligne bleue. En raison de l'emplacement de Ghajar, coincé entre le Liban et les hauteurs du Golan occupées par Israël, la moitié nord du village est passée sous contrôle libanais et la partie sud est restée sous occupation israélienne comme le reste du Golan[1] - [4].

    Les habitants de la partie nord ont les nationalités libanaise et israélienne, ceux de la partie sud (dans le Golan) ont uniquement la nationalité israélienne[1].

    Nouvelle occupation israélienne de la partie libanaise de Ghajar en 2006

    Ghajar

    À la suite d'une attaque du Hezbollah contre une patrouille de l'armée israélienne à la frontière israélo-libanaise et de tirs de roquettes, attaque qui a abouti à la mort de huit soldats israéliens et à la capture de deux autres dans le but de les échanger contre des prisonniers en Israël, l'armée israélienne bombarde le Liban, envahit le sud du pays et réoccupe la moitié nord de Ghajar. Après un mois de combats intenses, la résolution 1701 du Conseil de Sécurité des Nations unies a été approuvée à l'unanimité pour résoudre le conflit, et elle a été acceptée par les combattants des deux côtés. La résolution exige entre autres la cessation totale des hostilités, le retrait des forces israéliennes, le désarmement du Hezbollah, le déploiement de soldats libanais et de la FINUL et l'établissement d'un contrôle total par le gouvernement libanais.

    L'ONU a physiquement marqué la frontière reconnue. Une clôture périphérique a été construite le long de la bordure nord du village en territoire libanais jusqu'à 800 mètres au nord de la Ligne bleue . Des observateurs militaires de la FINUL patrouillent en permanence dans la zone[8].

    Les soldats israéliens restent cependant du côté libanais de Ghajar[1] malgré la décision du cabinet israélien de remettre le contrôle des lieux à la FINUL. Dans son rapport d'octobre 2007 sur la mise en œuvre de la résolution, les Nations unies ont publié un rapport indiquant que les discussions sur la durée des arrangements de sécurité temporaires pour le nord de Ghajar restaient dans l'impasse. Israël garde le contrôle au nord de la Ligne bleue et de la petite zone adjacente à l'intérieur du territoire libanais, bien qu'il n'y maintienne pas de présence militaire permanente. Les Forces armées libanaises patrouillent sur la route à l'extérieur de la clôture d'enceinte. Le rapport note que « tant que les Forces de défense israéliennes resteront dans le nord de Ghajar, Israël n'aura pas achevé son retrait du sud du Liban conformément à ses obligations au titre de la résolution 1701 (2006) ». Il note en outre : « L'absence de progrès sur cette question pourrait devenir une source de tension et entraîner le potentiel d'incidents à l'avenir ».

    En avril 2009, le journal libanais Daily Star a rapporté que Tsahal avait accepté de se retirer du nord de Ghajar lors d'une réunion à Ras al-Naqoura[13] Le 13 mai, le gouvernement israélien a suspendu les pourparlers pour attendre le résultat des élections parlementaires libanaises, craignant une victoire du Hezbollah[9] . À la suite de rapports en décembre 2009 d'une division possible du village, 2 200 habitants de Ghajar sont descendus dans les rues en signe de protestation[10].

    En novembre 2010, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a informé le secrétaire général de l'ONU des intentions israéliennes de se retirer unilatéralement de Ghajar, après avoir échoué à parvenir à un accord avec le Liban[11] - [12] et à placer les questions de sécurité entre les mains de la FINUL[13]. Le 17 novembre 2010, le Cabinet de sécurité d'Israël a voté en faveur du retrait de la moitié nord de Ghajar[14].

    Voir aussi

    Notes et références

    1. Matthieu Cimino, « Proche-Orient : Ghajar et son étrange destin israélo-libanais », sur L'Obs, (consulté le )
    2. Pierre Berthelot, « Le Golan : statu quo ou restitution ? », Politique étrangère, no 3 (Automne), , p. 647-658 (DOI 10.3917/pe.103.0647, lire en ligne, consulté le ).
    3. (en) Hassan M. Fattah, « A New Fence Is Added to a Border Town Already Split », The New York Times Magazine, (lire en ligne, consulté le ).
    4. (en) Zvi Bar'el, « Getting rid of Ghajar », Haaretz, (lire en ligne, consulté le ).
    5. (en) « Majority of Syrians continue to refuse Israeli citizenship » [archive du ], sur golan-marsad.org, (consulté le ).
    6. (en) « Extracts relating to Article 98 of the Charter of the United Nations: Supplement No 5 (1970–1978) » [archive du ] [PDF], sur Repertory of Practice of United Nations Organs, United Nations (consulté le ), §275–279.
    7. (en) « 1982 Lebanon invasion », sur news.bbc.co.uk, (consulté le ).
    8. (en) Yaakov Katz, « Lebanon holding up IDF Ghajar pullout », The Jerusalem Post, (lire en ligne, consulté le ).
    9. (en) « 'Israel delays plan to quit Lebanon border town' », sur haaretz.com, (version du 16 mai 2009 sur Internet Archive).
    10. (en) « Ghajar Residents Protest Over Planned Israeli Withdrawal », Haaretz, (lire en ligne, consulté le ).
    11. (en) Tovah Lazaroff, « Israel to withdraw from village on Lebanon border », The Jerusalem Post, (lire en ligne, consulté le ).
    12. (en) Barak Ravid, « Lieberman: Israel will quit Lebanon town unilaterally due to Hezbollah refusal to cooperate. », Haaretz, (lire en ligne, consulté le ).
    13. (en) « Cabinet set to approve unilateral withdrawal from Ghajar », The Jerusalem Post, (lire en ligne, consulté le ).
    14. (en) Barak Ravid, « Israel approves unilateral pullout from Lebanon border town », Haaretz, (lire en ligne, consulté le ).
    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.