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Gargouilles de l'ancienne Ă©glise des Cordeliers

Cet ensemble de quinze gargouilles est conservé au musée des Augustins de Toulouse où il est exposé dans le cloître. Elles constituent un ensemble figuratif de style gothique, provenant de l'église des Cordeliers de Toulouse, détruite en 1873. Ces sculptures sont datées de la période de construction de l'édifice, entre le XIIIe et le XIVe siècle.

Gargouilles de l’ancienne église des Cordeliers de Toulouse
Vue générale dans le cloître du musée des Augustins.
Artiste
Inconnu
Date
XIIIe ou XIVe siècle
Type
Technique
Sculpture
Dimensions (H Ă— L Ă— l)
200 Ă— 043 Ă— 047 cm
Mouvement
No d’inventaire
RA 549
Localisation

De l’église au musée

Gravure représentant les gargouilles, conservée au musée Paul-Dupuy de Toulouse.

L’église des Cordeliers a fait l'objet de plusieurs chantiers d'agrandissement, notamment entre 1260 et 1290, et aux environs de 1320, périodes supposées de commande et de fabrication des gargouilles[1]. C'est à la suite de la destruction de l’église en 1873 (faisant elle-même suite à un important incendie en 1871) que les gargouilles ont été extraites de la construction, pour être entreposées dans un terrain dépendant de l'ancienne école des Beaux-Arts de Toulouse. Elles sont entrées dans les collections du musée des Augustins en 1911[2].

On pouvait initialement compter environ vingt-cinq gargouilles dans l'ornementation de l’église. Cependant, conséquence de destructions ou de récupérations pour des collections privées, seules quinze gargouilles ont pu être collectées pour constituer l'ensemble qui est aujourd'hui exposé dans le cloître du musée des Augustins.

Description

Muséographie

Les gargouilles sont disposées dans un alignement régulier le long de l'aile sud du cloître du musée. Elles sont présentées à la verticale, tête vers le haut, et non à l'horizontale comme elles l'étaient quand elles étaient insérées dans la construction. Le visiteur peut ainsi observer à loisir l'envers et l'endroit des sculptures, les contourner, suivant le sens de son parcours dans le musée.

Technique

Gargouille représentant un dragon aux ailes membraneuses.

Ces sculptures sont taillées dans des blocs de pierre dure et présentent des dimensions relativement imposantes : elles sont hautes de deux mètres, en incluant les socles qui font partie intégrante des blocs. Ces socles sont pour l'ensemble grossièrement épannelés : ils étaient destinés à être dissimulés par la construction en constituant un contre-poids à la partie apparente de la gargouille. Notons néanmoins que trois gargouilles présentent des socles aux dimensions légèrement inférieures (de l'ordre de 10 à 20 centimètres), ce qui laisse supposer qu'elles étaient destinées à des endroits spécifiques de la construction.

Un chéneau est creusé sur la face normalement tournée vers le ciel de manière à recueillir les eaux des toitures. Il n'avait pas vocation à être recouvert, contrairement à ce que l'on peut constater sur d'autres gargouilles de cette même époque. Elles sont réalisées sans grand détail, ni travail de finition. Celui-ci était inutile du fait de la position des gargouilles dans la construction, très en hauteur. Leur réalisation est relativement simple et suit les canons de l'époque.

Figuration

Cet ensemble constitue un bestiaire fantastique mêlant un sanglier, cinq fauves (qui peuvent appartenir au registre du merveilleux), deux dragons (l'un représenté avec des ailes membraneuses, l'autre ailé de plumes), un démon, un quadrupède à tête humaine et enfin cinq quadrupèdes à long cou, relativement identiques. Ce sont des animaux chimériques féroces, affublés de griffes et de dents.

Adéquation avec le contexte artistique de l'époque

L'art gothique de Paris rayonne à travers toute l'Europe, notamment par le biais d'ateliers itinérants issus des milieux parisiens. Ils vont se fixer petit à petit dans les villes. Les XIIIe et XIVe siècles correspondent, dans le sud de la France, à des moments de reconstruction et de rénovation des ensembles architecturaux, notamment des cathédrales. Les cisterciens sont les principaux artisans de l'introduction du gothique dans le Midi. Celui-ci se développe à Toulouse sous sa forme dite méridionale.

Soumise à des campagnes de travaux au cours de cette période, l'église des Cordeliers présentait une belle architecture en brique dans le style gothique méridional, dans laquelle furent introduites des gargouilles conservant la même esthétique.

Approche stylistique et interprétation possible

À partir d'une analyse proprement stylistique, on peut distinguer deux groupes de gargouilles qui correspondraient à deux ateliers différents[3].

Quadrupède appartenant au premier groupe de gargouilles.
  • Le premier groupe de gargouilles est constituĂ© par les cinq quadrupèdes, le dĂ©mon et le dragon Ă  ailes membraneuses. Elles ont des cous hypertrophiĂ©s par rapport Ă  leur corps, de sorte que l'ensemble cou-tĂŞte reprĂ©sente plus de la moitiĂ© de la partie sculptĂ©e. Le travail n'est pas soignĂ© dans le dĂ©tail : les marques des outils de tailles sont apparentes, les cuisses sont Ă  peine Ă©bauchĂ©es par une forme saillante circulaire, et les pattes sont traitĂ©es très grossièrement (on ne leur discerne pas de doigts). Les corps de ces sept gargouilles ont un aspect relativement identique si l'on excepte le dĂ©tail des ailes du dragon et la collerette du dĂ©mon. Les cinq quadrupèdes sont diffĂ©renciĂ©s au niveau seul de leur oreilles dont les formes varient d'une gargouille Ă  l'autre. Seul l'un d'entre eux arbore une rangĂ©e d'Ă©cailles sous le cou. Ce groupe de gargouilles pourrait ĂŞtre la production d'un premier atelier et avoir Ă©tĂ© commandĂ© lors de la campagne de travaux de 1260 Ă  1290.
  • Le second ensemble de gargouilles regroupe pour sa part les cinq fauves, le sanglier et le quadrupède Ă  tĂŞte humaine. Ils prĂ©sentent un aspect plus rĂ©aliste, notamment par leur proportions plus naturelles. La pierre est plus lisse et on a l'impression d'un travail plus abouti. Les gargouilles sont taillĂ©es plus dans le dĂ©tail, une attention particulière est portĂ©e aux griffes, aux poils et aux dents. Au sein de cet ensemble, on peut distinguer deux gargouilles (des fauves) prĂ©sentant un travail plus abouti encore. Leur corps est courbĂ© en arc de cercle vers la gauche et les visages sont très soignĂ©s. On peut penser qu'elles ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es par le maĂ®tre du second atelier[4]. Ce second ensemble aurait Ă©tĂ© ajoutĂ© Ă  l'Ă©difice aux environs de 1320 lors d'un deuxième chantier de construction.
  • Le dragon aux ailes de plumes semble distinct de ces deux groupes. Sa tĂŞte est semblable Ă  celle des gargouilles du premier groupe et ses pattes sont très schĂ©matiques, mais ses proportions sont moins choquantes, la pierre est plus lisse et les ailes sont traitĂ©es de manière gĂ©omĂ©trique, ce qui rejoint l'esthĂ©tique du second groupe. Cette gargouille peut ĂŞtre vue comme le reflet d'une transition entre les deux ensembles, bien qu'on la rattache Ă  la première commande.
Les gargouilles.

Notes et références

  1. Ludovic Goujon et Michèle Pradalier-Schlumberger (dir.) (projet de recherche en DEA Histoire de l'art), Les Gargouilles gothiques de Toulouse, Toulouse, Université du Mirail, , p. 81-90.
  2. Catalogue des collections de sculpture et d’épigraphie du musée de Toulouse, Privat, 1912, p. 231.
  3. Ludovic Goujon et Michèle Pradalier-Schlumberger (dir.), Les Gargouilles gothiques de Toulouse, p. 81-90.
  4. C'est l'interprétation proposée par Ludovic Goujon dans son travail de recherche Les Gargouilles gothiques de Toulouse.

Voir aussi

Bibliographie

  • MusĂ©e des Augustins. Guide des collections : Sculptures gothiques, vol. 3, Toulouse, musĂ©e des Augustins, , 111 p. (ISBN 2-901820-27-1).
  • Dossier d'Ĺ“uvre no RA 549 : ensemble de quinze gargouilles, Toulouse, Centre de documentation du musĂ©e des Augustins.

Articles connexes

Liens externes

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