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GĂ©rard Mellier

Gérard Mellier, né le à Lyon et mort le à Nantes, est un homme politique français, maire de Nantes de 1720 à sa mort, trésorier de France et général des finances, subdélégué de l'intendance de Bretagne. Il a contribué à la transformation urbaine de Nantes au XVIIIe siècle, notamment sur le quai de la Fosse.

Biographie

Origines

Gérard Mellier est le fils de Gérard Jacquemeton, notaire royal et procureur du roi, et de Claudine Ballet, issue d'une famille bourgeoise de Lyon. En 1669, Gérard Jacquemeton, légataire universel de son oncle Marcellin Mellier, change son nom en Mellier, condition posée pour la perception de l'héritage. C'est ce nom que porte à son tour le futur maire de Nantes, qui naît le [1].

Son père meurt en 1679. Deux hypothèses sont Ă©mises quant Ă  la pĂ©riode de formation du jeune GĂ©rard. Soit le dĂ©cès paternel a poussĂ© sa mère Ă  rejoindre son frère, Nicolas Ballet (avant 1664-1724), qui a quittĂ© Lyon pour Nantes dans les annĂ©es 1660. Soit GĂ©rard Mellier a suivi des Ă©tudes Ă  Lyon, avant de rejoindre son oncle Ă  Nantes pour trouver un emploi. La seule certitude est la prĂ©sence Ă  Nantes du jeune homme, en 1693, avec le titre d'« avocat en parlement Â»[2].

Maire de Nantes

Renouvelé au poste de maire de Nantes de 1720 à sa mort en 1729, Gérard Mellier était conseiller du roi, trésorier de France, général des finances et grand-voyer de Bretagne. Il a également été député du conseil pour les affaires de la Compagnie des Indes, colonel de la milice bourgeoise, entre autres[3].

Lors de ses mandats de maire, il a conduit entre autres à l'installation de pompes à incendie[3] et la constitution d'un corps de pompiers[4], à l'alignement du quai de la Fosse, à la construction du pont de la Bourse, à la création de l'académie de musique de Nantes[3].

Ă€ la tĂŞte de la ville alors que la traite nĂ©grière y est florissante, Mellier soutient ce « commerce Â»[5].

Mellier et la « traite nĂ©grière Â»

En 1716, alors qu'il est subdélégué de l'intendant de Bretagne à Nantes, une des principales villes profitant du Commerce triangulaire, Gérard Mellier rédige un mémoire sur le thème du statut juridique des esclaves (tous sont des Noirs)[6]. Des cas où un esclave est amené en France apparaissent, avec des conséquences opposées : parfois ledit esclave est alors considéré comme libre dès qu'il arrive en Europe, mais souvent son statut d'esclave est maintenu. Gérard Mellier construit un raisonnement sans équivoque pour le maintien en esclavage des Noirs arrivant en France. Il argumente dans l'esprit de ne favoriser que les bénéficiaires du commerce triangulaire, notamment les armateurs nantais, et les colons[7].

Le texte élaboré par Gérard Mellier sert de base à l'Édit du Roi concernant les esclaves Nègres des colonies de 1716, qui vient, en complément du Code noir, établir « une rupture dans le droit civil français en définissant, pour la première fois dans notre histoire, un statut juridique d'exception pour une catégorie de personnes vivant sur le territoire national, en raison de leur origine et de leur couleur de peau. »[8].

Le mĂ©moire de Mellier, qui part de l'affirmation mensongère certifiant qu'aucune règle en vigueur ne permettait d'affirmer qu'un esclave arrivant en France devenait libre de droit[9], expose que la prĂ©sence des Noirs en France ne peut ĂŞtre motivĂ©e que par le souci de leur donner une formation avant de les utiliser dans les colonies[10] ; Mellier dĂ©taille des règles qui font du Noir un « bien meuble Â»[11]. Sous couvert de les convertir au catholicisme et leur « rendre la libertĂ© Â», le mĂ©moire de 1716 n'a pour but que de permettre aux armateurs nantais de poursuivre la traite[12]. Mellier sait très bien de quoi il retourne, et donne aux tenants de l'esclavage des arguments juridiques[13]. Outre des considĂ©rations « scientifiques » sur le prĂ©tendu bienfait de l’esclavage sur la dĂ©mographie galopante de la « NĂ©gritie Â» (soi-disant pays des Noirs), la justification morale s'appuie sur les prĂ©jugĂ©s qu'il exprime sur les Noirs, qui sont selon lui « naturellement enclins au vol, au larcin, Ă  la luxure, Ă  la paresse et Ă  la trahison (...) » et « qu'ils ne sont propres qu'Ă  vivre dans la servitude »[14]. Porte-parole des nĂ©griers, GĂ©rard Mellier est un prĂ©curseur du racisme[15].

Ĺ’uvres

  • TraitĂ© du droit de voyrie, contenant un recueil des Ă©dits, dĂ©clarations, arrests et règlemens qui ont attribuĂ© la connoissance de ce droit aux trĂ©soriers de France gĂ©nĂ©raux des finances, 1709, M. Simart, Paris, 290 p., (BNF 30922989).
  • Recueil d'Ă©dits, dĂ©clarations, arrests et rĂ©glemens concernant les offices des trĂ©soriers de France, gĂ©nĂ©raux des finances de Bretagne, 1712, J. Mareschal, Nantes, 416 p., (BNF 30922988).
  • MĂ©moires pour servir Ă  la connaissance des loys et hommages des fiefs de la province de Bretagne, 1715, M. Simart, Paris, 218 p., (BNF 30922987).
  • Essai sur l'histoire de la ville et du comtĂ© de Nantes, manuscrit publiĂ© par LĂ©on MaĂ®tre en 1872, Forest et Grimaud, Nantes, 145 p., (BNF 30922986).

Hommages

Buste Ă  l'hĂ´tel de ville

La rue Mellier, qui donne sur la place GĂ©nĂ©ral-Mellinet, a Ă©tĂ© ainsi nommĂ©e en hommage Ă  l'ancien maire, ainsi qu'une salle de l'hĂ´tel de ville (dans l'hĂ´tel de Derval). Le quai du Port-Maillard, entre Bouffay et le château, est momentanĂ©ment appelĂ© « quai Mellier Â» après sa reconstruction 1722.

Notes et références

  1. Le Page 2010, p. 40.
  2. Le Page 2010, p. 41.
  3. Le Nail 2010, p. 287.
  4. de Berranger 1975, p. 40.
  5. de Berranger 1975, p. 43.
  6. Le Pichon 2010, p. 121.
  7. Le Pichon 2010, p. 122.
  8. Le Pichon 2010, p. 123.
  9. Le Pichon 2010, p. 138.
  10. Le Pichon 2010, p. 139.
  11. Le Pichon 2010, p. 141.
  12. Le Pichon 2010, p. 143.
  13. Le Pichon 2010, p. 144.
  14. Le Pichon 2010, p. 145.
  15. Le Pichon 2010, p. 149.

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri de Berranger, Évocation du vieux Nantes, Paris, Les Éditions de Minuit, (rĂ©impr. 1994), 2e Ă©d. (1re Ă©d. 1960), 300 p. (ISBN 2-7073-0061-6, OCLC 312748431).
  • Bernard Le Nail, Dictionnaire biographique de Nantes et de Loire-Atlantique, Pornic, Le Temps Ă©diteur, , 414 p. (ISBN 978-2-36312-000-7), p. 287.
  • Dominique Le Page (dir.), HĂ©lène Rousteau-Chambon (dir.) et Guy Saupin (dir.), GĂ©rard Mellier, maire de Nantes et subdĂ©lĂ©guĂ© de l'intendant de Bretagne (1709-1729), SociĂ©tĂ© d'histoire et d'archĂ©ologie de Nantes et de Loire-Atlantique, , 459 p. (ISBN 978-2-9537374-1-7).
    • Dominique Le Page, « GĂ©rard Mellier (1674-1729), portrait », dans GĂ©rard Mellier, maire de Nantes et subdĂ©lĂ©guĂ© de l'intendant de Bretagne (1709-1729), , p. 39-80.
    • Philippe Le Pichon, « Mellier et la traitre nĂ©grière : le mĂ©moire de 1716 sur le statut juridique des Noirs esclaves en France », dans GĂ©rard Mellier, maire de Nantes et subdĂ©lĂ©guĂ© de l'intendant de Bretagne (1709-1729), , p. 121-150.
  • Gaston Martin, Nantes au XVIIIe siècle, l'administration de GĂ©rard Mellier, 1709, 1720, 1729, Toulouse, Lion et fils, (BNF 32423773).
  • Claude Petitfrère, GĂ©rard Mellier, maire de Nantes et subdĂ©lĂ©guĂ© de l’intendant de Bretagne (1709-1729) : l’entrĂ©e de Nantes dans la modernitĂ©, Nantes, SociĂ©tĂ© archĂ©ologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, 2010, p. 213-223.

Articles connexes

Liens externes

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