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Funérailles de Victor Hugo

L'écrivain français Victor Hugo est mort à Paris le , âgé de 83 ans. Dans son testament, il spécifiait : « Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l’oraison de toutes les églises ; je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu. »[1].

La foule réunie sur le passage du cortège

Victor Hugo, icône républicaine

En 1885, Victor Hugo incarne à double titre l'image du Grand Homme, à la fois « une personnalité profondément démocratique, dont le seul titre à la grandeur était le service humblement rendu à l'humanité, citoyen et père de famille »[2] et héros romantique et solitaire, opposant obstiné au Second Empire depuis son exil de Guernesey. Sa longévité l'a par ailleurs fait entrer « vivant dans l'immortalité », lui donnant « la figure absolue du grand-père »[2], et la consécration des manuels scolaires, dans une France où l'instruction primaire s'est démocratisée.

Selon la presse de l'époque, l'annonce de la mort du poète donne lieu à des manifestations de deuil populaire : « Des ouvriers se découvrirent respectueusement, des vieillards se mirent à pleurer silencieusement, des grandes dames coudoyant des femmes du peuple s'unirent à elles dans un même sentiment de désespoir »[3]. On voit apparaître aux fenêtres des drapeaux tricolores portant un ruban de crêpe. Le samedi 23, dix-sept journaux parisiens paraissent avec un cadre noir en première page et Le Rappel (journal fondé à l'initiative de Victor Hugo) continue à porter le deuil jusqu'au jour des funérailles[2].

Des obsèques nationales

Le catafalque sous l'Arc de Triomphe de Paris

Le , la Chambre des Députés approuve l'organisation de funérailles nationales par une écrasante majorité : 415 voix sur 418. L'inhumation était prévue dans un premier temps au cimetière du Père Lachaise, où la famille Hugo avait acheté un caveau. La proposition d'Anatole de La Forge de l'inhumer au Panthéon, que le Second Empire avait rendu au culte, donne lieu à une intense polémique. Le gouvernement se rallie à cette proposition par un décret publié dans le Journal officiel du mercredi . C'est à la suite de ce décret que le Panthéon sera définitivement désacralisé.

Son cercueil est exposĂ© une nuit sous l'arc de triomphe de l'Étoile, voilĂ© de noir, et le lendemain, , la cĂ©rĂ©monie dĂ©bute Ă  10 h 30, avec le tir de 21 salves de canon depuis l'hĂ´tel des Invalides. 19 orateurs prononcent des discours, les reprĂ©sentants de l’État et des collectivitĂ©s publiques prenant la parole Ă  l'Arc de triomphe, les reprĂ©sentants des organisations artistiques et Ă©trangères au PanthĂ©on. Le cortège, avec son cercueil dans le « corbillard des pauvres »[4], s'Ă©branle Ă  12 h 40, pour se terminer Ă  18 h 20. En tĂŞte du cortège, devant le cercueil et la famille, marchent 12 jeunes poètes choisis par la famille, une dĂ©lĂ©gation de Besançon, ville natale du poète, une dĂ©lĂ©gation de la presse et quatre sociĂ©tĂ©s artistiques. 1 168 dĂ©lĂ©gations de sociĂ©tĂ©s et cercles divers se sont inscrits pour participer au dĂ©filĂ©[2]. La procession descend l'avenue des Champs-ÉlysĂ©es, passe place de la Concorde, puis emprunte le boulevard Saint-Germain et le boulevard Saint-Michel avant de rejoindre la rue Soufflot, qui dĂ©bouche sur le PanthĂ©on.

Pour l'occasion, les écoles et les théâtres subventionnés ont été fermés, mais ce lundi n'a pas été décrété férié. Malgré cela, une foule très nombreuse, de près de trois millions de personnes, a assisté à ces funérailles.

Dans la littérature

Dans Les Déracinés de Maurice Barrès, François Sturel, l'un des personnages, passe la nuit place de l'Étoile à veiller le cercueil de Victor Hugo, puis participe aux funérailles.

  • Victor Hugo vient de mourir de Judith Perrignon, Éditions Pocket, 2015.
  • Les FunĂ©railles de Victor Hugo, de Marc Bressant, Michel de Maule, 2012.

Notes et références

  1. « Dernière lettre de Victor Hugo : « Je vais fermer l'Ĺ“il terrestre ; mais l'Ĺ“il spirituel restera ouvert. Â» », Des Lettres,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  2. Ben-Amos, Avner (1985), Les funérailles de Victor Hugo: apothéose de l'évènement spectacle, in Pierre Nora, coord., Les lieux de mémoire, vol.1, La République, Gallimard (Bibliothèque illustrée des histoires), p. 473-522.
  3. Gil Blas, cité par Ben-Amos
  4. « En 1955, des témoins de l'enterrement de Victor Hugo racontaient… - Ép. 8/9 - Nuit Victor Hugo 2/2 », sur France Culture (consulté le )
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