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Fritz Kieffer

Fritz Kieffer (1854-1933) est un imprimeur et directeur de journal alsacien, francophile engagé, qui dirigea l'Imprimerie alsacienne[1] et s'engagea activement dans la vie associative locale[2], notamment musicale. Grand collectionneur d'uniformes et d'armes, il publia de nombreuses planches de soldats français et créa un petit musée militaire à Strasbourg.

Fritz Kieffer est inhumé au cimetière Saint-Gall de Strasbourg (Koenigshoffen)[1].

Biographie

Frédéric Albert Kieffer est né Grand-rue à Strasbourg, le , de Guillaume Kieffer et de Sophie Kieffer, née Zahn[3], dans un milieu populaire. Il a un frère, Adolphe. Son père est employé de mairie, garde national et porte-drapeau des sapeurs-pompiers[4].

Fritz Kieffer suit des études au Gymnase protestant. Auprès de son père, il se passionne pour l’armée et les uniformes pendant son enfance.

En 1870, âgé de 16 ans, durant le siège de Strasbourg par les troupes prussiennes, il participe à la lutte contre les incendies causés par les boulets allemands.

À la suite de la défaite de 1870, il bénéficie des avantages du volontariat d’un an, grâce auquel les jeunes gens favorisés échappent au service militaire de deux ans en Allemagne. Puis il est embauché comme employé aux écritures à la mairie.

Fritz Kieffer et son épouse, Berthe Kieffer née Fischbach, à Tunis, posant en costumes orientaux. Date inconnue.

C’est alors un jeune homme vif, intelligent et gai qui chante Ă  l’Union musicale. Avec ses camarades, il fonde une sociĂ©tĂ© de joyeux drilles, « La Caravane Â», qu’il anime, pour s’amuser et maintenir la culture francophone dans la ville annexĂ©e.

Il rencontre Berthe Fischbach, fille de Charles Fischbach, successeur du père Silbermann Ă  la tĂŞte de l’Imprimerie alsacienne. Ă€ 24 ans, il Ă©pouse Berthe et entre dans l’imprimerie. Ă€ la mort de son beau-père en 1881, il prend la direction de la sociĂ©tĂ© avec son beau-frère, Gustave Fischbach, licenciĂ© en droit et auteur entre autres publications, d’un rĂ©cit du Siège et bombardement de Strasbourg.

Une émulation s’établit entre les deux hommes qui incite Fritz Kieffer à combler ses lacunes littéraires en autodidacte.

Il effectue Ă  cette Ă©poque plusieurs voyages en Europe, Asie et Afrique en compagnie de son Ă©pouse.

En 1897, son beau-frère et mentor Gustave Fischbach dĂ©cède : Fritz Kieffer prend seul Ă  la tĂŞte de l’Imprimerie alsacienne oĂą il exprime un patriotisme alsacien francophile tout en mĂ©nageant les autoritĂ©s allemandes. Il imprime et dirige le Journal d’Alsace et de Lorraine.

Son épouse décède en 1902.

Il devient le prĂ©sident actif de l’Union musicale après la dĂ©mission de son ami Artzner. Il organise des dĂ®ners-opĂ©rettes (dits « de la Sainte-CĂ©cile Â»), souvent en français, durant lesquels il nargue le pouvoir allemand qui ne se montre pourtant pas trop sĂ©vère Ă  son endroit.

Il arbore une lavallière comme signe distinctif, noire ou à pois. Très actif, reçoit nombre d’intellectuels chez lui et, excellent orateur, fait entendre la voix de la France dans une région annexée.

Il est décoré de la légion d’honneur en et obtient d’autres décorations mais refuse l’Ordre de l’Aigle rouge prussien.

En 1914, le Journal d’Alsace Lorraine est supprimĂ© par les autoritĂ©s ; ses collaborateurs sont arrĂŞtĂ©s, emprisonnĂ©s et expĂ©diĂ©s en Allemagne. En 1915, Ă  cause de sa francophilie, Fritz Kieffer est expulsĂ© Ă  Cassel puis Ă  Oberweissbach (Thuringe). Un procès est menĂ© contre lui Ă  Berlin qui se termine par un non-lieu, peu avant l’armistice.

Obsèques de Fritz Kieffer, le 2 novembre 1933 au Temple-neuf, à Strasbourg.

Il rentre Ă  Strasbourg pour diriger le ComitĂ© central de rĂ©ception des troupes françaises pour leur entrĂ©e dans la ville, le  ; cet Ă©vĂ©nement constitue l’apogĂ©e de sa carrière. Par la suite, chaque , il organise une fĂŞte du souvenir – il appelle ces soirĂ©es bien animĂ©es la « Saint-Gouraud Â», du nom du gĂ©nĂ©ral libĂ©rateur de Strasbourg, le gĂ©nĂ©ral Gouraud.

Après la guerre, il devient un membre actif du Comité des fêtes de la ville de Strasbourg et de divers organismes de charité. Il tient salon et participe à la haute société strasbourgeoise. Il crée aussi un Musée militaire alsacien dans sa villa, au 1 allée de la Robertsau, où il expose sa collection d’uniformes militaires portés par des Alsaciens, commencée avec les uniformes de son propre père, et de petits soldats peints. À la fin de sa vie, il fait don à l’armée de ses collections qui intègrent le Musée historique.

En 1931, il est fait Commandeur de la Légion d’Honneur.

Il meurt à 80 ans le à 21h35, dans son appartement de l’allée de la Robertsau, après une courte maladie[5]. L’itinéraire du cortège funèbre, très suivi par la foule, part de sa villa jusqu’au Temple-Neuf. Il est ensuite incinéré.

DĂ©corations

Sans avoir occupĂ© de fonction politique, Fritz Kieffer a Ĺ“uvrĂ© Ă  une forme de « diplomatie parallèle Â» pour promouvoir ses opinions, Ă  travers articles, banquets, spectacles, Ĺ“uvres de charitĂ©, salons… comme en tĂ©moignent les diffĂ©rentes dĂ©corations obtenues[6].

Postérité

Tombe de Fritz Kieffer au cimetière Saint-Gall de Strasbourg.

En 1934 sa collection d'uniformes et de petits soldats en carton peint a rejoint celles du Musée historique de Strasbourg[1]. Un monument funéraire se trouve au cimetière Saint-Gall à Strasbourg Koenigshoffen.

Une rue de Strasbourg, qui relie la rue Jacques-Kablé à l'avenue Herrenschmidt en longeant le lycée Kléber, porte son nom[7].

Citations

Lors de la rĂ©ception du , discours devant le gĂ©nĂ©ral Gouraud, libĂ©rateur de Strasbourg : « le bleu d’un ciel d’automne radieux s’est alliĂ© au rouge et au blanc du pavillon alsacien pour n’en former plus dĂ©sormais qu’une indissoluble et tricolore unitĂ©. Â» (citĂ© par le Dr Ulrich[4])

Notes et références

  1. Strasbourg-Koenigshoffen. Cimetière Saint-Gall, Ville de Strasbourg, 2008, p. 42
  2. Arnaud Weber, L'art nouveau dans le Rhin supérieur, Karlsruhe, Badisches Landesmuseum Karlsruhe, , 126 p., « Le "Kunschtaafe" creuset de la culture Alsacienne », p98-101
  3. Archives départementales du Bas-Rhin
  4. Journal d’Alsace et de Lorraine, n° 302-305-306, 31 octobre, 3 et 4 novembre 1933
  5. Les Dernières nouvelles de Strasbourg, n° 301-302-303-305, 30 et 31 octobre, 1er et 3 novembre, 1933.
  6. Les Dernières nouvelles de Strasbourg, n°302 pour le faire-part, Mardi 31 octobre 1933.
  7. « Un nom, une rue : Fritz Kieffer. L'amoureux des uniformes Â», article dans les Dernières nouvelles d'Alsace, 24 octobre 2007

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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