François I Belluchau
François I Belluchau [Bellucheau, Belluchaux, Belluchaut, Belluchot], sieur de Villiers, est un trésorier de France, secrétaire du roi et calligraphe actif à Paris dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Il était aussi collectionneur de peintures. Il est père de François II Belluchau.
Activité |
---|
Biographie
Il fut d’abord conseiller du roi et trésorier de France en la Généralité de Bourgogne, et dans celle de Généralité de Caen (l’ordre de ces deux charges n’est pas connu).
Il a travaillé dans l’administration de la Marine vers 1671-1673 comme commis de Jean-Baptiste Colbert et de son fils Jean-Baptiste Colbert de Seignelay, qui furent successivement les deux premiers Secrétaires d’état à la Marine[1]. Le , il est reçu comme Conseiller secrétaire du Roi, Maison et couronne de France et des Finances, au décès de Mathieu Payen[2]. Le , c’est François de La Bruyère, qui reprend cette charge[3] et Belluchau reçoit ses lettres d’honneur le suivant.
Marié avec une des filles de Marie Vallery, veuve de Mr Bourdon, conseiller du roi en l’Hôtel de ville de Paris[4], il en eut un fils unique aussi prénommé François, sieur de Villiers, gentilhomme ordinaire de la Maison du Roi[5].
En 1685 et en 1692, Belluchau habitait rue des Maçons. Il était déjà mort en .
Ĺ’uvres
- C’est lui qui a tracé le chiffre d’Anne de Chambré [lettres A C entrelacées avec deux encres] qui clôt La Rhétorique des dieux, ainsi que le texte placé sous chaque pièce de musique du recueil. La Rhétorique des dieux est le plus luxueux manuscrit musical français du XVIIe siècle, consacré aux pièces de luth de Denis Gaultier et conservé à Berlin[6]. L’attribution à Belluchau est donnée dans la préface du livre, qui date de 1652.
- Il a copié un État abrégé de la Marine pour l’année 1688, qu’il signe et où il déclare avoir été payé 600 lt, par ordonnance donnée à Versailles le . Paris ANF : Mar/G/8 (vélin, 104 p., 155 x 105 mm, relié en maroquin rouge)[7].
Collections
François Belluchau est également connu comme collectionneur de peintures et d’estampes ; à ce titre il a reçu une brève notice dans Bonnaffé 1884, p. 18. Il est d’ailleurs cité dans le Livre commode des adresses pour 1692 d’Abraham du Pradel, dans la liste des Fameux curieux des ouvrages magnifiques, c’est-à -dire des possesseurs d’un cabinet de peinture ou de curiosités[8].
- Il est notamment connu pour avoir vendu au roi Louis XIV, le , le Repos de la Sainte Famille, dit aussi La Vierge visitée par les anges pendant la fuite en Égypte, de Francesco Albani, dit L’Albane, pour 5 000 lt[9]. Le tableau lui était venu d’un des ducs de Gramont (probablement Antoine III), qui le possédait vers 1650-1660 ; il est actuellement au château de Fontainebleau : voir.
- Ce tableau a été reproduit par le graveur Guillaumes Chasteau ; qui cite Belluchau à côté du nom du peintre dans la légende de l’estampe : Du Cabinet de Mons. Belluchau Coner Secretre du Roy et Trésorier de France.[10].
- Du même peintre et de la même provenance (Gramont et Belluchau), il existe une autre scène de la fuite en Égypte, récemment passée en vente en 2008 (Nagel Auktionen, voir ici).
Références
- Nicolas Bailly, Inventaire des tableaux du roi rédigé en 1709 et 1710... publié... par Fernand Engerand. Paris : Ernest Leroux, 1899. Disponible sur Gallica.
- Étienne de Blégny. Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1er, par Abraham Du Pradel... éd. Édouard Fournier. Paris : P. Daffis, 1878. Disponible sur [http:// gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k27823x/f276 Gallica].
- Edmond Bonnaffé, Dictionnaire des amateurs français au XVIIe siècle. Paris, A. Quantin, 1884. Disponible sur Gallica.
- David J. Buch, « The coordination of text, illustration and music in a seventeenth-century lute manuscript : la Rhétorique des Dieux », Imago musicae 6 (1989), p. 39-81.
- Jean-Baptiste Colbert. Lettres, instructions et mémoires de Colbert, publiés... par Pierre Clément. Tome III, 1re partie. Paris, 1864. Sur Gallica.
- Jean-Baptiste Colbert. Lettres, instructions et mémoires de Colbert, publiés... par Pierre Clément. Tome III, 2e partie. Paris, 1865. Idem.
- Annelle Dozy, Le Bureau des Finances de la Généralité de Caen de 1655 à 1789. Mémoire de maîtrise, Université de Caen, 1986.
- Denis Gaultier, La Rhétorique des Dieux, ed. David J. Buch. Madison (WI), A-R Editions, 1990 (Recent researches in the music of the Baroque era, vol. 62).
- François-Pierre Goy, « Antiquité et musique pour luth au XVIIe siècle : les sources de l'iconographie et des arguments de la Rhétorique des Dieux », Bulletin de l'Association Guillaume Budé 1995/3, p. 263-276.
- Guy Meynell, « André de Monceaux, F.R.S. 1670 », Notes and Records of the Royal Society of London 47/1 (1993), p. 11-15.
- Abraham Tessereau, Histoire chronologique de la grande Chancellerie de France. Paris, Pierre Le Petit, 1676. Disponible sur Gallica.
- Abraham Tessereau, Histoire chronologique de la grande Chancellerie de France, tome second. Paris, Pierre Emery, 1706. Disponible sur [gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1191006 Gallica].
- Roger-Armand Weigert, Inventaire du fonds français, graveurs du XVIIe siècle, 2 : Boulanger (Jean) - Chauveau (François). Paris : Bibliothèque Nationale, 1951.
Notes
- Voir Colbert 1864 p. 290, et Colbert 1865 p. 63, 64, 87, 90, 105, 106. Il y est notamment précisé, p. 63-64, le détail de ses tâches en 1671 et p. 87 et 90 (vers 1671-1673), qu’il « travaille aux agendas ».
- Tessereau 1676 p. 653. Une autre source stipule qu’il a en fait succédé à André de Monceaux (Dozy 1986, cité d’après Meynell 1993 note 9).
- Tessereau 1706 p. 305.
- Mercure galant, mai 1699, p. 101-102.
- C’est ce François II qui obtient en 1696 un brevet de gentilhomme ordinaire du roi (Paris ANF : O 1 40, f. 60v. Secrétariat de la Maison du Roi) et le 6 mai 1716 ses lettres de démission et de vétérance (Idem, O 1 60, f. 65v-67r). Son blason figure dans le recueil de D’Hozier : Paris BNF (Mss.) : Français 32262, p. 66. Visible sur Gallica. Il se marie le 7 janvier 1704 avec Françoise Moreau (Paris AN : MC/ET/LXVI).
- Berlin, Kupferstichkabinett : MS 78C 12. Voir Buch 1989 (avec reproduction du chiffre fig. 8) et Gaultier 1990.
- Tous les ans, un état abrégé semblable était écrit par un maître écrivain, à l’usage du roi et des ministres. On connaît d’autres exemples de tels états signés par leur scribe, par exemple par Pierre-Benjamin Gallemant. Les mentions de Bellucheau dans les instructions de Colbert citées plus haut laissent supposer qu’il a écrit beaucoup d’autres volumes de cette série.
- Blégny 1878 p. 221.
- Bailly 1899 p. 180.
- Weigert 1951 p. 302, n° 92.