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François-Charles Dulong

François-Charles Dulong est un avocat et homme politique français, né le à Pacy-sur-Eure et mort le à Paris 1er.

François-Charles Dulong
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nationalité
Activité
Sépulture de Dulong au Père-Lachaise.

Biographie

Ayant embrassĂ©, en 1814, la carrière de la magistrature, les opinions politiques de Dulong, opposĂ©es au gouvernement des Bourbons, l’ont dĂ©cidĂ© Ă  y renoncer, lorsqu’il pouvait espĂ©rer de l’avancement. Au lieu d’être un tremplin Ă  ses talents, le barreau a Ă©tĂ©, pour lui, une arène politique. Après la rĂ©volution de 1830, sous le ministère de Dupont de l’Eure, son parent et son ami – dont il passait pour le fils naturel[1] â€“, Dulong a rempli un emploi important au ministère de la Justice, dont il est sorti, avec son protecteur. Élu membre de la chambre des dĂ©putĂ©s par le dĂ©partement de l’Eure, arrondissement de Verneuil-sur-Avre, en 1833 et 1834, il a siĂ©gĂ© Ă  l’extrĂŞme gauche[2].

« Il n’y avait pas un mois que la Chambre Ă©tait ouverte, lorsqu’un Ă©vĂ©nement sinistre vint accroitre l’irritation universelle[1]. » Dans la sĂ©ance du , lors de la discussion sur la loi d’avancement des officiers, le marĂ©chal Soult ayant dĂ©clarĂ© : « Il faut qu’un militaire obĂ©isse Â», Marie-Denis Larabit lui rĂ©plique que « quand on est dans son droit et qu’on veut y faire renoncer, on renonce Ă  l’obĂ©issance. Â» Cette maxime a dĂ©clenchĂ© les rĂ©clamations d’une grande partie de la chambre, et particulièrement du gĂ©nĂ©ral Bugeaud, qui s’écrie : « On obĂ©it d’abord. Â» Dulong, au milieu du bruit, aurait, Ă  en croire le Journal des DĂ©bats, prononcĂ© ces mots : « Faut-il obĂ©ir jusqu’à se faire geĂ´lier, jusqu’à l’ignominie ? Â» Ni le Moniteur universel, ni les autres journaux, en rendant compte de la sĂ©ance, n’ont rapportĂ© cette phrase, mais Bugeaud l’ayant lue dans le Journal des DĂ©bats du , et ne doutant pas que son collègue n’ait voulu l’insulter, en faisant allusion Ă  la mission qu’il venait de remplir au fort de Blaye, oĂą il avait Ă©tĂ© commandant, lors de la captivitĂ© de la duchesse de Berry, a Ă©crit Ă  Dulong pour lui demander des explications. Celui-ci lui a rĂ©pondu en indiquant pour ses tĂ©moins le gĂ©nĂ©ral Bachelu et le colonel Desaix, qui se sont rĂ©unis au lieutenant de Rumigny et Claude Lamy, tĂ©moins de son adversaire. Soit que ces tĂ©moins aient Ă©tĂ© persuadĂ©s que le mot « geĂ´lier Â» n’avait pas Ă©tĂ© prononcĂ©, soit qu’ils n’y aient pas attachĂ© un sens offensant, ils ont rĂ©digĂ© une lettre que Dulong n’a signĂ©e qu’après une longue rĂ©pugnance. Dans cette lettre, le rĂ©cit du Journal des DĂ©bats Ă©tait dĂ©menti, et toute pensĂ©e offensante de la part de Dulong y Ă©tait rĂ©tractĂ©e. Cette conciliation ayant eu lieu le 28, le soir, le bulletin ministĂ©riel a relancĂ© la querelle en publiant ces quatre lignes : le Journal des DĂ©bats a rapportĂ© hier une expression outrageante adressĂ©e par M. Dulong Ă  l’honorable M. Bugeaud. Aujourd’hui, on disait Ă  la chambre que l’honorable gĂ©nĂ©ral en a demandĂ© raison, et qu’il a exigĂ© de M. Dulong une lettre qui paraitra demain dans le Journal des DĂ©bats. »

Se croyant accusé de lâcheté, Dulong a pris le parti de déclarer au journaliste qu’il considérerait l’insertion de la lettre comme une provocation personnelle. Ayant choisi deux nouveaux témoins, Lafayette fils et le lieutenant Bacot, il s’est mis à la disposition du général Bugeaud, avec lequel il a eu une entrevue, mais sans résultat. Un incident avait encore envenimé la querelle au moment du combat, et rendu toute conciliation impossible. Lorsque l’on mesurait le terrain, Dulong demanda au général de Rumigny où était sa lettre : on a prétendu que le général avait répondu que la lettre était au château, et qu’il la rendrait, quelle que soit l’issue du combat. Pendant les dernières heures de l’existence de Dulong, des démarches ont été faites auprès Rumigny pour ravoir la lettre, mais celui-ci a déclaré qu’engagé par Dulong à bruler la lettre, il l’avait fait pour remplir les vœux de son collègue[2].

Le duel ayant Ă©tĂ© dĂ©finitivement arrĂŞtĂ©, la rencontre a eu lieu le 29. « On se battit. Bugeaud tua son adversaire ; il y mit, après comme avant, un luxe de sang-froid qui n’était pas nĂ©cessaire[1]. Â» FrappĂ© d’une balle au dessus du sourcil gauche, Dulong est tombĂ© sur le coup. PortĂ© chez lui, il a expirĂ© deux jours après. La dĂ©claration de Rumigny ayant Ă©tĂ© rendue publique, celui-ci a Ă©tĂ© vivement attaquĂ© dans les journaux, mais on n’a pu la dĂ©mentir. Les funĂ©railles de Dulong ont donc failli ĂŞtre une cause de trouble. Le gouvernement a Ă©tĂ© obligĂ© de prendre des prĂ©cautions pour qu’il n’y ait pas de dĂ©sordre. Parmi les orateurs Ă  dĂ©plorer, sur sa tombe, « la balle dont un malheureux point d’honneur s’est armĂ© Â», Armand Carrel, dont la raideur pointilleuse qu’il portait dans ces sortes d’affaires Ă©tait connue et parfaitement dĂ©crite par Sainte-Beuve[3], et dont l’intervention dans cette affaire a rendu inĂ©vitable un duel qu’on avait cru pouvoir Ă©viter, par son opposition aux explications accordĂ©es par Dulong. Lui-mĂŞme devait tomber, dans des circonstances analogues[2]. Dupont de l’Eure ayant donnĂ© sa dĂ©mission de membre de la Chambre[1], sa lettre de dĂ©mission a Ă©tĂ© lue Ă  la Chambre, le [3].

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise 29e division [4].

Notes et références

  1. Charles de RĂ©musat et Charles-Hippolyte Pouthas (dir.), MĂ©moires de ma vie, t. 3, Paris (lire en ligne), p. 63.
  2. Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne : supplément, ou suite de l’histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, t. 63, Paris, Michaud, , 552 p. (lire en ligne), p. 113.
  3. [Causeries du Lundi. L’article Carrel dans ce recueil est très juste de ton, et peut ĂŞtre pris pour vrai. (Note de RĂ©musat.) - Le duel eut lieu le 29 janvier ; Dulong, blessĂ© d’une balle au front mourut le lendemain matin sans avoir repris connaissance. La lettre de dĂ©mission de Dupont de l’Eure fut lue Ă  la Chambre le 5 fĂ©vrier.]
  4. . Voir Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne), p. 139.

Sources

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