Accueil🇫🇷Chercher

Fouage

Au Moyen Âge, le fouage (focagium) est un impôt ordinaire ou extraordinaire perçu sur chaque feu (focus) ou foyer. Chateaubriand écrit : "Le fouage (census pro singulis FOCIS exactus)" (Le cens, ou l'impôt, exigé pour chaque feu, ou foyer domestique). Mémoires d'outre-tombe, L.V, ch. 3.

Caractéristiques de l'impôt

Le mot fouage est donné à l'époque féodale à certaines redevances perçues par les seigneurs sur chaque ménage roturier[1]. Ce mot est ensuite appliqué à des taxes, ordinaires ou extraordinaires, de nature et de quotité diverses. Leur caractère commun est qu'il s'agit d'une contribution directe et personnelle établie sur les feux. Cet impôt est différent de la taxe des foyers. Celle-ci s'applique à toutes les cheminées, dans chaque habitation, et repose donc sur l'existence réelle des foyers. Alors, que pour le fouage le feu n'est qu'une abstraction. Dans la langue d'oil on entend par feu une maison, une famille, alors qu'en langue d'oc le feu est une portion de territoire. Le feu est donc une unité contributive.

L'impĂ´t du fouage apparaĂ®t comme un impĂ´t de quotitĂ© (taux par feu multipliĂ© par le nombre thĂ©orique de feux). Mais dans les faits il est aussi un impĂ´t de rĂ©partition[2]. Le produit attendu est Ă  la charge de la communautĂ© (paroisse), Ă  elle de le rĂ©partir entre les contribuables. Pour chacun est pris en compte sa facultĂ© contributive, ce qui conduit Ă  faire payer davantage certains, plus aisĂ©s, et moins d'autres. L'expression utilisĂ©e est « le fort porte le faible ». Le tarif indiquĂ© n'est donc qu'une moyenne.

Les fouages sont soit levés par le roi, en vertu de son pouvoir souverain, soit votés par les états provinciaux ou par les états généraux.

Histoire

Le fouage existe dans diverses provinces. Il tend à être généralisé au XIVe siècle quand les finances royales assoient sur les villes et sur les paroisses des « aides » afin de faire face aux dépenses croissantes (solde des gens de guerre, rétribution des officiers d'État en nombre croissant).

En 1274, les Juifs devaient payer un fouage à Carcassonne. En 1295, Philippe le Bel fixe à 6 sols par feu la contribution attendue du Languedoc. Philippe de Valois demande en 1328 une aide pour la financer la guerre des Flandres et fixe un montant par feu dans le batillage de Sens. La Guerre de Cent Ans entraîne des fouages comme en 1337 dans le Languedoc où les ménages devaient payer 5 sous tournois par feu et par mois durant 4 mois.

Le Prince Édouard de Woodstock (aussi appelĂ© Prince Noir) crĂ©e un impĂ´t temporaire en 1368 pour financer la guerre, dĂ©cision prise par les États gĂ©nĂ©raux d'Aquitaine, et les contestations suivent : « L'expĂ©dition d'Espagne avait ouvert de larges brèches dans le trĂ©sor du Prince Noir, il rĂ©unit Ă  AngoulĂŞme les États d'Aquitaine et se fit voter un impĂ´t supplĂ©mentaire, un fouage, qui devait lui rapporter 10 sols par feu pendant cinq ans… Si les États de Catalogne s'Ă©taient abstenus de paraĂ®tre Ă  AngoulĂŞme pour tĂ©moigner de leur hostilitĂ©, l'application de la nouvelle taxe amena des difficultĂ©s sans nombre et bientĂ´t un soulèvement gĂ©nĂ©ral »[3].

En France, les fouages sont abolis par le roi Charles V sur son lit de mort le , mais sont rétablis par son successeur Charles VI.

Notes et références

  1. Lanjalley, Armand, Dictionnaire des finances. Tome II, E-Z / publ. sous la dir. de Léon Say,... ; par MM. Louis Foyot,... A. Lanjalley,... ; avec la collab. des écrivains les plus compétents et des principaux fonctionnaires des administrations publiques, Berger-Levrault (Paris), 1889-1894, 1571 p. (lire en ligne), p. 290-294
  2. Alfred Coville, Les États de Normandie : leurs origines et leur développement au XIVe siècle, Paris, Impr. nationale, , 423 p. (lire en ligne)
  3. M. Z. Baqué, « Histoire des comtes d'Armagnac (suite) », Bulletin de la Société archéologique, historique littéraire & scientifique du Gers, Auch,‎ , p. 144-156 (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.