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Fortune et infortune de la femme mariée

Fortune et infortune de la femme mariée est la thèse d’État de François de Singly, rédigée sous la direction d'Alain Girard. Elle est publiée en 1987. Se basant sur les chiffres de l'Insee, elle analyse les effets du mariage sous l'angle des intérêts des deux conjoints, et les resitue en fonction des attentes de chacun, enfants compris. Sont ainsi analysés les effets du mariage sur la carrière professionnelle des femmes et des hommes, mais aussi les avantages et inconvénients de la nature des couples formés et des rôles conjugaux adoptés, en termes de satisfaction et de capital social, relationnel, scolaire, économique dont chacun des deux dispose.

Fortune et Infortune de la femme mariée
Sociologie des effets de la vie conjugale
Auteur François de Singly
Pays Drapeau de la France France
Genre Thèse d'Etat en sociologie
Date de parution 1987 /rééd. 2004
Éditeur Presses universitaires de France
Collection Économie en liberté/ Quadrige
Nombre de pages 256
ISBN 978-2-13-054695-5

Résumé

Cet ouvrage de sociologie de la famille montre les effets de la mise en couple et du mariage sur la vie professionnelle des femmes. Cet ouvrage dénonce l'idée reçue selon laquelle les femmes des classes moyennes ou supérieures occuperaient un emploi tourné vers l'épanouissement personnel et les femmes des classes populaires un emploi davantage contraint. En effet, un classement est établi à propos du rendement du diplôme selon le statut marital de l'homme et de la femme. Singly montre que le prix de la vie conjugale est plus élevé pour les femmes que pour les hommes car une femme, à niveau de diplôme égal à celui d'un homme, s'investira moins dans sa carrière professionnelle dès lors qu'elle est en couple et se consacrera davantage à sa famille.

Les hommes mariés obtiennent d'après cet ouvrage, un meilleur "rendement sur le marché du travail" de leur diplome que les autres catégories : les hommes mariés plus que les hommes célibataires ; les femmes célibataires plus que les femmes mariées ; les hommes mariés plus que les femmes mariées et les hommes célibataires plus que les femmes célibataires[1] - [n 1]. En effet, cela s'explique par l'investissement massif de la femme dans la sphère familiale, qui nuit à sa carrière professionnelle après le mariage, mais favorise, au contraire, la carrière professionnelle du mari. De Singly nuance le propos en expliquant que le choix de se marier et d'abandonner ou de voir se dévaloriser sa carrière professionnelle peut correspondre à une stratégie visant à bénéficier en contre-partie de la situation sociale du mari, voire à faciliter grâce à des activités dans la sphère domestique et relationnelle l'ascension sociale du mari avec l'espoir d'en retirer des retombées[2].

Concepts et apports méthodologiques et théoriques

Singly analyse les effets de la « dot scolaire » sur la mise en couple des femmes, et le rapport entre famille et travail[3].

Méthodologie

Les femmes sur lesquelles portent l'enquête sont des femmes qui se sont mariées dans les années 1950 jusqu'au début des années 1980.

De Singly innove dans son approche méthodologique par rapport à ses contemporains, en construisant des tableaux à trois entrées, pour évaluer les transferts entre conjoints, et comparer les « rendements » de telle ou telle composante, par exemple les chances de devenir cadre en fonction de son diplome et de son état matrimonial[1].

Empruntant à Pierre Bourdieu la notion déjà définie de capital, il synthétise des ensembles de données chiffrées et des attributs individuels en utilisant les notions de capital social, relationnel, esthétique ou scolaire. Son ouvrage part de l'hypothèse de base que « le mariage est le lieu d'une transformation des conditions de rentabilisation des divers capitaux apportés par les conjoints, productrice de plus de richesse pour la famille que ne le ferait la somme des valorisations individuelles des ressources de ses membres » : le livre s'intéresse donc plus aux transformations des attributs sociaux engendrées par le mariage qu'aux caractéristiques du mariage résultant de ces attributs sociaux, comme il est habituellement coutume de le faire[4].

Articles connexes

Notes

  1. François Héran, de l'INED, relève que ces propositions sont confirmées par les données d'enquête, à l'exception de la dernière.

Références

  1. Héran, François, « Singly François de, Fortune et infortune de la femme mariée. », Revue française de sociologie, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 28, no 4,‎ , p. 700–705 (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  2. Marc Montoussé et Gilles Renouard, 100 fiches pour comprendre la sociologie, Editions Bréal, (ISBN 978-2-7495-0606-7, lire en ligne), p. 183
  3. Bozon, Michel, « François de Singly — Fortune et infortune de la femme mariée », Population, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 43, no 3,‎ , p. 683–685 (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  4. Catherine Paradeise, « Fortune et infortune de la femme mariée de François de Singly », Politique, no 16,‎ , p. 111–121 (ISSN 0711-608X et 1918-6584, DOI 10.7202/040637ar, lire en ligne, consulté le )
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