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Fort Kiowa

Fort Kiowa, auparavant appelé Fort Lookout, était, au XIXe siècle, un lieu de négoce de fourrures, situé sur le Missouri, près des actuelles villes de Chamberlain et Oacoma, dans le Dakota du Sud[1] - [2].

Construit en 1822 pour faciliter le commerce de peaux en expansion dans l'Ouest amĂ©ricain, cette place forte (de 46 mètres sur 46 mètres) servait de lieu de repos et de commerce pour les trappeurs et les explorateurs, dont les plus connus sont Jim Bridger et Hugh Glass. Au dĂ©but des annĂ©es 1840, alors que le commerce amĂ©ricain des peaux se dĂ©plaçait vers l’ouest, Fort Kiowa fut abandonnĂ© et resta en l’état avant d’être inondĂ© plus tard par le Missouri.

Histoire primitive

Quand Thomas Jefferson, troisième prĂ©sident des États-Unis, termina « l’acquisition de la Louisiane Â» en 1803, il ouvrit un Ă©norme marchĂ© de terres vierges pour les nĂ©gociants en fourrures. Des places fortes firent rapidement leur apparition le long des rivières et des pistes terrestres pour prendre part Ă  la course du factory system d’envergure nationale. Le factory system Ă©tait un système conçu et dĂ©veloppĂ© nationalement, grâce auquel les Indiens d’AmĂ©rique se rendaient dans certains forts et procĂ©daient Ă  des Ă©changes de fourrures et de peaux contre des produits finis. Le Gouvernement AmĂ©ricain espĂ©rait ainsi que la nationalisation du commerce des peaux Ă©viterait la dĂ©bauche causĂ©e par le commerce de l’alcool avec les Indiens. Finalement, le « factory system Â» Ă©choua pour plusieurs raisons. Tout d’abord les hommes travaillant dans les factories Ă©taient d’anciens militaires n’ayant aucune expĂ©rience dans le commerce des fourrures. Ces hommes gĂ©raient souvent mal les peaux ce qui avait pour consĂ©quence d’importants manques Ă  gagner. Ensuite, le Gouvernement ne fut pas en mesure d’empĂŞcher les nĂ©gociants privĂ©s de soudoyer les Indiens avec de l’alcool. DĂ©sireux d’accĂ©der aux spiritueux, les Indiens brisaient les accords signĂ©s (traitĂ©s) avec le Gouvernement pour parvenir Ă  leurs fins. Enfin, les « factories Â» ne permettaient pas d’offrir des cadeaux aux indiens ou assimilĂ©s Ă  la culture indigène alors que de nombreux nĂ©gociants privĂ©s le pratiquaient. Le mĂ©lange des races ou mariage inter-ethnique renforça encore les relations entre nĂ©gociants privĂ©s et indiens[3].

Avec la disparition du « factory system Â», des compagnies privĂ©es Ă©mergèrent et firent de gros profits. Parmi elles, figuraient Manuel Lisa de la Missouri Fur Company et John Jacob Astor de l’American Fur Company. Ces deux hommes comptaient parmi les plus riches d’AmĂ©rique Ă  cette Ă©poque. Ces compagnies privĂ©es installaient des forts qui servaient de lieux de repos pour les trappeurs. Parmi les plus rĂ©putĂ©s, figurait Fort Kiowa, connu Ă©galement sous le nom de Fort Lookout. Fort Kiowa fut construit en 1822 par Joseph Brazeau Jr. de la « Berthold, Chouteau and Pratte French Company Â». Brazeau entoura l’espace de 1800 m2 avec des murs et des miradors pour se dĂ©fendre contre les attaques des populations Sioux et Crows[4].

Fort Kiowa devint bientĂ´t très connu comme le point de dĂ©part de l’expĂ©dition de 1823 sous le nom des « 100 d’Ashley Â» qui comprenait notamment Hugh Glass et Jim Bridger. Plusieurs mois après le dĂ©but du voyage, Glass fut brutalement attaquĂ© par une ourse grizzly. Glass tua l’ourse mais souffrait de blessures mortelles. Les partenaires de Glass, John Fitzgerald et Jim Bridger furent dĂ©signĂ©s par le Chef de l’expĂ©dition pour rester aux cĂ´tĂ©s de Glass jusqu’à son dĂ©cès et l’enterrer, avant de rejoindre le reste de la troupe. Cependant, Fitzgerald et Bridger ont affirmĂ© avoir Ă©tĂ© chassĂ©s par un groupe d’Indiens Arikaree. Glass fut laissĂ© pour mort. Bridger rejoignit le groupe des chasseurs et raconta au commandant que Glass Ă©tait mort. Cependant, Glass rĂ©ussit miraculeusement Ă  soigner lui-mĂŞme ses blessures et rampa pendant plus de 350 km pour rejoindre Fort Kiowa. L’histoire de cet exploit personnel ainsi que celles d’autres pionniers comme Adam Helmer (en) dĂ©ployant persĂ©vĂ©rance et dĂ©termination pour leur survie contre la duretĂ© d’un monde sauvage, ont pris une place spĂ©ciale dans le folklore de l’Ouest amĂ©ricain[5].

Histoire plus tardive

En 1827, Bernard Pratte (en) acheta Fort Kiowa Ă  Brazeau et apporta d’importantes amĂ©liorations. Pratte ajouta plusieurs logements de 4 pièces, un entrepĂ´t et un atelier de forgeron. De plus, Pratte entoura le fort avec une clĂ´ture de piquets de bois d’environ de 6 Ă  9 mètres de haut pour Ă©viter les attaques des Indiens. Ainsi fortifiĂ©, Fort Kiowa se transforma en important lieu de commerce pour les Indiens de la rĂ©gion[6].

Plus tard la même année, John Jacob Astor acheta Fort Kiowa à Pratte pour sa compagnie en développement American Fur Company. Astor, qui était le premier multimillionnaire en Amérique, acheta Fort Kiowa pour installer sa présence dans le cours supérieur de la rivière Missouri et pour étendre son monopole sur le commerce des fourrures américaines. Astor s’aperçut que la région du Missouri supérieur était extrêmement prospère. Cependant à la fin des années 1830, l’Astor American Fur Company fut contrainte d’abandonner Fort Kiowa car le très lucratif commerce des fourrures ne procurait plus de bénéfices, et ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il y avait une pénurie de castors, due à un trop grand nombre de trappeurs chasseurs. Deuxièmement, il y avait un manque de demande publique en Amérique et en Europe pour les fourrures car un nouveau style, les chapeaux en soie, était en train de gagner en importance. Enfin, l’intrusion de trappeurs américains dans ce que les indiens percevaient comme leur territoire mis en colère les tribus indiennes qui se révoltèrent contre les trappeurs. Comme à la fois la demande et l’offre déclinaient, le commerce de fourrure fut bientôt menacé d’extinction[7].

En 1840, Joseph LaBarge, auparavant capitaine de bateau Ă  vapeur, acheta Fort Kiowa en tant que poste d’hivernage et « Agence indienne Â». LaBarge logea plusieurs agents indiens dont le travail consistait Ă  contrĂ´ler le commerce entre tribus indiennes et Euro-AmĂ©ricains. Ces agents perdirent leur popularitĂ© parmi ces dernières qui avaient tendance Ă  les voir comme des exploiteurs d’indiens, chefs corrompus qui agissaient dans leurs propres intĂ©rĂŞts. L’opinion populaire Ă©tait assez correcte car beaucoup d’agents indiens furent remplacĂ©s pendant les annĂ©es 1840 après que de la corruption soit dĂ©couverte. Sous la responsabilitĂ© de LaBarge, Fort Kiowa fut une aventure sans succès et il l’abandonna dans l’annĂ©e. LaBarge est le dernier habitant connu de Fort Kiowa.

Aujourd’hui

Fort Kiowa est maintenant sous l’eau Ă  cause de l’élargissement des rives du Missouri. Cependant, la zone oĂą Fort Kiowa se trouvait Ă  l’époque est identifiĂ©e sous le nom de « National Historic Fort Â» (fort national historique) du Dakota du Sud. Fort Kiowa est valorisĂ© en tant qu’attraction touristique oĂą les touristes en mal d’aventures peuvent suivre le chemin que Hugh Glass prit en 1823[8].

Aujourd’hui, les deux petites villes Oacoma et Chamberlain se partagent le territoire oĂą se situait Fort Kiowa. D’après le recensement de 2010, il y avait 451 personnes vivant Ă  Oacoma et 2 387 Ă  Chamberlain [9]. Ces deux petites villes tirent une très grande fiertĂ© des Ă©vĂ©nements survenus Ă  Fort Kiowa.

Notes et références

  1. Meadows, William C. (2008). Kiowa Ethnogeography. University of Texas Press.
  2. Thompson Rand, Jacki (2008). Kiowa Humanity and the invasion of the State. University of Nebraska Press.
  3. Dolin, Eric Jay (2010). Fur, Fortune, and Empire. W. W Norton and Company, 2010.
  4. Manfred, Frederick (1983). Lord Grizzly. University of Nebraska Press, Lincoln et Londres.
  5. Payette, Phil et Pete. "Military fort in the Dakota". American Forts Network.
  6. Chittenden, Hiram Martin (1954). The American Fur Trade of the Far West. Academic Reprints.
  7. "South Dakota Vacation Website".
  8. "United States Census Bureau 2010 Census". US Gazetteer Files 2010.
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