Accueil🇫🇷Chercher

Fontaine intermittente de Fontestorbes

La fontaine intermittente de Fontestorbes, située en Ariège, est l'une des dix plus importantes exsurgences de type vauclusien en France.

Fontestorbes
La fontaine intermittente de Fontestorbes.
La fontaine intermittente de Fontestorbes.
Localisation
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Occitanie
Département Ariège
Commune BĂ©lesta
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 42° 53′ 33″ N, 1° 55′ 37″ E
Caractéristiques
Type exsurgence de type vauclusien
DĂ©bit 2,09 m3/s
Géolocalisation sur la carte : Ariège
(Voir situation sur carte : Ariège)
Fontestorbes
GĂ©olocalisation sur la carte : Occitanie
(Voir situation sur carte : Occitanie)
Fontestorbes
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées
(Voir situation sur carte : Pyrénées)
Fontestorbes
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Fontestorbes

Présentation et bassin d'alimentation

La source de Fontestorbes est une grosse exsurgence, de type vauclusien et l'une des dix plus importantes de France, situĂ©e en Ariège sur la commune de BĂ©lesta, Ă  un kilomètre environ au sud du village, en bordure de la route dĂ©partementale no 9 menant Ă  Fougax-et-Barrineuf. Elle se prĂ©sente comme un porche monumental ouvert dans la falaise limitant au nord le plateau de Sault, d'oĂą surgit en cascades et dans un bruit assourdissant une vĂ©ritable rivière de 5 mètres de large. Après 50 mètres seulement de parcours cascadant Ă  l'air libre, cette rivière se jette aussitĂ´t dans l'Hers-Vif, en rive droite de ce cours d'eau dont elle fait plus que doubler le dĂ©bit. Les eaux abondantes de cette source proviennent d'un bassin d'alimentation d'environ 85 km2, aux limites d'ailleurs imprĂ©cises, comme toujours en milieu karstique et malgrĂ© les traçages Ă  la fluorescĂ©ine effectuĂ©s sur nombre de pertes. Cet impluvium se partage en deux ensembles disjoints :

  • Un bassin proche (17 km2 environ) correspondant Ă  une partie du plateau de Sault, approximativement sur le territoire couvert par la forĂŞt de BĂ©lesta, Ă  une altitude comprise entre 800 et 1 200 m environ.
  • Un bassin plus Ă©loignĂ© et plus vaste (68 km2), sĂ©parĂ© du premier par la vallĂ©e du ruisseau de Malard, affluent de l'Hers-Vif : ce bassin comprend la montagne de la Frau (1 925 m) et les pertes de trois cours d'eau au contact des assises calcaires Ă  leur entrĂ©e dans les gorges de la Frau : l'Hers-Vif supĂ©rieur et deux de ses affluents, les torrents de l'Ourza et du Basqui descendus du massif de Tabe (2 368 m).

Les eaux issues de ces deux parties se rejoindraient juste avant la sortie de l'eau à l'air libre et, bien que cela ne soit pas confirmé, le premier de ces bassins ne participerait pas aux intermittences, ce qui pourrait expliquer le faible débit qui subsiste au niveau bas (voir plus loin sur les intermittences).

Le phénomène et son mécanisme

Ce paragraphe s'appuie sur les résultats des études menées à la fin des années 1970 par le CNRS de Moulis et notamment le professeur Alain Mangin, propos repris de manière très didactique à cette époque dans la revue de la société spéléologique du Plantaurel.

La source coule de manière rĂ©gulière la plus grande partie de l'annĂ©e. En revanche, en pĂ©riode de basses eaux, c'est-Ă -dire dès lors que le dĂ©bit moyen journalier descend en dessous de 1,04 m3/s, soit habituellement de juillet Ă  octobre, la rĂ©surgence prĂ©sente des intermittences auxquelles elle doit sa cĂ©lĂ©britĂ©. Suivant la seule thĂ©orie qui, Ă  ce jour, permet d'expliquer tous les types de fonctionnement rencontrĂ©s et l'ordre de grandeur des dĂ©bits en jeu, les intermittences sont liĂ©es selon toute vraisemblance Ă  une configuration oĂą interviennent :

  • un rĂ©servoir amont (une salle souterraine creusĂ©e par l'eau dans la masse calcaire), alimentĂ© par l'eau provenant du bassin versant ;
  • un conduit, dit de vidange, situĂ© en position basse et empruntĂ© par l'eau qui sort du rĂ©servoir pour rejoindre l'exutoire de la source ;
  • un conduit, dit de prise d'air, situĂ© au-dessus et rempli d'air.
Fontestorbes, fin juillet, au moment où le débit est au plus bas.

Fait capital pour le fonctionnement de la source, le hasard de l'Ă©rosion aurait placĂ© les extrĂ©mitĂ©s amont et aval des deux conduits cĂ´te Ă  cĂ´te et sensiblement au mĂŞme niveau. Ainsi, tant que le dĂ©bit d'alimentation est suffisant, le niveau d'eau dans le rĂ©servoir amont est suffisant pour maintenir le conduit de prise d'air fermĂ©. Dès lors, l'Ă©coulement en charge dans le conduit de vidange se produit normalement au mĂŞme rythme que le dĂ©bit d'alimentation, exactement comme il le ferait si le conduit de prise d'air Ă©tait absent, et la fontaine coule en continu. Par contre, quand le dĂ©bit d'alimentation baisse, Ă  l'approche de l'Ă©tiage, il arrive un moment oĂą il atteint 1,04 m3/s. Ă€ ce moment, l'extrĂ©mitĂ© amont du conduit de prise d'air, jusque-lĂ  noyĂ©e et donc obstruĂ©e, se retrouve en partie hors d'eau, et aspire de l'air, ce qui produit une forte perte de charge dans le conduit de vidange et interrompt presque totalement l'Ă©coulement : la première intermittence dĂ©bute. Le dĂ©bit de vidange Ă©tant alors insignifiant par rapport au dĂ©bit d'alimentation, le rĂ©servoir amont se remplit Ă  nouveau. Mais pour rĂ©amorcer l'Ă©coulement dans le conduit de vidange, il doit monter plus haut que le niveau oĂą s'est dĂ©clenchĂ©e la première intermittence. C'est ce qui explique qu'une fois que l'Ă©coulement se rĂ©tablit, le dĂ©bit Ă  l'exutoire de la source monte Ă  1,8 m3/s environ, soit un dĂ©bit supĂ©rieur Ă  1,04 m3/s, dĂ©bit d'alimentation Ă  partir duquel apparaĂ®t le phĂ©nomène d'intermittence. Le dĂ©bit de sortie Ă©tant notablement supĂ©rieur au dĂ©bit d'entrĂ©e, le rĂ©servoir amont se vidange rapidement jusqu'Ă  dĂ©samorçage de l'Ă©coulement et le cycle recommence puis se succède Ă  lui-mĂŞme tant que le dĂ©bit d'alimentation est insuffisant pour maintenir un Ă©coulement constant, ce qui dure en gĂ©nĂ©ral tout l'Ă©tĂ© et une partie de l'automne, avec simplement des interruptions occasionnelles de quelques jours Ă  la suite d'orages qui font provisoirement remonter le dĂ©bit d'alimentation.

Si, prĂ©sentĂ© de cette manière simplifiĂ©e, le mĂ©canisme prĂ©sente thĂ©oriquement une rĂ©gularitĂ© parfaite, la rĂ©alitĂ© est un peu plus nuancĂ©e en fonction de l'Ă©volution du dĂ©bit d'alimentation. Ainsi, au cours de la saison, le dĂ©bit minimal varie entre 0,2 m3/s au dĂ©but et 0,02 m3/s en fin d'Ă©tĂ©, quand le dĂ©bit d'alimentation est au plus bas. De mĂŞme, le dĂ©bit maximal varie entre 1,80 et 1,68 m3/s, valeurs assez proches du module et qui font que la fontaine semble prĂ©senter un dĂ©bit très abondant pour la saison si on s'y rend au bon moment du cycle.

La durĂ©e moyenne d'une intermittence, voisine d'une heure et partagĂ©e en environ 40 minutes de baisse et 20 minutes de hausse la plus grande partie de la saison, augmente sensiblement en fin d'Ă©tiage, quand les dĂ©bits moyens sont au plus bas, car le rĂ©servoir se remplit moins vite. Dans quelques cas assez rares au vu de l'hydrologie de la source (voir plus bas), il peut arriver que le rĂ©servoir ne puisse plus se remplir et que le dĂ©bit d'alimentation puisse tout entier s'Ă©couler de manière diphasique (eau + air) dans le conduit de vidange. Ceci se produit dès lors que le dĂ©bit moyen journalier de la source descend vers 0,60 m3/s, soit 600 litres par seconde, ou en dessous, comme cela a Ă©tĂ© le cas lors de quelques Ă©tiages prolongĂ©s, en , et . Cette valeur seuil avait Ă©tĂ© prĂ©vue presque exactement par les calculs effectuĂ©s par A. Mangin qui avait trouvĂ© 680 l/s.

Un site touristique

D'après l'article paru en 1979 dans la revue de la société spéléologique du Plantaurel, la fontaine de Fontestorbes serait une curiosité unique au monde. Si d'autres sources intermittentes ou à débit variable existent en effet en Europe et ailleurs dans le monde, Fontestorbes s'en distingue nettement :

  • par la rĂ©gularitĂ© du phĂ©nomène (la durĂ©e des intermittences varie mais assez peu, contrairement Ă  certaines sources intermittentes)
  • par l'ampleur du phĂ©nomène : dĂ©bit allant dans chaque cycle de l'assèchement presque total (20 Ă  200 litres par seconde suivant l'avancement de l'Ă©tiage) Ă  1 800 litres par seconde, le phĂ©nomène Ă©tant souvent de moindre ampleur (simple fluctuations) sur certaines sources.
  • par le dĂ©bit mis en jeu : 1 800 litres par seconde ou 1,80 m3/s lors de l'Ă©coulement maximal, les autres sources intermittentes Ă©tant de bien moindre ampleur et ne dĂ©bitant au mieux que quelques litres par seconde.

Les visiteurs sont donc nombreux durant tout l'été sur le site par ailleurs très agréable en période de fortes chaleurs car niché dans la verdure et assez frais du fait de la proximité de l'eau. Des aménagements touristiques ont ainsi été réalisés en par la communauté de communes du Pays d'Olmes pour mieux accueillir les touristes et leur expliquer dans les grandes lignes le fonctionnement de la fontaine.

C'est un site naturel classé par l'arrêté du 10 février 1921[1] - [2].

De nouveaux travaux de sécurisation et d'aménagement permettant l'accueil du public sont envisagés en 2021[3].

Hydrologie

Le confluent entre l'Hers (Ă  gauche) et Fontestorbes (Ă  droite).

Le dĂ©bit de Fontestorbes a Ă©tĂ© observĂ© durant une pĂ©riode de 42 ans (1965-2007), au niveau de sa sortie Ă  l'air libre et Ă  moins de 50 m de son confluent avec l'Hers-Vif, sur la commune de BĂ©lesta, localitĂ© du dĂ©partement de l'Ariège[4]. La surface du bassin contrĂ´lĂ© par cette station est de 85 km2, soit la totalitĂ© du bassin versant de la rĂ©surgence.

Le module de Fontestorbes est de 2,09 m3/s, ce qui place la rivière au premier rang des affluents de l'Hers-Vif, juste devant le Touyre.

Fontestorbes prĂ©sente des fluctuations saisonnières de dĂ©bit très modĂ©rĂ©es, pondĂ©rĂ©es qu'elles sont par le stockage de l'eau de son bassin d'alimentation sous forme d'un important aquifère karstique[5]. Vu les caractĂ©ristiques de son impluvium, le rĂ©gime de la source est nivo-pluvial, c'est-Ă -dire que l'influence prĂ©dominante est celle de la fonte et de la rĂ©tention nivales, avec une composante pluviale assez importante et un certain effet retard liĂ© Ă  l'effet tampon de l'aquifère karstique. Les hautes eaux se dĂ©roulent ainsi de dĂ©cembre Ă  juin inclus, avec des dĂ©bits moyens mensuels variant de 2,20 m3/s Ă  3,51 m3/s. Dès la mi-fĂ©vrier sur le plateau de Sault puis en mars, avril et mai sur le massif de Tabe, la fonte des neiges s'amorce et se rajoute aux dĂ©bits encore abondants d'origine pluviale et Ă  ceux de la vidange du karst, alors Ă  son maximum de remplissage, pour provoquer une hausse du dĂ©bit menant Ă  un maximum de dĂ©bit en avril et mai (3,51 m3/s et 3,35 m3/s respectivement pour ces deux mois). En juin, le dĂ©bit baisse mais le karst encore plein attĂ©nue cette baisse. L'Ă©tiage dĂ©bute Ă  la fin du mois et conduit aux plus basses eaux d'Ă©tĂ©-dĂ©but d'automne (saison des intermittences), qui ont lieu de juillet Ă  octobre inclus, entraĂ®nant une baisse du dĂ©bit mensuel moyen jusqu'Ă  0,981 m3/s au mois de septembre, qui reste fort consistant et mĂŞme abondant. Les fluctuations peuvent ĂŞtre plus importantes sur de courtes pĂ©riodes ou selon les annĂ©es, mais sans excès, l'aquifère karstique tamponnant efficacement les extrĂŞmes.

DĂ©bit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : Bélesta - données calculées sur 42 ans
(données calculées sur 42 ans)
La rivière sortant de la grotte de Fontestorbes.

Aux Ă©tiages, le VCN3 peut chuter jusqu'Ă  0,690 m3/s, en moyenne une fois tous les 5 ans (« quinquennale sèche »), ce qui n'est pas sĂ©vère et mĂŞme abondant, en liaison toujours avec l'alimentation karstique. D'ailleurs, en 42 ans, le dĂ©bit moyen journalier de la source n'est jamais tombĂ© en dessous de 0,450 m3/s.

Comme pendant Ă  ces Ă©tiages fournis, les crues sont mĂ©diocres, l'eau en surplus transitant non par le rĂ©seau souterrain, car les pertes se saturent vite, mais par les cours d'eau de surface oĂą se situent ces pertes. Les QIX 2 et QIX 5 valent respectivement 11 et 13 m3/s. Le QIX 10 est de 15 m3/s, le QIX 20 de 16 m3/s, tandis que le QIX 50 se monte Ă  18 m3/s.

Ces QIX sont très peu différents des débits journaliers de même période de retour (QJX) publiés dans la Banque Hydro, ce qui traduit des crues très aplaties et longues (caractéristiques des cours d'eau alimentés par des nappes importantes), et surtout en retard d'environ 24 heures pour leur maximum sur les crues des autres cours d'eau du secteur en raison du temps de transit des débits dans le réseau souterrain, entre les pertes et l'exutoire de la source.

Le dĂ©bit instantanĂ© maximal enregistrĂ© Ă  BĂ©lesta a Ă©tĂ© de 9,30 m3/s le , tandis que la valeur journalière maximale Ă©tait de 13,6 m3/s le . Le dĂ©bit instantanĂ© le plus fort mesurĂ© est infĂ©rieur au plus fort dĂ©bit journalier : ceci est dĂ» au fait que les dĂ©bits instantanĂ©s ne sont enregistrĂ©s par la Banque Hydro que depuis 2005 sur cette station. Ensuite, en comparant la première de ces valeurs Ă  l'Ă©chelle des QIX de la rivière, il apparaĂ®t que cette crue Ă©tait infĂ©rieure Ă  la crue biennale, donc très courante et amenĂ©e Ă  se renouveler presque chaque annĂ©e. Quant Ă  la seconde, en vertu de la proximitĂ© des QJX et QIX de mĂŞme pĂ©riode de retour, elle Ă©tait de l'ordre de la dĂ©cennale, donc appelĂ©e Ă  se renouveler environ tous les 10 ans en moyenne.

Fontestorbes est une source dont l'alimentation est d'origine montagnarde. Elle est donc assez abondante. La lame d'eau Ă©coulĂ©e dans son bassin versant est de 778 millimètres annuellement, ce qui est plus de deux fois supĂ©rieur Ă  la moyenne d'ensemble de la France tous bassins confondus, supĂ©rieur aussi Ă  la moyenne du bassin de l'Hers-vif (361 millimètres Ă  Mazères) et Ă  celle du bassin de la Garonne (384 millimètres au Mas-d'Agenais). Le dĂ©bit spĂ©cifique (ou Qsp) atteint 24,6 litres par seconde et par kilomètre carrĂ© de bassin.

Notes et références

  1. Elisabeth Bresdin, Michel Grassaud (DREAL Midi Pyrénées), Jean-Michel Meyer, Bilan des sites classés et inscrits de l’Ariège : Lieux de beauté, lieux de mémoire., Toulouse, Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement Midi-Pyrénées, , 47 p. (ISBN 978-2-11-129626-8, lire en ligne), page 14
  2. Manon Van Overbeck, « Bélesta. La fontaine intermittente de Fontestorbes », La Dépêche du midi,‎ (lire en ligne)
  3. « La construction du tant attendu parking à Fontestorbes, à Bélesta, est sur les rails », sur La Dépêche, (consulté le ).
  4. Banque Hydro - Station O1432930 - L'Hers à Bélesta (source de Fontestorbes) (option synthèse)
  5. Vincent Bailly-Comte, Nicole Ravaiau, B. Ladouche et Jean-Christophe Maréchal, « La source Intermittente de Fontestorbes: Nouvelles observations au Puits P1 des Mijanes », (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.