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Fils de la Liberté

Les Fils de la Liberté (en anglais, Sons of Liberty) désignent une organisation secrète de patriotes américains, pendant la rébellion des Treize colonies contre l'Angleterre, à la fin du XVIIIe siècle. Ils résistèrent à l'oppression britannique en s'attaquant aux symboles du pouvoir britannique en Amérique, mais aussi à ses agents et à ceux qui soutenaient la Couronne. Ils furent impliqués dans les campagnes de boycott et les émeutes urbaines du contexte prérévolutionnaire.

Les Fils de la Liberté, caricature britannique (1774)

Les autorités britanniques et les loyalistes les considéraient comme une association rebelle et séditieuse ; ils les appelaient les « Fils de la Violence » (Sons of Violence) ou encore « Les Fils de l'iniquité » (Sons of Iniquity).

Histoire

L'expression « Fils de la LibertĂ© » est utilisĂ©e pour la première fois Ă  la suite d'un dĂ©bat sur le Stamp Act au Parlement anglais en 1765. Charles Townshend, qui avait pris la parole pour dĂ©fendre son projet, compara les colons amĂ©ricains Ă  des enfants plantĂ©s, nourris et protĂ©gĂ©s par la Couronne britannique[1]. Isaac BarrĂ©, un dĂ©fenseur des colons, lui rĂ©pondit en dĂ©crivant les AmĂ©ricains comme des fils de la libertĂ© et l'avertit qu'ils rĂ©sisteraient aux nouvelles taxes imposĂ©es par le Stamp Act. L'appellation « Fils de la LibertĂ© Â» a Ă©tĂ© diffusĂ©e dans les cercles de la franc-maçonnerie [2].

Le Stamp Act fut adopté par le Parlement et promulgué par le roi le , mais n’entra en application effective que le . Il imposait le paiement d'un timbre pour toute publication et imprimé. Il suscita une grande animosité de la part des colons américains et ne fut guère appliqué. Les collecteurs de taxe furent en effet menacés d’être passés au goudron et aux plumes (tarring and feathering) par les colons les plus radicaux. De nombreux colons refusèrent de payer les timbres et la situation se radicalisa. À Boston, des membres de l'organisation pendirent et brûlèrent une effigie d’Andrew Oliver, un agent du timbre[3]. Sa maison fut pillée et son bureau incendié. La demeure du gouverneur du Massachusetts, Thomas Hutchinson, fut également vandalisée[3]. De nombreuses associations virent le jour afin d’organiser la protestation : elles seront bientôt connues comme les Fils de la Liberté. Des incidents similaires se produisirent à New York et à Charleston. Les timbres furent saisis et détruits, et les agents molestés. Des comités de correspondance (Committees of Correspondence) se constituèrent pour unir les opposants et relayer les appels au boycott des marchandises anglaises. Lorsque le Massachusetts demanda la tenue d’une assemblée générale, neuf colonies envoyèrent des représentants au Stamp Act Congress qui se tint au Federal Hall de New York en . Le Stamp Act fut finalement abrogé à cause des protestations des colons et des artisans anglais, frappés par le boycott de leurs marchandises.

En 1767, les Fils de la liberté adoptèrent un drapeau à neuf bandes verticales (5 rouges et 4 blanches) correspondant au nombre de colonies représentées au Stamp Act Congress. Le drapeau à 13 bandes rouges et blanches horizontales utilisées par les navires marchands américains pendant la guerre d'indépendance, était également associé aux Fils de la Liberté.

Organisation et actions

Dans l'inconscient populaire américain[4], les Fils de la Liberté était une organisation secrète dont les leaders étaient pourtant connus. L'expression finit par désigner tout opposant à la politique fiscale et militaire de la métropole. Le profil sociologique des Fils de la Liberté n'était pas uniforme : on trouvait aussi bien des avocats que des ouvriers. Les représentants les plus importants de ce mouvement étaient Paul Revere, Thomas Young, Joseph Warren, Patrick Henry, John Hancock, James Otis, Thomas Crafts Jr, John Adams et son cousin, Samuel Adams, qui fut le meneur de la rébellion en Nouvelle-Angleterre.

Les actions des Fils de la Liberté allaient de la publication de pamphlet à la plantation d'arbres de la liberté, de la tenue de réunions à la violence urbaine. Les comités de correspondance permettaient d'établir un réseau entre les associations des différentes villes américaines.

Illustration du Boston Tea Party par W.D. Cooper (1789)

Après le Tea Act autorisant la Compagnie anglaise des Indes orientales Ă  vendre son thĂ© dans les treize colonies, John Hancock organisa un boycott en 1773. Le , soixante Bostoniens identifiĂ©s comme des Fils de la LibertĂ© grimpèrent Ă  bord de trois navires anglais accostĂ©s dans le port costumĂ©s en amĂ©rindiens. Silencieusement, ils ouvrirent les tonneaux et jetèrent leur contenu par-dessus bord, puis les refermèrent pour les remettre Ă  leur place, vide. Rien ne fut volĂ© ni dĂ©truit intentionnellement, mis Ă  part les 45 tonnes (90 000 livres) de thĂ©, d'une valeur de 10 000 ÂŁ. Ce coup d'Ă©clat, connu sous le nom de Boston Tea Party, est l'une des plus fameuses actions des Fils de la LibertĂ©.

Notes et références

  1. Children planted by our care, nourished up by our indulgence… and protected by our arms.
  2. Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Paris, Perrin, 2003, (ISBN 2-262-01821-9), p. 385 ; P. Maier, From Resistance to Revolution, New York, Norton, 1991, p.81
  3. Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Paris, Perrin, 2003, (ISBN 2-262-01821-9), p. 62
  4. Lire Ă  ce propos Le roman d'Esther Forbes, Johnny Tremain

Voir aussi

Essais

  • (en-US) FĂ©lix Sutton, Sons Of Liberty, Julian Messner, , 104 p. (ISBN 9780671321239, lire en ligne)
  • (en-US) Adam Rutledge, Sons of Liberty, G.K. Hall, , 328 p. (ISBN 9780553291995, lire en ligne),
  • (en-US) Marshall T. Poe (ill. Leland Purvis), Sons of Liberty, Aladdin Paperbacks, , 132 p. (ISBN 9781416950677, lire en ligne),

Articles

  • (en-US) Philip G. Davidson, « Sons of Liberty and Stamp Men », The North Carolina Historical Review, Vol. 9, No. 1,‎ , p. 38-56 (19 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Arthur M. Schlesinger, « Liberty Tree: A Genealogy », The New England Quarterly, Vol. 25, No. 4,‎ , p. 435-458 (24 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Arthur M. Schlesinger, « A Note on Songs as Patriot Propaganda 1765-1776 », The William and Mary Quarterly, Vol. 11, No. 1,‎ , p. 78-88 (11 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Thomas W. Rambsey, « The Sons of Liberty : the Early Inter-Colonial Organization », International Review of Modern Sociology, Vol. 17, No. 2,‎ , p. 313-335 (23 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Frank Lambert, « "Father against Son, and Son against Father:" The Habershams of Georgia and the American Revolution », The Georgia Historical Quarterly, Vol. 84, No. 1,‎ , p. 1-28 (28 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Neil L. York, « Son of Liberty: Johnny Tremain and the Art of Making American Patriots », Early American Studies, Vol. 6, No. 2,‎ , p. 422-447 (26 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Benjamin L. Carp, « Did Dutch Smugglers Provoke the Boston Tea Party? », Early American Studies, Vol. 10, No. 2,‎ , p. 335-359 (25 pages) (lire en ligne),


Articles connexes

Liens externes

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