Filiberto Ojeda RĂos
Filiberto Ojeda RĂos, nĂ© le , mort le , militant indĂ©pendantiste portoricain, Ă©tait le « General responsable » de l'EjĂ©rcito Popular Boricua – Los Macheteros (ArmĂ©e populaire Boricua), une organisation paramilitaire basĂ©e Ă Porto Rico, avec des branches dans diffĂ©rents pays. Los Macheteros est un groupe qui combat pour l'indĂ©pendance de Porto Rico contre ce qu'il considère ĂŞtre une colonisation brutale de la part des États-Unis — Porto Rico en est une dĂ©pendance depuis 1898, actuellement avec le statut d'État associĂ©.
Filiberto Ojeda RĂos Ă©tait recherchĂ© par le FBI (Federal Bureau of Investigation, la police fĂ©dĂ©rale des États-Unis), pour son rĂ´le dans l'attaque Ă main armĂ©e du dĂ©pĂ´t de la banque Wells Fargo en 1983, Ă West Hartford, dans le Connecticut, ainsi que pour s'ĂŞtre enfui alors qu'il Ă©tait libre sous caution en septembre 1990.
Filiberto Ojeda RĂos | |
Naissance | Naguabo (Porto Rico) |
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Décès | Hormigueros (Porto Rico) |
Origine | Portoricaine |
Allégeance | Porto Rico |
Cause défendue | Indépendance |
Années de service | 1967 – 2005 |
Filiberto Ojeda Rios est mort le après que le FBI a investi sa maison d'Hormigueros Ă Porto Rico. Le dĂ©roulement exact et complet de l'opĂ©ration est toujours inconnu, car les dĂ©positions du FBI et de la femme de Filiberto Ojeda RĂos, qui Ă©tait prĂ©sente pendant l'opĂ©ration, sont contradictoires.
Sa mort a provoqué des manifestations de deuil et de protestation de la part du mouvement d'indépendance portoricain. La gestion de cette affaire par les autorités fédérales et locales a également été critiquée par des personnalités opposées à l'indépendance de l'île (nettement majoritaires aux élections, elles se répartissent en deux camps, certains souhaitant le maintien du statut actuel d'État associé aux États-Unis (Commonwealth), et d'autres l'accession au statut d'État des États-Unis).
Biographie
Filiberto Ojeda RĂos est nĂ© le Ă Naguabo, Porto Rico. Amateur de musique, il joue de la trompette et de la guitare.
En 1961, il s'établit avec sa famille à Cuba, et rejoint la Direction générale du renseignement (Dirección General de Inteligencia, DGI), le service de renseignement cubain. Un an plus tard, il retourne à Porto Rico. Il a été soupçonné d'y espionner l'armée américaine.
En 1967, il fonde et dirige le premier des nouveaux groupes politiques militants portoricains, le Mouvement pour l'IndĂ©pendance RĂ©volutionnaire ArmĂ©e (MIRA). L'organisation est dĂ©mantelĂ©e par la police au dĂ©but des annĂ©es 1970 et Filiberto Ojeda RĂos est arrĂŞtĂ©. Il part alors pour New York, oĂą il crĂ©e les Forces ArmĂ©es de LibĂ©ration Nationale avec les anciens membres de la MIRA.
En 1976, il rebaptise les FALN en Armée Populaire Boricua (espagnol : Ejército Popular Boricua), également connu sous le nom « Los Macheteros ».
Le , les Macheteros attaquent la banque Wells Fargo Ă West Hartford dans le Connecticut, s'emparant d'environ sept millions de dollars. Durant cette opĂ©ration, il y a eu une fusillade Ă distance avec des policiers. Ojeda RĂos aurait tirĂ© sur eux, mais cette accusation n'a pas pu ĂŞtre confirmĂ©e. Le butin de l'opĂ©ration a certainement servi Ă la lutte pour l'indĂ©pendance de Porto Rico.
En 1985, dix-neuf membres des Macheteros sont inculpĂ©s pour divers dĂ©lits liĂ©s au braquage de West Hartford. Quatorze sont dĂ©clarĂ©s coupables et un est acquittĂ©, les charges contre un autre ayant Ă©tĂ© abandonnĂ©es. Trois, parmi lesquels Filiberto Ojeda RĂos et Victor Manuel Gerena, parviennent Ă ce moment Ă Ă©chapper aux autoritĂ©s.
En 1989, Filiberto Ojeda RĂos est jugĂ© pour une agression contre un policier au cours de l'attaque, il assure lui-mĂŞme sa dĂ©fense et est relaxĂ© de ce chef d'accusation, la lĂ©gitime dĂ©fense Ă©tant reconnue.
En juillet 1992, en fuite, il est condamné par contumace à 55 ans de prison et 600 000 dollars d'amende pour sa participation à l'attaque de la Wells Fargo.
Mort
Contexte général
Le — anniversaire du « Grito de Lares » — des membres du FBI entourent sa maison d'Hormigueros oĂą Filiberto Ojeda RĂos se cachait. Plusieurs coups de feu sont Ă©changĂ©s entre l'extĂ©rieur et l'intĂ©rieur de la maison, blessant mortellement Filiberto Ojeda RĂos et blessant un agent du FBI, mais l'information est toujours contestĂ©e. D'après sa femme (Elma Beatriz Rosada Barbosa) et un voisin (HĂ©ctor Reyes), les agents du FBI ont commencĂ© Ă tirer Ă 15 heures. Elma Beatriz Rosada Barbosa assure que Filiberto Ojeda RĂos dĂ©sirait parler au journaliste JĂ©sus Dávila, mais ses blessures n'ont pas obtenu l'attention qu'il aurait fallu de la part des agents fĂ©dĂ©raux.
Le surintendant de la police, Pedro Toledo Dávila, confirme via la radio WAPA que l'ancien fugitif le plus recherché était mort. Le gouvernement de Porto Rico confirme aussi l'information. Malgré cela, le FBI ne donne pas de confirmation sur sa mort avant le lendemain.
Le , le FBI contacte le gouverneur de Porto Rico pour confirmer sa mort. Les circonstances de sa mort ne sont toujours pas claires et différents secteurs du gouvernement portoricain se posent des questions sur les intentions des agents du FBI durant cette opération. Différentes sections du mouvement d'indépendance de Porto Rico dénoncent un assassinat politique.
Des membres de tous les partis politiques de Porto Rico critiquent la façon dont a été traitée cette opération, et s'interrogent sur le choix du pour l'opération, s'agissant d'un jour spécial pour les Portoricains, le Grito de Lares, qui célèbre la résistance à l'Empire espagnol.
Un gouverneur de Porto Rico AnĂbal Acevedo Vilá dĂ©nonce les agissements du FBI dans cette opĂ©ration et la mort de Filiberto Ojeda RĂos comme « sale et totalement illĂ©gale ». Il demande des explications sur le fait que le gouvernement n'ait pas Ă©tĂ© informĂ© de l'opĂ©ration et que la presse de l'Ă®le n'ait pas pu couvrir l'opĂ©ration.
La scène de la mort
D'après le FBI, Filiberto Ojeda RĂos a Ă©tĂ© tuĂ© par un tir d'arme Ă feu, Ă la clavicule gauche, qui est sorti de son dos plus bas, transperçant ses poumons. Les enquĂŞteurs et son mĂ©decin, HĂ©ctor Pesquera, dĂ©clarent que cela n'est pas le genre de blessure qui aurait pu le faire mourir immĂ©diatement. D'après l'agence de presse amĂ©ricaine Associated Press, le secrĂ©taire Ă la justice, Roberto Sanchez Ramos critique le FBI qui refusa de laisser entrer quatre juristes dans la ferme après le coup de feu. Le FBI a attendu 24 heures avant d'entrer et de trouver Filiberto Ojeda RĂos mort. Une hypothèse est qu'il a Ă©tĂ© laissĂ© saigner Ă mort, et qu'un tireur embusquĂ© lui aurait tirĂ© dessus.
Au moment de sa mort, le chef révolutionnaire avait un gilet pare-balle, et était habillé d'un pantalon et d'un chapeau de camouflage, ont déclaré officiellement des membres du gouvernement. Il était avec sa femme à ce moment.
Le corps de Filiberto Ojeda RĂos a Ă©tĂ© dĂ©couvert, face contre terre, juste devant la porte de rĂ©sidence de campagne, oĂą il se cachait. Ă€ sa gauche, un pistolet a Ă©tĂ© dĂ©couvert par les enquĂŞteurs de la justice. Plus de 20 caisses de balles ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes sur la scène du crime, dont des cartouches d'AR-15.
Les inspecteurs ont observé deux impacts de balles qui proviennent de l'extérieur de la résidence, tous deux du côté de la porte d'entrée principale. Un autre impact de balle a été trouvé à l'arrière de la résidence, celui-ci étant dirigé vers l'extérieur.
Les autorités locales n'ont été autorisées à pénétrer dans la maison que plus de 27 heures après le début de cette opération.
Le FBI dit qu'il n'a ouvert le feu sur Filiberto Ojeda RĂos, âgĂ© de 72 ans, qu'après qu'un de ses agents ait Ă©tĂ© touchĂ© par une balle. S'ensuivit l'Ă©tablissement d'un pĂ©rimètre de sĂ©curitĂ© par la police locale, qui ne pouvait ĂŞtre approchĂ© par personne, ni par le sol, ni par voie aĂ©rienne. Les tentatives par une Ă©quipe de journalistes locaux d'approcher des lieux par hĂ©licoptère ont Ă©tĂ© infructueuses et abandonnĂ©es après avoir Ă©tĂ© menacĂ©s de poursuites pour violation de l'espace aĂ©rien et prĂ©venus qu'ils pourraient ĂŞtre abattus si nĂ©cessaire.
Pendant l'opĂ©ration, la femme de Filiberto Ojeda RĂos a Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©e et un agent du FBI dĂ©clare avoir reçu un coup Ă l'estomac Ă cette occasion. Elma Beatriz Rosado est nĂ©anmoins relâchĂ©e par le FBI dans l'après-midi du . Elle dit que les derniers mots de son mari ont Ă©tĂ© « pa’lante siempre » (En avant, toujours !) lorsqu'elle l'a vu vivant pour la dernière fois.