Feng Zikai
Feng Zikai (chinois simplifiĂ© äž°ćæș, chinois traditionnel è±ćæ·), nĂ© en 1898, au (çłéšé bourg de Shimen) de la ville de Tongxiang, dans la province du Zhejiang, et dĂ©cĂ©dĂ© Ă Shanghai en 1975, est un artiste chinois et considĂ©rĂ© comme "l'initiateur de la bande dessinĂ©e chinoise moderne". "äž°ćæșçșȘćż”éŠ Le mĂ©morial de Feng Zikai" est situĂ© au bourg de Shimen. Il se compose de deux parties, l'ancienne rĂ©sidence de Feng Zikai et "äž°ćæș挫ç»éŠ le musĂ©e de la bande dessinĂ©e de Feng Zikai". La superficie totale est de 820 mĂštres carrĂ©s. Il y a 2796 piĂšces (sĂ©ries) dans la collection, dont 28 piĂšces (sĂ©ries) appartenant Ă de "çèČŽæç© prĂ©cieuses reliques culturelles". Des calligraphies, des dessins, des manuscrits, la correspondance de Feng Zikai et ceux des cĂ©lĂ©britĂ©s modernes constituent les piĂšces principales du musĂ©e.
ĂlĂ©ments biographiques
Feng Zikai fait des études durant les années 1910. Il a comme professeurs Li Shutong (1880-1942) et Xia Manzun (1886-1946). Il part pour Tokyo au Japon en 1921 puis s'installe à Shanghai en 1922. Il quitte la région de Shanghai en 1937 en raison de la guerre sino-japonaise et s'y installe de nouveau une fois celle-ci terminée[1]. Ses vingt-cinq premiÚres années de carriÚre correspondent à la période la plus active de sa vie.
AprĂšs la fondation de la RĂ©publique populaire en 1949, il sâinstalle dĂ©finitivement Ă Shanghai, oĂč il va occuper plusieurs postes successifs dans la bureaucratie culturelle. Ses peintures Ă©tant jugĂ©es trop pessimistes, contemplatifs et ambigus, il rĂ©duit trĂšs nettement sa production, prĂ©fĂ©rant se tourner vers la traduction dâouvrages russes ou japonais. Durant la RĂ©volution culturelle, alors quâil continue Ă peindre dans le plus grand secret, il est soumis aux critiques les plus acerbes. RĂ©habilitĂ© deux ans plus tard, il meurt en 1975.
[1] Danielle Elisseeff, postface, dans Marie Laureillard, Feng Zikai, un caricaturiste lyrique : dialogue du mot et du trait, Paris, LâHarmattan, « Lâunivers esthĂ©tique », 2017, p. 361.
[2] Marie Laureillard, Feng Zikai, un caricaturiste lyrique : dialogue du mot et du trait, op. cit.
[3] Nous nous sommes efforcĂ©e de reconstituer la datation des peintures et dâidentifier les auteurs des poĂšmes citĂ©s grĂące aux Ćuvres complĂštes Ă©ditĂ©es par Feng Yiyin et Feng Chenbao et publiĂ©es par les Ă©ditions Jinghua de PĂ©kin en 1999.
[4] Jacques Pimpaneau, Sauve qui veut !, Paris, Kwok On, 1993, p. 8.
Ćuvre
Tout dâabord initiĂ© par Li Shutong Ă la peinture occidentale et au dessin dâaprĂšs nature, Feng Zikai a toujours optĂ© pour une attitude Ă©clectique. On dĂ©cĂšle sous son pinceau lâinfluence de la caricature occidentale, quâil connaĂźt bien (Daumier, Valloton, Effel), de peivoirentres europĂ©ens comme Millet, Van Gogh ou Matisse, mais Ă©galement de modĂšles sino-japonais. Il se rĂ©clame en premier lieu du Japonais Takehisa Yumeji (1884-1934), dont il a dĂ©couvert avec Ă©merveillement les dessins empreints de lyrisme lors de son sĂ©jour au Japon. Comme lui, il dĂ©cide de reprĂ©senter son environnement tel quâil lâa sous les yeux plutĂŽt que les motifs Ă©culĂ©s dâune Ă©poque rĂ©volue. Mais sâil adopte perspective linĂ©aire ou rendu de la lumiĂšre, il rejette le rĂ©alisme auquel se rĂ©duit Ă ses yeux lâart rĂ©aliste occidental, mettant en avant des notions de vision intĂ©rieure, dâinachevĂ© et de rĂ©alitĂ© situĂ©e au-delĂ du visible en se rĂ©fĂ©rant clairement Ă lâesthĂ©tique chinoise. On peut songer devant ses Ćuvres Ă certaines images Ă©purĂ©es aux tracĂ©s rapides et spontanĂ©s du Japonais Sengai (1750-1837) ou des Chinois Zeng Yandong (1751-1827) ou Chen Shizeng (1876-1923). Loin de rĂ©futer la peinture chinoise de la tradition lettrĂ©e, il sâen fait mĂȘme lâardent dĂ©fenseur en la dĂ©clarant supĂ©rieure Ă toute autre de par sa dimension spirituelle et non mimĂ©tique. Avec son style reconnaissable au premier coup dâĆil, il tente de la moderniser Ă sa maniĂšre en introduisant certains motifs contemporains (train, voiture, ascenseur, poste de radio, lampe Ă©lectriqueâŠ), mais aussi en confĂ©rant un rĂŽle inĂ©dit aux femmes et aux enfants, autrefois cantonnĂ©s dans des reprĂ©sentations stĂ©rĂ©otypĂ©es.
Ses premiĂšres Ćuvres en noir et blanc frappent dĂ©jĂ par lâĂ©conomie de moyens et la simplification du trait, qui Ă©voquent le dessin dâhumour dâinspiration occidentale tout autant que les gravures chinoises. Ayant pour support une feuille de papier de format presque invariable dâenviron 24 x 17 cm, elles se prĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement comme des tableaux indĂ©pendants, mĂȘme sâil arrive parfois quâelles soient regroupĂ©es en sĂ©ries de quatre vignettes formant un rĂ©cit continu. Elles sont toujours pourvues dâune inscription calligraphiĂ©e dans le style de chancellerie cursive (zhangcao), tandis que la signature se rattache clairement Ă un courant occidentaliste, composĂ©e des initiales (TK) des deux syllabes formant son prĂ©nom, notĂ© « Tzu-Kâai » selon le systĂšme de transcription anglo-saxon en usage Ă lâĂ©poque.
Feng Zikai se lance dans la couleur Ă partir de 1938 en signant par des caractĂšres chinois et en apposant un sceau rouge, renouant avec des pratiques plus classiques. Dans ses encres et couleurs sur papier, il adopte alors des coloris francs dignes des estampes japonaises, tout en conservant un style dĂ©pouillĂ© proche de celui de ses peintures Ă lâencre noire. Seuls le format lĂ©gĂšrement supĂ©rieur (environ 30 x 23 cm) et les aplats colorĂ©s les en distinguent.
GrĂące Ă ce style simple, Ă©purĂ©, facile dâaccĂšs, la frontiĂšre entre une peinture destinĂ©e Ă la contemplation recueillie dâune Ă©lite et une forme dâart touchant un large public sâestompe. Feng Zikai assume en rĂ©alitĂ© une double identitĂ© de caricaturiste et de lettrĂ©. Il se libĂšre de modĂšles picturaux classiques trĂšs codifiĂ©s tout en privilĂ©giant une idĂ©e de compassion empruntĂ©e au bouddhisme, vers lequel il sâest tournĂ© sous lâinfluence de Li Shutong. Son Ćuvre rĂ©vĂšle cette double identitĂ© Ă travers les deux pĂŽles entre lesquels elle oscille, dâun cĂŽtĂ© la sociĂ©tĂ© et ses vicissitudes, qui aiguisent son esprit critique, de lâautre lâunivers de lâenfance, quâil se donne pour modĂšle, ainsi que la nature, lieu dâĂ©lĂ©vation spirituelle par excellence. Ses nombreux essais, dont une partie a Ă©tĂ© traduite en français (Gallimard, 2010) , tĂ©moignent des mĂȘmes prĂ©occupations. Ses peintures, crĂ©Ă©es dans un pays en proie aux guerres, aux mouvements sociaux et aux rĂ©volutions, ne peuvent laisser indiffĂ©rent : elles transmettent envers et contre tout une philosophie de vie empreinte de sagesse, dâharmonie et de sĂ©rĂ©nitĂ© et traduisent une indĂ©fectible foi en lâhomme.
[1] Jacques Pimpaneau, Sauve qui veut !, Paris : Kwok On, 1993, p. 8.
[1] Danielle Elisseeff, postface, dans Marie Laureillard, Feng Zikai, un caricaturiste lyrique : dialogue du mot et du trait, Paris : LâHarmattan, « Lâunivers esthĂ©tique », 2017, p. 361.
Postérité
Un prix portant le nom de Feng Zikai, destiné à récompenser des livres illustrés pour enfants, a été créé[2] en 2009.
Ćuvre publiĂ©
- (zh)Feng Yiyin et Feng Chenbao (dir.), Feng Zikai manhua quanji (Ćuvre dessinĂ© complet de Feng Zikai), PĂ©kin, Jinghua chubanshe, 1999 (16 vol.)
- Couleur de nuage, trad. Marie Laureillard-Wendland, Paris, Gallimard, coll. « Bleu de Chine », 2010
- Recueil de caricatures de Feng Zikai, préface et traduction de Marie Laureillard, Paris, You-Feng, 2018
Références
- Laureillard 2008, p. 88.
- (en) Feng Zikai Chinese Children's Picture Book Arward
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Randall Barmé, An Artistic Exile: A Life of Feng Zikai (1898-1975), University of California Press, 2002 [chapitre 4]
- (en) Extrait : « Feng Zikai and Yuanyuan Hall », China Heritage Quartely, no 13, [lire en ligne]
- (en) Christoph Harbsmeier, The Cartoonist Feng Zikai: social realism with a Buddhist face, Oslo, Universitetsforlaget, 1984
- Marie Laureillard, « Feng Zikai (1898-1975) : un caricaturiste lyrique », Ătudes chinoises, no 27, 2008 [lire en ligne]
- Marie Laureillard, Feng Zikai, un caricaturiste lyrique. Dialogue du mot et du trait, Paris, L'Harmattan, coll. « L'univers esthétique », 2017
- Jacques Pimpaneau, Sauve qui veut !, Paris : Kwok On, 1993
- (en) Shuen-shuen Hung, Feng Tzu-k'ai: his art and thoughts, Ann Arbor, Mich., UMI, 1988
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) Bénézit
- (en) Grove Art Online
- (en) Union List of Artist Names
- Feng Zikai, Manhua, commentaires Marie Laureillard, Cahier du CEEI, université Paris-Diderot Paris 7 (suivre le lien MédiathÚque > Cahiers du CEEI)
- Feng Zikai, sur Modern Chinese Literature Research Portal, The Chinese University of Hong Kong