Faustino PĂ©rez-Manglano
Faustino PĂ©rez-Manglano Magro (1946-1963), Ă©tait un jeune espagnol, atteint de la maladie de Hodgkin. ĂlĂšve du collĂšge marianiste de Nuestra Señora del Pilar Ă Valence[1] (Espagne), et membre de la Famille marianiste, il a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© vĂ©nĂ©rable par le pape BenoĂźt XVI le 14 janvier 2011[2].
Faustino PĂ©rez-Manglano | |
Vénérable, laïc | |
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Naissance | 4 août 1946, Valence (Espagne) |
DĂ©cĂšs | 3 mars 1963, Valence (Espagne) |
Vénéré à | la chapelle du CollÚge del Pilar, Valence (Espagne) |
BĂ©atification | en cours |
FĂȘte | 3 mars |
Biographie
Faustino est nĂ© Ă Valence (Espagne) le 4 aoĂ»t 1946. Il est l'aĂźnĂ© de quatre enfants. Ses parents se sont mariĂ©s un an auparavant. Son pĂšre est mĂ©decin. Il reçoit de ses parents une Ă©ducation chrĂ©tienne. Sa vie se dĂ©roule de maniĂšre tout Ă fait ordinaire : il aime le sport â le football le passionne â, la natation, la montagne⊠Il aime le cinĂ©ma, la tĂ©lĂ©vision, lire des romans, se faire des amis.
Sa premiĂšre retraite spirituelle
C'est Ă treize ans qu'il fait sa premiĂšre retraite spirituelle[3], une expĂ©rience habituelle pour les Ă©lĂšves du collĂšge del Pilar. Elle comporte des temps de silence, de priĂšre, de dĂ©tente et des confĂ©rences. Au cours de cette retraite, Faustino raconte Ă son aumĂŽnier sa promesse : « J'ai promis Ă la Vierge Marie de rĂ©citer le chapelet tous les jours. Je le rĂ©cite par petits bouts, en particulier quand je vais seul au collĂšge⊠»[4] Sur cette retraite, il Ă©crira plus tard : « Le plus grand effort de ma vie, je lâai fait lors de la retraite, quand jâai essayĂ© de changer complĂštement ma vie. »
Son journal
Le 14 septembre 1960, il entame la premiÚre page de son journal[5]. C'est une idée qui lui est venue à la suite de la lecture d'un roman. Il va désormais s'y consacrer réguliÚrement, y mentionnant les faits qui ont marqué sa journée. Ce journal est un témoin précieux de sa vie spirituelle et des événements de sa vie. Ce qui en fait la valeur est aussi sa spontanéité, il s'agit bien du journal d'un adolescent. Le 17 octobre 1960, il écrit par exemple : « J'ai récité le chapelet. J'ai communié pendant la récréation. J'ai eu une interro en sciences naturelles, et j'ai bien répondu. J'ai parlé pendant 10 minutes avec le Christ, aussi bien du match nul Saragosse-Valence, que des missions. »[6] C'est dans ce journal qu'apparaßt aussi la premiÚre mention, le 14 novembre 1960, d'une douleur qui annonce sa maladie.
Et si Dieu me parlait
En octobre 1960, il intĂšgre une fraternitĂ© de jeunes, Ă l'aumĂŽnerie de jeunes de son collĂšge[7]. Ce groupe se rĂ©unit une fois par semaine. Le 22 octobre se passe intĂ©rieurement un Ă©vĂ©nement trĂšs important pour lui. Il est en train d'effectuer une retraite et aprĂšs avoir rencontrĂ© son aumĂŽnier, il Ă©crit ce jour-lĂ : "Nous avons parlĂ© de pas mal de choses, mais il en est une qui mâa frappĂ© : quelle vocation vais-je choisir ? mĂ©decin ? chimiste ? Ou peut-ĂȘtre serai-je prĂȘtre ? Cette derniĂšre possibilitĂ© est celle qui mâa le plus impressionnĂ© : Dieu mâa-t-il choisi ? Il me le dira... La journĂ©e et les quelques heures qui me restent de ma retraite, je vais garder un silence complet⊠Et si Dieu me parlait !" Câest aussi durant cette retraite quâil Ă©crit comme rĂ©solution : "Je vais essayer "lâascĂšse du oui": dire oui Ă tout ce qui est bien."[8] Plus tard, lorsquâon lui demandera quand il a ressenti lâappel du Seigneur, il dira que câest le soir mĂȘme, pendant le repas en silence : "Pendant le souper, je lâai vu trĂšs clair : âle Seigneur me veut religieux marianisteâ." Ă partir de cette date, son amitiĂ© avec le Seigneur grandit de jour en jour. Cette relation si Ă©troite et frĂ©quente avec le Christ se transforme en amitiĂ© simple et profonde. Pour lui, JĂ©sus est quelquâun de proche, un ami avec lequel on peut parler de tout, mĂȘme de foot ! Voici quelques extraits de son journal qui montrent bien que, pour Faustino, le Christ est quelquâun de tout proche : "Qu'on est bien en compagnie du Christ !"[9] (21.10.60). "Aide-moi, JĂ©sus, Ă ĂȘtre apĂŽtre. Que je ne garde rien pour moi. Que mon amour pour Toi je le donne aux autres..." (22.06.61). "On m'a apportĂ© la communion. Que c'est merveilleux de recevoir le corps du Christ !" 28.01.61 "Le Christ est ici, Ă cĂŽtĂ© de moi, en moi..." (24.01.62). "Comme il fait bon ici, tout prĂšs du Christ !" (25.01.62). "Je suis trĂšs content. Aujourdâhui, premier vendredi du mois de mai, câest un grand jour pour moi. Jâai ressenti lâappel divin comme peu de fois auparavant. Uni Ă Marie et Ă JĂ©sus, jâĂ©tais dĂ©bordant de joie. Je suis trĂšs heureux. Combien je dois remercier Dieu ! Comme câest beau et merveilleux de vivre prĂšs du Christ !" (4.05.62). "Je me rends compte qu'on doit devenir un saint. On ne peut pas ĂȘtre chrĂ©tien Ă moitiĂ©. [âŠ] Que ceux qui me voient, puissent voir en moi le Christ." (20.1.63). "Nous devons ĂȘtre des apĂŽtres par l'exemple : il faudrait que notre seule prĂ©sence attire les autres vers le Christ." (22.1.63). Et cette joie de vivre avec le Christ ne lâempĂȘche pas, bien au contraire, dâaimer le foot, la montagne, la lecture et les amis.
La maladie
Le 29 novembre 1960, il tombe malade[10]. AprĂšs des examens mĂ©dicaux, les mĂ©decins finissent par diagnostiquer la maladie de Hodgkin, maladie incurable Ă lâĂ©poque. On lui applique un traitement Ă©nergique, mais Ă©puisant. Pendant de longues pĂ©riodes, il doit rester chez lui, mais il continue de travailler dur afin de ne pas perdre lâannĂ©e. Il ne se plaint jamais, mais dans son journal on dĂ©couvre quâil a eu des moments trĂšs difficiles : "Tout lâaprĂšs-midi, jâavais mal sans arrĂȘt." (6.02.61). "Ă 8 heures, jâai demandĂ© Ă maman de me faire des massages pour pouvoir mâendormir sans trop de douleur. Ă 10 heures, je me suis rĂ©veillĂ©, et nous sommes allĂ©s Ă la Croix Rouge. LĂ , on mâa fait deux radiographies. Quand nous sommes revenus Ă la maison Ă midi, jâavais envie de pleurer. Jâavais trĂšs mal, et le moral au plus bas." (27.11.61)[11]. Depuis le mois de fĂ©vrier, il ne peut plus retourner en classe. Mais il consacre beaucoup de temps Ă son travail scolaire : il ne veut pas perdre son annĂ©e. Il doit limiter toutes ses activitĂ©s sportives mais il ne sâen plaint pas : il se contente de ce quâil peut faire et Ă©crit quâil est heureux et que tout est « merveilleux » : câest le mot prĂ©fĂ©rĂ© de Faustino. Il apprĂ©cie les sĂ©ances de cinĂ©-forum organisĂ©es dans son collĂšge. Il visionne entre autres Les Quatre Cents Coups de François Truffaut[12]. Bien quâil ne puisse plus faire de sport, il tient Ă accompagner ses camarades lorsquâils ont des compĂ©titions.
Le sens de lâautre
En janvier 1962, Faustino Ă©crit dans son Journal une anecdote qui montre le souci quâil a de lâautre[13] : « Ce garçon a quatorze ans. Il vit dans une mansarde, il ne peut presque pas manger, il travaille huit heures par jour.» Avec un autre camarade, il prend rendez-vous avec lui, lâaide de son mieux, lui apporte ce dont il a besoin... Ce fait, comme beaucoup d'autres montre la grande attention Ă l'autre qui l'habite ; c'est un trait important de son caractĂšre. Son cheminement spirituel ne le renferme pas sur lui-mĂȘme, bien au contraire : "Ătre au service des autres est une de mes rĂ©solutions et je veux la mettre en pratique. Je serai trĂšs serviable avec tous ceux que je rencontrerai. Je les aiderai et je leur rendrai des services." (22.06.61). "Il faut commencer Ă travailler en Ă©liminant en nous-mĂȘmes tout ce que le Christ n'approuverait pas. Ensuite travailler dans mon milieu, Ă la maison, Ă l'Ă©cole, avec mes camarades de classe, dans la ville, dans le monde entier." (25.01.62)
Mais il ne relĂąche pas ses efforts pour vivre Ă cent pour cent sa vie chrĂ©tienne : "Aujourd'hui l'Ăglise a besoin de tĂ©moins. Nous devons ĂȘtre les tĂ©moins du Christ : montrer qu'au vingtiĂšme siĂšcle on peut vivre une saintetĂ© aussi grande que pendant les premiers siĂšcles de l'Ăglise." (26.01.62) Dans ce cheminement, Marie tient une trĂšs grande place : "Marie, je veux ĂȘtre ton apĂŽtre. Il nous faut gagner le monde pour Toi. Comme le PĂšre Chaminade, nous devons te considĂ©rer comme notre Guide, et JĂ©sus, ton Fils, comme notre ModĂšle. Aide-moi, MĂšre, Ă t'aimer davantage et de mieux en mieux." (16.05.62)
Sa derniÚre année
Ă 15 ans, il Ă©crit dans son Journal, Ă la date du 22 juin 1962 : "Aujourdâhui, il y a vingt mois que Dieu mâa dit de le suivre. Câest merveilleux de penser que je serai toute ma vie au service de JĂ©sus et de Marie. Je serai un pĂȘcheur dâĂąmes. Jâai bien rĂ©flĂ©chi, et jâaimerais partir comme religieux marianiste en AmĂ©rique du Sud, oĂč il manque tant de bras pour sauver les Ăąmes."[14] Faustino a de la suite dans les idĂ©es : il nâoublie pas la dĂ©cision prise vingt mois plus tĂŽt. Le 23 janvier 1963, il Ă©crit : "Je dois ĂȘtre un vĂ©ritable chrĂ©tien. Pour y parvenir, je dois limer peu Ă peu mes imperfections. Ătre un bon chrĂ©tien nâest pas trĂšs facile. Câest mĂȘme beaucoup plus difficile que nous ne lâimaginons; Marie, aide-moi Ă devenir un autre Christ."
Aggravation de sa maladie
Le 23 janvier 1963, il doit sâaliter. Il ne se relĂšvera plus. Les traitements ne rĂ©agissent plus : les mĂ©decins sont dĂ©sarmĂ©s et savent quâil nây a plus dâespoir de guĂ©rison[15].
Le 11 fĂ©vrier 1963, il Ă©crit : "Avant hier, samedi, ce fut un jour de trĂšs grand bonheur pour moi. Jâai reçu le sacrement des malades. Jâai renouvelĂ© pour un mois mes promesses de membre de FraternitĂ©. Aujourdâhui, câest la fĂȘte de Notre Dame de Lourdes. Que notre merveilleuse MĂšre du ciel nous aide tous Ă devenir meilleurs. Aide-moi, mĂšre, Ă offrir ces petits ennuis pour les besoins du monde."
Trois jours avant sa mort, son aumÎnier lui rend visite, alors qu'il semble beaucoup souffrir. -"Comment vas-tu Faustino?" -"Bien mon PÚre" -"As-tu mal?" -"Ca dépend du point de vue..." -"Comment ça?" -"Eh bien voyez-vous mon PÚre, en ce moment il y en a tant qui souffrent plus que moi!"
Faustino faisait preuve d'une grande maĂźtrise de soi. On ne l'entendait jamais se plaindre.
Le 3 mars 1963
Dans lâaprĂšs-midi, son aumĂŽnier, le PĂšre Salaverri, vient voir Faustino qui semble beaucoup souffrir. Mais au milieu de la conversation il lui demande tout de mĂȘme : âPĂšre, savez-vous si ce soir le match de Valence sera tĂ©lĂ©visĂ© ? ⊠suis-je bĂȘte : je ne vais pas pouvoir le suivre ! Je suis trop fatiguĂ© !â Et sur sa table de nuit traĂźne un papier sur lequel on peut lire sa sĂ©lection nationale de football pour le match du soir !
Ce mĂȘme soir, tard, il appelle sa maman. Au moment de redresser son corps endolori, il retombe tout Ă coup, et, sans cri, sans geste, tranquillement, doucement, il reste inanimĂ© dans les bras de sa mĂšre. Il Ă©tait 23h20[16].
Son héritage
Sa cause de bĂ©atification a Ă©tĂ© introduite Ă Valence (Espagne), sa ville natale. Depuis sa conclusion, elle est Ă l'Ă©tude Ă Rome. Le 14 janvier 2011, le pape BenoĂźt XVI a dĂ©clarĂ© l'hĂ©roĂŻcitĂ© de ses vertus. La vie de Faustino offre certainement un exemple trĂšs parlant aux jeunes. On peut en particulier le dĂ©duire du nombre de publications qui lui sont consacrĂ©es et dont quelques exemples sont citĂ©s ci-dessous. Sa biographie, Ă©crite par son ancien aumĂŽnier, le PĂšre JosĂ© MarĂa Salaverri, en Ă©tait dĂ©jĂ , en 2009 Ă sa 9e Ă©dition, pour ce qui concerne la version originale en espagnol[17].
Mais on peut noter également que plusieurs mouvements s'inspirent de son exemple. On peut citer en particulier les "Jeunes de la famille marianiste" (en abrégé les JFM)[18], mais aussi le mouvement "Providence Faustino"[19].
Son message d'espérance a également inspiré d'autres jeunes combattant courageusement contre la maladie, par exemple Héloïse Charruau, elle-aussi atteinte du lymphome de Hodgkin.
Dans le monde, plusieurs mouvements de jeunes portent son nom, comme, par exemple au Chili, le Movimiento Faustino qui compte environ 400 membres[20].
Depuis 2013, VĂ©nĂ©rable Faustino est Ă©galement le saint-patron du groupe scout de DĂŒsseldorf, rattachĂ© aux Scouts Unitaires de France.
Notes et références
- Site du CollÚge : . Le cinquantiÚme anniversaire de la mort de Faustino Pérez-Manglano y a donné lieu à une commémoration particuliÚre en mars 2013 :
- Cf. Salaverri, JosĂ©-MarĂa, Et si Dieu me parlait, p. 31
- Salaverri, JosĂ©-MarĂa, Et Si Dieu me parlait !, p. 31.
- Cf. Salaverri, J.-M., Et si Dieu me parlait, p. 33
- Cf. Salaverri, J.-M., Et si Dieu me parlait !, p. 35.
- Cf. Salaverri, JosĂ©-MarĂa, Les pains et les poissons de Faustino, p. 14.
- Cf. Salaverri, J.-M., Et si Dieu me parlait !, p. 40.
- Toutes ces citations sont tirées de : Salaverri, J.-M., Et si Dieu me parlait !.
- Cf. Salaverri, J.-M., Et si Dieu me parlait !, p. 63.
- Cf. Salaverri, JosĂ©-MarĂa, Et si Dieu me parlait !, p. 65.
- Cf. Salaverri, J.-M., Et si Dieu me parlait !, p. 77.
- Cf. Salaverri, JosĂ©-MarĂa, Les pains et les poissons de Faustino, p. 18.
- Cf. Salaverri, JosĂ©-MarĂa, Les pains et les poissons de Faustino, p. 20.
- Cf. Salaverri, J.-M., Et si Dieu me parlait !, p. 94.
- Cf. Salaverri, JosĂ©-MarĂa, Les pains et les poissons de Faustino, p. 25.
- Cf. Salaverri, J.-M., ÂĄCinquenta veces te quiero! El rosario con Faustino, Madrid, PPC, p. 4.
- « Accueil », sur marianistes.com (consulté le ).
- « providence-faustino.com/index.⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- Cf. http://www.marianistas.cl/faustino.html
Voir aussi
Bibliographie
- Salaverri, JosĂ© MarĂa, Et si Dieu me parlait !, Paris, Le Sarment Fayard, 1989
- Le Rosaire. Textes de Faustino PĂ©rez-Manglano, MonastĂšre de Chambarand, s.d..
- Salaverri, JosĂ© MarĂa, Les pains et les poissons de Faustino, Paris, Le Sarment, 2004.
- Odile HaumontĂ©, Un sourire inoubliable : Faustino PĂ©rez-Manglano, Paris, Ăditions Pierre TĂ©qui, coll. « Les Sentinelles », , 160 p. (ISBN 978-2-7403-1262-9)
- Salaverri, JosĂ© MarĂa, HĂ©loĂŻse (1985-2010) - Dans le sillage de Faustino, la joie et la croix, Paris, Le Sarment, 2011, (ISBN 978-2-86679-540-5).
- Pérez-Manglano, Faustino, Journal et autres écrits, Paris, Sarment - Editions du Jubilé, 2012, (ISBN 978-2-86679-541-2).