Fanny Kaplan
Fanny Iefimovna Kaplan (en russe : Фа́нни Ефи́мовна Капла́н), née Feïga Khaïmovna Roïtblat (en russe : Фейга Хаимовна Ройтблат) ou Roïdman (en russe : Ройдман), dans l'Empire russe, le , exécutée à Moscou le , est une militante du Parti socialiste-révolutionnaire russe.
Biographie
Famille
Fanny Kaplan est issue d'une famille juive russe[1].
Tentative d'assassinat de Lénine
Pendant la guerre civile russe, les socialistes révolutionnaires organisent une tentative d'assassinat de Lénine le .
Lénine visite ce jour-là l'usine Michelson (завод Михельсона) de Moscou. Lorsqu'il quitte le bâtiment pour regagner son véhicule, Fanny Kaplan l'interpelle. Quand Lénine se tourne vers elle, elle tire trois coups de feu. L'une des balles passe à travers le manteau de Lénine, les deux autres le touchent à l'épaule gauche et au poumon. Lénine retourne dans ses appartements au Kremlin. Il craint un autre attentat contre lui et refuse de quitter la sécurité du Kremlin pour se faire soigner. Les médecins arrivés pour le soigner se déclarent incapables de retirer les balles en dehors d'un hôpital. Cependant, il survit.
Kaplan est arrêtée et interrogée par la Tchéka. Elle déclare : « Je m'appelle Fanny Kaplan. J'ai tiré sur Lénine aujourd'hui. Je l'ai fait volontairement. Je ne dirai pas d'où provient le revolver. J'étais résolue à tuer Lénine depuis longtemps. Je le considère comme un traître à la Révolution. J'ai été exilée à Akatouï (en) pour avoir participé à la tentative d'assassinat du tsar à Kiev. J'ai passé là-bas sept ans à travailler dur. J'ai été libérée après la Révolution. J'étais en faveur de l'assemblée constituante et je le suis toujours. »
Son arme, un pistolet FN M1900 en calibre 32 ACP, a été fournie par Boris Savinkov[2]. Fanny Kaplan est exécutée sans jugement le . Son corps est aspergé d'essence et brûlé dans la cour de la Tchéka, après avoir été battue à mort[3]. Elle déclare avant de mourir : « J'ai tiré sur Lénine parce que je le considère comme un traître au socialisme et parce que son existence discrédite le socialisme. Je suis sans réserves pour le gouvernement de Samara et pour la lutte contre l'Allemagne aux côtés des Alliés[4]. » Quelques jours plus tard, Grigori Petrovski, commissaire du peuple à l'Intérieur, encourage les exécutions et déclare : « Il est grand temps de mettre fin à toute cette mollesse et à cette sentimentalité[5]. » Le 5 septembre, le Conseil des commissaires du peuple publie le décret officialisant la terreur rouge.
Bibliographie
- Ferragu Gilles, « 5 - La terreur décomplexée : l’affirmation des totalitarismes », dans Histoire du terrorisme. Paris, Éditions Perrin, « Synthèses historiques », 2014, p. 162-207
Notes et références
- Gwendoline Dos Santos, Frédéric Lewino, « 30 août 1918. Le jour où Lénine échappe à un assassinat », sur Le Point, (consulté le )
- Thomas Masaryk, Alain Soubigou, Fayard, 2002, p. 234.
- Crapez, Marc, Elles l'ont combattu : femmes contre le totalitarisme au XXe siècle, Paris, Éd. du Cerf, , 261 p. (ISBN 978-2-204-12561-1 et 220412561X, OCLC 1030376226, lire en ligne)
- Dominique Venner, Histoire de l'Armée Rouge (Plon, 1981, p. 202).
- Histoire-Géographie sur le Web : la Terreur rouge