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Fabrique royale de tissus de Brihuega

La Fabrique royale de tissus de Brihuega (en espagnol Real Fábrica de Paños de Brihuega), fut l'une des fabriques royales (es) inaugurées pendant le règne de Ferdinand VI sous l’influence des idées des Lumières.

Fabrique royale de tissus
de Brihuega
Entrée de la fabrique.
Présentation
Type
Bâtiment historique
Style
Néoclassique et baroque
Architecte
don Manuel de Villegas, don Ventura Padierne
Construction
Restauration
Fermeture
Commanditaire
Propriétaire
Mairie de Brihuegas[1]
Patrimonialité
Industrial heritage of Spain (d)
Bien d'intérêt culturel ()
Localisation
Localisation
Aire protégée
Ensemble historique de Brihuega (d)
Coordonnées
40° 45′ 37″ N, 2° 52′ 02″ O
Carte

Située à Brihuega (au nord-est de Madrid et de Guadalajara, à respectivement une centaine et une trentaine de kilomètres), dans la province de Guadalajara, en Espagne, elle fut l'une des installations industrielles les plus prestigieuses du pays, et fonctionna pendant presque deux siècles jusqu'à sa fermeture définitive en 1936. Elle reste l'un des exemples les plus nets des mesures prises par le Réformisme des Bourbons en Espagne, et fait aujourd'hui partie de l'ensemble historique de Brihuega (es)

La tradition du tissage à Brihuega

Vue du sud de Brihuega et de la vallée de la Tajuña depuis les jardins de la fabrique

Les nombreux moulins à foulon aux environs de la ville permettent de retracer l'origine d’une tradition tisserande à Brihuega aux XIIIe et XIVe siècles. Les populations maures et juives ont également contribué à transmettre leur savoir-faire dans ce domaine.

L’irrégularité du travail textile a provoqué une augmentation de l’importance des vignes dans l'économie du village, étant donné qu'elles étaient cultivées lors des périodes de chômage de la fabrique. Il faut également remarquer que le vin faisait partie de l’alimentation (d’après certains auteurs il apportait aux ouvriers un tiers des apports journaliers de calories).

Manufacture

La production de tissus

Tout le processus de production de tissus était réalisé à la fabrique même. Les femmes constituaient l'essentiel de la main d'œuvre et la laine nécessaire à la production était importée de plusieurs zones de la région de Castille.

Le processus de fabrication comportait sept étapes. On lavait tout d'abord la laine, avant de la carder puis de la filer. Venait ensuite l'étape du tissage. Les tissus obtenus étaient alors passés dans la battre. Lors de la sixième étape, on égalisait le pelage des tissus et, plus tard, on faisait le passage. Finalement, on teignait les tissus.

Le travail des fileuses à la fabrique royale

L’activité de la fabrique a commencé en avec 33 métiers à tisser, 45 travailleurs et 15 apprentis. En , des écoles de fileuses étaient chargées de donner des leçons aux jeunes filles, avec forte influence catholique. En , la fabrique avait déjà augmenté ses outils de travail et comptait 1 438 tours et 2 140 rouets.

Salaires

Intérieur du bâtiment circulaire de la fabrique (avant la restauration de )

Entre et l'écart entre salaire maximum et salaire mimum était de 1 à 15 :

FonctionSalaire
(en reales)
Maître20
Apprenti10
Maîtresse dévideuse10
Maîtresse fileuse6
Surintendant90

Il faut cependant compter qu'à Brihuega, le travail à la fabrique allait de pair avec la pratique du domestic system, qui associait le travail agricole avec la fabrication de textile dans les propres maisons des fileuses provenant des zones rurales et urbaines marginales.

En ce qui concerne les conditions de travail, les travailleurs et travailleuses souffraient des mauvaises conditions tandis que les fonctionnaires s’attribuaient le mérite de l´ouvrage. Des travaux parfois forcés, des contacts avec les teintures et des longues journées constituaient des pénibilités quotidiennes.

Monument

Détail de la porte principale à l'intérieur du complexe. On remarque le blason de Castille-et-León

Fabrique royale

La Fabrique Royale de Brihuega a été construite en tant que succursale de celle de Guadalajara[2], et à l’image des autres établissements déjà développés à l'époque en Espagne, en suivant la forte influence française issue du colbertisme de la fin du XVIe siècle.

Les manufactures royales ont ainsi été construites comme une méthode de protection de la politique mercantiliste de l’État et en tant que moyen d’offrir du travail aux populations appauvries de la région.

Il ne reste pas moins que la production de la Fabrica Real ne cherchait pas à produire des ouvrages somptueux tels que pouvait le faire la Manufacture royale des Gobelins, qui produisait alors des tissus de laine décorés avec des fils d’argent et d’or ainsi que des soies ayant comme motif des paysages historiques, des faits religieux ou des scènes incluant la personne du roi.

Architecture

Bâtiment circulaire de la fabrique et des jardins

La fabrique est unique en ce qu'elle mêle les deux styles architecturaux de l'époque : néoclassique par sa façade, il est baroque dans sa composition (tracés courbes des murs) et l’importance donnée à la lumière.

L’élément principal de la fabrique était l'édifice circulaire, en forme d'anneau, où étaient installés les 84 métiers à tisser de la fabrique[1]. L'architecte en chef, don Manuel de Villegas, a dessiné autour de cet élément à trois étages six autres bâtiments, parmi lesquelles il faut noter un grand escalier du côté de l’entrée principale, et une sortie à l’arrière donnant sur la rivière Tajuña.

Chaque bâtiment était pourvu de nombreuses fenêtres, non seulement pour éclairer l'intérieur, mais également parce que les tissus avaient besoin d’une bonne ventilation pour sécher. Malgré la grande taille initiale du complexe dès sa création en , ce dernier a été agrandi pendant tout le siècle, en particulier dès .

Histoire

Construite en , la fabrique connut un premier âge d'or de à , avant de subir de plein fouet la Guerre d'indépendance espagnole, durant laquelle le bâtiment fut occupé par l'armée française. Au départ des Français, en , la fabrique reprit son fonctionnement jusqu'en , date où elle ferma ses portes[3]. Rachetée en par Justo Hernández Pareja, la fabrique connut de nouveau une activité entre les mains de propriétaires privés jusqu’à la Guerre civile espagnole, après quoi les bâtiments perdirent leur destination première.

En , le ministère de l'Éducation et de la Culture du gouvernement autonome de Castille-La Manche déclara le bâtiment bien d'intérêt culturel[3]. Toujours entre des mains privées (une entreprise avait ainsi le projet de transformer l'ancienne fabrique en hôtel de luxe[4]), une partie de son toit s'effondra à la suite de fortes pluies en automne [4]. Une solution de partenariat public-privé est alors présentée par le président Emiliano García-Page et il est alors envisagé de reconvertir les bâtiments en maison de retraite de près de 600 places tout en promouvant l’aspect touristisque du lieu[5].

Campagnes de restaurations

Jardins de la fabrique

C'est finalement avec le rachat du complexe par la mairie de Brihuega pour moins de 140 000  que la fabrique put connaître une campagne de restauration. Celle-ci se déroula en deux phases :

  • une première de jusqu'en pour 800 000 , où la mairie participa à hauteur de 600 000  et la communauté autonome de 200 000 ,
  • une seconde, de février à où le Ministère de l'Équipement de l’État Espagnol contribua pour 70% aux 543 000  de la campagne[1].

Jardin

Au sud de la fabrique sont des jardins remarquables pour leur style versaillais, leurs cyprès, parterres, gloriette et fontaine. Loin d'avoir été compris dans le projet original, ils trouvent leur origine en [2] dans la volonté de Justo Hernández Pareja de les offrir en cadeau à sa femme, très attachée à la jardinerie classique française. Dans l’imaginaire des constructeurs la symétrie est partagée entre la ligne verticale et horizontale : les fontaines, les tables, les quadrants et les tonnelles donnent l’horizontalité au jardin et les cyprès la verticalité. Après des années d’abandon, le jardin a été rouvert peu avant la restauration complète de la fabrique, en 2016[6].

C'est par ailleurs dans ces jardins que fut tourné par Miguel Picazo le film La Tía Tula, en [6].

Galerie

  • Vue de Brihuegas (la fabrique royale est au dernier plan), février 2013
    Vue de Brihuegas (la fabrique royale est au dernier plan), février 2013
  • Zoom de la précédente vue. On apercevoit sur la gauche du bâtiment la toiture endommagée d’avant la restauration.
    Zoom de la précédente vue. On apercevoit sur la gauche du bâtiment la toiture endommagée d’avant la restauration.
  • Vue depuis la vallée
    Vue depuis la vallée
  • Autre image de l'entrée de la fabrique
    Autre image de l'entrée de la fabrique
  • Porte principale à l'intérieur du complexe
    Porte principale à l'intérieur du complexe
  • Intérieur de la fabrique, avant restauration
    Intérieur de la fabrique, avant restauration
  • Détail des charpentes, avant restauration (2011)
    Détail des charpentes, avant restauration (2011)

Notes et références

  1. (es) « La Real Fábrica de Paños de Brihuega abre sus puertas tras la restauración » [« La Fabrique royale de tissus de Brihuega ouvre ses portes après sa restauration »], ABC Castilla-Mancha, (e-ISSN 1136-0232, consulté le ).
  2. (es) « Real Fábrica de Paños » [« La Fabrique royale de tissus »] (consulté le ).
  3. (es) « Resolución 24238 de 8 de octubre de 2002 » [« Résolution n°24238 du 8 octobre 2002 »], BOE (Boletín Oficial del Estado), (consulté le )
  4. (es) « La Junta elaborará un informe sobre el estado de la Real Fábrica de Paños » [« Le gouvernement autonome fera un rapport sur l'état de la Fabrique royale de tissus »], ABC Castilla-Mancha, (e-ISSN 1136-0232, consulté le ).
  5. (es) « Page se compromete a recuperar la Real Fábrica de Paños de Brihuega » [« Page s'engage à reprendre la Fabrique royale de tissus de Brihuega »], ABC Castilla-Mancha, (e-ISSN 1136-0232, consulté le ).
  6. (es) « Reabiertos los jardines de la Real Fábrica de Paños de Brihuega » [« Réouverture des jardins de la Fabrique Royale de Tissus de Brihuega »], Guadaqué, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (es) Ana Rosa Domínguez Santamaría, « La Real Fábrica de Paños de Brihuega » dans Wad-al-Hayara: Revista de Estudios de Guadalajara, nº9, 1982, págs.. 163-178.
  • (es) Victoria López Barahona, « Pobreza, Trabajo y cuestión social: las hilanderas de las Reales Fábricas de Guadalajara (1780-1800) », dans Actas del V Congreso de Historia Social de España. Las figuras del desorden: heterodoxos, proscritos y marginados, Madrid, 2006.
  • (es) Ernesto Agustí García, Cristina Forteza del Rey Oteiza, Jorge Calvo Rodrigalvarez, Jorge Morín de Pablos, Laura Cantallops Perelló, Francisco José López Fraile et María Hernández Martínez, « Obras Públicas de la Ilustración Española. La Real Fábrica de Paños de Brihuega (Guadalajara) », dans Actas de las II Jornadas de Arqueología de Castilla la Mancha, Toledo, (lire en ligne), p. 3-32.

Liens externes

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