FĂȘte du Prince
La FĂȘte du Prince est la fĂȘte nationale de Monaco. Elle est cĂ©lĂ©brĂ©e chaque annĂ©e le 19 novembre, jour de la cĂ©lĂ©bration du bienheureux Rainier d'Arezzo et anniversaire de l'accession au trĂŽne du prince rĂ©gnant.
FĂȘte du Prince | |
Albert II (au centre) et la famille princiĂšre saluant, depuis le palais, la foule qui tient des drapeaux de Monaco, en 2010. | |
Nom officiel | FĂȘte du Souverain |
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Autre(s) nom(s) | FĂȘte nationale de Monaco |
Observé par | Monaco |
Type | FĂȘte nationale |
Date | 19 novembre |
Célébrations | Te Deum |
LiĂ© Ă | FĂȘte du Bienheureux Rainier d'Arezzo Intronisation du Prince Rainier III Intronisation d'Albert II de Monaco |
Histoire: de la fĂȘte du Souverain Ă la fĂȘte du Prince
Charles III et l'institution de la « FĂȘte du Souverain »
En 1857, dans la deuxiĂšme annĂ©e de son rĂšgne, Charles III cherche Ă rĂ©affirmer la souverainetĂ© de Monaco Ă la suite du traitĂ© de Stupinigi. Il dĂ©cide alors d'instituer le 4 novembre, jour de son saint patron, Saint Charles BorromĂ©e, comme jour de la « FĂȘte du Souverain ». Sous le rĂšgne de Charles III, la fĂȘte patronale du Souverain est cĂ©lĂ©brĂ©e par un Te Deum, en l'Ă©glise Saint-Nicolas, avant la construction de la CathĂ©drale qui ne sera inaugurĂ©e, inachevĂ©e, quâen avril 1884. Ă cette premiĂšre cĂ©lĂ©bration assistent le Gouverneur GĂ©nĂ©ral de la PrincipautĂ©, connu sous le nom de Ministre dâĂtat Ă partir fĂ©vrier 1911, les fonctionnaires, les magistrats en corps et jusqu'en 1859, les officiers de la garnison sarde, remplacĂ©s en 1860 par les officiers de la Garde Nationale monĂ©gasque formĂ©e en 1848. L'hymne national est jouĂ©e dans l'Ă©glise pour la premiĂšre fois en 1863. Ă partir de 1864 la Garde Nationale, devenue en 1865 Milice Nationale, escorte le cortĂšge qui va de lâHĂŽtel du Gouvernement Ă lâĂ©glise et forme la haie dans cette derniĂšre. En 1870, les Gardes du Prince remplaçant la Milice Nationale dissoute et les Carabiniers font la haie dans lâĂ©glise. DĂšs 1871, aprĂšs le Te Deum, la premiĂšre prise d'armes a lieu sur la place du Palais avec la Compagnie des Gardes du Prince. Il y a aussi bien entendu des rĂ©jouissances, un grand feu d'artifice, des concerts et des jeux populaires sur le Rocher. Ce nâest quâĂ partir de 1875 que la Compagnie des Carabiniers du Prince participe Ă la revue[1].
Ă son avĂšnement sur le trĂŽne en 1890, le Prince Albert Ier fixe au 15 novembre, jour de la fĂȘte de son saint propre patron, Saint Albert le Grand, la FĂȘte du Prince. En 1891, un cyclone qui a lieu lors du spectacle pyrotechnique emporte l'aĂ©rostat chargĂ© d'artifices, et d'un drapeau monĂ©gasque, avant d'ĂȘtre retrouvĂ© le 27 novembre par un paysan Ă la frontiĂšre italienne[2]. En 1897, le chef d'orchestre LĂ©on Jehin reprend la direction de l'orchestre Ă l'occasion du concert de gala de la fĂȘte nationale[3]. En 1903, la Compagnie des Gardes Ă©tant en voie de dissolution la revue du 15 novembre ne comprend que les seuls Carabiniers. En 1911, les Sapeurs-Pompiers participent Ă la prise dâarmes et y seront dĂ©sormais prĂ©sents.
Louis II et l'avĂšnement de la fĂȘte nationale
Le Prince Louis II, qui accĂšde au pouvoir en 1922, dĂ©roge Ă la tradition. En effet, sa fĂȘte patronale, la Saint-Louis est cĂ©lĂ©brĂ©e le 25 aoĂ»t, durant la coupure estivale. Selon les termes de lâOrdonnance n° 21 du 17 juillet 1922, la « FĂȘte du Souverain » est ainsi fixĂ©e au 17 janvier, jour de fĂȘte de Saint Antoine le Grand, fĂȘte patronale de sa petite fille, la Princesse Antoinette[4]. DĂšs 1923, le Journal de Monaco emploie le terme de «FĂȘte Nationale». En 1936, la Compagnie des Ballets de Monte-Carlo donne sa premiĂšre manifestation en interprĂ©tant Cotillon Ă l'occasion de la fĂȘte du Prince[5].
Rainier III: la FĂȘte du Prince
En 1949, par l'Ordonnance n° 31 du 4 juillet 1949, le Prince Rainier III fixe la date de la FĂȘte du Souverain au 11 avril[6]. Puis Ă partir de 1952, par Ordonnance Souveraine n° 465 du 27 octobre 1951, le Prince Rainier III choisit le jour de son intronisation, le 19 novembre, qui est Ă©galement le jour de la cĂ©lĂ©bration du bienheureux Rainier d'Arezzo[7]. Le 19 novembre 1952, pour la premiĂšre fois, un dĂ©tachement de la Police participe Ă la revue aux cĂŽtĂ©s des Carabiniers et des Sapeurs-Pompiers. En 1966, Sergei Denham redonne vie au Ballets russes de Monte-Carlo pour le concert de gala de la FĂȘte du Prince[8].
Lors de son intronisation en 2005, S.A.S. le Prince Albert II dĂ©cide, en hommage Ă son pĂšre, de maintenir la FĂȘte du Prince Ă la mĂȘme date[9].
En 2020, dans le contexte de la pandĂ©mie de coronavirus, la FĂȘte du Prince a bien Ă©tĂ© maintenue avec un cĂ©rĂ©monial allĂ©gĂ©, la prise dâarmes et le dĂ©filĂ© ayant traditionnellement lieu sur la place Ă©tant annulĂ©s[10].
Cérémonial
Le cĂ©rĂ©monial actuel de la FĂȘte Nationale remonte au rĂšgne du Prince Charles III, les cĂ©rĂ©monial des cĂ©lĂ©brations actuelles se rapprochant de ce qui Ă©tait fait aux prĂ©mices de la FĂȘte nationale[11].
Spectacle pyrotechnique
A la fin du XIXe siĂšcle, aprĂšs les feux d'artifice, une traditionnelle retraite aux flambeaux avec la SociĂ©tĂ© philharmonique de Monaco parcourait la ville aux cris de: "Vive le prince Albert! Vive la Princesse Alice!"[12] Dans un mĂȘme "Ă©lan populaire habituel"[13], les MonĂ©gasques pavoisent aujourd'hui leurs balcons aux couleurs de la PrincipautĂ©[14].
Célébration religieuse: le Te Deum et la priÚre pour le Prince
Traditionnellement, le cĂ©rĂ©monial de la « FĂȘte du Prince » dĂ©marre par un Te Deum en la CathĂ©drale[15]. Le couple souverain est attendu sur le parvis de la cathĂ©drale par lâarchevĂȘque. Le Prince et la Princesse se rendent en procession jusqu'Ă la loge princiĂšre dans le chĆur de la cathĂ©drale.
AprĂšs lâeucharistie, le chant du Te Deum est interprĂ©tĂ© par la Maitrise et les Petits Chanteurs de Monaco. AprĂšs le chant du Te Deum, lâarchevĂȘque entonne la priĂšre pour le prince souverain, Domine, salvum fac principem nostrum Albertum, durant laquelle tous se lĂšvent Ă l'exception du souverain qui reste assis. La bĂ©nĂ©diction solennelle est ensuite prononcĂ©e en latin[16].
Défilé militaire: prise d'armes et remise de décorations
Dans la Cour dâHonneur, le prince souverain et sa famille assistent Ă la prise dâarmes. Les cĂ©rĂ©monies de remise des mĂ©dailles du travail et des mĂ©dailles dâhonneur sont conduites par le ministre dâĂtat.
AprÚs le défilé, un salut au canon est donné par des piÚces d'artillerie remontant au rÚgne de Louis XIV[17].
Rencontre amicale de football et concert de gala
Un match amical de football a lieu au Stade Louis-II.
Un concert de gala est donné en soirée, précédemment à la Salle Garnier[18], mais depuis 2005 au Grimaldi Forum par l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo[19] avec des solistes prestigieux, ajoutant à l'évÚnement un attrait pour ces "vedettes" comme Mario del Monaco dans les années 80[20] ou Roberto Alagna en 2008 pour chanter La Flue enchantée[21].
Signification
Dimension politique et géopolitique
La fĂȘte du Prince est l'occasion de convier tous le corps diplomatique accrĂ©ditĂ© auprĂšs du Prince de Monaco. Depuis l'origine, la FĂȘte du Prince, d'abord connue comme fĂȘte du Souverain, est l'occasion d'une rĂ©affirmation de l'autonomie politique et religieuse de la PrincipautĂ©[22]. La FĂȘte du Prince dĂ©roule sur trois jours une longue sĂ©rie de dĂźners officiels qui sont l'occasion de renforcer le rĂ©seau diplomatique de la PrincipautĂ©[23]. Le rĂ©seau des reprĂ©sentations consulaires de Monaco participent aussi Ă cet effort en organisant localement la cĂ©lĂ©bration de la FĂȘte du Prince; ainsi dans les annĂ©es 1870, le consul de Monaco organise la cĂ©lĂ©bration d'un Te Deum en l'Ă©glise Saint-Charles de Palerme[24].
Dimension patriotique et monarchique
La FĂȘte du Prince est la fĂȘte nationale de Monaco. Elle est ainsi Ă la fois la fĂȘte du souverain et de son peuple, ou bien comme le disait un observateur du XIXe siĂšcle :
« Le prince et la PrincipautĂ© ne sont-ils pas intimement liĂ©s, et la fĂȘte de l'un n'est-elle pas celle de l'autre? »
â Raymond de Boyer de Sainte-Suzanne, Les petits Ă©tats de l'Europe: La principautĂ© de Monaco[25]
Références
- « La fĂȘte du Prince », sur Site officiel du ComitĂ© national des Traditions monĂ©gasques, (consultĂ© le )
- L'Aéronaute: La plus ancienne publication aéronautique, (lire en ligne), « Séance du 3 décembre 1891 de la Société française de navigation aérienne », p. 14
- Le Guide Musical: Revue Internationale de la Musique Et de TheĂątres Lyriques, (lire en ligne), p. 760
- Louis II, par la grùce de Dieu, souverain de Monaco, Ordonnance souveraine n° 21, Monaco, Journal de Monaco, bulletin officiel de la Principauté, (lire en ligne)
- Pierre Michaut, Le ballet contemporain, 1929-1950, Plon, (lire en ligne), p. 66
- Rainier III, par la grùce de Dieu, prince souverain de Monaco, Ordonnance souveraine n° 31, Monaco, Journal de Monaco, bulletin officiel de la Principauté, (lire en ligne)
- Rainier III, par le grùce de Dieu, prince souverain de Monaco, Ordonnance Souveraine n° 465, Monaco, Journal de Monaco, bulletin officiel de la Principauté, (lire en ligne)
- (en) Jack Anderson, The One and Only: The Ballet Russe de Monte Carlo, Dance Horizons, (ISBN 978-0-87127-127-3, lire en ligne), p. 182
- « FĂȘte Nationale », sur Site officiel du Journal de Monaco, Bulletin officiel de la PrincipautĂ© (consultĂ© le )
- Nicolas Gehin, « La fĂȘte du Prince bouleversĂ©e par la crise du coronavirus », sur Monaco Hebdo, (consultĂ© le )
- Audrey Corminboeuf, « FĂȘte nationale : pourquoi le 19 novembre ? », sur La Gazette de Monaco, (consultĂ© le )
- Chapelle, « La vie Ă Paris », Le Sport: sport et sportsman rĂ©unis,â , p. 1486 (lire en ligne)
- Anne-Sophie Fontanet, « La fĂȘte du Prince conservĂ©e mais amĂ©nagĂ©e », sur L'Observateur de Monaco, (consultĂ© le )
- « Semaine de la FĂȘte du Prince », sur Site officiel de l'Ăcole Saint-Charles de Monaco (consultĂ© le )
- StĂ©phane Bern, « Le 19 novembre, une fĂȘte en rouge et blanc », sur Monaco Now, (consultĂ© le )
- Nicolas Fontaine, « FĂȘte nationale de Monaco : la famille princiĂšre masquĂ©e pour un 19 novembre inĂ©dit », sur Histoires Royales, (consultĂ© le )
- Revue de l'Anjou, Impr.-librairie G. Grassin, (lire en ligne), « Le long de la Corniche »
- (en) The International Hydrographic Review, International Hydrographic Bureau, (lire en ligne), p. 9
- Bruno Foucart, L'Opéra de Monte-Carlo: renaissance de la Salle Garnier, Le Passage, (ISBN 978-2-84742-079-1, lire en ligne), p. 126
- Historiens et géographes, Association des professeurs d'histoire et géographie., (lire en ligne), p. 944
- Christian Merlin, « «La Flûte enchantée» au cercle polaire », sur Le Figaro, (consulté le )
- Hyacinthe Chobaut, Essai sur l'autonomie religieuse de la principautĂ© de Monaco jusqu'Ă la crĂ©ation de l'Ă©vĂȘchĂ©, Imprimerie de Monaco, (lire en ligne), p. 163
- J.-E. REYMOND, « VariĂštĂšs: Les chemins d'une carriĂšre XXXVIII », La Revue administrative, vol. 37, no 220,â , p. 428â430 (ISSN 0035-0672, lire en ligne, consultĂ© le )
- Jean-RĂ©my Bezias et Thomas Blanchy, « Les consuls de la principautĂ© de Monaco dans les Ătats mĂ©diterranĂ©ens, dâHonorĂ© V Ă Albert Ier (1819-1922) : reprĂ©senter un micro-Ătat », Cahiers de la MĂ©diterranĂ©e, no 98,â , p. 147â158 (ISSN 0395-9317, DOI 10.4000/cdlm.11448, lire en ligne, consultĂ© le )
- Raymond de Boyer de Sainte-Suzanne, Les petits états de l'Europe: La principauté de Monaco, P. Ollendorff, (lire en ligne), p. 308