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Explosion de l'abri Sadi-Carnot

L’explosion de l'abri Sadi-Carnot a été l'épisode le plus meurtrier survenu à Brest pendant la Seconde Guerre mondiale.

Explosion de l'abri Sadi-Carnot
Entrée basse (Porte Tourville) depuis le boulevard de la Marine de l'abri Sadi Carnot
Entrée basse (Porte Tourville) depuis le boulevard de la Marine de l'abri Sadi Carnot

Pays Drapeau de la France France
Localisation Brest
CoordonnĂ©es 48° 23′ 07″ nord, 4° 29′ 40″ ouest
Date
Bilan
Morts 371 Français
cinq Ă  six cents Allemands

GĂ©olocalisation sur la carte : Brest
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Explosion de l'abri Sadi-Carnot
GĂ©olocalisation sur la carte : Bretagne
(Voir situation sur carte : Bretagne)
Explosion de l'abri Sadi-Carnot
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Explosion de l'abri Sadi-Carnot

La construction de l'abri Sadi-Carnot

l'entrée de l'abri Sadi-Carnot

L'abri Sadi-Carnot est creusĂ© en pleine ville de Brest de 1941 Ă  1942 par messieurs Estrade et Pommeret Ă  l'initiative de Victor Eusen, prĂ©sident de la dĂ©lĂ©gation spĂ©ciale chargĂ©e de gĂ©rer Brest entre 1942 et 1944. Il s'Ă©tend sur une longueur de 560 mètres entre la porte de Tourville (porte de l’arsenal) et la place Sadi-Carnot (centre-ville) Ă  une profondeur variable. D'autres abris ont aussi Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©s ailleurs dans l'agglomĂ©ration brestoise.

En juin 1940, la ville est occupée par les Allemands. Les premiers bombardements de grande ampleur frappent la ville de Brest. L'occupation de la Penfeld par les sous-marins allemands valent à la ville des bombardements intensifs et meurtriers.
Fin mars 1941, la présence des bâtiments de la Kriegsmarine : Scharnhorst, Gneisenau et Prinz Eugen entraîne l’augmentation de la fréquence et la violence des bombardements. La décision de construire un grand abri souterrain au centre-ville est prise.

L'abri Sadi-Carnot pendant le siège de Brest

Reste de l'une des deux salles latérales au centre de l'abri

Le , les AmĂ©ricains effectuent la percĂ©e d'Avranches et foncent vers Brest sans rencontrer de rĂ©sistance. Le gĂ©nĂ©ral Patton est persuadĂ© qu'une semaine lui suffira pour faire tomber Brest. Le , les premiers blindĂ©s amĂ©ricains se trouvent du cĂ´tĂ© de Milizac. Les troupes amĂ©ricaines qui amorcent un mouvement de contournement de la ville se retrouvent clouĂ©es par des tirs d'artillerie. C'est le dĂ©but du siège de Brest qui dure 43 jours avant la reddition des Allemands le .

Le 14 aoĂ»t, les civils qui se trouvent encore dans Brest Ă©vacuent la ville. L'abri Sadi-Carnot est alors le siège de ce qu’il reste des services administratifs de la municipalitĂ©. Victor Eusen est alors le prĂ©sident de la DĂ©lĂ©gation SpĂ©ciale qui assure la survie des 2 000 Brestois restĂ©s dans la citĂ©. La moitiĂ© de l’abri (256 mètres) est occupĂ©e par la population civile (de la place Sadi-Carnot Ă  la rue Amiral-Linois). La partie occupĂ©e par les troupes d'occupation s'Ă©tendait de la rue Amiral-Linois Ă  la porte Tourville.

Le 3 septembre, le général Ramcke convoque Victor Eusen et lui annonce qu'il se défendra jusqu'au dernier homme dans les fortifications de la ville. Il exige l'évacuation de tous les civils car il a besoin des abris. Mais celle-ci est devenue impossible. Il consent à laisser aux Français une partie de l'abri Sadi-Carnot à condition qu’ils n’en sortent plus. Il accueillait principalement les dirigeants de la Délégation Spéciale, les services municipaux, le service sanitaire, des infirmières de la Croix-Rouge, des dirigeants du Secours national, des assistantes sociales, une dizaine de religieuses des Ordres de l'Assomption, de la Providence et du Bon Secours et des membres de la Défense passive... Du côté allemand, il y avait des soldats de l'organisation Todt et des parachutistes de la compagnie de réserve.

La catastrophe du

À l’encontre de la Convention de Genève de 1864, dans l’abri occupé par des civils, des caisses de munitions sont entreposées ; elles voisinent avec des bidons d’essence alimentant le groupe électrogène allemand.

C'est dans la nuit du vendredi 8 au samedi qu'a lieu la catastrophe[1]. À 2 h 30 du matin, un soldat Todt chargé du groupe électrogène qui alimente l'abri se lève pour le mettre en marche. À la suite d'une fausse manœuvre, un incendie éclate[2]. À proximité se trouvait un groupe électrogène de secours utilisé pour la lumière et tout à côté une réserve assez grande de carburant. Enfin, une grande quantité de munitions était entreposée dans l’abri.

Ceux qui rĂ©agissent rapidement sortent dans les fumĂ©es après avoir montĂ© les 154 marches de l’escalier. Un grondement sourd d'une Ă©norme puissance Ă©branle la voĂ»te. Ceux qui sont au bout du tunnel sont Ă©jectĂ©s comme des fĂ©tus de paille. Les autres sont coincĂ©s contre la grille qui s'est refermĂ©e sous le choc ou morts Ă  l’intĂ©rieur.

Toutes les munitions ont explosĂ© transformant le long tunnel en un vĂ©ritable canon. Les flammes s'Ă©lèvent Ă  30 mètres au-dessus de l'entrĂ©e. 371 Français sont morts, carbonisĂ©s d'un seul coup ; cinq Ă  six cents Allemands auraient Ă©tĂ© tuĂ©s. Victor Eusen est au nombre des victimes[3].

Les nouveaux aménagements

L'abri Sadi-Carnot est remodelé dans la décennie 1960 pour en faire un abri anti-atomique. On peut voir à l'intérieur de l'abri deux grosses portes blindées ainsi qu’un cénotaphe.

  • La plaque commĂ©morative de l'abri Sadi-Carnot
    La plaque commémorative de l'abri Sadi-Carnot
  • Le cĂ©notaphe de l'abri Sadi-Carnot
    Le cénotaphe de l'abri Sadi-Carnot
  • Une porte blindĂ©e de l'abri Sadi-Carnot
    Une porte blindée de l'abri Sadi-Carnot
  • Frise reprenant les mots clĂ©s Ă©voquĂ©s par les survivants
    Frise reprenant les mots clés évoqués par les survivants
  • L'escalier de l'abri Sadi-Carnot
    L'escalier de l'abri Sadi-Carnot
  • ScĂ©nographie sobre du couloir principal
    Scénographie sobre du couloir principal

Après plusieurs ouvertures ponctuelles de l’abri, particulièrement lors des 40e et 50e anniversaires de la Libération de la ville et lors de visites scolaires organisées par l’European Peace University, un collectif de témoins de l’époque, de citoyens, d’associations et d’historiens s’est constitué pour réfléchir à la mise en valeur de l’abri afin d’en faire un lieu de mémoire, d’accueil et d’information.

Les aménagements réalisés en 2009 répondent à un double objectif : devoir de mémoire et diffusion d’un message de paix.

Une première phase de travaux a été réalisée en 2008 sur proposition de l’architecte de la ville Alain L’Hostis. Elle a donné une meilleure visibilité de l’entrée haute de l’Abri, rue Émile-Zola, près du musée des Beaux-Arts. La liste des victimes, actualisée à partir des recherches des archives municipales et communautaires, a été inscrite sur la paroi vitrée qui borde l’entrée et est désormais, en permanence, visible par tous.

La deuxième phase a consisté en la mise en place, dans le souterrain, partie basse de l’abri, d’une scénographie intérieure, délibérément dépouillée, donnant la parole aux témoins. Elle permet de saisir les effets de la guerre sur la vie quotidienne de la population d’une ville bombardée puis assiégée et l’intensité de la tragédie du 9 septembre 1944. Dans le souterrain a ainsi été créé un espace à la fois sensible, informatif et pédagogique dont l’accès se fait par la porte Tourville[4].

Cet aménagement a été conçu par Atiz ingénierie culturelle[5] avec le concours, pour la partie historique, d’un comité scientifique présidé par Yvon Tranvouez et Christian Bougeard, professeurs d’histoire à l’Université de Bretagne occidentale[6].

Articles connexes

Bibliographie

  • Albert Vulliez, Brest au combat (1939-1944), Éditions Ozanne, 1950.
  • L'Assaut de Brest (aoĂ»t-septembre 1944), Alix de Carbonnières et Antoine Coste; librairie Le Bris - Brest 1951 (bibliothèque municipale de Brest)
  • Marie-HĂ©lène Prouteau, Le CĹ“ur est une place forte (roman), Ă©ditions La Part Commune, Rennes, 2019, 140 pages, (ISBN 9782844183828).

Notes et références

  1. http://www.brest.fr/fileadmin/user_upload/Culture/Patrimoine/Fichiers/exposition_abri_sadi_carnot/catastrophe.pdf
  2. Sur les causes de cette catastrophe, les témoignages des rescapés diffèrent : altercation entre officiers allemands, cigarette mal éteinte, fausse manœuvre pour allumer le groupe électrogène ?
  3. « SADI CARNOT », free.fr
  4. Brest metropole oceane, « Brest.fr - L'abri Sadi Carnot », brest.fr
  5. « - Agence d'ingénierie culturelle », atiz.fr
  6. « Abri Sadi Carnot », wiki-brest.net
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