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Expansion vers le sud de la dynastie Han

L'expansion vers le sud de la dynastie Han est une sĂ©rie d'expĂ©ditions et de campagnes militaires qui se dĂ©roulent dans une rĂ©gion qui correspond maintenant a la Chine du Sud et au nord du ViĂȘt Nam. Ces campagnes militaires commencent rĂ©ellement durant la dynastie Qin et continuent durant la dynastie Han, qui lui succĂšde. Elles visent principalement les tribus du peuple Yue et conduisent Ă  l'annexion des royaumes de Minyue et des Ou de l'Est, tous deux peuplĂ©s par les tribus du peuple Yue, en 135 av. J.-C. et 111 av. J.-C., du Nanyue en 111 av. J.-C. et du royaume de Dian en 109 av. J.-C.

Expansion vers le sud de la dynastie Han
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Carte représentant l'extension territoriale de l'empire Han pendant le rÚgne de l'empereur Han Wudi. Y sont représentés les différents royaumes du Sud de la Chine annexés pendant le rÚgne de Wudi, ainsi que l'expansion vers le nord, qui se fait aux dépens des Xiongnu.
Informations générales
Date IIe siĂšcle av. J.-C.
Lieu Chine du Sud et nord du ViĂȘt Nam
Issue
  • DĂ©faite des tribus du peuple Yue qui sont intĂ©grĂ©es Ă  l'empire des Han.
  • DĂ©but de l'arrivĂ©e de populations chinoises dans le sud et assimilation culturelle des populations locales.
  • Premiers contacts directs avec les royaumes d'Asie du Sud et Ă©changes commerciaux entre eux et la Chine.
Belligérants
dynastie Hanpeuple Yue
Minyue
Âu Việt
Royaume de Dian

La culture chinoise influence les territoires nouvellement conquis et fusionne avec les traditions autochtones. Cette influence est visible au travers des objets mortuaires exhumĂ©s des tombes Baiyue du sud de la Chine. La conquĂȘte des territoires du sud met les Han en contact direct avec les royaumes de l’Asie du Sud-Est et avec le temps des liens commerciaux et diplomatiques se crĂ©ent. Enfin, la demande de soie chinoise provoque la crĂ©ation de routes commerciales entre l’Europe, le Moyen-Orient et la Chine.

PremiĂšre tentative d'expansion chinoise vers le sud

Peinture murale des tombes de Dahuting (chinois: 打虎äș­æ±‰ćą“, pinyin: Dahuting Han mu), reprĂ©sentant des cavaliers et des chariots. Ces peintures datent la pĂ©riode des Han orientaux (25-220), et les tombes qui les abritent se trouvent Ă  Zhengzhou, Henan, Chine

La premiĂšre campagne militaire contre les tribus de la rĂ©gion de Baiyue, date de la dynastie Qin, qui rĂšgne sur la Chine juste avant la dynastie Han. Le premier empereur de la dynastie Qin souhaite prendre le contrĂŽle des ressources de cette rĂ©gion[1] et pour y parvenir, il organise des expĂ©ditions militaires entre 221 et 214 av. J.-C.[2]. Il organise Ă©galement une vaste campagne dans la rĂ©gion de Lingnan (en) en 214 av. J.-C., avec une armĂ©e composĂ©e de marchands conscrits et de soldats professionnels. À la suite de cette expĂ©dition, des garnisons militaires sont installĂ©es dans la rĂ©gion, le canal de Lingqu est construit et de nouvelles zones sont placĂ©es sous l'administration des Qin[1]. L’administration Qin en Chine mĂ©ridionale s'effondre en mĂȘme temps que la dynastie et des royaumes indigĂšnes Yue apparaissent dans les anciens territoires de Qin. C'est ainsi que naissent le royaume de Nanyue dans une rĂ©gion qui correspond actuellement au Guangxi, au Guangdong et au nord du ViĂȘt Nam, le royaume de Minyue au Fujian et le royaume des Ou de l'Est au Zhejiang[1].

Royaumes vassaux des Han, celui de Minyue est fondĂ© en 202 av. J.-C. et celui des Ou de l'Est en 192 av. J.-C., aprĂšs la chute de la dynastie Qin[3]. Zhao Tuo, un ancien gĂ©nĂ©ral chinois des Qin, fonde celui de Nanyue en 208 av. J.-C., aprĂšs la mort de l’empereur Qin Shi Huang[4]. Han Gaozu, le premier empereur de la dynastie Han, accepte la crĂ©ation de ce royaumes et donne Ă  Zhao Tuo le titre de Roi[5]. La particularitĂ© du royaume de Nanyue par rapport aux deux autres est que, mĂȘme si les Yue forment l'immense majoritĂ© de la population locale, il est dirigĂ© par des Chinois. En effet, Zhao est nĂ© dans la ville de Zhending, en Chine centrale et la classe dirigeante au service du nouveau roi est composĂ©e de fonctionnaires chinois de l’ancienne dynastie Qin[4][6]. En 180 av. J.-C., Zhao Tuo offre sa soumission aux Han et veut faire de son royaume un État vassal de la Chine. Les Han acceptent, une dĂ©cision en partie fondĂ©e sur les origines chinoises de la famille de Zhao[6].

Les campagnes militaires

L'Empereur Han Wudi, qui prend la décision d'envoyer des expéditions militaires contre les différents royaume du peuple Yue.
Statues en cĂ©ramique peinte, reprĂ©sentant un cavalier chinois et dix fantassins avec leurs armures et leurs boucliers. On peut voir au premier plan les armes qui manquent aux fantassins et trois autres cavaliers Ă  l’arriĂšre. Ces statues proviennent de la tombe de l'empereur Han Jingdi (r. - av. J.-C.) et sont maintenant visibles au Hainan Provincial Museum (en)

Campagnes contre le royaume de Minyue et annexion des Ou de l'Est

Les campagnes militaires contre les royaumes de la rĂ©gion de Baiyue sont lancĂ©es sous le rĂšgne de l’empereur Han Wudi[7]. Le dĂ©clencheur est une demande d'assistance militaire adressĂ©e Ă  la Cour ImpĂ©riale par les Ou de l'Est, quand Minyue envahit leur royaume en 138 av. J.-C. Tian Fen, le Commandant SuprĂȘme des armĂ©es de l'empire Han, s’oppose Ă  cette intervention. Il a dit Ă  l’empereur qu'il est impossible de faire confiance aux tribus Yue, qu'elles se combattent entre elles trĂšs rĂ©guliĂšrement et qu'en protĂ©ger une contre les exactions de l'autre ne fait pas partie des responsabilitĂ©s de la Cour des Han[8][9]. MalgrĂ© les arguments de Tian, Zhuang Zhu, un des hauts fonctionnaires de la Cour, rĂ©ussit Ă  convaincre l’empereur d'intervenir dans la guerre. Zhuang met en avant le rĂŽle de l’empereur en tant que fils du ciel, un concept de philosophie politique chinoise[1][9]. D'aprĂšs ce que l'historien Sima Qian a notĂ© dans le Shiji, Zhuang aurait tenu le discours suivant Ă  l'empereur : « La seule chose dont nous devrions nous inquiĂ©ter, est de savoir si nous avons assez de force pour les sauver et assez de vertu pour nous assurer leur fidĂ©litĂ©... À cette heure, un petit pays vient exposer sa dĂ©tresse au Fils du Ciel. S'il ne le sauve pas, vers qui peut-il se tourner pour demander de l’aide ? Et comment le Fils du Ciel peut-il prĂ©tendre que les dirigeants de tous les autres États sont comme des fils pour lui, s'il ignore leurs demandes[9] ? »

Wudi se range Ă  l'avis de Zhuang et envoie une flotte commandĂ©e par Zhuang Zhu pour aider Minyue. La flotte part de Shaoxing, dans le nord du Zhejiang[8], et dĂšs qu'elle arrive dans le sud, le royaume de Minyue se rend et se retire du territoire du royaume des Ou de l'Est[10][9]. AprĂšs cette victoire sans combats, les tribus Yue des Ou de l’Est sont dĂ©placĂ©es vers le Nord, entre le Yangzi Jiang et la Huai He[8].

Une seconde intervention militaire a lieu en 135 av. J.-C., lorsque Minyue, gouvernĂ© par Zou Ying, envahit le royaume de Nanyue, gouvernĂ© par Zhao Mo[6]. Nanyue Ă©tant un vassal des Han depuis 180 av. J.-C., Zhao leur demande de l'aide pour repousser l'invasion[6]. L’empereur lui rĂ©pond en envoyant une armĂ©e dirigĂ©e par Wang Hui et Han Anguo attaquer Minyue[11].

Dans le mĂȘme temps, Zou Yushan, le frĂšre cadet de Zou Ying, complote avec d'autres membres de la famille royale et le premier ministre pour prendre le pouvoir et devenir le nouveau roi de Minyue. Il assassine son frĂšre en l’empalant avec une lance, puis dĂ©capite le cadavre et envoie la tĂȘte du dĂ©funt Ă  Wang Hui, pour lui signifier la reddition de Minyue[11]. AprĂšs cet assassinat, Minyue est divisĂ© en une double monarchie, composĂ©e du Royaume de Minyue, contrĂŽlĂ© par un dirigeant proche des Han et du Royaume de Dongyue, gouvernĂ© par Zou Yushan[8].

En 111 av. J.-C., alors que le gĂ©nĂ©ral Yang Pu retourne vers le Nord avec ses soldats aprĂšs la guerre Han-Nanyue, il demande Ă  l'empereur la permission d’annexer Dongyue. AprĂšs avoir Ă©tĂ© mis au courant de l'Ă©tat du moral des troupes, l’empereur rejette sa demande. Si Yang Pu veut procĂ©der Ă  cette annexion, c'est parce que Zou Yushan avait promis de fournir une armĂ©e pour aider les Han dans leur guerre contre le Nanyue; or cette armĂ©e n’est jamais arrivĂ©e[12][13]. Pour justifier ce manquement Ă  sa promesse, Zou a blĂąmĂ© les conditions mĂ©tĂ©orologiques, tout en conservant secrĂštement une relation diplomatique avec le royaume de Nanyue[13].

Lorsque Zou apprend qu'Yang Pu a cherchĂ© Ă  annexer son royaume, il entre en rĂ©bellion contre les Han. Les Han ripostent en envoyant une armĂ©e commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Han Yue, le gĂ©nĂ©ral Yang Pu, le commandant militaire Wang Wenshu et deux marquis d’ascendance Yue[9]. La rĂ©volte est rapidement rĂ©primĂ©e et le royaume de Dongyue est annexĂ© par l'empire Han dans les derniers mois de l'an 111 av. J.-C., de mĂȘme que le Royaume de Minyue. Ainsi, les Han rĂ©cupĂšrent l'intĂ©gralitĂ© du territoire de l'ancien royaume de Minyue[12][14]. Selon Sima Qian, toute la population du Dongyue est exilĂ©e[14]; une affirmation que les historiens modernes trouvent peu crĂ©dible[8].

Guerre Han–Nanyue

Statue Ă©questre de Zhao Tuo, le fondateur du royaume de Nanyue, qui recouvrait le nord du Viet-nam et une partie du sud de la Chine.

Durant les annĂ©es 110 av. J.-C, Jiushi (暛氏), qui est l’impĂ©ratrice douairiĂšre de Nanyue et l'Ă©pouse d'origine chinoise du dĂ©funt roi Zhao Yingqi, propose d'unir Nanyue avec la Chine. Cette union ferait de Nanyue un simple royaume semi-autonome intĂ©grĂ© Ă  l'empire des Han. Cette proposition rencontre une importante rĂ©sistance au sein de la noblesse de Nanyue. En effet, mĂȘme si le royaume Ă©tait nominalement le vassal des Han, cela faisait des annĂ©es qu'aucun tribut n'avait Ă©tĂ© versĂ© Ă  la Cour ImpĂ©riale[15]. La Reine fini par ĂȘtre exĂ©cutĂ©e par LĂŒ Jia, le chef des opposants, durant l’étĂ© de l'an 112 av. J.-C.[16][17].

En plus de la reine, des diplomates Han sont Ă©galement tuĂ©s par les partisans de LĂŒ Jia, ce qui est vu comme un acte de rĂ©bellion par la Chine[16]. L'empereur Wudi envoie une armĂ©e de 2 000 soldats commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Han Qianqiu pour mater la rĂ©volte, mais le gĂ©nĂ©ral meurt durant les combats et l'armĂ©e est dĂ©truite[17]. AprĂšs cet Ă©chec, Wudi lance une seconde campagne contre les rebelles. Cette fois-ci, c'est une armĂ©e de 100 000 hommes, commandĂ©e par les gĂ©nĂ©raux Lu Bode et Yang Pu, qui part vers le sud par la voie maritime Ă  la fin de l'an 112 av. J.-C. La flotte atteint la ville de Panyu, qui est situĂ©e dans l'actuelle province du Guangzhou moderne, en 111-110 av. J.-C. et y dĂ©fait les rebelles[16][17].

Lingnan repasse une nouvelle fois sous contrĂŽle chinois[17] et neuf commanderies sont crĂ©Ă©es pour gĂ©rer Guangdong, l’üle de Hainan et le delta du fleuve Rouge du Nord du Vietnam[2][16]. Les deux commanderies de Hainan sont abandonnĂ©es en 82 et 46 av. J.-C., malgrĂ© l’intĂ©rĂȘt que porte le gouvernement Han aux ressources rares et prĂ©cieuses de cette Ăźle[16].

Durant les premiĂšres annĂ©es des Han orientaux, soit la pĂ©riode qui fait suite Ă  l’usurpation de Wang Mang et au rĂ©tablissement des Han, les Ă©lites tribales de Nanyue restent fidĂšles Ă  la dynastie chinoise[18]. Par contre, en l'an 40, des rĂ©voltes contre la domination Han Ă©clatent au nord de l'actuel Viet-Nam, prĂšs du delta de la riviĂšre Rouge. Cette rĂ©bellion est dirigĂ©e par les sƓurs Trung, qui rĂ©sistent pendant trois ans aux armĂ©es des Han. Elles sont vaincues (en) en 43 par le gĂ©nĂ©ral Ma Yuan[2], un vĂ©tĂ©ran des combats qui ont entraĂźnĂ© la chute de Wang Mang[18].

Les Han rĂ©tablissent leur contrĂŽle sur la totalitĂ© de l'ancien royaume de Nanyue et les sƓurs Trung sont soit exĂ©cutĂ©es[18] soit tuĂ©es pendant les combats[19]; les sources sont assez floues sur leur sort exact. Selon les histoires populaires vietnamiennes, elles ont disparu dans le ciel, sont tombĂ©es malades ou se sont suicidĂ©es en se jetant dans une riviĂšre[19]. Les violences dans la rĂ©gion se poursuivent et entre 100 et 184, on recense sept pĂ©riodes de troubles[18]. Une nouvelle stratĂ©gie est mise au point par un haut fonctionnaire nommĂ© Li Gu, qui essaye de nommer dans la rĂ©gion des fonctionnaires honnĂȘtes, exile les tribus hostiles et oppose entre eux les chefs tribaux. Cette stratĂ©gie ne rencontre qu'un succĂšs partiel[18].

Statue Ă©questre de Ma Yuan au mont Fubo, Guilin

Les campagnes contre le royaume de Dian

En 135 av. J.-C., Tang Meng dirige la premiĂšre expĂ©dition des Han contre le royaume de Dian, qui s’achĂšve par la crĂ©ation de la commanderie de Jianwei dans le sud-ouest de la Chine. Ce royaume pratique le commerce du bĂ©tail, des chevaux, des fruits et des esclaves; autant de ressources qui le rendent trĂšs attrayant pour les dirigeants chinois. AprĂšs cette expĂ©dition, des routes commerciales entre le Dian et le reste de l’empire Han sont crĂ©Ă©es par les soldats chinois. Par la suite, les Han continuent leur expansion dans le nord du Dian et annexent les territoires situĂ©s prĂšs de l'ancien royaume de Shu[20].

Quelques annĂ©es plus trad, le coĂ»t toujours plus Ă©levĂ© de la guerre Han-Xiongnu qui se dĂ©roule dans le nord, amĂšne les Han Ă  abandonner la commanderie de Jianwei; car les frais liĂ©s Ă  l'administration d'un territoire si lointain sont bien trop Ă©levĂ©s[21]. En 122 av. J.-C., une expĂ©dition chinoise part vers le sud, afin d'essayer d'ouvrir une nouvelle route commerciale vers les marchĂ©s d'Asie centrale. Un groupe d’explorateurs appartenant Ă  cette expĂ©dition est capturĂ© par les Dian et ils ne sont relĂąchĂ©s qu'au bout de quatre ans[21].

Le royaume de Dian est finalement conquis au cours d’une campagne militaire lancĂ©e par l'empereur Han Wudi en 109 av. J.-C. et la commanderie de Yizhou est crĂ©Ă©e Ă  la place de l’ancien royaume[22]. Des archĂ©ologues ont dĂ©couvert le sceau impĂ©rial du roi de Dian, crĂ©Ă© pour l'occasion par les Han, qui confirme la reddition du royaume et que le Dian devient un vassal des Han[21]. Par la suite, l'ancien royaume de Dian connaĂźt une sĂ©rie de rĂ©bellions infructueuses contre la domination des Han[22]. Les deux premiĂšres rĂ©voltes ont lieu en 86 et 83 av. J.-C. Ensuite, Chen Li, le gouverneur de la Commanderie de Zangge, affronte une rĂ©bellion qui embrase la rĂ©gion entre 28 et 25 av. J.-C. Chen rĂ©ussit Ă  mater les rebelles et ramener le calme. Sous le rĂšgne de Wang Mang, qui s'empare du trĂŽne des Han entre l'an 9 et l'an 23, les troubles persistent dans le sud-ouest de la Chine. Wang lance des campagnes militaires pour mettre fin Ă  l’agitation, mais sans grand succĂšs. Soixante-dix pour cent des soldats d'une de ces campagnes meurent de maladie. Lors d'une autre campagne, Wang envoie une armĂ©e forte de 100 000 hommes, avec l'intendance suffisante pour une armĂ©e de 200 000. MalgrĂ© cette dĂ©bauche de moyens, l'agitation continue[23] et des rĂ©bellions Ă©clatent de 42 Ă  45 et en 176[24].

Statues en céramique représentant un cheval cabré (premier plan) et un cavalier à cheval (arriÚre-plan), dynastie Han (25-220 aprÚs J.C.)

L'empire Han s’agrandit encore pendant le rĂšgne de l’empereur Han Mingdi (57-75). C'est Ă  cette Ă©poque qu'est crĂ©Ă©e la nouvelle Commanderie de Yongchang (æ°žæ˜ŒéƒĄ) dans l’ancien Royaume de Dian, ce qui correspond actuellement Ă  la prĂ©fecture de Baoshan dans le Yunnan. Les tribus situĂ©es Ă  l’ouest de la Commanderie de Yuesui (è¶Šć·‚) sont annexĂ©es en l'an 114[24]. Cette rĂ©gion correspond actuellement Ă  Xichang, dans le sud du Sichuan. L'empereur Han Huandi (r. -) encourage l’assimilation culturelle de ces tribus et c'est au cours de son rĂšgne que l’enseignement de l’éthique et de la culture chinoise est promu dans le Yunnan[23]. MalgrĂ© des troubles pĂ©riodiques[24], les Han gardent le contrĂŽle du Dian jusqu'Ă  la fin de la dynastie[22].

Importance historique

Migrations chinoises et assimilation culturelle

Sceau impérial de Zhao Mo, le roi de Nanyue. Les objets retrouvés dans des sites archéologiques Nanyue sont un mélange d'influences chinoises et yue.

Durant les annĂ©es qui suivent ces conquĂȘtes, des migrants venus du nord de la Chine peuplent le Yunnan, le Guangdong et le Vietnam du Nord. L’agitation politique qui suit l’usurpation de Wang Mang provoque une nouvelle vague d’immigration chinoise[2]. Cette immigration ne se fait pas sans problĂšmes, car les colons han et les soldats du Nord sont touchĂ©s par des maladies courantes dans les rĂ©gions tropicales, comme le paludisme et la schistosomiase[25].

Les campagnes militaires et les migrations chinoises crĂ©ent une culture qui fusionne les traditions chinoises avec des Ă©lĂ©ments autochtones. Des fouilles archĂ©ologiques menĂ©es dans la rĂ©gion rĂ©vĂšlent l’étendue de l’influence chinoise. Ainsi, dans les tombeaux de la rĂ©gion de Canton, dans le Guangdong, qui datent de la dynastie de Han, les outils et les cĂ©ramiques locaux sont progressivement remplacĂ©s par d'autres inspirĂ©s des styles chinois de la dynastie des Han occidentaux. Les fouilles des sites de cette Ă©poque ont permis de dĂ©couvrir des miroirs en bronze, des poĂȘles, des puits, des brĂ»leurs d’encens, des trĂ©pieds et des lanternes fabriquĂ©s dans le style des Han[26].

L'assimilation culturelle dans le Guangxi et Guizhou se produit durant la fin des Han occidentaux et est un peu plus tardive que dans le Guangdong. Un grand nombre de miroirs, monnaies, céramique, bronze, fer et laques de style Han ont été découverts dans les tombes de la région du Guangdong[26].

Le Yunnan, qui se situe au sud-ouest de la Chine, est sinisĂ© aprĂšs la mise en place d’une prĂ©fecture chinoise en 109 av. J.-C.[27]. L'assimilation culturelle des tribus Ă  travers l’enseignement de l’éthique chinoise dĂ©bute sous le rĂšgne de Qin Shi Huang[23]. L’influence croissante de la culture chinoise est visible au travers des objets, piĂšces, cĂ©ramique, miroirs, et bronzes dĂ©couverts lors de fouilles dans l'ancien royaume de Dian, qui ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s avec des Ă©lĂ©ments stylistiques han[7]. L'art Dian adopte l’esthĂ©tique des objets han importĂ©s dans la rĂ©gion et vers l'an 100, la culture indigĂšne Dian a presque entiĂšrement disparu[28]. La culture chinoise du Nord est alors largement ancrĂ©e dans le sud. L’expansion de la Chine depuis les plaines de Chine du Nord vers le sud, un processus qui a commencĂ© pendant la dynastie Qin, a atteint son apogĂ©e sous les Han[7].

Commerce et contact avec l'Ă©tranger

Carte des provinces,commanderies et protectorats de la dynastie Han en 87 av. J.-C

L’expansion vers le sud de l'empire chinois met la dynastie Han en contact avec les civilisations de l’Asie du Sud-Est et l'influence culturelle et technologique chinoise s’étend sur les royaumes de cette rĂ©gion[29]. Des restes de poteries chinoises de la dynastie des Han datant du Ier siĂšcle ont Ă©tĂ© dĂ©couverts lors de fouilles Ă  Java, Sumatra et BornĂ©o[30]. Les archĂ©ologues ont Ă©galement dĂ©couvert des haches en bronze au Cambodge, imitant les mĂ©thodes de production des haches chinoises[29].

On assiste aussi Ă  la crĂ©ation de relations commerciales entre la Chine et des empires Ă©trangers, via les territoires conquis. C'est ainsi que naissent des liens commerciaux entre la Chine, l'Inde, la Perse et l’Empire romain. En 120, des artistes et danseurs romains sont envoyĂ©s Ă  Luoyang par un royaume birman, comme cadeau pour la Chine[30]. Un autre royaume appelĂ© Huangzhi dans le livre des Han, envoie en l'an 2 un rhinocĂ©ros comme tribut[16]. Une ambassade venant de l’Inde arrive en Chine entre 89 et 105[30] et des marchands romains venant de la province de Syrie visitent le Vietnam en 166, Nanjing en 226 et Luoyang en 284[31]. Des produits Ă©trangers sont Ă©galement trouvĂ©s lors de fouilles archĂ©ologiques rĂ©alisĂ©es dans des tombes du sud de la Chine[30]. NĂ©es de la demande existant outre-mer pour la soie chinoise, ces routes commerciales permettent la transmission des biens et des idĂ©es entre l’Europe, le Moyen-Orient et la Chine[32].

Références

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  2. Gernet 1996, p. 126.
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Bibliographie

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Pour approfondir

  • (en) Rafe de Crespigny, South China in the Han Period, (lire en ligne [archive])
  • (en) Rafe de Crespigny, Generals of the South, Canberra, Faculty of Asian Studies at the Australian National University, coll. « Asian Studies Monographs: New Series of the Faculty of Asian Studies », (lire en ligne), chap. 16 (« CHAPTER ONE South China under the Later Han Dynasty »)

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