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Excalibur (automobile)

Excalibur était une entreprise américaine de construction automobile, créée par Brooks Stevens. Cette marque fut active entre 1965 et 1989 à Milwaukee. L'emblÚme de la marque est une épée inscrite dans un cercle de métal. L'entreprise était spécialisée dans la construction en petites séries de voitures néoclassiques. Il s'agit pour l'essentiel de roadsters et de phaétons à la mode de la fin des années 1920.

Excalibur SĂ©rie II

Historique

La marque Excalibur fut crĂ©Ă©e par le designer Brooks Stevens dans les annĂ©es cinquante. Ses capacitĂ©s de design automobile le firent engager Ă  l’origine chez Willys Overland pour crĂ©er une Jeep nouvelle gĂ©nĂ©ration. Mais parallĂšlement, en 1951, il va crĂ©er pour son compte une voiture de sport qu’il appellera Excalibur « J ».

AprÚs des essais concluant sur le lac Elkhart (14 secondes pour le quart de mile[1] et 195 km/h en vitesse de pointe), trois véhicules supplémentaires sont alors construits et engagés dans le championnat SCCA. Ces 4 Excalibur J parviennent ainsi à se classer honorablement durant plusieurs années dans différentes courses américaines face à des Ferrari, Maserati, Mercedes et Aston-Martin.

Fin 1963, la firme Studebaker demande Ă  Stevens de lui dessiner diverses nouvelles voitures destinĂ©es Ă  ĂȘtre exposĂ©es aux divers salons auto de la saison 1964. Pour Chicago en janvier, trois Studebaker Lark furent modifiĂ©es, et une Excalibur J fut recarrossĂ©e aux normes de l’époque : la Hawk roadster.

Excalibur SĂ©rie 1

Pour le show de New York en , sur la base d’un chĂąssis Heavy-Duty de Studebaker Lark avec moteur Studebaker, Brooks Stevens avec l’aide de ses deux fils ĂągĂ©s de 27 et 24 ans crĂ©e en 6 semaines la Mercebaker SSK qui reprend la ligne gĂ©nĂ©rale de la Mercedes SSK dont il possĂ©dait alors un exemplaire. Le nom provient de la contraction d’une gloire ancienne (Merce-des) et d'une ingĂ©nierie existante (Stude-baker). Mais finalement au dĂ©but du salon de New York, Studebaker ne souhaite plus exposer la voiture sur son stand qui se veut tournĂ© rĂ©solument vers le futur et non vers le nĂ©o-classique. À dĂ©faut d’idĂ©e et d’autre nom, la Mercebaker devient Excalibur, en rĂ©fĂ©rence Ă  l'Ă©pĂ©e lĂ©gendaire du roi Arthur. Le logo de la marque se voit dotĂ© de cet emblĂšme.

Un stand minuscule lui est octroyĂ© Ă  ses frais, juste en face d’un marchand de hot-dog et Ă  cĂŽtĂ© de l’entrĂ©e des toilettes. Finalement, contre toute attente, l’Excalibur est la sensation du salon. De nombreuses cĂ©lĂ©britĂ©s passent commande, si bien qu’à la fin du salon, 12 commandes fermes avec acompte sont dĂ©jĂ  enregistrĂ©es.

Stevens propose alors Ă  ses deux fils, David et Steve, la construction des Excalibur sur une base d’un lot de 400 chĂąssis Studebaker Larck inutilisables (Studebaker Ă©tant en faillite depuis fin 1964), motorisĂ© par le bloc Chevrolet V8 de 327 ci de 300 chevaux de la Corvette. La carrosserie est en polyester avec juste les capots en aluminium. La production dĂ©marre dans l’atelier paternel Ă  Mequon dans le Wisconsin.

Initialement l’Excalibur « sĂ©rie 1 » n’est disponible qu’en version Roadster 2 places.

Fin 1965, la firme a construit 56 voitures et introduit un roadster plus civilisé avec de longs garde-boues et marchepieds (au lieu des 4 petites ailes) et une quatre places dénommée Phaeton.

En 1966, en raison du manque de place la firme Excalibur s’installe à Milwaukee dans le complexe industriel de West Allis.

L'Excalibur série 1 est ainsi fabriquée de 1965 à 1969 à 359 exemplaires, dont 100 Phaetons et 259 Roadsters.

DĂ©but 1970, il ne reste plus que 41 chĂąssis en stock.

Les fils de Brook Steven débutent alors une série 1 améliorée sur les chùssis restants. C'est en fait une fausse série 1, car pour des raisons commerciales cette évolution porte déjà le nom de série 2.

Excalibur 35X[2]

En 1966, distributeur en Europe des Excalibur depuis Monaco, Guy Storr, utilisa le nom sous licence "Excalibur" pour concevoir et commercialiser un véhicule plus Européen : l'Excalibur 35X.

S’inspirant du succĂšs aux Etats-Unis des Excalibur inspirĂ©es des Mercedes SSK des annĂ©es 20 et 30, l'importateur Guy Storr se dit que le marchĂ© français apprĂ©cierait encore plus un vĂ©hicule Ă©voquant une voiture française de prestige datant de la mĂȘme Ă©poque, offrant la mĂȘme aura de gloire et un palmarĂšs de compĂ©tition aussi Ă©toffĂ© : la Bugatti Type 35 (1924-1930). Aussi, en hommage Ă  la Bugatti mais aussi pour se distinguer, Guy Storr appelle son Excalibur "35X".

Mais Guy Storr qui n’était pas satisfait du manque de finition et de l’ingĂ©nierie sommaire des Excalibur amĂ©ricaines, a prĂ©fĂ©rĂ© pour concevoir son Excalibur europĂ©enne se tourner vers un carrossier italien de renom (Michelotti) Ă  Turin-Borgaretto, pour qu’il assure la construction d’une prĂ©sĂ©rie de 2 chĂąssis-coques, avant de produire une sĂ©rie de 25 unitĂ©s. Ainsi, 27 Excalibur 35X seront assemblĂ©es.

Le carrossier Michelotti crĂ©a ainsi pour l'Excalibur 35X un chĂąssis en profilĂ©s-traverses mĂ©cano-soudĂ©s. La carrosserie en acier vient s’y souder par-dessus, ce qui lui donne l’allure d’une monocoque avec chĂąssis intĂ©grĂ©, gage de grande rigiditĂ©.

Ensuite, les chùssis-coques étaient terminés dans un minuscule garage automobile (Daytona Garage) situé à Saint-Laurent du Var prÚs de Cannes, en fonction des commandes enregistrées elles, directement dans l'appartement monégasque de Guy Storr.

La mĂ©canique et les trains roulants de l'Excalibur 35X sont issus de l’Opel Commodore GS premiĂšre gĂ©nĂ©ration (1967–1972). Les Excalibur 35X sont ainsi dotĂ©es d'un moteur 6 cylindres en ligne de 2,5 litres pour 130 cv accouplĂ© Ă  une boite 4 vitesses. L’Opel Commodore a Ă©tĂ© retenue car Opel Ă©tait la filiale europĂ©enne de General Motors ce qui pouvait permettre d’exploiter cette carte de visite pour introduire la voiture sur le continent amĂ©ricain, mais aussi pour des questions de pure ingĂ©nierie, car Guy Storr voulait proposer un vĂ©hicule fiable avec moteur Ă  l’avant, propulsion et essieu rigide.

Les Excaliburs 35X finies Ă©taient livrĂ©es devant le casino de Monaco Ă  Monte-Carlo. Les clients devaient ensuite attendre quelques jours pour obtenir une immatriculation monĂ©gasque provisoire, que certains allaient d’ailleurs utiliser trĂšs longtemps faute d'homologation.

Guy Storr a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un coup de pouce du destin quand le rĂ©alisateur cinĂ©matographique Pierre Grimblat lui a louĂ© l’Excalibur 35X prĂ©sĂ©rie n°01 pour ĂȘtre la co-vedette de son film Slogan tournĂ© entre le et le 16 aout 1968.

Dans le film, l’Excalibur 35X est la voiture de Serge Gainsbourg, et apparaüt ainsi dans de nombreux plans. C’est d’ailleurs sur le tournage de ce film que Serge Gainsbourg rencontre pour la premiùre fois Jane Birkin. Le film est sorti en salle en 1969.

Un jour en 1973, au volant de son Excalibur 35X (n°22), Storr percuta un camion sur la Moyenne Corniche entre Monaco et Nice, ce qui le défigura à jamais et atteignit son moral. Son affaire périclita. Il tenta de redresser la barre en liquidant les derniÚres Excalibur 35X prémontées par Michelotti qui restaient en stock et qui ne se vendaient plus.

Quelques-unes furent encore assemblĂ©es par le garage Daytona de Saint-Laurent-du-Var, mais avant que ses affaires se redressent, en 1980 pris d’un malaise au volant, Guy Storr percuta un vĂ©hicule de face sur la "Voie rapide sud"[3]qui traverse Nice d'Ouest en Est et perdit la vie.

Vingt-sept Excalibur 35X ont été produites et assemblées.

Mais, il convient de bien distinguer les annĂ©es de production des chĂąssis-coques par Michelotti, qui sont diffĂ©rentes de l’annĂ©e d’assemblage final et de commercialisation, qui peuvent encore ĂȘtre distinctes de l’annĂ©e d’immatriculation administrative. De mĂȘme, autrefois, la date de premiĂšre immatriculation n’était pas toujours reprise sur les documents administratifs d’immatriculation en cas de vente ou d’import du vĂ©hicule depuis l’étranger.

Aussi, il est trĂšs difficile de classer les Excalibur 35X par annĂ©e de fabrication, mĂȘme si les donnĂ©es suivantes circulent sur internet, sans prĂ©ciser s'il s'agit de l'annĂ©e de production des chĂąssis-coque, de l'annĂ©e d'assemblage ou de l'annĂ©e de commercialisation :

  • 1965 : 5 exemplaires
  • 1966 : 6 exemplaires
  • 1967 : 8 exemplaires
  • 1968 : 10 exemplaires

En effet, le premier exemplaire (pré-série 01) n'est présenté au public que début 1968, et l'Excalibur 35X de pré-série 02 a été immatriculée en France la premiÚre fois en .

Ainsi, parmi les 27 Excalibur 35X, les 2 préséries (n°01 et n°02) présentent des « variations » de carrosserie notables avec notamment une traverse droite non chromée entre les phares avant, et des clignotants rectangulaires positionnés sous les phares ou sur le pare-chocs.

De mĂȘme, sur les 2 modĂšles de prĂ©sĂ©rie, les feux arriĂšre ne sont pas intĂ©grĂ©s dans le profilĂ© de la carrosserie, mais disposĂ©s en saillie.

Hormis ces différences visuelles, les deux préséries sont assez proches des modÚles de série : les évolutions esthétiques de la barre cintrée chromée et des feux arriÚre intégrés dans la carrosserie, ont juste été validés pour la production des 25 Excalibur 35X de série.

En plus de ces Ă©lĂ©ments distinctifs de carrosserie, on peut aussi noter pour les modĂšles de prĂ©sĂ©rie la prĂ©sence d’un certificat d’immatriculation pour la France faisant mention uniquement de vĂ©hicule « OPEL » en ligne D1 et « type mine modifiĂ© » en ligne Z1, et non pas la mention « Excalibur ». On peut aussi noter l’absence de plaque constructeur « Excalibur » d'origine sur les 2 prĂ©sĂ©ries.

Excalibur SĂ©rie 2

Aux États-Unis, aprĂšs la sĂ©rie 1, l’annĂ©e 1971 servit Ă  crĂ©er un tout nouveau chĂąssis, Ă  installer une mini chaĂźne de montage et Ă  peaufiner les moules et accessoires tout en s’assurant de contrats en bonne et due forme avec toute une flopĂ©e de fournisseurs.

La reproduction reprit donc en 1972 avec un nouveau chĂąssis en Ă©chelle avec un empattement allongĂ© de 5 cm, les suspensions et les freins en provenance des Corvette. Le moteur fait place Ă  un nouveau moteur issu de la Corvette : un nouveau V8 de 454ci mais moins puissant qu’avant avec 250 ch.

Par contre, le prix passait du simple au double : de 6 000⁄7 250 € pour les sĂ©ries 1, les sĂ©ries 2 grimpaient Ă  12 000⁄14 000 € avec toutefois un Ă©quipement en rapport : chauffage et air conditionnĂ©, colonne de direction rĂ©glable, freins assistĂ©s Ă  4 disques, diffĂ©rentiel autobloquant, radio stĂ©rĂ©o, amortisseurs arriĂšre Ă  niveau constant, etc.

En dĂ©pit de ce surcroĂźt de poids avec un moteur moins puissant, l’Excalibur sĂ©rie 2 Ă©tait encore capable de performance honorable avec le 0 Ă  100 km/h en 7 secondes et une vitesse maxi thĂ©orique de 200 km/h.

Malheureusement, la production restait stationnaire avec 65 voitures vendues en 1972.

En 1973, grĂące Ă  une campagne de publicitĂ© orchestrĂ©e auprĂšs des rĂ©seaux General Motors, la production effectua un bond Ă  122 voitures, pour stagner l’annĂ©e suivante Ă  118.

Excalibur série 3

Les deux fils de Brook Steven redessinĂšrent alors les ailes pour les rendre plus enveloppantes, de maniĂšre que la moindre projection d’eau et de boue ne s’étale pas dans tous les sens sur la carrosserie. ParallĂšlement, le V8 454ci perdait un peu de chevaux (215 ch) Ă  la suite du montage d’un systĂšme anti-pollution rendu obligatoire. La sĂ©rie 3 Ă©tait nĂ©e avec un nouveau chĂąssis Ă  l’empattement encore allongĂ© (2,845 m), une traverse centrale en X et une section avant boulonnĂ©e donc dĂ©montable.

Cependant, la production chuta Ă  90 voitures pour 1975, pour littĂ©ralement s’envoler les annĂ©es suivantes : 184 en 1976, 237 en 1977, 263 en 1978 et 367 en 1979.

Excalibur SĂ©rie 4

Ainsi au plus fort de la demande, en 1979, une voiture sortait toutes les 6 heures des lignes de production avec pour conséquences un niveau de qualité en retrait. Aussi, il fut décidé de créer la série 4, qui serait vendue beaucoup plus chÚre ce qui diminuerait les commandes mais assurerait un chiffre d'affaires et un bénéfice stable. En plus, la marque commençait à avoir son propre réseau de concessionnaires sur le territoire américain.

En 1980 est donc sortie la sĂ©rie 4, d'une esthĂ©tique radicalement diffĂ©rente, avec des vitres latĂ©rales en verre escamotables dans les portes, une capote Ă©lectrique et une carrosserie encore plus enveloppante. Le chĂąssis Ă©tait similaire Ă  celui de la sĂ©rie 3, mais tout de mĂȘme rallongĂ© de 33 cm. Le style abandonnait l’évocation des Mercedes SSK pour s’inspirer des sĂ©ries 500 et 540 K. Le moteur 454ci n’étant plus fabriquĂ© par General Motors, c’est un bloc de 305ch qui Ă©tait proposĂ© de base avec possibilitĂ© d’avoir un 350ch.

Le poids plus important, la puissance réduite et un style sujet à débat font chuter la production à 93 en 1980. Elle remonte à 235 voitures en 1981, avant de retomber à 212 en 1982 puis 138 en 1983.

Grùce à une campagne publicitaire orientée vers les revendeurs de la marque, la production est montée en 1984 à 257 voitures dont 213 Phaetons et seulement 44 Roadsters.

Excalibur SĂ©rie 5

Il est décidé alors de créer une série 5 encore plus sophistiquée, avec un hard-top, des siÚges électriques et un intérieur totalement spécifique à la marque Excalibur, c'est-à-dire ne reprenant rien des intérieurs de Corvette.

Mais les ventes ne dĂ©collent pas, avec 78 voitures en 1985 et 37 en 1986. C’est la faillite.

Les frÚres Stevens parviennent à convaincre Warner, un repreneur, ce qui débouche vers une évolution stylistique avec une version 4 portes avec un coffre mieux intégré. Les prix étaient en conséquence avec le Roadster à 85.000 dollars, le Phaeton à 80.000 dollars et la 4 portes à 100.000 dollars.

Cependant, les ventes ne venant toujours pas, Warner se dĂ©cida Ă  diminuer drastiquement les prix sous forme de discount, ce qui n’était pas Ă  long terme du meilleur effet pour la classe de vĂ©hicules se voulant exceptionnels. Les Phaetons et Roadsters furent alors bradĂ©s Ă  49.000 dollars, les 4 portes Ă  59.000 dollars avec une finition en rapport. La faillite arriva deux ans aprĂšs.

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. 402,33 mĂštres
  2. « Accueil », sur Le site de l'Excalibur 35X (consulté le )
  3. A l'époque sans séparation centrale ! Aujourd'hui rebaptisée "voie Pierre-Mathis".
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