Electro-Harmonix
Electro Harmonix (ou EHX) est une entreprise spécialisée dans la conception et création de processeurs audio et de pédales d'effet. La compagnie basée à New York a été fondé en 1968 par Mike Matthews. Elle est aujourd’hui connue pour ses pédales d’effet, en particulier la Big Muff[1], la Small Clone (popularisée par Kurt Cobain)[2] ou le Memory Man (employé notamment par The Edge).
Histoire de l’entreprise
Fondation
EHX a été fondée en octobre 1968 par Mike Matthews dans la ville de New York. Après avoir réalisé que son poste chez IBM ne lui convenait pas il décida de s’investir à fond dans sa passion : la musique. Il tenta alors de commencer sa carrière de claviériste. Conscient que la musique ne lui permettrait pas de subvenir à ses propres besoins ainsi qu’à ceux de sa femme, il commença à construire avec Bill Berko (proche de Mike Matthews et réparateur audio), des pédales de fuzz. Ces pédales furent distribuées par Guild. À la suite des hits des Rolling Stones et de Jimi Hendrix utilisant cet effet, les ventes des pédales de fuzz explosèrent. Elles furent rebaptisées « Foxey Lady » en hommage à Hendrix.
À la suite du départ inexpliqué de Berko, les anciens collègues de Matthews chez IBM lui présentèrent Robert Myer, concepteur et ingénieur électronicien. Ensemble ils commencent à concevoir un circuit émulant, l’utilisation d’un sustainer sans distorsion par Hendrix. Durant l’essai Matthews remarqua une autre pédale branchée au prototype. Après avoir interrogé Myer à ce sujet, cette pédale s’avéra être un booster de signal censé amener le signal de la guitare au niveau nécessaire au bon fonctionnement du prototype. Basé sur un unique transistor, ce booster de signal, deviendra la Linear Power Booster (LPB-1), encore fabriquée de nos jours. Peu de temps après, Matthews fonda la compagnie Electro Harmonix pour produire ces pédales ainsi que toutes celles conçues durant les années 1960 et 1970 et au début des années 1980. Avec la fondation de la compagnie vint aussi le célèbre logo Electro Harmonix, souvent décrit comme une tête de bélier ou d’agneau. D’après Mike ce logo n’avait pas de signification particulière, il le trouvait juste distinctif.
Premiers produits
Outre la LPB-1, Electro Harmonix commercialisa la LPB-2 qui consistait en l’ajout du circuit de la Screaming Bird Treble Booster (un booster d’aigu) et de celui de la Mole Bass Booster (un booster de grave) à la suite du circuit de la LPB-1. EHX réédita la Foxey Lady sous le nom d’Axis Fuzz. D’autres produits moins connus du public ont été conçus durant cette période. Avec la popularisation de la Stéréo, EHX commercialisa la LSB-1 et la LSB-2, qui n’étaient que des versions Stéréo de la LPB-1 et de la LPB-2, mais aussi la Stereo Tone Expander et la Stereo Pulse Modulator (qui d’après la publicité devait donner la sensation d’être « électroniquement défoncé »). À la fin des années 1960, EHX conçu l’Ambitron qui convertissait le signal mono en signal stéréo et utilisable sur une guitare, mais elle disparut assez rapidement. Alors qu’il présentait sa LPB-1 au NAMM Show (National Association of Music Manufacturers) en 1968, Matthews a involontairement changé le monde de l’amplification en montrant que les préamplificateurs pouvaient être placés en série afin de créer de la distorsion. Un des premiers à réaliser le potentiel de cette découverte était Hartley Peavey (Peavey Electronics Corporation) qui à l’issue de la démonstration acheta une LPB-1 dans le but de percer ses secrets. Peu de temps après, beaucoup de fabricants intégrèrent le concept de préamplificateurs en cascade à leurs amplificateurs.
Années 1970
Au début des années 1970, Electro Harmonix commercialisa ce qui allait vite devenir son produit phare : la Big Muff Pi. La Big Muff Pi est rapidement devenue populaire auprès des guitaristes pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle était bien moins chère que les distorsions proposées par la concurrence à l’époque. Ensuite, elle permettait de jouer des notes seules ainsi que des accords avec la même clarté de son. Ces premiers exemplaires étaient vendus pour environ 40 dollars, sur le marché de l’occasion, elles valent actuellement plus de 200 dollars. Ajoutant à cela sortie de la Small Stone Phase Shifter et la Memory Man (le moins cher des delay de l’époque), les années 1970 furent pour EHX une période d’essor, un âge d’or. Matthews confia même qu’ils avaient des difficultés à produire les pédales assez rapidement pour le marché, avec des demandes atteignant les 7 000 unités par mois. Mais EHX ne se contenta pas de simplement produire des pédales d’effet, ils conçurent également une gamme d’amplificateurs pour guitare et basse pouvant fonctionner en courant alternatif, continu ou les deux. La marque au bélier s’attaqua aussi au marché des percussions électroniques en lançant une gamme de boite à rythme (DRM-15, 16 et 32) ainsi que d’effets pour batterie électronique tels que la Rolling Thunder, la Space Drum et la Crash Pad. Matthews n’a jamais voulu restreindre son travail aux États-Unis d’Amérique. En 1973 ou 1974, la compagnie envoya le premier contingent d’affaire américain en Chine. Et en 1979, EHX devint une des premières compagnies à présenter ses produits à l’exposition de biens de consommations et de produits de mode de Moscou. Cette exposition fut un succès pour Electro Harmonix dont le stand fut envahi par la foule venue admirer l’Electro Harmonix Work Band, un groupe de musique composé d’employés d’EHX jouant sur les produits de la marque. Matthews en profita pour présenter ses nouveautés, le Mini Synthesizers et le Guitar Sythesizers. Il distribua aussi des albums de l’EHX Work Band ainsi que des autocollants et des articles de presse. L’apogée de ce voyage en URSS fut l’invitation au bal du 4 juillet chez l’ambassadeur américain en URSS.
Chute
En 1978, Matthews a été nommé chef de petite entreprise de l’année pour l’État de New York. Cependant, les réjouissances furent de courte durée. Devant le refus de Matthews de laisser s’installer un syndicat dans son entreprise, ceux-ci bloquèrent la fabrique, tentant de rallier les employés à leur cause. Mais les employés refusent eux aussi de se syndiquer. Les syndicalistes accusèrent alors Matthews d’exploiter les minorités, mais une fois de plus, les employés restèrent loyaux envers leur patron. Contrairement à ce que les syndicats avançaient, Matthews était un employeur modèle. Il privilégiait la promotion par le mérite plutôt que par l’ancienneté. Certains travailleurs non qualifiés débutèrent avec le salaire minimum jusqu’à atteindre des postes aux salaires élevés. Tous ses employés bénéficiaient d’une couverture sociale, de congés payés et de formations leur permettant d’avancer dans l’entreprise. Une bonne ambiance régnait dans l’atelier, les employés rigolaient avec Mike. Et à plusieurs occasions Matthews ferma l’entreprise pour emmener ses employés et leurs familles pique-niquer à Long Island. Le 10 aout 1981, alors que Mike Matthews arrivait à l’atelier, il fut attaqué par cinq syndicalistes qui le molestèrent. Les syndicalistes proposaient des tickets repas supplémentaires aux employés en échange de leur adhésion, ceux qui refusaient étaient battus. Et malgré l’intervention de la police, peu d’employés purent franchir le blocus pour pénétrer dans l’atelier. Des syndicalistes embusqués attaquaient les employés lorsqu’ils quittaient l’atelier. Le 19 aout, Matthews décida de fermer l’entreprise pour protéger ses employés. TV news diffusa des vidéos, des agressions commises par les syndicalistes, prises en caméra cachée. Et ils demandèrent à Matthews son avis à ce sujet. Le jeudi 20 aout 1981, Matthews et une soixantaine d’employés forcèrent le blocus et reprirent le travail. Et pendant 5 mois, Matthews et une quarantaine d’employés occupèrent l’atelier pour le protéger des syndicalistes. Malgré l’ordre donné par le conseil national des relations du travail (National Labor Relations Board) aux syndicats de cesser le mouvement immédiatement, les répercussions de plusieurs mois de blocage contraignirent Matthews à déposer le bilan en janvier 1981. Mike et ses employés étaient anéantis, et les soutiens financiers, persuadés qu’EHX ne survivrait pas à cette crise, le laissèrent tomber. Et aucun autre soutien ne fut trouvé.
RĂ©surrection
Matthews ne se laissa pas abattre et réunit l’argent nécessaire au rachat de sa compagnie en mars 1982, en vendant tous ses actifs aux enchères. En quelques semaines, Electro Harmonix était de retour. Mais en 1984, EHX, qui avait survécu au syndicalisme, fut mis en déroute par la concurrence japonaise. L’entreprise avait commandé des puces pour compléter des commandes qui se comptaient en millions de dollars, mais le fournisseur recula et détourna la commande vers les producteurs japonais. La compagnie fut vendue à un homme d’affaires qui distribua les produits Electro Harmonix à travers la Broadway Computer Corporation. Quand, en 1986, la Broadway Computer Corporation fit faillite, Matthews racheta la propriété de la marque déposée Electro Harmonix, mais il ne distribua plus aucun produit à cette époque. Le bon accueil que les Russes ont fait à Matthews, l’encouragea à créer une nouvelle compagnie, the New Sensor Company. Bien que sa principale activité était la distribution de tubes électroniques (aussi appelé lampes), il commercialisa juste une pédale, la Soul Kiss, dérivée de la célèbre Talk Box. En 1990, il créa la compagnie Sovtek et commercialisa une nouvelle version de la Big Muff Pi, fabriquée en Russie. Par la suite, la Small Stone Phase Shifter, la Deluxe Electric Mistress Flanger ainsi que la Memory Man furent réédités. Et une ligne d’amplificateurs à lampes pour guitare fabriqués en Russie fut conçue et continue d’être populaire auprès des guitaristes du monde entier. En 1995, Matthews demanda au créateur de la Mutron III, un filtre d’enveloppe, de concevoir une pédale utilisant le même circuit pour EHX : la Q-Tron. Au début des années 2000, EHX revient à New York, et lance une réédition de toutes ses créations ainsi que la conception de nouveautés. Et en 2006, Matthews lança la série Micro et Nano, des rééditions des classiques de la marque dans des boitiers plus compacts et remplaçant l’alimentation mini-jack par un système d’alimentation plus conforme aux pratiques actuelles. Et bien que la fabrication des circuits ait été délocalisée, l’assemblage continue à être effectué à New York.
Produits
Electro Harmonix a utilisé la technologie analogique ainsi que numérique dans ses produits. Ses pédales les plus connues incluent la Big Muff (une fuzz), créée en 1969 ; le delay Memory Man (employé par The Edge) ou encore le chorus Small Clone (popularisée par Kurt Cobain)[2].
Notes et références
- « Electro-Harmonix », sur Electro-Harmonix (consulté le ).
- « Electro-Harmonix », sur Electro-Harmonix (consulté le ).
Sources
Liens externes
- Electro-Harmonix site Internet de la marque.