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Effets de la lumière bleue sur le sommeil et les rythmes circadiens

L’horloge circadienne définit un temps subjectif chez un organisme, avec une période d’environ 24 heures. Cette horloge génère les rythmes circadiens qui se synchronisent aux signaux de l’environnement[1].

Personne consultant son smartphone et éclairée par sa lumière

Les Ă©missions de lumière bleue peuvent affecter l’horloge circadienne, qui module le rythme Ă©veil-sommeil par l’entremise de la mĂ©latonine. C’est par une exposition Ă  la lumière qu’un certain niveau d’alerte peut ĂŞtre maintenu chez l’individu[2]. La lumière Ă©mise par les diodes Ă©lectroluminescentes (DEL) classiques apparaĂ®t blanche, mais elle a en fait une Ă©mission dans les longueurs d’onde correspondant Ă  la lumière bleue, entre 450 et 470 nm[3]. Les appareils Ă©lectroniques ont donc un effet sur le sommeil en Ă©mettant de la lumière bleue[4].

Effets de la lumière bleue sur le sommeil

Effet de la mélatonine sur le rythme circadien du sommeil

La mélatonine, aussi appelée hormone du sommeil, est sécrétée par la glande pinéale[5]. Régulant le sommeil, la sécrétion de mélatonine est élevée la nuit et faible le jour chez pratiquement toutes les espèces[6] - [7] - [8]. Cette sécrétion serait supprimée ou décalée lors de l’exposition à la lumière artificielle[9].

Le rythme circadien est généré par les noyaux suprachiasmatiques (NCS) de l’hypothalamus et il est entraîné par l’alternance entre le jour et la nuit[10] - [11] - [12] - [13]. Les NSC, où se situe l’horloge circadienne centrale, sont directement connectés à la rétine et lorsque cette voie est perturbée, le cycle éveil-sommeil ne peut être synchronisé avec le cycle jour/nuit (LD). La mélatonine est un synchroniseur endogène des rythmes circadiens, de température et d’éveil-sommeil en particulier[14] - [15] - [16]. Il y a donc une voie neuronale qui s’étend du NSC à la glande pinéale[10] - [17].

Chez l’homme, il a été observé que la régulation de la mélatonine est contrôlée par des photorécepteurs qui diffèrent des photorécepteurs connus pour la vision. En effet, selon une étude, un seul photopigment a été identifié comme principal responsable de la suppression de la mélatonine[18]. Il s'agit d'un photopigment d’opsine, la mélanopsine, qui intervient dans la photoréception circadienne[19]. La mélanopsine, trouvée dans la rétine, est responsable de l’entraînement du cycle circadien[20] et de la régulation lumière-dépendante de la mélatonine chez l’humain[18]. Les signaux lumineux envoyés aux structures du cerveau[21] contenant l’horloge circadienne centrale sont en partie médiés par la mélanopsine[19]. Cela entraîne l’activité neuronale des NSC et ceux-ci entraînent à leur tour la sécrétion rythmique de mélatonine[7] - [8].

Effet de la lumière bleue sur les taux de mélatonine

Il a Ă©tĂ© possible de quantifier la baisse de mĂ©latonine causĂ©e par la lumière bleue en exposant divers individus Ă  5 longueurs d’onde diffĂ©rentes en pleine nuit (Ă  2 h du matin). Ce sont les longueurs d’onde de 476 nm, 509 nm et 542 nm qui ont causĂ© les plus grandes baisses des niveaux de mĂ©latonine, en moyenne de 26 %, 64 % et 20 % respectivement. Ces trois longueurs d’onde vont du bleu au vert, 509 nm Ă©tant un intermĂ©diaire[22]. La lumière bleue a donc une forte incidence sur les taux de mĂ©latonine avec un effet plus prononcĂ© que d’autres longueurs d’onde[18] - [23] - [24].

Cependant, l’intensitĂ© lumineuse est aussi un facteur important dans les effets de la lumière sur la mĂ©latonine. La longueur d’onde 509 nm trouvĂ©e dans l’étude prĂ©cĂ©dente a Ă©tĂ© appliquĂ©e Ă  diffĂ©rentes intensitĂ©s pour y voir les variations du niveau de mĂ©latonine. Ces intensitĂ©s partaient de 0,01 ÂµW/cm3 et allaient jusqu’à 13 ÂµW/cm3, une valeur au moins 100 fois plus grande que la valeur moyenne de l’éclairage d’une pièce. L’intensitĂ© critique dĂ©clenchant une baisse de mĂ©latonine se trouvait entre 1,6 et 5 ÂµW/cm3 chez tous les sujets et une augmentation de cette intensitĂ© apportait toujours une baisse plus importante des niveaux de mĂ©latonine durant la nuit. Il est important de noter qu’un humain est Ă©quipĂ© de mĂ©canismes pour rĂ©duire l’intensitĂ© de la lumière mĂ©caniquement, notamment par la contraction de l’iris. Les intensitĂ©s critiques sont donc peut-ĂŞtre sous-estimĂ©es, mais une baisse de la mĂ©latonine est rĂ©ellement observĂ©e[25].

Changements de phases affectant le sommeil et provoqués par la lumière bleue

En fonction du moment de la journée, un signal de l’environnement a des effets différents sur la phase du rythme[1]. Une exposition à la lumière bleue le matin cause une avance de phase du rythme de sécrétion de la mélatonine, c’est-à-dire une baisse du taux de la mélatonine[26]. En effet, comme dit précédemment, la mélatonine est moins présente dans le sang pendant la journée, par rapport à la nuit. De plus, la mélatonine atteint son taux maximal entre 2 h et 4 h du matin[6]. Ainsi, une exposition à la lumière bleue le soir provoque un délai de phase, ce qui correspond également à un taux moins élevé de mélatonine[24]. Par conséquent, en retardant l’augmentation du taux de mélatonine et en décalant ainsi l’arrivée de la fatigue le soir, la lumière bleue a un effet sur le sommeil.

Appareils Ă©lectroniques et sommeil

Les appareils électroniques sont omniprésents dans notre société et sont, pour la plupart, rétroéclairés par des diodes électroluminescentes[27].

Les appareils Ă©lectroniques autolumineux Ă©mettent un rayonnement optique Ă  de courtes longueurs d’onde proches de la sensibilitĂ© maximale de la suppression de la mĂ©latonine. Cette sensibilitĂ© maximale est proche de 450 nm[28]. Les diffĂ©rentes tablettes, les cellulaires et plusieurs autres objets courants ont donc un effet non nĂ©gligeable sur les niveaux de mĂ©latonine et donc le sommeil. Par l’exposition d’individus Ă  des tablettes Ă©lectroniques durant des pĂ©riodes d’une heure et de deux heures il a Ă©tĂ© possible de quantifier l’effet de ces appareils Ă©lectroniques sur les niveaux de mĂ©latonine. Après une heure d’exposition, aucune baisse significative ne fut observĂ©e, mais après deux heures une baisse moyenne de 23 % du niveau de mĂ©latonine a Ă©tĂ© observĂ©e. Il est important de noter qu’avec un filtre orangĂ© devant les yeux des participants, aucune baisse n’a Ă©tĂ© observĂ©e[29].

Comme il est dit précédemment, l’exposition à la lumière bleue le soir et au début de la nuit a un effet suppresseur sur la production de la mélatonine. La lumière transmise par les livres électroniques a une émission dans les longueurs d’onde correspondantes à la lumière bleue. Ainsi, il a été observé que la lecture d’un livre électronique diminue drastiquement les niveaux de mélatonine contrairement au livre papier, ce qui a été associé à une diminution de l’envie de dormir et de fatigue. Il fallait dix minutes de plus pour s’endormir comparativement au livre papier. De plus, le lendemain matin, les personnes ayant lu un livre électronique la veille se sentaient plus fatiguées que les personnes ayant lu un livre papier et il leur a fallu beaucoup plus de temps pour atteindre le même niveau d’alerte. Ceci est dû au décalage du rythme circadien associé à leur phase de sommeil. La phase circadienne de mélatonine était décalée d’une heure et demi pour les lecteurs de livres électroniques comparativement aux lecteurs de livres papier[30]. Il a également été démontré que l’utilisation d’un écran pendant plus de deux heures était associé de manière significative à un déficit de sommeil[31].

Les appareils électroniques font désormais partie intégrante de la vie des adolescents et des adultes. Ceux-ci affectent directement le sommeil en augmentant l’excitation psychophysiologique provoquée par le contenu stimulant ou par l’exposition à la lumière vive inhérente[32]. Cette lumière vive peut donc avoir une incidence sur le sommeil de deux façons. D’une part en retardant le rythme circadien lors de l’exposition le soir[33], d’autre part en provoquant elle-même une stimulation immédiate par l’activation du système nerveux central[34].

Références

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