Accueil🇫🇷Chercher

Effet Mozart

L’effet Mozart est une hypothèse, exprimée dans un ensemble de résultats de recherche, indiquant que l'écoute de la musique de Mozart peut induire une amélioration à court terme de l'exécution de certains types de tâches mentales appelées « raisonnement spatio-temporel[1] ».

Le concept de « l'effet Mozart » a été décrit pour la première fois par le chercheur français Alfred Tomatis dans son livre Pourquoi Mozart ? (1991).

Concept et développement

Alfred Tomatis a utilisé la musique de Wolfgang Amadeus Mozart pour entraîner l'oreille, et pensait que l'écoute de sa musique présentée à différentes fréquences aidait l'oreille et favorisait la guérison et le développement de certaines facultés cérébrales.

L'approche de Tomatis fut popularisée dans le monde anglo-saxon quelques années plus tard, dans le livre de Don Campbell : The Mozart Effect[2], qui est basé sur une expérience publiée dans la revue scientifique Nature, suggérant que l'écoute de la musique de Mozart a temporairement augmenté les résultats d'une partie du test de QI. À la suite de ces publications, le gouverneur de Géorgie, Zell Miller, proposa même un budget pour fournir à chaque enfant né dans cet état un CD de musique classique.

Critiques

Frances Rauscher, Gordon Shaw et Catherine Ky (1993)

Rauscher, Shaw (it) et Ky ont Ă©tudiĂ© l'effet de l'Ă©coute de la musique de Mozart sur le raisonnement spatial, et les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© publiĂ©s dans la revue Nature[3]. Dans cette expĂ©rience, les chercheurs ont fait passer aux participants l'un des trois tests standard du raisonnement spatial abstrait après avoir vĂ©cu chacune des trois conditions d'Ă©coute : la Sonate pour deux pianos en rĂ© majeur, K. 448 de Mozart, les instructions de relaxation verbale, et le silence. L'Ă©chantillon Ă©tudiĂ© est un groupe 36 etudiants[4]. Ils ont constatĂ© une amĂ©lioration temporaire du raisonnement spatial, telle que mesurĂ©e par les sous-tâches de raisonnement spatial du test de QI Stanford-Binet. Rauscher et coll. montrent que l'effet bĂ©nĂ©fique de la condition musicale n'est que temporaire : aucun Ă©lève n'a eu d'effets dĂ©passant la pĂ©riode de 15 minutes au cours de laquelle ils ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s. L'Ă©tude ne fait aucune mention d'une augmentation du QI en gĂ©nĂ©ral (parce que le QI n'a jamais Ă©tĂ© mesurĂ©).

Kenneth M. Steele et al. (1999)

En 1999, l'existence de l'effet Mozart a été remise en question par deux équipes de chercheurs. Dans deux articles publiés ensemble sous le titre Prélude ou Requiem pour l'« effet Mozart » ?[5] Kenneth M. Steele, Simone Dalla Bella, Isabelle Peretz, Tracey Dunlop, Lloyd A. Dawe, G. Keith Humphrey, Roberta A. Shannon, Johnny L. Kirby Jr., et C. G. Olmstead écrivent une méta-analyse suggérant que toute amélioration cognitive est faible et ne reflète aucun changement dans le QI ou la capacité de raisonnement en général, mais découle plutôt entièrement de la performance sur un type spécifique de tâche cognitive et a une explication neuropsychologique simple, appelée excitation du plaisir. Par exemple, selon cet article :

« l'écoute de Mozart ou d'un passage d'une histoire de Stephen King a amélioré la performance des sujets dans le pliage et le découpage du papier (un des tests fréquemment employés par Rauscher et Shaw), mais seulement pour ceux qui ont aimé ce qu'ils ont entendu »

En outre, Steele et al. ont constaté que

« l'Ă©coute de Mozart a produit une augmentation de 3 points par rapport au silence dans une expĂ©rience et une diminution de 4 points dans l'autre expĂ©rience »

Dans une autre étude, l'effet était reproduit avec la musique originale de Mozart, mais éliminé lorsque le tempo était ralenti et les accords majeurs étaient remplacés par des accords mineurs[6].

Thompson et al. (2001)

Thompson, Schellenberg et Husain, quant à eux, concluent que l'effet Mozart n'est probablement qu'un artéfact de l'excitation et d'une humeur exacerbée[7].

Jones et al. (2006)

Trois hypothèses ont été avancées ici pour expliquer l'association entre la musique de Mozart et le développement temporaire de certaines facultés cérébrales :
1) Mozart amorce les voies neurales utilisées pour le raisonnement spatial,
2) Mozart augmente généralement l'humeur et l'excitation et donc la performance, ou
3) la préférence des individus pour Mozart, une autre forme de musique, ou même le silence conduisant à une humeur optimale pour passer un test.

Cette Ă©tude a cherchĂ© Ă  Ă©tablir une distinction entre ces trois hypothèses. Les donnĂ©es Ă©tudiĂ©es ont Ă©tĂ© recueillies auprès de 41 Ă©tudiants de niveau collĂ©gial (20 hommes et 21 femmes) Ă©valuĂ©s Ă  l'aide d'un sous-test (test de Stanford-Binet) sur les relations spatiales après exposition Ă  la musique ou au silence.

Les participants ont déclaré qu'ils se sentaient très éveillés et qu'ils préféraient leur état de santé particulier. Les résultats ont indiqué un effet positif de l'écoute de la musique de Mozart, bien que l'éveil ait joué un rôle dans cette association. Aucun effet de préférence n'était évident[8].

Pietschnig, Voracek et Formann (2010)

Une méta-analyse de Pietschnig, Voracek (en) et Formann (en) (2010)[9] a combiné les résultats de 39 études pour répondre à la question de savoir si l'effet Mozart existe ou non. Ils ont conclu qu'il existe peu de preuves pour affirmer l'existence de l'effet Mozart. Cependant, le résultat le plus frappant de cette méta-analyse est l'importance des effets, publiés dans des études affiliées à Rauscher ou Rideout. Ces effets modérateurs systématiques dus à l'affiliation à un laboratoire remettent en question l'existence d'un effet Mozart. De plus, cette étude a également trouvé des preuves d'un biais de publication lorsque l'ampleur de l'effet des échantillons qui ont écouté Mozart est comparée à des échantillons non exposés à un stimulus.

Autres analyses

Le numĂ©ro d' du Journal of the Royal Society of Medicine (en) (Royaume-Uni) a Ă©valuĂ© les bienfaits possibles de la musique de Mozart pour la santĂ©. John Jenkins a jouĂ© la Sonate K.448 Ă  des patients Ă©pileptiques et a constatĂ© une diminution de l'activitĂ© Ă©pileptiforme. Selon la British Epilepsy Organisation, des recherches ont montrĂ© qu'Ă  part la K.448 de Mozart et le Concerto pour piano no 23 (K. 488), une autre pièce musicale a Ă©tĂ© observĂ©e ayant un effet similaire : la chanson du compositeur grec Yanni intitulĂ©e « Acroyali/Standing in Motion » (version du spectacle Live at the Acropolis (en) exĂ©cutĂ©e Ă  l'Acropole). Le Journal of the Royal Society of Medicine (en) a dĂ©terminĂ© qu'il s'agissait d'un « effet Mozart », parce qu'il Ă©tait semblable au K.448 de Mozart en termes de tempo, de structure, de consonance mĂ©lodique et harmonique et de prĂ©visibilitĂ©.

Bien qu'il apparaisse que l'exposition à la musique de Mozart n'augmente pas directement le quotient intellectuel, les études sur les effets de cette musique ont exploré des domaines aussi divers que ses liens avec l'apparition des crises ou la recherche sur les animaux, ce qui suggère que même l'exposition in utero chez les rats de laboratoire améliore leur apprentissage en labyrinthe.

Une usine allemande de traitement des eaux usées joue de la musique de Mozart pour décomposer les déchets plus rapidement, rapporte le journal britannique The Guardian. Anton Stucki, opérateur en chef de l'usine située à Treuenbrietzen, aurait déclaré[10] :

« Nous pensons que le secret réside dans les vibrations de la musique, qui pénètrent tout, y compris l'eau, les eaux usées et les cellules »

Selon le psychiatre Michel Lejoyeux, le fait d'écouter la Sonate pour deux pianos KV 448 plusieurs minutes par jour agirait comme un antidépresseur naturel. Pour le neurologue John Hugues, ce phénomène qui s'observe en particulier lors de l'écoute de la Sonate pour deux pianos s'expliquerait par le fait que certains motifs musicaux sont exposés à plusieurs reprises avec de légères variantes, ainsi que sur l'accent mis sur certaines notes[11].

Musique

Pour information, stylistiquement et historiquement parlant, on peut souvent rapprocher les compositions de Mozart de certaines de ses contemporains : Joseph Bologne de Saint-George, Joseph Haydn, Jean-Philippe Rameau, Jean-Chrétien Bach… Néanmoins, les principales études sur l'effet Mozart n'ont pas couvert la plupart des contemporains de Mozart. Il est donc encore incertain si les musiques d'autres styles ou compositeurs sont aussi efficaces que celles du célèbre compositeur autrichien.

Notes et références

  1. (en) William Pryse-Phillips (2003). Companion to Clinical Neurology. Oxford University Press. (ISBN 0-19-515938-1)., p. 611 defines the term as "Slight and transient improvement in spational[sic] reasoning skills detected in normal subjects as a result of exposure to the music of Mozart, specifically his sonata for two pianos (K448)."
  2. (en) Campbell, Don (1997). The Mozart Effect : tapping the power of music to heal the body, strengthen the mind, and unlock the creative spirit (1st ed.). New York: Avon Books. (ISBN 978-0380974184).
  3. « CLASSICAL VIEW; Listening To Prozac . . . Er, Mozart », sur The New York Times,
  4. Michel Rochon, Le cerveau et la musique, ed. BQ 2021 p. 78
  5. https://libres.uncg.edu/ir/asu/f/Steele_KM_1999_Prelude_or_Requiem.pdf.
  6. (en) Husain, G., Thompson, W.F. & Schellenberg, E.G. (2002). « Effects of musical tempo and mode on arousal, mood, and spatial abilities: Re-examination of the "Mozart effect" ». Music Perception (en). 20 (2): 151. DOI 10.1525/mp.2002.20.2.151.
  7. « Arousal, Mood, and The Mozart Effect »,
  8. (en) « The Mozart effect: Arousal, preference, and spatial performance. », sur PsycNet,
  9. (en) Pietschnig, Jakob ; Voracek, Martin (en) ; Formann, Anton K. (en) (2010). « Mozart effect–Shmozart effect: A meta-analysis ». Intelligence (en). 38 (3): 314–323. DOI 10.1016/j.intell.2010.03.001.
  10. https://www.theguardian.com/world/2010/jun/02/sewage-mozart-germany.
  11. « Mozart, le meilleur remède contre l’épilepsie ? », sur France Musique, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.