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Eau de Lourdes

L'eau de Lourdes provient d'une source dégagée par Bernadette Soubirous dans la grotte de Massabielle, dans le cadre des apparitions de Lourdes. Bernadette Soubirous a déclaré que la Dame qu'elle voyait lui a dit : « Venez boire à la fontaine et vous y laver ». Depuis, les pèlerins boivent cette eau ou s'y baignent aux piscines.

Photo en couleurs de deux adultes, remplissant chacun leur bouteille à un robinet, sous une pancarte marquée "eau de la grotte".
Pèlerins remplissant des bouteilles d'eau de Lourdes.

Cette eau, réputée miraculeuse, est en libre disposition dans les espaces du sanctuaire. Mais des commerçants vendent en ville des bouteilles pour rapporter de l'eau de Lourdes, et un commerce d'autres souvenirs très divers s'est développé jusque dans les épiceries[1].

Les 70 guérisons miraculeuses reconnues par l'Église catholique

De très nombreuses personnes affirment avoir Ă©tĂ© guĂ©ries Ă  Lourdes. En 1884, l'Église catholique a mis en place une structure, appelĂ©e « Bureau des constatations mĂ©dicales Â», pour examiner les dĂ©clarations. Elle se montre très prudente, un seul cas authentifiĂ© Ă  tort et dĂ©menti ensuite par la mĂ©decine pouvant avoir des consĂ©quences graves dans l'esprit des croyants. Le processus d'authentification passe par trois grandes Ă©tapes :

  • Examen par le Bureau mĂ©dical de Lourdes ;
  • Transfert au Bureau mĂ©dical international ;
  • Investigation par le diocèse d'origine de la personne guĂ©rie.

Le diocèse d'origine de la personne guérie statue sur l'état de miracle. Le sens à donner à la guérison est alors le guide principal de l'évêque concerné (il doit s'agir d'un « signe de Dieu » et non d'une simple guérison).

69 guĂ©risons ont, Ă  ce jour, reçu le statut de « guĂ©rison miraculeuse Â» après un processus qui peut s'Ă©taler sur plusieurs annĂ©es[2].

Récipients destinés à recueillir l'eau de la grotte

La bénédiction solennelle par les prêtres et les évêques est un des rites les plus attendus par les pèlerins. Certains malades auraient guéri à ce moment précis, d'autres en buvant de l'eau de la source, en priant à la grotte ou, le plus souvent, après s'être baignés dans la piscine[3].

Examen scientifique

Seules les deux premières étapes ont un caractère véritablement scientifique (la dernière étape est essentiellement de nature religieuse) et mènent à une éventuelle déclaration du Bureau des constatations médicales sur le caractère non explicable scientifiquement au moment de la guérison. À cette étape, les médecins invités à s'exprimer (et l'avis ainsi formé) ne se limitent pas aux seuls médecins catholiques. Tout médecin présent peut tenter de proposer une explication naturelle à la guérison.

Les critères de base examinés par le Bureau des constatations médicales sont :

  • La maladie doit avoir Ă©tĂ© elle-mĂŞme authentifiĂ©e et le diagnostic confirmĂ© prĂ©alablement Ă  la guĂ©rison supposĂ©e.
  • Le pronostic doit ĂŞtre totalement clair pour les mĂ©decins (y compris quand il s'agit de lĂ©sions Ă  caractère permanent ou d'un pronostic de dĂ©cès).
  • La guĂ©rison doit ĂŞtre complète, immĂ©diate, sans convalescence, dĂ©finitive et sans rechute.
  • Aucun des traitements ne peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme la cause de la guĂ©rison, ni y avoir contribuĂ©.

Ces critères stricts éliminent rapidement la grande majorité des déclarations avant même examen par les autorités religieuses comme le montrent les dossiers conservés au bureau médical et librement accessibles (et cet état de fait est en opposition avec une certaine forme de foi populaire).

Statistiques officielles de l'Église catholique

Chronologie : les dates mentionnées sont celles où la guérison a été reconnue officiellement.

La moitié des miracles ont été reconnus au cours de six années successives sous le pontificat de Pie X, lequel précisa en 1905 les conditions du procès canonique à tenir dans chaque curie diocésaine[4]. Le bureau des constatations médicales, fondé en 1884 par le docteur Dunot de Saint-Maclou, est quant à lui chargé d'informer les autorités ecclésiastiques sur les guérisons qui lui semblent médicalement inexplicables, l'Église se prononçant sur la qualité miraculeuse de celles-ci[5]. Les guérisons par périodes (chiffres officiels de l'Église catholique) :

  • 1858-1870 : 7
  • 1908-1913 : 33 (sous Pie X)
  • 1946-1965 : 22
  • 1976-1978 : 2
  • 1989 : 1
  • 1999 : 1
  • 2005 : 1
  • 2011 : 1

RĂ©partition par pontificat de la reconnaissance du miracle :

  • Pie IX : les 7 guĂ©risons de 1858 reconnues en 1862 par l'Ă©vĂŞque de Tarbes. Aucune guĂ©rison reconnue par la suite.
  • Pie X : 33
  • Pie XII : 15
  • Jean XXIII : 5
  • Paul VI : 4
  • Jean-Paul II : 2
  • BenoĂ®t XVI : 2

Répartition par pays d'origine du miraculé :

PaysNombre de guérisons
France56
Italie6
Belgique3
Allemagne1
Autriche1
Suisse1

RĂ©partition par sexe :

SexeNombre de guérisons
Hommes13
Femmes55

Évolution

On peut remarquer que le nombre de miracles reconnus par l'Église catholique à Lourdes a sensiblement baissé par rapport à ce qu'il était au début du XXe siècle. Sans certitude dans ce domaine, on peut apporter quelques observations qui pourraient l'expliquer au moins en partie :

  • Le critère de l'absence de traitement, vieux de plusieurs siècles, est actuellement rarement satisfait avec la gĂ©nĂ©ralisation des thĂ©rapies.
  • Certaines pathologies considĂ©rĂ©es comme impossibles Ă  guĂ©rir ont aujourd'hui des traitements au moins partiellement efficaces.
  • L'Église est probablement devenue un peu plus critique au sujet des miracles qu'Ă  d'autres Ă©poques.
  • Des guĂ©risons autrefois inexplicables sont scientifiquement explicables aujourd'hui.
  • Les pèlerins viennent davantage chercher une « guĂ©rison intĂ©rieure Â» qu'une guĂ©rison physique (Ă©volution des opinions et de la foi en Europe occidentale).

Monseigneur Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes, a résumé le l'avis de sa hiérarchie :

« L’attitude actuelle des médecins est très respectueuse du magistère de l’Église. Comme chrétiens, ils savent que le miracle est un signe d’ordre spirituel. Ils ne veulent pas s’en faire les juges. De plus, pour un esprit moderne, il est difficile de dire, à propos de quelque réalité que ce soit, qu’elle est inexplicable. On peut seulement dire que, jusqu’ici, elle est inexpliquée. »

Notes et références

  1. GEO N° 42 août 1982 p. 67
  2. Voir « la 67e guérison miraculeuse », sur http://www.lourdes-france.org/ Site officiel des Sanctuaires de Lourdes.
  3. GEO N° 42 août 1982 p. 59
  4. Isabelle Samson-Ewald, Les critères d’évaluation du miracle aujourd’hui à Lourdes, dissertation de licence en Théologie - Institut catholique de Paris, 2000; en ligne sur le site assomption.org, article tiré de la revue Itinéraires Augustiniens nº 36
  5. Hervé Guillemain, Les débuts de la médecine catholique en France - La Société médicale Saint-Luc, Saint-Côme et Saint-Damien (1884-1914), article, 2003; en ligne sur le site Revue d'histoire du XIXe siècle
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