ELIZA
ELIZA est, en intelligence artificielle, un programme informatique écrit par Joseph Weizenbaum entre 1964 et 1966, qui simule un psychothérapeute rogérien en reformulant la plupart des affirmations du « patient » en questions, et en les lui posant.
Développé par | Joseph Weizenbaum |
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Première version | Avant |
Type | Dialogueur |
Limites
ELIZA fonctionne par reconnaissance de formes et substitution des mots-clés dans les phrases produites. Typiquement, une affirmation « A » peut recevoir en retour la question « Pourquoi dites-vous que A ? » Quelques connaissances de rattachement entre mots lui permettent de renvoyer l’interlocuteur à un sujet plus large. « Parlez-moi de votre famille » est la réponse donnée à toute question comportant un mot-clé comme « mère » ou « fils ». À noter que ces transformations sont plus simples en anglais, langue de fonctionnement d’ELIZA.
Weizenbaum insiste dans son article ELIZA - A Computer Program for the Study of Natural Language Communication between Man and Machine sur le fait que même si Eliza écrit « Je comprends… » à titre de protocole de politesse programmé envers l’interlocuteur, il s’agit évidemment d’une déclaration abusive : Eliza ne comprend pas ce qui lui est transmis, il se contente de former des phrases à partir de modèles préétablis, enrichis par les mots clés trouvés dans les réponses du patient[1]. Dit par ELIZA, « je comprends » possède une connotation ironique : il s’agit en effet d’une des réponses utilisées quand il n’a rien trouvé dans la phrase précédente lui permettant de construire une réponse plus adaptée (voir la chambre chinoise de John Searle pour le problème de la compréhension).
ELIZA se contente de relancer son interlocuteur, contrairement aux agents conversationnels de renseignement, qui sont conçus pour donner des réponses utiles en utilisant leur base de données.
Impression des interlocuteurs
ELIZA était si convaincant qu’il y a beaucoup d’anecdotes à propos de gens qui devenaient de plus en plus dépendants émotionnellement de leur relation avec ELIZA. La tendance humaine à attacher aux mots un ou des sens que l’ordinateur ne peut y avoir mis est appelée effet ELIZA.
La faiblesse d’ELIZA, être incapable de vraiment répondre, se contentant de continuer à faire parler son interlocuteur, est en fait un atout. Certaines personnes ne souhaitent pas vraiment qu’on leur réponde, et ne remarquent pas si leur interlocuteur les comprend. Il suffit de leur donner l’impression qu’elles sont écoutées[2].
Test de Turing
Le critère de pouvoir parler avec un humain sans qu’il se rende compte qu’il a affaire à un ordinateur a été posé en critère d’intelligence artificielle.
ELIZA montre qu’il est possible de tromper certains humains avec des schémas logiques extrêmement simples. Le test de Turing serait-il inapproprié pour déterminer qu’un ordinateur pense ? La question n’a pas été tranchée, car après tout, il reste relativement aisé de trouver des questions auxquelles l’ordinateur ne saurait répondre de manière intelligente, ou en tout cas pas avec des programmes de type ELIZA. Exemples de questions difficiles pour ELIZA (mais faciles pour une application écrite en PROLOG) :
- « Peut-on manger demain avec un ami décédé l’année dernière et pourquoi ? »
- « Que représente pour moi le frère de mon père ? »
Un programme pourrait être écrit pour répondre à chacune de ces deux questions, voire aux deux (le langage Prolog se prête très bien à la représentation des relations généalogiques[3]), mais la complexité du programme augmenterait au moins linéairement avec le nombre de questions possibles, et celui-ci ne pourrait donc prétendre à la généralité[4].
Encombrement mémoire
La version d'Eliza en SNOBOL utilisait 128 Ko de mémoire vive[5]. Cette taille était, en raison des coûts de la mémoire à cette époque, jugée importante en 1970.
Notes et références
(en) Cet article contient des extraits de la Free On-line Dictionary of Computing qui autorise l'utilisation de son contenu sous licence GFDL.
- Weizenbaum 1966.
- [PDF] « Certaines personnes souhaitent qu’on les fasse parler plutôt qu’on ne les comprenne réellement (plus une boutade qu’une hypothèse) »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- http://lipn.univ-paris13.fr/~pagani/TP_Prolog/tp1_2010%28Sol%29.pdf
- An Introduction to Language Processing with Perl and Prolog: An Outline of Theories, Implementation, and Application with Special Consideration of English, French, and German, Pierre Nuques, Springer
- Place mémoire nécessaire pour faire tourner ELIZA (version SNOBOL4)
Voir aussi
Bibliographie
- Joseph Weizenbaum, « ELIZA - A Computer Program for the Study of Natural Language Communication between Man and Machine », Communications of the ACM, vol. 9, no 1,‎ , p. 36–45 (DOI 10.1145/365153.365168).