Dynastie Keita
La dynastie Keita a régné sur le Mali pré-impérial et impérial du XIe siècle au début du XVIIe siècle[1]. C'était une dynastie musulmane, et ses dirigeants prétendaient descendre de Bilal Keita (également connu sous le nom de Bilal ibn Ribah).
Bilal Keita était un esclave affranchi qui a accepté l'Islam et est devenu l'un des sahabas du prophète Mahomet. Bilal Keita porte la distinction d'être le premier muezzin de l'Islam. D'après les récits mandingues/bambara inventés après leur conversion à l'islam et transmis par les djelis (chroniqueurs musulmans), Bilal eut sept fils, dont l'un s'installa en Manden (territoire traditionnel mandingue). Ce fils, Lawalo Keita, avait un fils nommé Latal Kalabi Keita, qui a plus tard engendré Damul Kalabi Keita. Il était courant dans la plupart des dynasties royales d'essayer de lier leurs origines à certaines personnalités divines ou religieuses et était commun à toutes les cultures et religions. Le fils de Damul Kalabi Keita était Lahilatoul Keita et le premier faama de la ville de Niani . C'est à travers Lahilatoul que le clan Keita devient une dynastie régnante, mais seulement sur la petite zone autour de Niani.
Il y aurait neuf faamas de Niani avant la fondation de l'empire du Mali. Son premier mansa serait Soundiata Keïta. C'est alors que Mari Jata est couronnée et que Keita devient un nom de clan. Quelques générations après lui, son petit-neveu, Mansa Musa Keita du Mali, a effectué un pèlerinage célébré à La Mecque qui a établi sa réputation d'homme le plus riche de son époque[2]. La dynastie à laquelle il appartenait resta une grande puissance en Afrique de l'Ouest de 1235 jusqu'à l'éclatement de l'empire du Mali vers 1610. Des rivaux au sein du clan ont fondé des royaumes plus petits au sein du Mali et de la Guinée contemporains comme leurs majestés le royal Soumah Almamy du royaume de Kolisokho en Guinée maritime, l'Almamy de Kolisokho signifie le roi de Kolisokho qu'ils ont régné jusqu'en 1958, ils sont également l'une des principales branches des cadets de la dynastie impériale Keita. Aujourd'hui, le patronyme Keita n'appartient qu'à une seule famille royale en Afrique. Parmi les membres de ces « dynasties filles » modernes, les défunts président Modibo Keita et Premier ministre Modibo Keïta et le musicien Salif Keita sont sans doute les plus célèbres.
Éligibilité au trône de Mansa de la dynastie Keïta du Mali
L'empire du Mali était une confédération constituée des États tributaires et des provinces. Les provinces étaient dirigées par des gouverneurs appelés Farins ou Farba, et il y avait un vizir, qui assumait les fonctions de premier ministre. L'empereur était secondé par un conseil des anciens (chefs militaires, civils et marabouts). Toutes les décisions politiques et administratives étaient prises en conseil.
Assemblée constitutive (selon l'illustration ci-dessus)
Il n'y avait pas de règles précisément écrites attestant du mode de transmission du pouvoir en raison de la prédominance de la tradition orale, mais certains exemples nous permettent de connaître les critères d'éligibilité au trône impérial du temps de la gouvernance des Mansa à savoir ;
- Appartenir à la Dynastie Keïta ;
. Tantôt en étant le frère du Mansa qui pouvait accéder au Trône.
. Tantôt le fils du souverain défunt qui succédait.
. Être un descendant Keïta immédiat en ligne féminine directe d'une princesse Keïta comme pour le cas du 5ème Mansa Abu Bakr Keïta, fils d'une des filles de Soundjata Keïta.
- Se faire élire pour ses capacités à régner après vote du conseil de la Barga (conseil des anciens).
Le point certain et le critère commun pour un prétendant au trône impérial, au vu de tous les modes de transmissions du pouvoir évoqués ci-dessus, serait de faire partie de la dynastie impériale par le sang, en lignée masculine ou féminine pour un descendant immédiat, et d'être adoubé par l'Assemblée constitutive (la Barga).
Ce mode de transmission diffère de celui traditionnellement retrouvé en Europe pour les dynasties royales ou impériales par primogéniture mâle, mais il trouverait son essence dans la succession traditionnelle observée au Mali avant l'islamisation générale de l'Empire. À certaines époques l'on pouvait constater que le régime de transmission pouvait changer comme sous le règne de Kankou Moussa où le système était passé matrilinéaire. Kankou Moussa signifie « Moussa, fils de Kankou Hamidou » en référence à sa mère, les Malinkés étant à cette époque une société matrilinéaire ; d'autres variantes de ce nom sont Kankou Moussa, Kanga Moussa et Kankan Moussa.
Le système impérial serait donc quasi calqué sur une monarchie élective comme pour le Saint Empire Romain Germanique, avec un grand conseil composé d'électeurs du clan Keita, de chefs de guerre, de vieux sages parmi les hautes sphères et de notables. L'adoubement était donné par le chef du conseil, en général un "haut chef Keïta" qui rendait la sentence. Cela était un parfait exemple de démocratie "médiévale" comme pour la rédaction de la première constitution pour la société avec la charte de Kurukan Fuga enregistrée au patrimoine de l'UNESCO en 2009. Mais ce système n'a pas toujours été respecté comme pour le cas du Mansa Sakoura, esclave affranchi puis général ayant effectué un coup d'état qui a régné pendant 10 ans et étendu le territoire de l'empire avant d'avoir été renversé par un descendant Keïta.
Les Différents clans des Keïta de nos jours
De nos jours subsiste encore les descendants de la Dynastie Keïta que l'on peut trouver dans différents pays de l'Afrique de l'Ouest (Cote d'ivoire, Guinée, Burkina Faso, Sénégal etc...A la chute du dernier Empereur connu aux alentours de 1610 Mahmud IV régnant dans la dernière capitale de l'Empire supposément situé à Niani, les Keïta se divisèrent en 4 clans avec à leurs têtes un chef reprenant le titre honorifique de Mansa, mais qui dans son fonctionnement réel n'était plus qu'un titre honorifique à la chute de l'Empire suite à l'émergence de l'Empire Songhaï. Il en résulte aujourd'hui comme chef traditionnel chargé de la gestion du fief d'origine. des Assemblée existe encore aujourd'hui composé de Keïta avec à leur tête un ancien qui est chargé de la gestion de son clan. Ces assemblée se réunissent ne général une fois par mois afin de traiter les différents problèmes de leur clan. Ces chefs comparables en leur qualité à des "Mansa" lèvent l'assemblée comme dans l'ancien temps "la Barga" afin de traiter de chaque problème au cas par cas. Le simple fait de porter le patronyme Keïta ne suffit pas à être de la lignée originelle Impériale des mansaren (Princes) qui se prévaut du "pouvoir du lion Djata". Les griots des Keïta "les Kouyaté" peuvent attester par la récitation des arbres généalogique l'appartenance ou non à cette lignée Royale originaire de Niani dans la province de Siguiri. Les descendants mâles sont des Princes héritiers et prétendants au cas ou le trône impériale serait encore éxistant. L'existence de Prince comparable à un "Prince du sang" est aussi une réalité comme pour le cas du 5eme Mansa du Mali Bata Mandé Bori qui fut le premier Empereur à régné en étant un Prince descendant immédiat directe en lignée féminine. Le statut donc de prétendant serait basé sur le droit du sang et sur le fait de porter le patronyme Keïta. Les Keïta Kandasi de Kangaba sont les protecteurs de la case sacrée le "Kamablon" mais sont en rivalités avec les Sinisi sur la lignée royale. Le clan des "Bandougousi" et le clan des "Kouroumakansi" serait les 2 autres clans existant après la chute de l'Empire.
Les ancêtres
Période de temps | Personne | Remarques |
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b. 580-d. 640 | Bilali Bounama | Ancêtre des Keitas, compagnon (sahaba) du prophète Mahomet |
Lawalo Keita | Fils de Bilali Bounama et Hala Bint Awf (sœur de 'Abd al-Rahman ibn 'Awf l' homme le plus riche de La Mecque). Quitte la Mecque et émigre à Manden (Mali). | |
Kalabi latéral | Fils de Lawalo Keita | |
Damoul Kalabi | Fils de Latal Kalabi |
Liste des faamas royaux du Manden (capitale — Kangaba)
Mandat | Titulaire | Remarques |
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Lahilatoul Kalabi | Fils de Damul Kalabi. Premier prince d'Afrique subsaharienne à accomplir un hajj ; volé dans le désert, revenu après 7 ans. | |
Kalabi Bomba | Fils de Lahilatoul Kalabi | |
Kalabi Dauman | Fils cadet de Lahilatoul Kalabi. Fortune privilégiée, ancêtre des commerçants. | |
c. 1050 | Mamadi Kani | Fils de Kalabi Bomba. Le roi chasseur, inventeur du sifflet du chasseur, communiquait avec le djinn de la brousse, aimé de Kondolon Ni Sané. |
Sané Kani Simbon, Kamignogo Simbon, Kabala Simbon et Bamari Tagnogokelin Simbon ensemble | Les quatre fils de Mamadi Kani. | |
Bamari Tagnogokelin | ||
1175—? | M'Bali Néné | Fils de Bamari Tagnogokelin |
Bello | Fils de Bamari Tagnogokelin |
Liste des faamas royaux du Manden (capitale — Dodugu)
Mandat | Titulaire | Remarques |
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?—1200s | Bello Bakon | Fils de Bello |
1200s-1218 | Maghan Kon Fatta | Fils de Bello Bakon |
1218—vers 1230 | Dankaran Touman | Fils de Maghan Kon Fatta. Niani conquis par l' Empire Sosso sous le roi Soumaoro Kanté. |
Liste des mansas impériaux du Mali (capitale — Niani)
Règne | Titulaire | Remarques |
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1235-1255 | Mari Djata I | Fils de Manghan Kon Fatta, ancêtre du clan Bani Djata. |
1255—1270 | Uli Keïta I Ibn Djata | Fils de Mari Djata I, ancêtre du clan Bani Djata. |
1270-1274 | Wati Keïta | |
1274-1275 | Khalifa Keïta | |
1275-1285 | Abubakari Keita I | |
1285-1300 | Sakura | Usurpateur |
1300—1305 | Gao Keïta | |
1305-1312 | Mohammed ibn Gao Keïta | |
1312-1337 | Mansa Musa Keita I | |
1337-1341 | Maghan Keita I | |
1341-1360 | Souleyman Keïta | |
1360 | Camba Keïta | |
1360-1374 | Mari Djata Keïta II | |
1374-1387 | Musa Keïta II | |
1387-1389 | Maghan Keïta II | |
1389-1390 | Sandaki | Usurpateur |
1390—1404 | Maghan Keïta III
(également connu sous le nom de Mahmud Keita I) |
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1404-c. 1440 | Musa Keïta III | |
vers 1460-1480/1481 | Uli Keïta II | |
1480/1481—1496 | Mahmud Keïta II
(également connu sous le nom de Mamadou Keita) |
|
1496-1559 | Mahmud Keïta III | |
1559—c.1590 | Mansa ou poste vacant inconnu | |
c.1590—c.1610 | Mahmud Keïta IV | L'empire s'effondre après la mort de Mahmud Keita IV. |
Liste des mansas post-impériaux du Mali (capitale — Kangaba)
Règne | Titulaire | Remarques |
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c.1610—c.1660 | Nombre inconnu de mansas | |
c.1660—c.1670 | Maman Maghan | La capitale s'est déplacée de Niani à Kangaba après une attaque bâclée contre Ségou . |
Voir également
- Empire du Mali
- Faama
- Mansa
- Modibo Keïta
- Salif Keïta
- Liste des dynasties musulmanes sunnites (en)
Lectures complémentaires
- (en) Ibn Khaldun, The Muqaddimah (K. Ta'rikh - "History"), vol. 1, London, Routledge & Kegan Paul Ltd., (OCLC 956182402), p. 264–268 (on the Kings of Mali)
- (en) Ibn Battuta, Ibn Battuta in Black Africa, Princeton, Markus Wiener, , 45-46 p. (OCLC 1073731577)
Références
- (en) Pascal James Imperato et Gavin H. Imperato, Historical Dictionary of Mali, Scarecrow Press, (ISBN 978-0-8108-6402-3, lire en ligne)
- William Desborough Cooley, The Negroland of the Arabs Examined and Explained: Or, An Inquiry Into the Early History and Geography of Central Africa, London, J. Arrowsmith, , 63–64 (lire en ligne)
Sources
- William Desborough Cooley, The Negroland of the Arabs Examined and Explained, London, Routledge, (ISBN 0-7146-1799-7), p. 143 Pages
- Stewart, John, African States and Rulers: An Encyclopedia of Native, Colonial, and Independent States and Rulers Past and Present, Jefferson, McFarland & Company, (ISBN 0-89950-390-X, lire en ligne), 395 Pages