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Ducky Boys

Les Ducky Boys formaient une bande parisienne violente, fondée par João Cordeiro[1] (dit Rocky) en 1983[2]. Transformant la porte Lescot du Forum des Halles en quartier général, les Ducky Boys ont été des « chasseurs de boneheads » qui s'affirmaient à cette époque nationalistes ou explicitement néonazis. De nombreux affrontements les ont opposés à différentes bandes de skinheads d'extrême-droite, notamment les « Tolbiac Toads », mais également le « Nazi Klan », fondé et mené par Serge Ayoub alias Batskin, puis aux Jeunesses nationalistes révolutionnaires, groupuscule néonazi violent dirigé par ce même Batskin.

Pour l'occasion, ils se ralliaient à d'autres groupes de « chasseurs », notamment les Red Warriors ou encore les « Docker Boys », voire à des gangs dits « zoulous » venus leur prêter main-forte, comme les « Black Dragons »[3].

L'entrée dans la bande consistait surtout, outre le fait d'avoir le profil de « sympathie » requis, à passer une épreuve de « baston » contre une personne désignée par la bande, si besoin avec l'aide des autres membres. Dans un reportage intitulé The Black Dragon Gang un ancien membre du gang (Jean-Yves alias « Shadow ») dit même que pour entrer dans la bande les Ducky Boys devaient revenir avec un doigt ou une oreille d'un bonehead[4].

Membres

La composition de la bande était multi-ethnique avec des membres aux origines variées. João « Rocky » Cordeiro (le principal meneur) était d'origine portugaise, Mésir était algérien, Ranx était un juif d'Europe de l'Est et Kim (aussi connu sous le nom d'OGK, du label Southcide 13) était d'origine asiatique.

Le fondateur du groupe, João Cordeiro, dit « Rocky », est né en 1966[5] au Portugal et vient en France avec ses parents. Il ne doit pas être confondu avec Didier François, ancien militant de la LCR et membre fondateur de SOS Racisme, également surnommé Rocky. Le risque de confusion est d'autant plus grand que certains chasseurs de Boneheads avaient été engagés comme colleurs d'affiches par l'organisation d'Harlem Désir et de Julien Dray (Cf. Julien Terzics: « On était présenté par les militants comme susceptibles de coller la nuit pour SOS Racisme »)[6].

L'effectif des Ducky Boys a varié d'une quinzaine de membres à une quarantaine, dont une trentaine vraiment actifs.

Actions

Leur action principale était de s'opposer violemment aux manifestations et les agressions des skinheads d'extrême-droite.

En particulier, ils ont sillonné le quartier des halles afin de débusquer et passer à tabac tout individu jugé d'extrême-droite[7].

Bien que fréquentant principalement le quartier parisien des Halles, la bande se déplaçait souvent dans d'autres quartiers au gré des circonstances et des occasions.

Rocky s'est longuement opposé au tournant ethnique de certaines bandes présentes au Forum des Halles à la fin des années 1980.

Ils firent d'ailleurs des découvertes étonnantes comme la rencontre avec des skinheads noirs qui se réclamaient des idéaux nationalistes, dont l'un d'eux : Yves Codjovi, un skinhead d'origine africaine et vivant à Tours, était surnommé « Black Nazi »[8].

Ils ont été particulièrement médiatisés dans les années 1980. Plusieurs journaux et de nombreux reportages télévisés leurs furent consacrés.

Culture DB

Les goûts musicaux des Ducky Boys sont divers. Ils vont de la musique des années 1950, au psychobilly en passant par le rap militant des Public Enemy. Mais Rocky avait une préférence pour le Rock & Roll classique, en particulier le titre Johnny B. Goode de Chuck Berry. Ils avaient un blaster, un radio-cassette immense qu'ils transportaient avec eux et dont ils se servaient à la moindre occasion.

Sur le plan vestimentaire, leur apparence évoluera au cours du temps passant du look 50 inspiré par les Black Panthers, autre bande parisienne très active de 1978 à 1984, à une apparence plus marquée par le style des Redskins ou carrément des skins eux-mêmes. Du fait du « dépouillage » occasionnel de certains militants d'extrême-droite, ils récupérèrent et adoptèrent le même style vestimentaire, Doc Martens, paraboots, pantalon ajusté, treillis, bombers, etc.

Ce qui conduisit à certaines confusions des témoins de scènes de violence, croyant assister à des affrontements entre skinheads néonazis (les skinheads étant souvent apparentés à l'extrême-droite). Seul le bomber typique des Ducky Boys permettait de faire la différence vestimentaire lors de ces rixes.

Leur insigne est une croix celtique amputée d'une de ses branches pour signifier DB[9]. Leurs bombers arboraient également un écusson représentant un canard (dessiné à la façon de Donald Duck) tenant une batte de baseball de la main droite et arborant un sourire.

Fin

La presse de l'époque a consacré beaucoup d'articles aux faits de cette bande, au point de susciter un débat à l'Assemblée nationale par Alain Juppé, député de Paris à ce moment-là.

Les Ducky Boys disparaissent au début des années 1990. Rocky est retourné vivre dans sa ville natale (Mirandela), située dans la région de Tras-os-Montes au Portugal et n'est jamais revenu en France depuis[10].

Bibliographie et sources

  • (en) Aude Konan, Black Dragons : The Black Punk Gang Who Fought Racism & Skinheads in 1980s France, OkayAfrica, , [lire en ligne].
  • Jelena Prtoric, Les skinheads, anatomie d'un mouvement, Franceinfo, , [lire en ligne].

Notes et références

  1. .
  2. Yann Morvan, Gang, éd. Marval, septembre 2000, p. 148.
  3. Patrick Louis et Laurent Prinaz, Skinheads, Taggers, Zulus & Co, Table ronde, octobre 1990, page 102.
  4. https://www.youtube.com/watch?v=F97o-2cbvjk
  5. .
  6. https://www.youtube.com/watch?v=OSCnOTjavOk
  7. « ANTIFA"Chasseurs de Skins"/RF/OfficialHD » (consulté le )
  8. Article de J.M Barbieux dans le journal Globe.
  9. Pralf Marsault et Heino Muller, Fin de siècle, 25/34 Photographes éditions, 1990, page 74.
  10. Propos recueillis auprès de Mesir (Akim), bras droit de Rocky.
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