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Dromologie

La dromologie est l’étude du rĂ´le jouĂ© par la vitesse dans les sociĂ©tĂ©s modernes. Ce nĂ©ologisme, crĂ©Ă© par l’urbaniste et philosophe, Paul Virilio, vient du grec dromos (« course Â») et logos (« science Â»)[1].

Pour l'inventeur du concept, la philosophie a longtemps ignoré la vitesse, considérant que le temps, c’était la durée. Le terme ne commence à avoir du sens qu'avec la révolution des transports au XIXe siècle et se poursuit avec les technologies de la communication au XXe siècle. L’invention de la théorie de la relativité posera la vitesse comme un ultime absolu.

Écologie du temps

Accélération

Pour Paul Virilio, la rĂ©volution industrielle est aussi une rĂ©volution dromocratique, car la vitesse qu’elle a fabriquĂ©e a considĂ©rablement modifiĂ© l’espace et le temps dans nos pratiques. Au XVIIIe siècle les dĂ©placements d’un lieu Ă  l’autre, Ă  cheval ou en bateau, Ă©taient composĂ©s de trois phases : le dĂ©part, le voyage, l’arrivĂ©e. La phase voyage Ă©tait un moment de dĂ©couverte. Puis avec la gĂ©nĂ©ralisation de transports de plus en plus rapides, le dĂ©placement ne se pense plus qu’en termes de dĂ©part et d’arrivĂ©e[2]. Le voyage en lui-mĂŞme n’est plus un moment de dĂ©couverte, mais un temps qu’il faut occuper pour Ă©courter la sensation de durĂ©e. Au XXe siècle avec l’apparition des nouvelles technologies et des transmissions Ă  grande vitesse, il n’est mĂŞme plus question de dĂ©part ou de voyage. Les donnĂ©es nous arrivent sans avoir vraiment voyagĂ©. Nous n’habitons alors plus la gĂ©ographie mais un temps devenu  mondial. Nous vivons dĂ©sormais dans l’instantanĂ©isme, qui consacre l’épuisement du temps par la vitesse.

L’auteur constate que la vitesse est toujours considĂ©rĂ©e comme un progrès. Il nous rappelle qu’aucune machine, inventĂ©e au cours de l’histoire, n’a Ă©tĂ© une machine pour ralentir. Il n’y a qu’en chimie que l’on trouve des freins (par exemple des molĂ©cules qui freinent la progression des maladies). Ceci a des consĂ©quences importantes sur lesquelles il faut s’interroger, d’oĂą l’utilitĂ© de la dromologie. Par exemple, dans le domaine militaire, l’utilisation de technologies de plus en plus rapides conduit, selon l’auteur, Ă  une dĂ©mission humaine au profit de la technologie[3]. L’espace-temps des guerres est l’espace-temps des armes or les armes actuelles, contrairement aux flèches et aux canons, vont plus vite que la vitesse de dĂ©cision des hommes[4]. Les cracks boursiers sont eux aussi symptomatiques des consĂ©quences de la vitesse exponentielle des transactions traitĂ©es par des algorithmes (transactions Ă  haute frĂ©quence).

Ralentissement

Dans les annĂ©es 1980 se sont dĂ©veloppĂ©s divers mouvements « slow Â» qui se proposent de ralentir le rythme de vie : slow food, slow cities (ville durable), slow travels, slow money, slow made, slow science, etc. Toutes ces initiatives portent une rĂ©flexion sur la distinction entre temps prĂ©sent et temps long et la nĂ©cessitĂ© de ralentir les processus afin de se les rĂ©approprier[5].

Notes et références

  1. Virilio 1977.
  2. Hortense Soichet, « Train d’images. La vitesse comme nouveau paradigme dans la création visuelle », Revue d'histoire des chemins de fer, nos 42-43,‎ , p. 11 (ISSN 0996-9403, lire en ligne)
  3. Remy Paindavoine, « Vitesse et disparition : la dromologie de Paul Virilio », Revue Études,‎ , p. 619 (lire en ligne)
  4. « Dromologie : logique de la course », sur multitudes.net (consulté le )
  5. Pierre Sansot, Du bon usage de la lenteur, Paris, Rivages, , 224 p. (ISBN 2-7436-0678-9)

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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