Droit de l'Empire ottoman
Le droit de lâEmpire Ottoman a dâabord Ă©tĂ© la charia, mais Ă la fin du XIXe siĂšcle, les rĂ©formes appelĂ©es Tanzimat ont tempĂ©rĂ© celle-ci, rĂ©duisant les inĂ©galitĂ©s du systĂšme des millets et amĂ©liorant le statut de dhimmi donnant aux non-musulmans un statut personnel qui ne leur impose plus une certaine vision du droit musulman. Ce dernier Ă©tait interprĂ©tĂ©, mĂȘme avant les rĂ©formes, surtout selon lâĂ©cole hanafite, relativement modĂ©rĂ©e, et câest pourquoi les rĂ©formes furent assez bien acceptĂ©es.
Les efforts de modernisation du systĂšme juridique sâincarnĂšrent dans la rĂ©daction de la MedjellĂ© entre 1869 et 1876 par une commission prĂ©sidĂ©e par Ahmet Cevdet Pasha (en) ainsi que dans la proclamation de la Constitution ottomane de 1876 Ă©tablissant une monarchie constitutionnelle. Le Code de la famille nâest proclamĂ© quâen 1917, un an avant la dĂ©faite de lâEmpire dans la PremiĂšre Guerre mondiale.
Organisation administrative
Dans lâorganisation administrative ottomane, la caza Ă©tait une unitĂ© administrative de troisiĂšme niveau : elle constituait une subdivision des sandjak et regroupait, en gĂ©nĂ©ral, une ville et les villages environnants. La caza Ă©tait soumise Ă la juridiction dâun juge musulman sunnite : le cadi, siĂ©geant dans un tribunal (Makheme) et gouvernĂ©e par un kaymakam. La RĂ©publique Turque conserva le terme mais le remplaça, en 1924, par celui dâilçe.
Le systÚme des dhimmi et le régime des religions
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Au XVe siĂšcle, le sultan Mehmed II est le premier Ă transgresser la charia en accordant la libertĂ© de religion et surtout lâĂ©galitĂ© de tous pour lâaccĂšs aux charges publiques[1]. Ce privilĂšge sera confirmĂ© par voie rĂ©glementaire par le Hatti hamayouni du , sâinsĂ©rant dans le processus du Tanzimat. Le mĂȘme rĂšglement confie au MedjellĂ© la tĂąche de rĂ©diger les questions de statut personnel, le reste du droit civil et commercial Ă©tant modernisĂ© selon les normes europĂ©ennes[1].
Le Hatti hamayouni du proclame la libertĂ© de religion ainsi que lâĂ©galitĂ© des chances pour les sujets de tous les millets (groupes confessionnels) pour accĂ©der aux charges publiques. Des droits de juridiction Ă©gaux Ă ceux des musulmans sont accordĂ©s aux non-musulmans pour ce qui relĂšve du statut personnel[1] Les juifs et les chrĂ©tiens orthodoxes, qui ont le statut de dhimmis, possĂ©daient leurs propres tribunaux pour les affaires intĂ©rieures Ă leurs communautĂ©s.
Ces minoritĂ©s (localement majoritaires dans les Balkans, sur le pourtour de la mer ĂgĂ©e et en Anatolie orientale) payent un impĂŽt de capitation (la djizĂźa) supĂ©rieur Ă la dĂźme versĂ©e par les musulmans, mais ne subissent plus, comme auparavant, la double-capitation, ni la pĂ©domazoma (enlĂšvement des enfants pour les janissaires). En revanche, ils doivent dĂ©sormais le service militaire[2].
LâĂ©galitĂ© complĂšte est finalement inscrite dans la constitution ottomane du , mais celle-ci est suspendue dĂšs lâannĂ©e suivante, en raison de la guerre russo-turque de 1877-1878 et des critiques virulentes dont le sultan fut lâobjet de la part des religieux musulmans et des conservateurs. La Constitution est entrĂ©e de nouveau en vigueur, grĂące Ă la rĂ©volution jeune-turque, le , et fut remplacĂ©e par la Constitution de 1921, Ă©laborĂ©e par le nouveau gouvernement dâAnkara[3].
Références
- Najjar Ibrahim (1979), « Formation et évolution des droits successoraux au Proche-Orient (Aperçu introductif) », Revue internationale de droit comparé. Vol. 31 N°4, Octobre-décembre 1979. pp. 805-815. doi : 10.3406/ridc.1979.3500
- Frosa Pejoska-Bouchereau, « Le janissariat ou Au nom de lâEmpire, au nom de la Nation, au nom du Parti, au nom de la Race ! », Cahiers balkaniques, nos 36-37,â , p. 137â179 (ISSN 0290-7402, DOI 10.4000/ceb.1499, lire en ligne, consultĂ© le )
- Georges Daniel, Chroniques de l'histoire: AtatĂŒrk, Ă©ditions Chronique, p.14 et suiv.
Bibliographie
- George Young (1872-1952), Corps de droit ottoman : Recueil des codes, lois, rÚglements, ordonnances et actes les plus importants du droit intérieur, et d'études sur le droit coutumier de l'Empire ottoman, Clarendon Press, 1905-1906, 7 volumes (BNF 31676517, lire en ligne).
Voir aussi
- Droit turc
- Droit en Ăgypte
- Firman (décret royal)