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Domaine de Mare à Citrons

Le domaine de Mare à Citrons est un grand domaine de l'île de La Réunion, département d'outre-mer français dans le sud-ouest de l'océan Indien. Comme son nom l'indique, il est situé à Mare à Citrons, un îlet des Hauts situé dans le cirque naturel de Salazie et la commune française du même nom.

Domaine de Mare à Citrons
Vue du domaine de Mare à Citrons avec la mare au premier plan.
Présentation
Destination initiale
Patrimonialité
Localisation
Pays
Région
Commune
Coordonnées
21° 01′ 52″ S, 55° 31′ 38″ E
Localisation sur la carte de La Réunion
voir sur la carte de La Réunion

La mare pérenne d'environ quatorze ares qui s'y trouve donna son nom à l'habitation puis au lien dit puis au hameau voisin.

Il est inscrit à l'inventaire des Monuments historiques depuis 1996[1] - [2].

Historique

Premier lieu d'occupation permanente du cirque.

Sous l'Ancien Régime, il était interdit de délivrer des concessions à l'intérieur des cirques : la colonisation de ceux-ci débuta à Salazie comme à Cilaos en 1810 à la suite de l'occupation de l'île par l'Angleterre.

Un certain LOUVET s'installa alors avec deux esclaves à Mare à Poule d'eau. Il y fut rejoint par d'autres colons. Malheureusement le cyclone du détruisit totalement cette première implantation et les colons découragés quittèrent le cirque "de l'Est".

L'un d'entre eux, Théodore CAZEAU, remonta cependant rapidement avec sa famille mais préféra se fixer à Mare à Citrons.

Cette seconde tentative de colonisation fut la bonne et l'occupation du cirque fut depuis permanente[3].


Théodore CAZEAU et ses citrouilles.

A peine Théodore CAZEAU eut-il eu le temps de construire sa case de branchages pour abriter sa famille et commencé ses plantation qu'une avalasse tenace de quarante-trois jours coupa toute communication avec St André, distant de six lieues et dont le seul passage, au fond de le gorge crée par la rivière du Mât, ne pouvait se faire que par beau temps car nécessitant de traverser vingt-sept fois de lit de la dite rivière.

Heureusement, Théodore CAZEAU avait dans son défriché un champ de citrouilles. Toute la famille se nourrit donc de citrouilles bouillies, jusqu’au moment où les communications rétablies lui permirent d’avoir du riz[4].


Edouard PERRICHON et le ver à soie.

Le gouverneur DUVAL D'AILLY par arrêté du Ier accorda pour neuf ans une concession provisoire aux premiers occupants du cirque.

Le décret colonial du gouverneur DE HELL du donna en pleine propriété trente-six emplacements aux concessionnaires primitifs cités nominalement.

Mais la situation était confuse, certains concessionnaires étaient décédés et leur bien partagés officieusement entre leurs héritiers, d'autres en avaient vendu la totalité ou une partie, etc. Il fut donc décidé de créer des lots de même valeur et de les attribuer par tirage au sort au prorata des droits des uns et des autres.

Edouard PERRICHON de Ste Marie et Adrien PIGNOLET, "pour une part entre les deux", devinrent propriétaires de l'emplacement de Mare à Citrons.


On avait découvert en 1830 que le climat de La Réunion convenait parfaitement à l'élevage du ver à soie : le murier y fait en dix-huit mois les mêmes progrès qu'en cinq ans en Europe. En 1833 des plantations furent lancées du côté de St Denis mais très vite des hectares de muriers furent plantés dans le cirque de Salazie (nom officiellement reconnu en 1835) et plusieurs magnaneries furent construites tant à Grand Ilet qu'à Mare à Citrons.

En effet, sur son habitation d'environ vingt-quatre hectares, Edouard PERRICHON édifia une magnanerie de 400 m2 de claies dont perfectionnements en firent un modèle pour toute l'île. et sa filature comptait douze métiers mus à l'énergie hydraulique au moyen d'un barrage en maçonnerie édifié sur le cours de la rivière Grosses Roches dont les ruines sont toujours visibles.

Son établissement est détaillé dans un article du Journal Colonial dont des extraits furent repris par les Annales de la Société de Sériciculture en 1841.

Malgré les aléas climatiques, la production réunionnaise d'une soie de très bonne qualité fut assez importante jusqu'à ce que la conquête de l'Indochine la fasse disparaitre.

Le chemin qui longe le domaine porte toujours le nom de "chemin de La Filature" et entre les muriers ne sont pas rares entre Salazie village et Mare à Vieille Place.


René Peel PAYET, propriétaire de 1934 à 1982.

René Peel PAYET, fils de Louis François Riverain dit "Yvrin", alors à la fois usinier car Directeur de l'usine de Quartier-Français dont il s'occupait depuis huit ans et planteur puisque Président de la Société Coopérative de Quartier-Français, acquit la propriété dans le but, dit-on, d'en faire un lieu de changement d'air pour ses ouvriers.

Il eut le temps de réaliser d'importants travaux qui donnèrent à la maison de maître du domaine son aspect actuel avant que la Seconde Guerre mondiale n'éclate mais du fait du blocus et de la pénurie de matériaux qui s'ensuivit ne put aller plus loin.

Le domaine servit donc essentiellement et pendant longtemps de résidence familiale et de lieu de production vivière destiné à l'autosubsistance (en dehors des terres données en colonat).

Par des achats successifs, René Peel PAYET agrandit progressivement son domaine qui atteignit vers 1950 soixante-dix hectares.

Quand il prit sa retraite de Directeur d'usine, en 1955, il se consacra entièrement à l'exploitation de son domaine dont il doubla la superficie par l'acquisition du domaine voisin de "Montchauff" ; c'est alors qu'il lança la culture industrielle de la canne à sucre dans le cirque.

Cette production ne survécut pas à son décès survenu le après une dernière et courte maladie.

A noter que sa chère usine du Quartier-Français, haut-lieu de la lutte entre usiniers dans l'immédiat après-guerre s'arrêta de brasse des cannes l'année suivante.

Références

  1. (fr) Notice no PA97400011, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. (fr) « Liste des monuments historiques de La Réunion », Direction régionale des affaires culturelles de La Réunion, .
  3. William SPINEL, "Mare à Citrons, Domaine des Hauts, au temps de René Peel PAYET (1950-1955), Mémoire de maîtrise d'Ethnologie, Université de La Réunion, 1996.
  4. Charles LEAL, "Voyage à La Réunion", 1878.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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