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Dolmen du Pech de Grammont

Le dolmen du Pech de Grammont est un dolmen situé sur la commune de Gramat, dans le département du Lot.

Dolmen du Pech de Grammont
Image illustrative de l’article Dolmen du Pech de Grammont
Vue générale de l'édifice
Présentation
Type Dolmen
PĂ©riode NĂ©olithique
Fouille 1968-1969
Protection Logo monument historique Inscrit MH (2012)
Caractéristiques
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 44° 46′ 43″ nord, 1° 39′ 59″ est
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Occitanie
DĂ©partement Lot
Commune Gramat
GĂ©olocalisation sur la carte : Lot
(Voir situation sur carte : Lot)
Dolmen du Pech de Grammont
GĂ©olocalisation sur la carte : Occitanie
(Voir situation sur carte : Occitanie)
Dolmen du Pech de Grammont
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Dolmen du Pech de Grammont

Historique

Jacques-Antoine Delpon avait déjà noté[1] son architecture originale, celle-là même qui a conduit Jean Clottes, après la campagne de fouille qu'il y a mené en 1968-1969 avec Michel Carrière à définir le concept de « dolmen double », dont le monument du Pech de Grammont constitue l'archétype. Outre sa structure interne, cet édifice se singularise aussi par l'existence, dans le plus grand des deux dolmens, d'un petit coffre intérieur et d'une dalle-hublot, « deux particularités architecturales [...] jusqu'à présent uniques en Quercy »[2].

Le dolmen est inscrit au titre des monuments historiques depuis 2012[3].

Description

Le dolmen a été édifié sur une crête qui domine une profonde doline et la vallée de l'Alzou.

Le tumulus

Le tumulus est de forme ovale (19 m sur 16 m). ConstituĂ© de blocs de pierre entassĂ©s sans ordre apparent, il contenait une grande quantitĂ© de terre, ce qui a permis le dĂ©veloppement de la vĂ©gĂ©tation, qui a contribuĂ© Ă  dĂ©structurer l'architecture de l'Ă©difice. Le tumulus renferme deux constructions distinctes Ă©difiĂ©es dans le prolongement l'une de l'autre : un petit dolmen, situĂ© pratiquement au centre du tumulus, et un dolmen plus grand dans sa partie est.

La fouille a rĂ©vĂ©lĂ© que chacun des deux dolmens Ă©tait entourĂ© d'une murette en pierres sèches, de forme arrondie pour le petit dolmen et de forme rectangulaire pour le plus grand. Dans le premier cas, la murette fait un tour complet de l'Ă©difice avec un petit colimaçon devant l’entrĂ©e de la chambre, qu'elle encercle Ă  environ m de distance. Elle est constituĂ©e de 7 Ă  8 rangĂ©es de dallettes plates empilĂ©es sur une hauteur d'environ 0,65 m, elles-mĂŞmes recouvertes d'« une chape de pierraille de 0,10 m Ă  0,15 m d'Ă©paisseur, constituĂ©e par la partie superficielle du tumulus »[2]. Par endroits, la murette a Ă©tĂ© confortĂ©e par des blocs plus gros entassĂ©s en appui sans ordre particulier. Dans le second cas, la murette a Ă©tĂ© en partie dĂ©truite par les racines de la vĂ©gĂ©tation qui a envahi le tumulus, mais les parties intactes indiquent un mode de construction similaire Ă  la première enceinte mais sur une moindre hauteur (0,55 m). « Ces murettes ont vraisemblablement servi Ă  Ă©tayer le tumulus lors de la pose de la table, après que les supports eussent Ă©tĂ© prĂ©alablement dressĂ©s »[2].

Une dalle intermĂ©diaire (1,20 m de long pour 1,50 m de haut et 0,15 m d'Ă©paisseur) est placĂ©e entre les deux Ă©difices. Cette dalle ayant Ă©tĂ© volontairement enfoncĂ©e dans le sol du causse exclut la possibilitĂ© qu'il s'agisse d'une dalle dĂ©placĂ©e lors d'un remaniement postĂ©rieur.

Petit dolmen

C'est un dolmen simple avec une chambre rectangulaire orientée à l'Est (azimut 110°). Les deux orthostates et la dalle de chevet sont inclinés vers l'intérieur de la chambre. A leur base, les dalles latérales sont toutes deux calées dans une rigole creusée dans la roche. En raison de leur différence de hauteur, la dalle de gauche a été plus profondément enfoncée dans le sol que celle de droite, afin que la table de couverture, en très bon état et toujours en place, soit parfaitement horizontale.

Petit dolmen Ă  l'ouest
DalleLongueurÉpaisseurLargeur
Table1,70 m0,25 m1,90 m
Orthostate gauche1,90 m0,25 m1,30 m
Orthostate droit1,70 m0,17 mm
Chevet0,65 m0,15 m1,20 m
Données : Inventaire des mégalithes de la France, 5-Lot[4]

L'ensemble dĂ©limite une petite chambre sĂ©pulcrale de 1,60 m de long pour m de large et m de haut. Le sol de la chambre n'a Ă©tĂ© ni creusĂ©, ni dallĂ©. Les dallettes du calcaire sous-jacent recouvertes d'une lĂ©gère couche d'argile font office de sol ; celui-ci est lĂ©gèrement en pente selon une orientation nord-sud.

Grand dolmen

L'orthostate de gauche, qui originellement Ă©tait dans l'axe de son homologue du petit dolmen s'est brisĂ©e en plusieurs morceaux et affaissĂ©e vers l'intĂ©rieur de la chambre. L'orthostate de droite est demeurĂ©e bien droite, peut-ĂŞtre parce qu'elle est profondĂ©ment enfoncĂ©e dans le sol (0,45 m). Les deux gros fragments de dalle rejetĂ©s de part et d'autre de la chambre correspondent probablement Ă  la table d'origine qui aurait Ă©tĂ© brisĂ©e pour piller le caveau.

L'ensemble dĂ©limite une large chambre sĂ©pulcrale de 2,80 m de long pour m de large et 1,35 m de haut, orientĂ©e selon l'azimut 110°. Le sol de la chambre, quasiment horizontal n'a Ă©tĂ© ni creusĂ©, ni dallĂ©. L'Ă©difice a conservĂ© sa dalle de fermeture mais aucune dalle de chevet n'a Ă©tĂ© retrouvĂ©e, peut-ĂŞtre n'y en a-t-il jamais eu.

Grand dolmen Ă  l'est
DalleLongueurÉpaisseurLargeur
Table (brisĂ©e en 2)3,50 m0,50 m
Orthostate droit2,90 m0,30 m1,70 m
Orthostate gauche2,80 m0,27 m1,70 m
Dalle de fermeture0,70 m0,12 m1,50 m
Dalle hublot1,30 m0,12 mm
Données : Inventaire des mégalithes de la France, 5-Lot[4]

Un tout petit coffre (environ 0,80 m de long X 0,40 m de largeur maximum et 0,40 m de profondeur) a Ă©tĂ© dĂ©couvert Ă  l'intĂ©rieur de la chambre, enterrĂ© dans le sol mĂŞme de la chambre (par Ă©largissement de la rigole oĂą se trouve le support droit). « Ce type de caisson n'a jamais Ă©tĂ© signalĂ© dans le Lot [...] D'après ses dimensions, il aurait pu contenir un crâne humain ou un vase, mais ce ne sont que des hypothèses »[2].

La dalle de fermeture de forme ovale Ă©tait doublĂ©e vers l'extĂ©rieur d'une dalle-hublot très originale. « La dalle-hublot, perpendiculaire au support droit, avait Ă©tĂ© placĂ©e de telle sorte que le hublot ne soit pas masquĂ© par la dalle d'entrĂ©e qui, actuellement, le cache en partie, depuis qu'elle a basculĂ© vers l'intĂ©rieur de la chambre »[2]. La confection de ce hublot a fait l'objet d'un travail soignĂ© : l'ouverture est pratiquement ronde (0,38 m Ă  0,40 m de diamètre) et le bord intĂ©rieur a Ă©tĂ© poli sur tout le pourtour. La partie supĂ©rieure du hublot a malheureusement Ă©tĂ© brisĂ©e. « C'est la première dalle-hublot signalĂ©e sur les Causses »[2], les dalles-hublot Ă©tant « relativement rares dans le Sud de la France »[2] alors qu'elles sont frĂ©quentes sur les Ă©difices du Bassin parisien. Son installation est postĂ©rieure Ă  l'achèvement du dolmen : elle doublonne partiellement la dalle de fermeture et, contrairement aux autres dalles du monument, elle n'est pas plantĂ©e mais posĂ©e Ă  la surface du sol avec un calage rudimentaire.

Vestiges osseux et mobilier funéraire

Les chambres sépulcrales avaient été précédemment fouillées, notamment par Jacques-Antoine Delpon lui-même, dont les découvertes ont depuis été perdues.

La quasi-totalité des vestiges osseux humains retrouvés étaient brisés (réduits à l'état d'esquilles), dispersés, et peu d'entre eux avaient conservé une connexion anatomique hormis 5 vertèbres encore reliées à des fragments de côte dans le petit dolmen et un couple astragale/calcaneum dans le plus grand. Le décompte des dents et des astragales retrouvées dans les deux chambres et entre les deux dolmens a permis d'estimer qu'il y avait eu au minimum 9 à 10 individus inhumés dans le petit dolmen et de 22 à 25 dans le plus grand. Les vestiges osseux d'origine animale étaient peu nombreux (dents de mouton, de renard, lapin et lièvre) mais il n'est pas possible de déterminer si leur présence témoigne de restes d'offrandes pour les défunts ou de restes de charognes transportés par des animaux fouisseurs.

Le mobilier funéraire des deux édifices différait très sensiblement. La petite chambre renfermait 25 perles annulaires en calcite, un petit vase à fond plat sans décor et deux gros tessons de poterie dans le style de la culture des champs d'urnes. La grande chambre comportait de très nombreuses perles et un mobilier lithique assez important : 605 perles annulaires en test de coquillage, « véritables objets de série »[2], deux petites perles annulaires en calcite du même type que celles de la petite chambre et divers fragments de perles, une incisive de renard percée, une pointe de flèche foliacée en silex bleuté finement travaillée, deux pointes de flèches tranchantes en silex blond, une lamelle et six éclats, ainsi que des tessons de poterie du style Champs d'urnes ou sans caractère distinct.

L'entrée de la grande chambre, côté extérieur, a livré un véritable dépôt constitué de 83 perles en test de coquillage (dont 79 d'un style différent de celles déjà mentionnées), de 29 coquilles marines de columbelles d'origine méditerranéenne et de 51 boutons prismatiques en "V" appartenant à deux séries distinctes. Un autre dépôt, constitué uniquement de tessons de poterie « appartenant à deux vases »[2], a aussi été découvert pratiquement en face de l'ouverture de la dalle-hublot. Ce deuxième dépôt « rappelle de façon frappante les observations faites par l'un de nous au dolmen du Rat [...] nous pouvons maintenant conclure à un rite véritable et non à un phénomène isolé »[2].

Interprétation

Selon le préhistorien français Jean Clottes, il y a donc eu construction successive de deux dolmens totalement indépendants l'un de l'autre, à deux périodes distinctes. Le petit dolmen a été édifié en premier, puis est intervenue la construction du second, qui a d'ailleurs contribué à déformer la forme initiale du tumulus. Il n'est pas possible de déterminer le raisons de ce choix d'implantation. Les différences notables constatées entre les deux dolmens, tant dans le mode de construction, que dans le mobilier qui y a été recueilli indiquent indubitablement un décalage dans le temps. Pour l'ensemble de ces raisons, « nous proposons d'appeler ce genre de monument dolmen double »[2].

Notes et références

  1. Jacques-Antoine Delpon, Statistique du département du Lot, Cahors, Bachelier et fils, , Vol. I page 389
  2. Clottes et Carrière 1969 op. cit.
  3. Notice no PA46000055, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. Clottes 1977, p. 109 op. cit.

Bibliographie

Articles connexes

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