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Dividende numérique

Le dividende numĂ©rique est l'ensemble des frĂ©quences libĂ©rĂ©es Ă  la suite du passage Ă  la tĂ©lĂ©vision numĂ©rique terrestre et de l'arrĂŞt de la tĂ©lĂ©vision analogique. En effet, les techniques de tĂ©lĂ©diffusion numĂ©riques occupent un spectre bien moins large que les techniques analogiques. Selon les pays, le dividende numĂ©rique se situe en gĂ©nĂ©ral dans les bandes VHF (174 Ă  230 MHz) et UHF (470 Ă  862 MHz).

Après le passage à la télévision numérique, des changements des techniques de codage et de diffusion peuvent donner lieu à d'autres dividendes. Par exemple :

  • passer de la compression vidĂ©o MPEG2 au MPEG4-AVC/H.264 ou a fortiori HEVC permet de rĂ©duire le dĂ©bit binaire nĂ©cessaire pour transmettre une chaĂ®ne (Ă  qualitĂ© donnĂ©e) ;
  • passer de la norme de modulation DVB-T Ă  la norme DVB-T2 permet d'Ă©conomiser de la largeur de bande nĂ©cessaire (Ă  dĂ©bit binaire donnĂ©).

Utilisation du dividende

Comment utiliser les ressources spectrales rendues disponibles ? Chaque état peut décider de l'affectation de cette ressource, mais souvent doit se coordonner avec d'autres états, notamment Européens.

Les usages définis pour l'utilisation du dividende se divisent en deux catégories :

  • les rĂ©seaux de radiodiffusion, comme ceux de la tĂ©lĂ©vision (TNT)
  • les rĂ©seaux de radio-communication mobile (3G, 4G) & 5G

Nouveaux usages de radiodiffusion :

  • de nouvelles chaĂ®nes de TV en dĂ©finition en standard (SDTV)
  • de nouvelles chaĂ®nes de TV en haute dĂ©finition (HDTV)
  • des services radiophoniques numĂ©riques (RNT et DAB+)
  • des services de mĂ©dia Ă  la demande (SMAD)
  • de nouvelles chaĂ®nes de TV en 3D (3DTV)
  • un bouquet de chaĂ®nes de TV reçu en mobilitĂ© sur des terminaux personnels (TMP)

Nouveaux usages de radio-communications mobiles :

  • Internet haut dĂ©bit mobile sur rĂ©seaux 3G (HSxPA)
  • Internet très haut dĂ©bit mobile sur rĂ©seaux 4G (LTE, Advanced LTE) et 5G

Fréquences en or

Les fréquences basses, celles dans la bande UHF, ont des caractéristiques physiques de propagation radioélectrique plus robustes (moins d'atténuation) que celles des fréquences plus hautes. Cela présente un avantage non négligeable en termes de coûts de construction des réseaux, nécessitant un nombre plus faible d'émetteurs ou de stations de transmission. C'est pourquoi elles sont parfois qualifiées de "fréquences en or". Les groupes de pression des deux "mondes", celui des télécoms et celui de l'audiovisuel, s'affrontent donc pour que ces fréquences soient affectées par les pouvoirs publics à l'un ou l'autre des deux usages.

Au niveau international

Au niveau mondial, le dividende numĂ©rique est abordĂ© lors des confĂ©rences mondiales des radiocommunications (CMR ou WRC en anglais) qui se sont tenues Ă  Genève Ă  l'automne 2007, 2012 et 2015. La CMR 2007 a identifiĂ© une sous-bande susceptibles d'ĂŞtre dĂ©diĂ©e aux services « mobiles », entre 790 et 862 MHz[1]. La France a soutenu une ouverture des bandes UHF et VHF Ă  l'ensemble des services, radiodiffusion et communications Ă©lectroniques.

Ceci confirme les travaux de nombreux pays, tels que les États-Unis, l'Allemagne, la France ou le Royaume-Uni qui ont déjà attribué une partie des fréquences du dividende numérique aux enchères pour des services de communications électroniques et pour les réseaux de téléphonie mobile.

En février 2012, la CMR s'est réunie et les 165 pays présents à Genève ont confirmé qu'une grande partie des fréquences allouées à la télévision serait mutée vers des usages de télécommunication[2]. Chaque pays reste néanmoins libre de le faire ou pas. Les pays d'Afrique ou du Moyen-Orient souhaitent procéder à cette mutation très rapidement.

La rĂ©union suivante du CMR s'est tenue en novembre 2015 ; elle a, entre autres, attribuĂ© au niveau mondial la bande de frĂ©quence des 700 MHz pour les rĂ©seaux mobiles[3]. Cette bande de frĂ©quence (694–790 MHz) constitue en Europe le second dividende numĂ©rique.

En Europe

La Commission européenne a clairement donné une orientation visant à dégager des fréquences harmonisées sur l'ensemble de l'Europe, afin de favoriser l'émergence d'opérateurs de service pan-européen. L'harmonisation européenne du dividende numérique doit permettre la disponibilité et l'interopérabilité des futurs services mis en place sur ces fréquences.

En avril 2011, la commission de l'industrie du Parlement europĂ©en a votĂ© un texte portant sur une couverture intĂ©grale au haut dĂ©bit dĂ©diĂ©e Ă  l'Internet mobile d'ici le 1er janvier 2013. Pour obtenir cette couverture, les États membres ont libĂ©rĂ© la bande 790–862 MHz historiquement utilisĂ©e pour la tĂ©lĂ©vision en UHF. Toutefois, pour des raisons techniques, un Ă©tat pouvait demander un report par dĂ©rogation jusqu'Ă  la fin 2015.

Les travaux s'opèrent au sein des différentes instances européennes dans le but d'harmoniser les choix communautaires, à la fois sur les plans techniques et politiques :

En France

La loi a confié au Premier ministre le soin de décider de l'affectation des fréquences libérées et donc des nouveaux services proposés. La Commission du dividende numérique et le Comité stratégique pour le numérique sont respectivement chargés d’éclairer et de préparer ces décisions.

On distingue début 2016 deux dividendes : premièrement celui lié à l'arrêt de la télévision analogique (2011), et deuxièmement celui lié au passage des émissions numériques à la compression MPEG4-AVC au lieu de MPEG2 (2016).

Premier dividende

Les fréquences utilisées par la télévision analogique dans les années 2000 étaient les suivantes :

L'extinction de la diffusion de la télévision analogique s'est faite progressivement (par zones géographiques) et s'est achevée le 30 novembre 2011. À l'issue de l'opération, les fréquences se sont trouvées ainsi réparties :

  • La bande III (174 Ă  223 MHz) est dĂ©sormais rĂ©servĂ©e Ă  la radio numĂ©rique terrestre[4].
  • La bande de frĂ©quences de 790 Ă  862 MHz a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă  la tĂ©lĂ©phonie mobile de quatrième gĂ©nĂ©ration (4G) en 2011[5] - [6]. Orange et Bouygues Telecom ont obtenu chacun un bloc de 10 MHz duplex ; SFR deux blocs de MHz duplex. Free Mobile n'a pas obtenu de bloc. En 2011, de premières expĂ©rimentations de tĂ©lĂ©phonie 4G sur cette bande de frĂ©quence ont montrĂ© que la tĂ©lĂ©phonie pouvait brouiller la rĂ©ception des chaĂ®nes de tĂ©lĂ©vision dans certaines conditions[7]. Ceci pourrait conduire Ă  un coĂ»t de deux millions d'euros par an pendant cinq ans pour les opĂ©rateurs[8].
  • La bande de frĂ©quences de 470 Ă  790 MHz (UHF) est restĂ©e allouĂ©e Ă  tĂ©lĂ©vision. Une planification plus efficace des frĂ©quences a permis de crĂ©er en 2012 deux multiplex TNT supplĂ©mentaires. Six nouvelles chaĂ®nes de tĂ©lĂ©vision en HD (haute dĂ©finition) se sont vu attribuer une licence par le CSA. Cela a portĂ© Ă  huit le nombre de multiplex de tĂ©lĂ©vision numĂ©rique en France mĂ©tropolitaine.

Second dividende

Depuis l'introduction de la télévision HD en France, certaines chaînes sont diffusées à la fois en définition de base avec un codage MPEG2 et en HD avec un codage MPEG4-AVC. Il est donc envisagé au début des années 2010 de basculer toutes les chaînes au codage MPEG4-AVC, ce qui permet d'éliminer cette redondance et de faire bénéficier les autres chaînes d'un codeur plus efficace (en termes de débit nécessaire pour une définition donnée). L'objectif est de réduire le nombre de multiplex pour libérer des fréquences.

Fin 2014, cette transition est décidée par le gouvernement français pour 2016[9] : toutes les chaînes seront diffusées en HD avec le codeur MPEG4-AVC. Le standard de diffusion reste le DVB-T.

Cette opĂ©ration permet de rĂ©duire de huit Ă  six le nombre de multiplex de TNT. En consĂ©quence, la bande des 700 MHz est transfĂ©rĂ©e aux tĂ©lĂ©communications mobiles[10]. Des enchères organisĂ©es en novembre 2015 ont permis aux opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©phonie d'obtenir les blocs suivants[11] : MHz duplex chacun pour SFR et Bouygues TĂ©lĂ©com, 10 MHz duplex chacun pour Orange et Free. Les rĂ©seaux de sĂ©curitĂ© du ministère de l'intĂ©rieur (dits PPDR pour Public Protection and Disaster Relief, en français protection du public et secours aux victimes) obtiennent au total 16 Mhz[12]. L'ARCEP rĂ©serve en outre 15 Mhz aux services dits SDL (supplemental downlink, complĂ©ments de capacitĂ© en voie descendante) qui pourraient permettre d'augmenter la capacitĂ© de tĂ©lĂ©chargement des mobiles Ă  l'avenir[12].

Le basculement de la tĂ©lĂ©vision au codage MPEG4-AVC a eu lieu le 5 avril 2016[13]. Une rĂ©organisation des frĂ©quences TNT s'est effectuĂ©e ensuite par rĂ©gions. Le transfert effectif de la bande des 700 MHz Ă  la tĂ©lĂ©phonie a eu lieu selon les rĂ©gions entre le 6 avril 2016 et le 1er juillet 2019[10] - [14]. La bande UHF de 470 MHz Ă  694 MHz reste allouĂ©e Ă  la tĂ©lĂ©vision[13].

Télécoms versus télévision

En France, les licences de service de radiodiffusion sont octroyées gratuitement par le CSA, mais donnent lieu à des obligations consignées dans un cahier des charges. Les licences de services de radio-communication mobile sont payantes et octroyées par l'ARCEP lors d'un appel d'offres organisé par l'État donnant lieu à des enchères.

On voit bien la tentation d'allouer une part significative du dividende aux tĂ©lĂ©coms, dans le but de rĂ©cupĂ©rer le produit financier des enchères qui viendront crĂ©diter le budget de l'Ă©tat. Fin 2011, les deux appels d'offres du gouvernement français pour les licences 4G ont rapportĂ© environ 3,6 milliards d'euros[15]. Le premier appel d'offres compte pour 936 129 513 â‚¬. Le second, qui attribuait des licences pour des "frĂ©quences en or", compte pour 2 639 087 005 â‚¬. L'attribution de la bande des 700 MHz en 2015 a rapportĂ© 2,8 milliards d'euros[11].

Notes et références

  1. Commission du dividende numérique, Rapport d’étape au Premier ministre : point sur les travaux de la Commission et premières observations, 31 mars 2008.
  2. La télévision devra céder des fréquences aux télécoms Le Figaro, février 2012
  3. (en)WRC-15 closes : The first major outcomes of the event allocated the 700 MHz spectrum as a global mobile broadband resource shop. maravedis-bwa.com, le 30 novembre 2015]
  4. NPA Conseil, Les enjeux du dividende numérique, mai 2008.
  5. Les conditions d’utilisation des fréquences radioélectriques pour des systèmes de Terre permettant de fournir des services de communications électroniques dans la bande de fréquences 790 – 862 MHz en France métropolitaine. Projet de décision de l’ARCEP publié le 16 mai 2011
  6. L'ARCEP publie les résultats de la procédure d'attribution des licences mobiles 4G dans la bande 800 MHz (le " dividende numérique ")
  7. Guillaume de Calignon, Le brouillage de la TNT par la 4G embarrasse les autorités, Les Échos, (lire en ligne)
  8. Olivier Robillart, Brouillage des fréquences TNT par la 4G : les opérateurs devront-ils payer ?, pro.clubic.com, (lire en ligne)
  9. Le gouvernement confirme le passage au tout MPEG-4 et au tout HD en 2016Article de TeleSatellite
  10. ARCEP, Le dividende numérique - Bande 700 MHz
  11. ARCEP, Bande 700 MHz - Résultat final de la procédure d'attribution.
  12. ANFR, La bande 700 MHz, 20 juin 2017.
  13. ANFR, brochure Le 5 avril 2016, la TNT passe à la haute définition.
  14. ARCEP, La bande 700 MHz entièrement transférée aux services mobiles en France métropolitaine, 4 juillet 2019.
  15. Marc Cherki, « Près de 3,6 milliards pour les frĂ©quences mobiles 4G », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consultĂ© le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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