Daniel Cardona i Civit
Daniel Cardona i Civit également connu sous les noms de « Vibrant » et « L'Irlandais », (Barcelone, - Sant Just Desvern, ) était un politique catalan, parmi les plus actifs de l’indépendantisme catalan insurrectionnel des années 20 et 30.
Biographie
Daniel Francesc d'AssĂs Josep Cardona i Civit naquit au numĂ©ro 1, carrer de Jovellanos Ă Barcelone, fils de Joaquim Cardona i Planas, originaire de Sant Just Desvern, et de ConcepciĂł Civit i PuigventĂłs, native de Piera. Dans as jeunesse, il va souvent au village de son père, Sant Just Desvern, dans le mas familial (Can Cardona) auquel il restera très liĂ© toute sa vie. A 13 ans il commence Ă travailler comme saltaulell (apprenti / livreur, dormant sur le comptoir – taulell – de la boutique) Ă la mercerie BorrĂ s, DĂ©jĂ très jeune, influencĂ© par les idĂ©es du docteur Domènec MartĂ i JuliĂ , il commença Ă militer dès 15 ans Ă UniĂł Catalanista (Union Catalaniste) et dans la Joventut Catalanista (Jeunesse Catalaniste). InspirĂ© par l’insurrection de Pâques (Pâques Sanglantes) de 1916 en Irlande, il opte pour la voie insurrectionnelle et militariste afin d’obtenir l’indĂ©pendance de la Catalogne. En 1919, il fut membre de la FederaciĂł Democratica Nacionalista (FĂ©dĂ©ration DĂ©mocratique Nationaliste) et en 1921 il collabora Ă la fondation du parti Estat CatalĂ avec Francesc MaciĂ i LlussĂ dit « l’Avà ». Une fois en place la Dictature de Primo de Rivera il fut poursuivi en justice, jugĂ© puis emprisonnĂ© un mois. LibĂ©rĂ© il participe Ă l’organisation de commandos et dispense des formations militaires. Certaines de ces rĂ©unions clandestines peuvent compter jusqu’à 400 participants et plus. Il reçoit une aide financière (1000 francs) de MaciĂ qui se charge alors depuis l’exil de rĂ©colter des fonds auprès de la diaspora catalane, notamment celle des AmĂ©riques.
Premier exil
Prévenu en avance de sa détention prochaine il prend le chemin de l’exil, direction la France. En effet deux jours plus tard la Guardia Civil fera irruption dans le mas familial sabres à la main pour le chercher, allant même jusqu’à gifler sa femme, alors enceinte de Francesc, premier fils du couple. Installé d’abord à Paris (où sa relation avec Macià se détériorera : rivalités, divergences politiques, inaction qui énerve Cardona, direction unipersonnelle de Macià , etc.) puis à Perpignan, il suivit pendant cette période des cours de formation militaire, et participa au financement de la Societat d’Estudis Militar, organisation dispensant des cours de formation militaire basées sur les manuels militaires d’infanterie française de Saint Cyr, et qui avait pour finalité de former les futurs commandants d’une armée catalane. Il participe aussi à la fondation de La Bandera Negra , bras armé d’Estat Català et d’idéologie plus radicale que celle de Macià . Il se distancie de « l’Avà » peu avant les événements du complot de Garraf visant à assassiner le roi d’Espagne Alphonse XIII, et auquel il ne participera pas. Il sera malgré tout accusé de complicité.
II RĂ©publique Espagnole et proclamation de la RĂ©publique Catalane
En , profitant de l’amnistie gĂ©nĂ©rale promulguĂ©e avec la proclamation de la Seconde RĂ©publique Espagnole, il retourne en Catalogne Sud. Maintenant totalement en dĂ©saccord avec la politique de Francesc MaciĂ ; il crĂ©e avec MagĂ Colet l’organisation « Nosaltres Sols ! » (en hommage au Sinn FĂ©inn irlandais, qui veut dire « Nous Seuls » ou « Nous-mĂŞmes », Nosaltres Sols ! Ă©tant la traduction littĂ©rale de Sinn Fèinn en catalan), parti nationaliste-radical qu’il dirigera lui-mĂŞme. Il fut aussi maire de Sant Just Desvern, oĂą se trouvait la demeure familiale. Le Francesc MaciĂ proclame la RĂ©publique Catalane, crĂ©ant une rĂ©conciliation et union provisoire des forces sĂ©paratistes, notamment entre MaciĂ et Cardona. Est alors crĂ©Ă©e la Guardia CĂvica Catalana, dans laquelle s’engage Cardona de par son expĂ©rience militaire. Trois jours plus tard Francesc MaciĂ fait marche arrière et accepte de remplacer la rĂ©publique par la Generalitat prĂ©vue par le Pacte de San SebastiĂ n. Cardona se sentant trahi, il refuse le poste que lui offre MaciĂ Ă la Generalitat, voyant cela comme une bassesse. La rupture est dĂ©finitivement consomĂ©e entre les deux hommes.
Nosaltres Sols!
L’année 1932, il monte en secret l’Organisation Militaire de NS! Il établit aussi des contacts avec le Sinn Feinn et le Parti Nationaliste Breton. Il se montre très critique face au fascisme naissant, le qualifiant de « destructeur, trompeur, uniformisant et tyrannique » et même « ennemi des aspirations nationales catalanes ». Le sa femme Madrona meurt.
Evénements du six octobre 1934
Il participa aux Ă©vĂ©nements ratĂ©s du six (dĂ©claration de la crĂ©ation de l’état Catalan par le prĂ©sident LluĂs Companys profitant de la grève gĂ©nĂ©rale dans l’état espagnol), ce qui le fera fuir de nouveau en France Ă 44 ans et ce malgrĂ© une maladie hĂ©patique naissante. De retour dans sa demeure perpignanaises, il est incitĂ© Ă s’éloigner de la frontière espagnole par les autoritĂ©s françaises et sur demande du gouvernement espagnol. Il ira jusqu’à Bruxelles oĂą il obtiendra un permis de rĂ©sider en France, Ă Chartres. AmnistiĂ© de nouveau en 1936, il revient et occupe de nouveau le poste de maire de Sant Just Desvern. Au commencement de l’étĂ© 1936, NS! Intègre Estat CatalĂ lorsque la formation se sĂ©pare d’ERC tout en gardant son autonomie interne.
Dernier exil, retour et mort
Après les événements du 3 au 6 de , il s’exile une énième fois en Catalogne Nord, ou il restera une fois la guerre civile espagnole terminée. Il collabora activement avec la résistance française, encarté au Front Nacional de Catalunya, duquel il est un des principaux instigateurs, comme les autres membres de Nosaltres Sols! et Estat Català , pendant l’Occupation par le Troisième Reich nazi. En 1942, gravement malade, il retourne clandestinement dans son village de Sant Just Desvern où il mourut le . Les autorités n’autorisèrent que la famille à participer aux funérailles, qu’ils obligent à effectuer le lendemain matin très tôt, et surveillées par un important dispositif policier.
Ĺ’uvres
• La Batalla (1923)
• Res de nou al Pirineu... (1933)
• Per la pà tria i per la llibertat (1934)
Archives Personnelles
Les archives personnelles de Daniel Cardona sont conservées aux Archives Historiques de la Ville de Barcelone et sont composées d’un total de 175 documents, lesquels sont quasiment tous (sauf 20) des lettres. 113 furent adressées à Cardona et 41 à d’autres correspondants. Cette documentation apporte des informations intéressantes, principalement sur la période 1923-1930, mais aussi sur le groupe indépendantiste Estat Català , des divergences et de la rupture définitive entre Cardona et Macià , ainsi que sur les groupes de catalans en exil.
Bibliographie
Daniel Cardona i Civit - FermĂ Rubiralta i Cases, Afers, Catarroja-Barcelone, 2008
Daniel Cardona i Civit i Nosaltres Sols!- Joan-Pere Pujol – Cercle Alfons Mià s, 2014