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Dépôt de gerbe à la femme du Soldat inconnu

La tentative de dépôt de gerbe à la femme du Soldat inconnu est la première action médiatique du Mouvement de libération des femmes (MLF), le à Paris. Le projet visait à déposer des fleurs en hommage à « la femme du Soldat inconnu », sur la tombe de celui-ci. Cette action est réalisée par neuf femmes, dont Cathy Bernheim, Christine Delphy et Monique Wittig[1] - [2] - [3]. Elles sont cependant arrêtées par la police au cours de leur progression vers l'Arc de triomphe et le dépôt de gerbe n'a pas lieu.

Contexte

La manifestation est organisée en solidarité avec la grève générale des femmes américaines, qui se tient le , à l’occasion du cinquantième anniversaire de l'obtention du droit de vote des femmes outre-Atlantique[4]. À New York, les manifestantes revendiquent l'égalité entre hommes et femmes et manifestent contre le « devoir conjugal »[5] - [6].

Déroulement

Les manifestantes se rassemblent le place de l'Étoile, dans la soirée selon Le Monde[7], aux alentours de midi selon le témoignage de Christine Delphy[6], vers 17h30 selon Causette[4]. Elles arborent quatre banderoles[6] sur lesquelles on peut lire « Un homme sur deux est une femme » ; « Solidarité avec les femmes en grève aux USA » ; ou encore « Il y a encore plus inconnu que le Soldat inconnu, sa femme »[4]. Christine Delphy porte une énorme gerbe de fleurs[6], entourée d’un large ruban violet : « À la femme inconnue du Soldat, les femmes en lutte »[4].

Des policiers les empêchent de déposer la gerbe et les entraînent dans le pilier gauche de l’Arc de triomphe, où se trouve un poste de police[4]. Elles sont ensuite transférées dans un poste de police en bas de l'avenue des Champs Élysées[8]. Elles chantent des chansons pendant leur garde à vue[6]. Christine Delphy raconte : « Ils ne savaient absolument pas quoi faire de nous, ils ne comprenaient pas. Certains se sentaient insultés par la banderole « un homme sur deux est une femme » : ils croyaient qu’on les traitait d’homosexuels »[6] Elles sont ensuite emmenées au commissariat du 8e arrondissement de Paris, dont elles sont rapidement libérées[8] - [4]. Anne Zelensky indiquera en 2004 : « On violait un espace tellement sacré dans la patriarchie »[9].

Participantes

Certains médias parlent d'une trentaine de femmes : il y en a neuf en réalité, dont la liste diffère selon les sources. Sont citées systématiquement Cathy Bernheim, Christine Delphy et Monique Wittig, mais aussi Christiane Rochefort et l’Américaine Namascar Shaktini[1], à l'époque connue sous le nom Margaret Stephenson[9], ou encore Monique Bourroux, Julie Dassin, Janine Sert, Emmanuèle de Lesseps et Anne Zelensky[10].

Traitement médiatique

Cette action très symbolique est relayée par plusieurs journaux, pour certains comme L'Aurore[9] et France-Soir[4] en une. Une journaliste de L'Aurore en particulier aide à donner un écho à l'événement, l'actualité étant par ailleurs assez calme[6]. La journaliste Marianne Lohse de France-Soir précise que « plusieurs [manifestantes] sont jeunes et jolies »[11].

La télévision nationale réalise un court reportage sur la manifestation[12].

Postérité

La manifestation constitue la première action visible du MLF[13] - [14] - [15]. Elle est considérée comme l'acte de naissance du mouvement[16] - [17] - [18] qui participe à le faire connaître[19] - [6] et entraîne une multiplication des adhésions[4]. En , l'assemblée générale qui se tient aux Beaux-Arts de Paris réunit plus de cent femmes[4].

Bibliographie

  • Cathy Bernheim, Perturbation, ma sœur, Seuil, coll. « Libre à elles », .

Notes et références

  1. S. Duverger et S. Jagodzinski, « "Les médias sont en soi un miroir déformant" - Entretien avec Cathy Bernheim », sur blogs.nouvelobs.com, .
  2. Françoise Picq, « MLF : 1970, année zéro », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  3. Thomas Guien, « Libération de la femme: encore un effort? », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
  4. Juliette Loiseau, « Août 1970 : le triomphe de la femme du soldat inconnu », sur Causette.fr, (consulté le ).
  5. Alisonne Sinard, « La naissance du MLF : “Il y a encore plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme” », sur franceculture.fr, (consulté le ).
  6. « Christine Delphy, 50 ans après la création du MLF : « J’espère que les féministes ne vont pas rester bien polies, dans cette société, ça ne sert absolument à rien » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  7. « Les grèves sont restées très limitées », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  8. « Il y a cinquante ans, hommage à la femme du soldat inconnu – Les Nouvelles NEWS » (consulté le )
  9. Claire Devarrieux, « Chercher la flamme. », sur Libération (consulté le )
  10. « 50 ans de libération des femmes : ce que nous devons au MLF », Elle, (lire en ligne).
  11. Marianne Lohse, « Les manifestantes féministes de Paris : « Il y a plus inconnu que le Soldat inconnu : c'est la femme » », France-Soir, vendredi 28 août 1970, p. 1.
  12. « Dépôt d'une gerbe à la femme du soldat inconnu », sur ina.fr, .
  13. « "Il est interdit d'interdire", l'esprit de mai », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  14. « Benoîte Groult, le choix de la dernière heure », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  15. « Le développement de la presse féministe », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  16. Le HuffPost avec AFP, « Comment 9 féministes ont lancé le MLF le 26 août 1970 sous l'Arc de Triomphe », sur huffingtonpost.fr, (consulté le ).
  17. « L’hommage à la femme du soldat inconnu : trois des 9 protagonistes de ce dépôt de gerbe à Paris racontent cette journée si particulière », Terriennes/TV5 Monde, .
  18. « Décès de Monique Wittig, figure phare du lesbianisme », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  19. « Mai 68 : des femmes dans les rues, mais privées de parole publique », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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