Dépérissement de l'État
Le dépérissement de l'État est un concept marxiste conçu par Friedrich Engels, se référant à l'idée que, avec l'application des normes socialistes, les institutions sociales appliquées par l’État finiront par devenir obsolètes et s'éteindront, comme la société sera en mesure de se gouverner sans son application coercitive des lois.
Origine de l'expression
L'expression a été inventée par Engels[1] dans son ouvrage Anti-Dühring :
« L'intervention du pouvoir d'État dans les relations sociales devient superflue dans un domaine après l'autre, et s'assoupit ensuite d'elle-même. Au gouvernement des personnes se substituent l'administration des choses et la direction du processus de production. L'État n'est pas « aboli » ; il dépérit[2]. »
Une autre citation liée à Engels est issue de L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État :
« Ces classes [sociales] tomberont aussi inévitablement qu’elles ont surgi autrefois. L’État tombe inévitablement avec elles. La société, qui réorganisera la production sur la base d’une association libre et égalitaire des producteurs, reléguera toute la machine de l’État là où sera dorénavant sa place au musée des antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze. »
Interprétations
Bien que ce soit Engels qui ait introduit cette notion de dépassement de l’État, attribuée au concept sous-jacent à Karl Marx ; d'autres théoriciens marxistes se sont étendus par la suite à ce sujet[1] - [3]. Selon ce concept, une société communiste ne nécessitera plus une coercition pour amener les individus à se comporter d'une manière qui profite à tout le monde[1] - [2]. Une telle société aurait lieu après la période temporaire de la dictature du prolétariat[2].
Il procède au concept de la transformation de l'État lors de la période dite « socialiste ». Dans le socialisme, Engels postule que, de manière similaire aux arguments avancés par Henri de Saint-Simon avant lui, une société socialiste devrait essentiellement se préoccuper des questions techniques tels que l'allocation optimale des ressources et la détermination de la production par opposition à la rédaction et à l'application des lois, et donc les fonctions traditionnelles de l'État seraient progressivement devenues vides et inutiles pour le fonctionnement de la société, et l’Etat ne serait donc pas un État dans le sens traditionnel du terme.
Ce scénario dépend de la vision de Marx du pouvoir coercitif comme un outil de ceux qui possèdent les moyens de production, à savoir certaines classes sociales (la bourgeoisie) et l'État capitaliste[2] - [3]. Dans une société communiste, les classes sociales disparaîtraient et les moyens de production n'auraient pas de propriétaire unique ; par conséquent, une telle société sans classe ne nécessitera plus de lois, et la société sans État va se développer[1] - [2] - [3] - [4].
Le concept du dépérissement de l’État se différencie du socialisme d’État (qui accepte le maintien des institutions publiques) et de l'anarchisme (qui exige l'abolition immédiate de l’État, sans avoir besoin de périodes transitoires)[2].
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Withering away of the state » (voir la liste des auteurs).
Références
- withering away of the state. (2007). In Palgrave Macmillan Dictionary of Political Thought. Retrieved from http://www.credoreference.com/entry/macpt/withering_away_of_the_state
- "Withering Away of the State." In The Encyclopedia of Political Science, edited by George Thomas Kurian. Washington, DC: CQ Press, 2011. http://library.cqpress.com/teps/encyps_1775.1.
- The Blackwel Dictionnary - Withering of the State
- Zhao et Dickson 2001, p. 2
Bibliographie
- Jianmin Zhao et Bruce J. Dickson, Remaking the Chinese State : Strategies, Society, and Security, Taylor & Francis Group, , 293 p. (ISBN 978-0-415-25583-7, lire en ligne)
- « Withering away of the state », The Blackwell Dictionary of Political Science, (lire en ligne)
- Friedrich Engels, L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État : (pour faire suite aux travaux de Lewis H. Morgan) [« Ursprung der Familie, des Privateigenthums und des Staats »], Paris, Carré, (1re éd. 1884) (OCLC 313398699, lire en ligne)