Décasyllabe
Un décasyllabe est un vers de dix syllabes.
En poésie française, il fut d'abord utilisé dans la poésie épique, puis il devint un des principaux vers lyriques à partir du XIIIe siècle et ce jusqu'au XVIe où l'alexandrin prit peu à peu sa place.
Comme ledit alexandrin, il comporte traditionnellement une césure après la quatrième syllabe :
- Femme je suis // pauvrette et ancienne,
- Qui rien ne sais ; // oncques lettre ne lus.
- Au moutier vois // dont suis paroissienne
- Paradis peint, // où sont harpes et luths,
- Et un enfer // où damnés sont boullus
- L’un me fait peur, // l’autre joie et liesse.
- La joie avoir // me fais, haute Déesse,
- À qui pécheurs // doivent tous recourir,
- Comblés de foi, // sans feinte ni paresse :
- En cette foi // je veux vivre et mourir.
- (Villon, Ballade pour prier Notre-Dame)
On trouve aussi, à partir du XIXe siècle, une césure à l'hémistiche :
- La faim fait rêver // les grands loups moroses ;
- La rivière court, // le nuage fuit ;
- Derrière la vitre // où la lampe luit,
- Les petits enfants // ont des têtes roses.
- (Hugo, Choses du soir)
Un tel rythme fait facilement populaire, enfantin, plaisant mais il a pu être utilisé dans des pièces très lyriques :
- Nous aurons des lits // pleins d’odeurs légères,
- Des divans profonds // comme des tombeaux,
- Et d’étranges fleurs // sur des étagères,
- Écloses pour nous // sous des cieux plus beaux.
- (Baudelaire, La Mort des Amants)
Un autre poème célèbre écrit en décasyllabe est Le Cimetière marin de Paul Valéry.
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