Cyril Arnstam
Cyril Arnstam, dit Cyril, est un peintre et illustrateur français né le à Petrograd et mort à Paris 16e le [1].
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Кирилл Александрович Арнштам |
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Biographie
Cyril Arnstam est le fils de Aleksandr Arnshtam (1880-1969) et le frère de l'illustrateur Igor Arnstam[2].
En 1921, la famille Arnstam quitte la Russie et s'installe à Berlin. À l'âge de 6 ans, Cyril Arnstam est déjà connu pour ses talents de dessinateur, et plusieurs journaux consacrent des articles à son talent précoce. Ayant fui Berlin après 1933, en raison de la montée rapide des nationaux-socialistes, Cyril suit, à Paris, les cours de l'École nationale supérieure des arts appliqués, où il apprend l'art de la "lettre"[3].
Cependant, le séjour à Berlin marque l’artiste qui se nourrit de l'observation de la vie de la capitale allemande et de l'intelligentsia créative russe qui y vit. Les souvenirs de Cyril Arnstam, remplis de détails sur la vie des émigrés et sur l'évolution des réalités allemandes, se distinguent par une approche inhabituelle du phénomène du "Berlin russe". Ils bâtiront une attitude respectueuse envers la culture et les traditions russes[4].
C'est par l'entremise de son frère Igor que Cyril Arnstam débute dans l'affiche de cinéma et qu’il collabore avec les éditions Alsatia pour la collection Signe de Piste. En 1938 il est le chef d'orchestre de la campagne d'affichage de Katia[5], de Maurice Tourneur ; pour ce film, il conçoit les cinq affiches destinées à faire connaître le visage de Danielle Darrieux[6].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est obligé de se cacher et cesse toute activité dans le monde du cinéma. Après l’arrestation de sa mère de confession juive, il s’engage dans la Résistance au sein du Réseau Goélette.
Après la Libération, il reprend son activité d'affichiste en dessinant notamment des affiches de films de Riccardo Freda, dont La Fille des marais en 1949, mais aussi de films français comme Olivia de Jacqueline Audry (1950). Cyril Arnstam travaille également pour la Columbia avec Sur les quais d'Elia Kazan en 1954. Après une longue parenthèse, il réalise à nouveau des affiches de cinéma au début des années 1980.
Dans les années 50, il illustre à nouveau plusieurs livres sur le scoutisme dont des romans du Signe de Piste[7].
A partir des années 1970, Arnstam délaisse de plus en plus les affiches de cinéma pour l'illustration de livres (Tolstoï, Zola, Dumas père, Maupassant, Troyat). Il travaille également pour la revue Playboy, qui mêle images de charme et reportages sur l'actualité. Il travaille ensuite pour le magazine Le Monde de la musique, le mensuel Marie-Claire et pour Paris Match.
En 1978, Cyril Arnstam part à New York, rencontre Jean-Paul Goude. L'ambiance new-yorkaise et la facilité avec laquelle les contacts se nouent le séduisent. Cependant, il se trouve trop âgé pour y commencer une nouvelle carrière. Il travaille un temps pour l'agence publicitaire de Jacques Séguéla et réalise plusieurs story-boards de films publicitaires (Lanvin, Crédit Agricole, Armani...)[3].
Ses derniers tableaux ont été réalisés en 2009 à l'âge de 90 ans.
En 2011, Arnstam se voit remettre la médaille Mikhail Chekhov pour son œuvre au profit du cinéma et du théâtre[8]. La Russie a accueilli plusieurs expositions personnelles de l’artiste, notamment au Musée des Beaux-arts Pouchkine, à Moscou. Cyril Arnstam est donateur d’honneur de la Maison de l’étranger russe de Moscou. En 2019, à 100 ans, il reçoit le passeport russe[8] - [9].
Il meurt à 101 ans le 22 avril 2020 à Paris des suites du COVID-19.
Œuvre
A travers ses illustrations, décorations, affiches cinématographiques et publicitaires, Cyril Arnstam a toujours su garder un style unique, facilement reconnaissable malgré son évolution au fil des époques. Ses œuvres les plus connues sont marquées par l’expressionnisme passé à travers le filtre de la décorativité pop et de l’ironie postmoderne. D’après l’historien d’art Mikhaïl Guerman, il arrive à trouver un analogue visuel exact d’une idée, d’une citation, d’une comparaison, en associant la réalité, le grotesque et la fantaisie[10].
Cyril Arnstam reconnait l’influence de plusieurs artistes remarquables dont Munch, Picasso, Matisse, Soutine, Kandinsky, tout en se distanciant du modernisme.
Par ses dessins, Cyril Arnstam donnait des images de la vie érotique de Staline, d’Hitler, il représentait Jean-Paul Sartre sous forme d’une bouteille à cocktail Molotov laissant émaner une fumée explosive, et Mao Tsé-Toung comme une femme lesbienne. Si parfois les illustrations de Cyril Arnstam étaient tranchantes, audacieuses, elles prenaient pour Playboy, les formes de fantaisies érotiques.
Certaines illustrations peuvent être apparentées à l’univers « pop » des années 1960 et 1970[10].
Notes et références
- Relevé des fichiers de l'Insee
- Tatiana Bondareva-Koutarenkova, « Arnstam père et fils : les maîtres russes de l’illustration française », sur fr.rbth.com, (consulté le )
- (ru) Maryna Magidovitch, « Père et fils. Deux destins et deux Paris », sur Arts Plastiques - parij.free.fr, (consulté le )
- (en-GB) « “Russian Berlin” in the Memoirs of Cyril Arnstam - Philological Class », sur filclass.ru (consulté le )
- « Restauration de l'affiche de « Katia » (Maurice Tourneur, 1938) - La Cinémathèque française », sur www.cinematheque.fr (consulté le )
- « Cyril Arnstam - Cinémathèque française », sur cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr (consulté le )
- « Cyril Arnstam », sur illustrateurs.romans-scouts.com (consulté le )
- « French artist Cyril Arnstam obtained Russian citizenship », sur russkiymir.ru (consulté le )
- Russia Beyond, « À 100 ans, l’illustrateur postmoderniste Cyril Arnstam reçoit le passeport russe », sur fr.rbth.com, (consulté le )
- Lectures Éphémères, « Eve & Tribu: Le regard de Cyril Arnstam », sur Eve & Tribu, (consulté le )