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Cyber-braquage de la banque centrale du Bangladesh

La Banque centrale du Bangladesh est victime en février 2016 d'un piratage informatique et se fait dérober 81 millions de dollars[1] - [2] - [3].

Historique

La banque centrale du Bangladesh conservait environ un milliard de dollars de rĂ©serves au sein d'un compte bancaire de la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale des États-Unis (Fed) Ă  New York, qui servait Ă  payer les dettes et frais de conseil pour des projets gouvernementaux[4]. Les pirates informatiques ont tentĂ© de voler quasiment l'intĂ©gralitĂ© de cette somme grĂące Ă  des virements de fonds officiellement destinĂ©s Ă  une association, une autoritĂ© ou organisation diffĂ©rente au Sri Lanka ou aux Philippines[4] - [5].

Tentative de détournement de fonds vers le Sri Lanka

Les pirates informatiques demandent un virement de 20 millions de dollars vers la « Shalika Foundation », une supposĂ©e organisation Ă  but non lucratif basĂ©e au Sri Lanka[4]. Cependant, une faute d’orthographe dans le nom de cette fondation (« fundation » au lieu de « foundation ») Ă©veille les soupçons de la Deutsche Bank par qui l’argent doit transiter[6]. La Deutsche Bank demande des prĂ©cisions Ă  la Banque centrale du Bangladesh qui annule donc l’ordre de transfert ainsi que tous les autres ordres Ă©manant du mĂȘme Ă©metteur[5]. La Banque centrale dĂ©couvre Ă©galement qu’il n’existait aucune ONG Ă  ce nom au Sri Lanka[5] et que le compte bancaire destinataire n'avait Ă©tĂ© ouvert qu'un mois plus tĂŽt[4].

Fonds détournés vers les Philippines

L'argent transféré aux Philippines a été déposé dans cinq comptes bancaires de la banque Rizal Commercial Banking Corporation (en) (RCBC) sous des identités fictives[4].

Identification des auteurs et soupçon sur la Corée du Nord

Le 9 mars 2016, dans un communiqué, la Fed indique que les virements ont été totalement authentifiés conformément aux protocoles en vigueur et qu'elle n'a pas identifié de piratage sur son propre systÚme, suggérant que la faille de sécurité est à chercher du cÎté de l'émetteur des virements à la Banque centrale du Bangladesh[7].

Mai 2016, la sociĂ©tĂ© de sĂ©curitĂ© informatique Symantec identifie que le procĂ©dĂ© d’intrusion utilisĂ© par les pirates du cyber-braquage comportait des traits communs avec celui employĂ© dans la vaste attaque de Sony Pictures Entertainment fin 2014 (piratage qui avait Ă©tĂ© attribuĂ© Ă  l'Ă©poque Ă  la CorĂ©e du Nord en reprĂ©sailles Ă  la sortie du film L'Interview qui tue ! produit par Sony Picture). La piste remonterait Ă  un groupe de hackers nord-corĂ©ens dĂ©nommĂ© Lazare qui est Ă  l'origine de cyber-attaques dans 31 pays diffĂ©rents et menace en particulier le secteur bancaire[8].

Le 22 mars 2017, le The Wall Street Journal rĂ©vĂšle[9] que des enquĂȘteurs amĂ©ricains concluent aussi que la CorĂ©e du Nord soit probablement le commanditaire de ce cyber-braquage, commis par des intermĂ©diaires chinois. Richard Ledgett, n°2 de l'Agence de sĂ©curitĂ© nationale (NSA) dĂ©clare « ĂȘtre optimiste sur la vĂ©racitĂ© Â» d’un rapprochement entre les deux cyberattaques (contre Sony Picture et la Banque centrale du Bangladesh). « Si le lien est avĂ©rĂ©, cela veut dire qu’un État est en train de voler des banques. C’est une grosse affaire Â».

Conséquences

DĂ©mission du gouverneur de la banque centrale

À la suite du scandale, le gouverneur de la Banque centrale, Atiur Rahman, remet sa dĂ©mission le 15 mars 2016 Ă  la demande de son ministre de tutelle[10]. De plus, deux vice-gouverneurs sont par ailleurs licenciĂ©s[10].

Renforcement des mesures de sécurité du réseau SWIFT

Le 25 avril 2016, SWIFT demande à l'ensemble de ses utilisateurs de déployer obligatoirement une mise à jour de sécurité sur leurs applications d'accÚs au réseau SWIFT avant le 12 mai[11].

Identification d'autres tentatives

Le 12 mai 2016, la société SWIFT indique qu'une banque commerciale est également visée, mais sans donner son nom[12]. Dans son communiqué, la société précise que les pirates ont démontré une « connaissance détaillée et sophistiquée des contrÎles opérationnels spécifiques » dans les banques ciblées et qu'ils peuvent avoir été aidés par des « collaborateurs internes malveillants ou des cyber-attaques, ou une combinaison des deux[12]. »

Le 15 mai 2016, la Tien Phong Bank (en) de HanoĂŻ au Vietnam indique avoir subi une tentative similaire durant le dernier trimestre 2015 pour un montant d'un million de dollars[13]. La banque indique que la vulnĂ©rabilitĂ© provenait d'une application tierce - sans la nommer - utilisĂ©e pour s'interfacer avec le systĂšme SWIFT. La banque a depuis arrĂȘtĂ© d'utiliser cette application tierce, elle a installĂ© un nouveau systĂšme plus sĂ©curisĂ© qui est directement connectĂ© au rĂ©seau SWIFT[13].

Le 20 mai 2016, Reuters rĂ©vĂšle que la banque Ă©quatorienne Banco del Austro (BDA) est Ă©galement victime de cyber-criminels, avec un schĂ©ma similaire Ă  celui de la banque centrale du Bangladesh : une douzaine d'ordres de virements, s'Ă©talant sur une dizaine de jours, ont Ă©tĂ© frauduleusement Ă©mis en janvier 2015 depuis un terminal SWIFT de la banque Ă©quatorienne concernant des comptes bancaires Ă  la banque Wells Fargo. Plus de 12 millions de dollars sont transfĂ©rĂ©s principalement Ă  destination de comptes bancaires Ă  Hong Kong, mais aussi Ă  DubaĂŻ et Los Angeles[14] - [15]. Environ 3 millions de dollars ont Ă©tĂ© restituĂ©s et la BDA dĂ©pose plainte en 2016 contre la banque Wells Fargo, estimant qu'elle aurait dĂ» identifier ces transactions frauduleuses[14]. À la suite de cette publication, l'organisme SWIFT, qui n'Ă©tait pas au courant de cette cyber-attaque survenue en 2015, demande Ă  ses utilisateurs de notifier toutes les tentatives similaires[14].

Notes et références

  1. « La banque centrale du Bangladesh se fait dĂ©rober 81 millions de dollars », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  2. Etienne Goetz, « L’incroyable cyber-braquage de la banque centrale du Bangladesh », Les Échos,‎ (lire en ligne).
  3. Martin Untersinger, « Des pirates informatiques dĂ©robent 81 millions de dollars au Bangladesh », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  4. (en) Rejaul Karim Byron et Md Fazlur Rahman, « Hackers bugged Bangladesh Bank system », Asia News Network,‎ (lire en ligne [archive du ], consultĂ© le ).
  5. SĂ©bastian SEIBT, « Des pirates informatiques Ă©chouent Ă  voler un milliard de dollars Ă  cause d’une faute d’orthographe », France 24,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  6. (en) Serajul Quadir, « How a hacker's typo helped stop a billion dollar bank heist », Reuters,‎ (lire en ligne).
  7. (en) « Statement on Media Reports About Bangladesh », Federal Reservce Bank of New York,‎ (lire en ligne).
  8. « La Corée du Nord a-t-elle pillé la Banque centrale du Bangladesh? », sur La Tribune de GenÚve.ch,
  9. « La Corée du Nord accusée du piratage de la banque centrale du Bangladesh », sur Le Monde.fr,
  10. Anne GlĂ©marec, « Bangladesh : le gouverneur de la Banque centrale dĂ©missionne », euronews,‎ (lire en ligne).
  11. (en) « Swift: fraudulent messages sent over international bank transfer system : World money exchange tells 11,000 financial institutions to update their software after US$81m was stolen from account of Bangladesh central bank », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  12. (en) « Second bank hit by 'sophisticated' malware attack, says Swift : The financial messaging network says a commercial bank was targeted in an attack with ‘deep knowledge of operational controls’ », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  13. (en) « Vietnamese bank foils $1m cyber heist : Tien Phong Bank says it spotted the fraud on the Swift messaging system quickly enough to prevent Bangladesh-style theft », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  14. (en) Tom Bergin et Nathan Layne, « Special Report: Cyber thieves exploit banks' faith in SWIFT transfer network », Reuters,‎ (lire en ligne).
  15. (en) Devlin Barrett et Katy Burne, « Now It’s Three: Ecuador Bank Hacked via Swift : Cybercriminals stole $9 million in 2015 from an Ecuador bank in attack similar to one against Bangladesh’s central bank about a year later », Wall Street Journal,‎ (lire en ligne).

Articles connexes

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