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Cuticule (arthropodes)

Chez les arthropodes, la cuticule est la partie la plus externe du système tĂ©gumentaire ; elle recouvre toute la surface du corps ainsi que celle du système digestif et des trachĂ©es. Elle sert de squelette externe (exosquelette) sur lequel les muscles s’attachent ; c'est Ă©galement la première barrière de dĂ©fense de l'organisme. Elle repose sur l'Ă©piderme, qui la sĂ©crète en grande partie lors de chaque mue. C’est une structure complexe constituĂ©e de plusieurs couches de compositions et fonctions diffĂ©rentes [1].

Exosquelette chez les arthropodes
A : Cuticule ; B : Détails de l'épicuticule. 1 : Épicuticule ; 1a : Cément ; 1b : Cire ; 1c : Épicuticule externe ; 1d : Épicuticule interne. 2 : Exocuticule ; 3 : Endocuticule ; 2+3 : Procuticule ; 4 : Épiderme ; 5 : Membrane basale ; 6 : Cellule de l'épiderme ; 6a : Canal sécréteur de cire ; 7 : Cellule glandulaire ; 8 : Cellule trichogène ; 9 : Cellule tormogène ; 10 : Nerf ; 11 : Sensille ; 12 : Poil ; 13 : Pore glandulaire.

Structure et composition

Schéma du tégument des Arthropodes

Le tĂ©gument est la structure qui sĂ©pare le milieu intĂ©rieur des arthropodes du milieu extĂ©rieur. Il est composĂ©, de l’intĂ©rieur vers l’extĂ©rieur, d’une lame basale, de l’épiderme (une couche de cellules Ă©pithĂ©liales) et de la cuticule. La cuticule est très variable selon les espèces (elle participe Ă  crĂ©er des structures ou des couleurs spĂ©cifiques) mais aussi sur le mĂŞme individu oĂą elle doit ĂŞtre parfois solide, par exemple lĂ  oĂą les muscles s’attachent, mais parfois souple, par exemple au niveau des articulations, ou fine au niveau d’organes sensoriels. La cuticule est gĂ©nĂ©ralement composĂ©e de trois couches : la procuticule, l’épicuticule et l’enveloppe de cuticuline. Elles ont des compositions diffĂ©rentes et peuvent ĂŞtre absentes, prĂ©sentent ou plus ou moins Ă©paisses selon les besoins[2] - [3].

  • Procuticule : adjacente Ă  l’épiderme, elle est entièrement formĂ©e de protĂ©ines et d’un polysaccharide azotĂ©, la chitine. Elle est d’une Ă©paisseur très variable, elle peut former la grande majoritĂ© de l’épaisseur de la cuticule ou ĂŞtre entièrement absente. Elle peut ĂŞtre constituĂ©e d’une Ă  trois couches distinctes, qui se diffĂ©rencient surtout par leur niveau de sclĂ©rification, qui est le processus permettant de lier des protĂ©ines entre elles et crĂ©er ainsi des rĂ©seaux rigides de protĂ©ines. Le niveau de sclĂ©rification dĂ©fini la duretĂ© de la cuticule. L’exocuticule, adjacente Ă  l’épicuticule, est la plus sclĂ©rifiĂ©e et donc la plus rigide. Elle est prĂ©sente lĂ  oĂą la cuticule doit ĂŞtre solide, comme les points de fixation des muscles squelettiques, mais sera très fine ou absente lĂ  oĂą la cuticule doit ĂŞtre plus souple. Adjacente Ă  l’épiderme se trouve l’endocuticule, très peu sclĂ©rifiĂ©e et donc très souple, rendue Ă©lastique par la prĂ©sence d'une protĂ©ine Ă©lastomère, la rĂ©siline. Elle est prĂ©sente et Ă©paisse dans les cuticules souples, comme chez les larves d’insectes, et absente dans les cuticules dure. Entre les deux, peut se trouver une couche intermĂ©diaire qui souvent sera graduellement moins sclĂ©rifiĂ©e et gĂ©nĂ©ralement dĂ©signĂ©e par le nom mĂ©socuticule[2] - [3].
  • Épicuticule : gĂ©nĂ©ralement comprise entre 1 et 4µm, elle est en partie sĂ©crĂ©tĂ©e par l’épiderme mais aussi par des cellules spĂ©cialisĂ©es appelĂ©es glandes dermales. Elle ne contient pas de chitine mais est composĂ©e de lipides et de protĂ©ines rĂ©ticulĂ©es et sclĂ©rifiĂ©es. La sclĂ©rification rend l’épicuticule rigide et impermĂ©able ce qui permet notamment de protĂ©ger l’organisme contre la perte d’eau. L’épicuticule contient Ă©galement du cĂ©ment et de la cire qui sont transportĂ©s Ă  la surface Ă  travers l’enveloppe. La cire et le cĂ©ment peuvent former des couches homogènes superposĂ©es ou, chez certains insectes, le cĂ©ment forme une couche discontinue faisant place Ă  des « gouttes Â» de cire. La nature du cĂ©ment est variable en fonction des espèces mais il est gĂ©nĂ©ralement comparĂ© Ă  de la gomme-laque. La cire est aussi variable selon les espèces et mĂŞme parfois dans une mĂŞme espèce ; elle est gĂ©nĂ©ralement faite d’acides gras Ă  longue chaĂ®nes et d’esters carboxyliques [2] - [3].
  • Enveloppe : bien que pendant longtemps considĂ©rĂ©e comme faisant partie de l’épicuticule elle est aujourd’hui souvent dĂ©crite comme une couche Ă  part de la cuticule [4]. Elle est la seule couche universellement prĂ©sente dans toutes les cuticules, quels que soient l’espèce, la rigiditĂ© ou l’emplacement de la cuticule. Épaisse de 10 Ă  30 nm, sa composition est mal connue, on sait toutefois qu’elle ne contient pas de chitine et est probablement constituĂ©e de protĂ©ines rĂ©ticulĂ©es. C’est une barrière non Ă©lastique et rĂ©sistante aux abrasions ; elle constitue donc une des barrières physiques protĂ©geant l’organisme des agressions du milieu extĂ©rieur, notamment contre les infections, toutefois elle est sĂ©lectivement permĂ©able et permet notamment le passage de la cire de l’épicuticule vers la surface [2] - [3].

Il existe des canaux permettant le transport au moins de lipides et peut-être de cément et autre de l’épiderme vers la surface de la cuticule. La première catégorie de canaux fait entre 0.1 et 0.15µm de diamètre et part de l’épiderme et s’arrête à l’interface entre procuticule et épicuticule. La deuxième catégorie fait entre 0.006 et 0.013µm de diamètre et traverse l’épicuticule, probablement jusqu’à la surface. La manière dont se forme ces canaux reste inconnue [2].

Synthèse

La cuticule doit être remplacée régulièrement par un processus de mue car, étant une structure dont la capacité d’extension est limitée notamment par la rigidité de l’enveloppe de cuticuline et par l’épicuticule, elle finit par être trop petite pour un organisme en croissance. La première étape est l’apolyse, soit la séparation de l’ancienne cuticule et de l’épiderme, entre lesquels les cellules épidermiques sécrètent un liquide exuvial contenant des enzymes destinées à digérer l’ancienne cuticule. Seul l’endocuticule sera digérée, l’exocuticule, l’épicuticule et l’enveloppe de cuticuline seront perdues lors de l’exuviation. Les matières digérées peuvent être réabsorbées par l’épiderme ou par les orifices buccaux et anaux pour être réutilisées. La synthèse de la nouvelle cuticule commence dès l’apolyse avec la sécrétion par l’épiderme de la nouvelle enveloppe de cuticuline. Puis l’épicuticule est sécrétée en dessous et ensuite la procuticule. A l’exuviation, les liens avec les muscles sont rompus et de nouveaux liens avec la nouvelle cuticule sont immédiatement établis. La sclérification de l’épicuticule et de l’exocuticule a ensuite lieue [2] - [3].

Entre deux mues, l’épiderme peut continuer à sécréter des lipides destinés à la surface de la cuticule, notamment ceux nécessaire pour la communication ou ceux qui doivent être simplement remplacés car pouvant être perdu par abrasion [2].

Fonction

La cuticule des arthropodes a de multiples fonctions. Elle sert d’exosquelette, sur lequel les muscles s’attachent. Les muscles s’arrĂŞtent au niveau de la lame basale sous l’épiderme ; des desmosomes se forment attachant les muscles aux cellules de l’épiderme. Des microtubules partent des muscles et traversent les cellules de l’épiderme et finissent sur des hĂ©midesmosomes sur la face apicale. De chaque hĂ©midesmosome part une ou deux fibres, dites tonofibriles, qui longe les canaux de la cuticule jusque l’enveloppe de cuticuline Ă  laquelle elles s’attachent permettant ainsi un encrage des muscles sur la cuticule [5].

La cuticule est également une barrière séparant l’organisme du monde extérieur. Elle protège des agents chimiques et infectieux de l’environnement et permet, notamment grâce à l’épicuticule, de protéger les organismes terrestres contre la perte d’eau et les organismes aquatique d’une grande entrée d’eau par osmose [2].

La couleur des arthropodes, en particulier des insectes, et généralement due à la cuticule. La couleur peut être le fait de pigments présents dans la cuticule et généralement conjugués avec des protéines structurelles. La mélanine, qui donne une couleur marron ou noire, en est un exemple. Un autre exemple est celui des caroténoïdes, qui donnent une couleur jaune, orange ou rouge. Les caroténoïdes ont la particularité de ne provenir que de la nourriture, les insectes étant incapable de les produire. La couleur peut aussi être produite par des phénomènes physiques tel que la diffusion, l’interférence ou plus rarement par la diffraction de la lumière par les différents feuillets de protéines et lipides qui constituent la cuticule [3].

La cuticule est aussi importante pour la communication entre les individus. Les lipides à la surface de la cuticule peuvent être des substances sémiochimiques jouant le rôle de phéromones, kairomones ou autre [6] - [7].

Références

  1. (en) A. Glenn Richards, The Integument of Arthropods : The chemical components and their properties, the anatomy and development, and the permeability, University of Minnesota Press, , 411 p.
  2. (en) James L. Nation, Sr, Insect physiology and biochemistry, Boca Raton, CRC Press Taylor & Francis, , 644 p. (ISBN 978-1-4822-4758-9, OCLC 934696014, lire en ligne), p. 99-134
  3. (en) CĂ©dric Gillott, Entomology, Springer, , 831 p. (ISBN 1-4020-3184-X, OCLC 879921158, lire en ligne), p. 355-372
  4. (en) Michael Locke, « The Wigglesworth Lecture: Insects for studying fundamental problems in biology », Journal of Insect Physiology, vol. 47, nos 4–5,‎ , p. 495–507 (DOI 10.1016/S0022-1910(00)00123-2, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) CĂ©dric Gillott, Entomology, Dordrecht, Springer, , 831 p. (ISBN 978-1-4020-3184-7 et 1-4020-3184-X, OCLC 879921158, lire en ligne), p. 437-440
  6. (en) Gary J. Blomquist and Anne-Geneviève Bagnères et Anne-Geneviève Bagnères, Insect hydrocarbons : biology, biochemistry, and chemical ecology, Cambridge (G. B.), Cambridge University Press, , 492 p. (ISBN 978-0-521-89814-0, OCLC 758134686, lire en ligne)
  7. (en) David W. Stanley-Samuelson et Dennis R. Nelson et Dennis R., Nelson, Insect lipids : chemistry, biochemistry, and biology, University of Nebraska Press, (ISBN 0-8032-4231-X, OCLC 444462812, lire en ligne), p. 317-351
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