Curro Guillén
Francisco Herrera RodrĂguez dit « Curro GuillĂ©n », nĂ© Ă Utrera (Espagne, province de SĂ©ville) le , mort Ă Ronda (Espagne, province de Malaga) le , Ă©tait un matador espagnol.
Biographie
Curro GuillĂ©n Ă©tait le troisième d’une dynastie de matadors, commencĂ©e par Francisco Herrera son grand-père, contemporain de Pedro Romero, et poursuivie par son père, Francisco Herrera GuillĂ©n. Ses oncles maternels (Cosme RodrĂguez et JosĂ© MarĂa Rodriguez) Ă©taient banderilleros ; son grand-père maternel Ă©tait l’oncle de « Costillares ».
Il nait à Utrera, mais avant qu’il ait cinq ans, sa famille va s’installer à Séville. Dès son plus jeune âge, il manifeste le désir d’être matador : il torée « de salon », accomplissant toutes les phases de la lidia devant un « taureau fantôme ». Alors qu’il n’a que quinze ans, il constitue une « cuadrilla infantil » qui remporte nombre de succès dans toute la région de Séville.
Il prend l’alternative à Séville le , avec comme parrain Jerónimo José Candido, alternative qu’il confirme à Madrid le 3 septembre suivant.
En 1811, en raison de son opposition marquée à l’occupation française, il quitte l’Espagne et s’établit à Lisbonne au Portugal. Il poursuit alors sa carrière et devient une véritable idole en pays lusitanien.
En 1814, il retourne en Espagne et poursuit une carrière triomphale, jusqu’à sa mort en 1820.
Le , il est annoncĂ© dans les arènes de Ronda, aux cĂ´tĂ©s d’un autre sĂ©villan, Leoncillo, pour affronter des taureaux de JosĂ© Rafael Cabrera. Ă€ cette Ă©poque, les deux « capitales » de la tauromachie sont Ronda et SĂ©ville, les matadors originaires de ces deux villes imposant chacun le style de toreo propre Ă leur ville d’origine. Cette rivalitĂ© Ă©tait exacerbĂ©e chez certains spectateurs qui se comportaient plus en « supporters » modernes qu’en « aficionados », aussi les deux sĂ©villans furent-ils accueillis lors du paseo par des marques d’hostilitĂ© de la part d’une certaine partie du public. Selon la lĂ©gende, alors que Curro GuillĂ©n se prĂ©parait Ă l’estocade, un certain Manfredi, « lĂder » d’un groupe de spectateurs particulièrement hostiles, l’interpella bruyamment : « Monsieur Curro, pourrons nous vous voir faire un peu plus d’efforts ? » Le matador interpellĂ© chercha du regard le provocateur sur les gradins. Celui-ci l’interpella de nouveau : « Allez vous recevoir ce petit taureau ? » Peut-ĂŞtre ce Manfredi n’a-t-il jamais existĂ© ; peut-ĂŞtre le climat d’hostilitĂ© qui rĂ©gnait sur les gradins fut-il exagĂ©rĂ© par les « supporters » sĂ©villans. Toujours est-il que Curro GuillĂ©n estoqua prĂ©cipitamment le taureau qui lui planta sa corne dans la cuisse droite, puis le prĂ©cipita contre la barrière et le reprit alors sur sa corne gauche. Juan LeĂłn se prĂ©cipita Ă son secours, et fut lui-mĂŞme encornĂ© par le taureau avec sa corne droite. Les deux matadors restèrent plusieurs secondes suspendus chacun Ă une corne, avant d’être jetĂ©s au sol par le taureau. Juan LeĂłn ne fut que très lĂ©gèrement blessĂ©, mais très gravement atteint, Curro GuillĂ©n devait expirer Ă l’infirmerie quelques minutes plus tard.
Selon la tradition, Curro Guillén aurait été enterré sous le sable de la plaza qui l’avait vu mourir. Il a longtemps été admis que ce n’était qu’une légende, mais lors de travaux de rénovation des arènes dans les années 1990, on découvrit un corps enterré sous la piste, permettant de supposer que le malheureux sévillan a réellement été enterré en terre rondeña.