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Cuirasse caractérielle

La cuirasse caractérielle (character armor) est un concept de Wilhelm Reich : elle correspond à la globalité des attitudes caractérielles qu'un individu développe comme défense contre les excitations émotionnelles excessivement fortes (sa structure neuro-musculaire entre alors en action, et il se bloque ou entre dans une colère magistrale).

C'est une adaptation de la personne à la rigidité sociale (orientée par une morale anti-orgastique) et à l'expression de son environnement affectif possible. Elle est l'expression d'un compromis visant la douleur la moindre, intégré à la fois par le muscle et le nerf, entre les pulsions d'allant vers le monde (expansion, plaisir), et ce que l’environnement tolère de plaisir et sous quelle forme (contraction, interdiction).

Schématique de la cuirasse caractérielle

Le schéma de la cuirasse caractérielle montre une énergie initiale contrecarrée par une tension musculaire acquise, qui dévie et transforme la pulsion initiale en son contraire, qu'une autre adaptation, cette fois-ci sociale, transforme à son tour en caractère "socialisé".

La cuirasse caractérielle est l'objet de l'analyse caractérielle. Les attitudes qu'elle présente sont une forme de rigidité (dite : "caractérielle", attitude guindée), un manque de contact avec autrui (manque d'empathie, par exemple), une attitude "mortifère" (recherche continue plus ou moins dissimulée de conflits).

La cuirasse caractérielle possède une identité fonctionnelle avec la cuirasse neuro-musculaire.

Fonction de la cuirasse caractérielle

La cuirasse caractérielle a pour fonction de maintenir l'intégrité de la personne face à ses pulsions sexuelles et les interdits qui sont liés aux expressions "naturelles" de la sexualité, c'est-à-dire "amoureuses".

Selon son concepteur, la cuirasse caractérielle est le substrat de la morale sexuelle qui est elle-même le résultat des diverses socialisations de la pulsion sexuelle. La morale sexuelle trouve sa plus grande expression dans les religions, en général, et monodéistes, en particulier ; et aussi dans la hiérarchisation des relations sociales où la soumission à l'autorité démontre l'incapacité qu'a l'individu de se prendre en main collectivement.

Selon Wilhelm Reich, la cuirasse caractérielle est essentielle au maintien en vie de la personne : c'est sa rigidité qui est pathogène. Il distingue en cela

  • la cuirasse caractĂ©rielle qui laisse Ă  la personne son aptitude Ă  tolĂ©rer la fonction de l'orgasme, ou puissance orgastique et
  • celle qui empĂŞche la personne de pouvoir, selon les critères de la fonction de l'orgasme, se permettre la dĂ©charge de l'Ă©nergie accumulĂ©e excĂ©dentaire dans l'acte sexuel.

Selon Wilhelm Reich, une morale (dite « anti-sexuelle »), en tant que formulation et représentation mentale de la cuirasse caractérielle[1], tout en donnant un caractère légitime à l'impuissance orgastique, procure les diverses justifications à cette restriction à l'orgasme.

Bibliographie

  • L'Analyse caractĂ©rielle, Ed.: Payot-poche, 2006 (ISBN 2-2289-0059-1) ; Orig. allemand Charakteranalyse, 1933. Éd. amĂ©ricaine Character Analysis, 1945, 1949, rĂ©imp. FSG, 1980
  • La Fonction de l'orgasme, L'Arche, 1986. Orig. allemand Die Funktion des Orgamus, trad. amĂ©ricaine The Function of the Orgasm, 1942, 1948, rĂ©imp. FSG, 1973
  • Écoute, petit homme ![2], illustrĂ© par William Steig, Payot, 1999. Orig. allemand Rede an den kleinen Mann, trad. amĂ©ricaine Listen, Little Man!, 1948, rĂ©imp. FSG, 1974
  • L'Ă©ther, Dieu et le diable, Payot, 1999. Orig. allemand et amĂ©ricain Ether, God and Devil, 1949, rĂ©imp. FSG, 1973
  • La superposition cosmique, Payot, 2001. Orig. amĂ©ricain Cosmic Superimposition, 1951, rĂ©imp. FSG, 1973
  • Le meurtre du Christ, traduit de l'amĂ©ricain par Pierre Kamnitzer, Champ Libre, 1971. Orig. amĂ©ricain The Murder of Christ, 1953, rĂ©imp. FSG, 1978

Références

  1. « Quand on recherche les origines et les innombrables ramifications de la formation de l'opinion publique, on dĂ©bouche toujours sur les anciennes « philosophies Â» classiques de la vie, de l'État, des valeurs absolues, de l'esprit du monde, philosophies adoptĂ©es sans examen critique par une Ă©poque que ces mĂŞmes philosophies « anodines Â» ont prĂ©cipitĂ© dans le chaos, qui a fait perdre Ă  l'animal humain son orientation, son sens de sa propre valeur, qui a vidĂ© sa vie de toute signification. Il ne s'agit donc pas de philosophies, mais d'outils pratiques et dĂ©cisifs permettant de remodeler la vie humaine ; il s'agit de choisir entre les bons et les mauvais outils pour l'Ă©dification et la rĂ©organisation de la sociĂ©tĂ© humaine.
    Or, un outil ne saurait accomplir par lui seul aucun travail. Ce sont des animaux humains vivants qui inventent les outils afin de se rendre maîtres de la nature. C'est la structure caractérielle de l'homme qui détermine la qualité de l'outil et les objectifs au service desquels il sera employé.
    L'homme cuirassé, figé dans sa raideur mécaniste, produit des pensées mécanistes, crée des outils mécanistes et se fait une idée mécaniste de la nature.
    L'homme cuirassĂ© qui sent sans les comprendre les Ă©motions orgonotiques de son corps en dĂ©pit de sa raideur biologique, est un mystique. Il ne s'intĂ©resse pas aux choses « matĂ©rielles Â», mais aux choses « spirituelles Â». Il Ă©labore une idĂ©ologie mystique, surnaturelle de la nature.
    L'homme mĂ©caniste et l'homme mystique Ă©voluent tous deux Ă  l'intĂ©rieur des limites et des lois mentales de leur civilisation placĂ©e sous le signe d'un mĂ©lange confus de machines et de dieux. C'est cette civilisation qui produit les structures mĂ©canistes-mystiques des hommes, et ce sont les structures caractĂ©rielles mĂ©canistes-mystiques qui reproduisent la civilisation mĂ©canicienne et mystique. Les mĂ©canistes aussi bien que les mystiques se situent Ă  l'intĂ©rieur du cadre prĂ©Ă©tabli de la structure humaine de la civilisation rĂ©gie par le mĂ©canisme et le mysticisme. Ils sont incapables de comprendre les problèmes fondamentaux de cette civilisation puisque leur pensĂ©e et leur vision du monde correspondent exactement Ă  la situation qu'ils reflètent et reproduisent sans cesse. Qu'on songe Ă  la lutte meurtrière entre les Hindous et les Musulmans [on est en 1949], Ă  ses effets du mysticisme. Qu'on songe Ă  l'« Ă˘ge de la bombe atomique Â» et l'on saisira la vrai nature de la civilisation mĂ©caniste.
     Â» L'Ă©ther, dieu et le diable, pages 18-20.
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