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Coupure de Dedekind

En mathĂ©matiques, une coupure de Dedekind d'un ensemble totalement ordonnĂ© E est un couple (A, B) de sous-ensembles de E, lesquels forment Ă  eux deux une partition de E, et oĂč tout Ă©lĂ©ment de A est infĂ©rieur Ă  tout Ă©lĂ©ment de B.

Dedekind introduit les coupures pour représenter les nombres irrationnels.

D'une certaine façon, une telle coupure conceptualise quelque chose qui se trouverait « entre » A et B, mais qui ne serait pas forcément un élément de E.

Les coupures de Dedekind furent introduites par Richard Dedekind comme moyen de construction de l'ensemble des nombres réels (en présentant de maniÚre formelle ce qui se trouve « entre » les nombres rationnels).

DĂ©finition

Une coupure de Dedekind d’un ensemble totalement ordonnĂ© E se dĂ©finit par un couple (A, B) de sous-ensembles de E tels que :

  1. A et B sont non vides ;
  2. leur réunion est égale à E ;
  3. tout élément de A est strictement inférieur à tout élément de B ;
  4. si B a une borne inférieure dans E, alors cette borne inférieure est dans B.

Les points 1, 2 et 3 impliquent que A et B réalisent une partition de E. Par conséquent, la donnée de l'un détermine entiÚrement l'autre.

Le point 3 pose le partage des éléments de E dans ces deux parties. Il est possible de montrer que ce point équivaut à :

  • ;
  • ;
  • .

Le point 4 permet de montrer que l'application qui à chaque élément x de E associe la coupure est une bijection entre E et l'ensemble de ses coupures de Dedekind (A, B) telles que B ait une borne inférieure dans E.

Exemples

Construction des nombres réels

Si E est l'ensemble ℚ des nombres rationnels, on peut considĂ©rer la coupure suivante :

Cette coupure permet de reprĂ©senter le nombre irrationnel √2 qui est ici dĂ©fini Ă  la fois par l'ensemble des nombres rationnels qui lui sont infĂ©rieurs et par celui des nombres rationnels qui lui sont supĂ©rieurs.

La prise en compte de toutes les coupures de Dedekind sur ℚ permet une construction de l'ensemble ℝ des nombres rĂ©els.

Une reformulation de cette construction est de ne conserver que la composante A des couples (A, B) ci-dessus, c'est-Ă -dire d'appeler « coupures de Dedekind » toutes les parties propres non vides de ℚ, stables par minorant et ne possĂ©dant pas de plus grand Ă©lĂ©ment. Un rĂ©el x est alors reprĂ©sentĂ© par l'ensemble A de tous les rationnels strictement infĂ©rieurs Ă  x[1] - [2].

Ordre sur les coupures de Dedekind

On définit un ordre sur l'ensemble des coupures de Dedekind de E en posant, pour toutes coupures de Dedekind (A, B) et (C, D) de E :

Il est possible de montrer que l'ensemble des coupures de Dedekind de E muni de cet ordre possĂšde la propriĂ©tĂ© de la borne supĂ©rieure, mĂȘme si E ne la possĂšde pas. En prolongeant E dans cet ensemble, on le prolonge en un ensemble dont toute partie non vide et majorĂ©e possĂšde une borne supĂ©rieure.

Notes et références

  1. (en) Herbert B. Enderton, Elements of Set Theory, Elsevier, (lire en ligne), p. 112-120 — Un manuel de premier cycle universitaire en thĂ©orie des ensembles, qui ne « prĂ©juge d'aucune formation ». Il est Ă©crit pour accompagner un cours centrĂ© sur la thĂ©orie axiomatique des ensembles, ou sur la construction des systĂšmes numĂ©riques ; le matĂ©riel axiomatique est marquĂ© afin de pouvoir ĂȘtre dĂ©mystifiĂ© (p. xi-xii).
  2. (en) Walter Rudin, Principles of Mathematical Analysis, McGraw-Hill, , 3e Ă©d. (1re Ă©d. 1953) (lire en ligne), p. 17-21 — Manuel pour un cours de second cycle universitaire avancĂ©. « L'expĂ©rience m'a convaincu qu'il est pĂ©dagogiquement malavisĂ© (bien que correct logiquement) de dĂ©marrer la construction des rĂ©els Ă  partir des rationnels. Au dĂ©but, la plupart des Ă©tudiants ne voient tout simplement pas pourquoi le faire. Donc on introduit le systĂšme des rĂ©els comme un corps ordonnĂ© satisfaisant la propriĂ©tĂ© de la borne supĂ©rieure, et on en montre rapidement quelques propriĂ©tĂ©s. Cependant la construction de Dedekind n'est pas omise. Elle est mise en appendice du chapitre 1, oĂč elle peut ĂȘtre Ă©tudiĂ©e et apprĂ©ciĂ©e quand le temps en est venu. » (p. ix).

Voir aussi

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