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Convention de Bloemfontein

La convention de Bloemfontein (parfois appelée convention de la rivière Orange) est une convention par laquelle le gouvernement britannique reconnaît formellement l'indépendance des Boers dans la région comprise entre le fleuve Orange et la rivière Vaal, territoire qui était celui de la Souveraineté de la rivière Orange. Il en résulte l'institution de la république boer de l'État libre d'Orange.

Ă€ droite de la carte, le territoire de forme triangulaire compris entre le Vaal (au nord) et l'Orange (au sud).
Convention de Bloemfontein
Convention de la rivière Orange
Description de cette image, également commentée ci-après
Le First Raadsaal, le plus ancien bâtiment encore debout de Bloemfontein, où fut signé la convention[1].
C'est aujourd'hui une annexe du musée national de Bloemfontein.
Type de traité reconnaissance d'indépendance
Langues anglais
Signé
Bloemfontein, Souveraineté de la rivière Orange
Expiration
(pour partie auparavant)
Parties
Signataires Gouvernement britannique (Sir George Clerk) Représentants de la communauté Boer de la Souveraineté de la rivière Orange (25 personnes)

Contexte

Traversée de l'Orange, vers 1900.

Au XIXe siècle, à l'occasion du Grand Trek commencé dans les années 1830, les Boers quittent la colonie du Cap, cherchant à s'émanciper de la tutelle britannique. Leurs intérêts coloniaux font cependant que les Britanniques, en 1843, reprennent l'éphémère république de Natalia fondée par les Boers et créent la colonie du Natal[2].

Après qu'ils se sont installĂ©s au-delĂ  de l'Orange, dans un territoire qu'ils appellent « Transorange », les relations entre les Boers et les communautĂ©s Ă©tablies entre le fleuve Orange et la rivière Caledon deviennent extrĂŞmement tendues, notamment avec les Basotho. Harry Smith, Ă  ce moment gouverneur de la colonie du Cap, dĂ©cide d'annexer la zone et d'Ă©tablir clairement la frontière, jusque-lĂ  « mouvante »vol. 6154_3-0">[3], de la colonie. Le territoire compris entre le Vaal et l'Orange est officiellement annexĂ© par les Britanniques, sous le nom de SouverainetĂ© de la rivière Orange, le . Dans ce processus, les Basotho perdent une grande quantitĂ© de terres, malgrĂ© le traitĂ© de 1843 qui leur accordait la zone situĂ©e entre l'Orange et le Celadon ; quant aux Boers, ils sont furieux. DirigĂ©s par Andries Pretorius, ils chassent le major Henry Douglas Warden de Bloemfontein en . En , Harry Smith arrive sur place avec son armĂ©e et affronte les Boers Ă  la bataille de Boomplaats. Les Britanniques sont victorieux et tracent une ligne de frontière, appelĂ©e « ligne Warden »[4], qui s'Ă©tend de la confluence entre la Cornetspruit (aujourd'hui rivière Makhaleng) et l'Orange jusqu'Ă  Jammerbergdrift, au bord de la rivière Caledon, en passant par Vegkop (ou Vechtkop). Cela conduit Ă  un conflit avec les Basotho, Ă  l'occasion duquel les armĂ©es du roi Moshoeshoe Ier dĂ©font les Britanniques Ă  la bataille de Viervoet en 1851 puis Ă  celle de Berea en 1852[4] - [5].

Le gouvernement britannique revient sur sa décision d'annexion, alléguant qu'il est trop cher et trop difficile de se maintenir en cet endroit. En effet, les Boers, qui veulent l'indépendance, menacent de s'allier aux Basotho de Moshoeshoe dans une guerre anti-britannique. Les Boers sont priés d'envoyer une délégation à une rencontre avec le commissaire George Clerk, en , afin d'envisager les conditions de l'autonomie politique dans la Souveraineté de la rivière Orange. N'obtenant pas satisfaction, les Boers envoient deux membres de leur délégation d'origine en Angleterre afin de convaincre le gouvernement britannique de revenir sur sa décision[5].

Convention

Le , une proclamation royale signe le renoncement britannique à toute autorité sur la Souveraineté de la rivière Orange. Le , la convention de Bloemfontein reconnaît l'indépendance de la région, qui devient l'Orange Free State (« État libre d'Orange »). Le traité ne mentionne pas les Basotho, non plus que les Griquas dirigés par Adam Kok III, les uns comme les autres pourtant signataires de traités antérieurs qui sont largement remis en cause par celui de Bloemfontein.

Le traité est signé dans un bâtiment, connu aujourd'hui sous le nom de First Raadsaal par George Clerk, au nom du gouvernement britannique et par vingt cinq représentants Boers. Plus tard, les deux premiers présidents de l'État Libre d'Orange prêteront serment dans ce bâtiment qui deviendra un important symbole durant l'ère de l'apartheid[5] - [6].

La convention prévoit d'autoriser l'accès aux armes à feu pour les Boers, ce qui est interdit aux Africains[7] - [8].

Conséquences

Pendant cinquante ans après cela, les Boers ont le droit de se gouverner indépendamment de la Grande-Bretagne ; cela contrarie aussi, durant la même période, les ambitions expansionnistes de la colonie du Cap[5].

Ce traitĂ©, conjointement avec celui de la Sand River, signĂ© deux ans auparavant en 1852 et qui avait conduit Ă  la crĂ©ation de la rĂ©publique du Transvaal, marque un tournant dans l'histoire de l'Afrique du Sud. Le traitĂ© de la Sand River entĂ©rinait un Ă©tat de fait, et la convention de Bloemfontein, plus ou moins semblable dans l'esprit, nie tous les accords antĂ©rieurs pourtant dĂ»ment signĂ©s, laissant les Boers face aux Africains, inaugurant une longue pĂ©riode de conflits territoriauxvol. 6180_9-0">[9] - [10]. L'orientation politique du moment, du cĂ´tĂ© des Britanniques, est de prĂ©server la colonie du Cap et d'Ă©viter les frais supplĂ©mentaires, logistiques et militaires, qu'aurait engendrĂ© leur maintien dans les rĂ©gions concĂ©dĂ©es aux Boersvol. 6180-181_11-0">[11]. Ces deux traitĂ©s Ă©tablissent la situation politique qui conduit, un peu plus tard, aux guerres anglo-boers, guerres entre Blancs sur la terre africaine[12].

Par ailleurs, les Britanniques, par leur retrait et la remise en cause subsĂ©quente du traitĂ© avec Adam Kok, laissent le champ libre Ă  l'accaparement des terres des Griquas par les Boers ; ces terres Ă©taient auparavant louĂ©es par les Griquas aux Boers, mais le traitĂ© entĂ©rine une souverainetĂ© boer sur ces mĂŞmes terres. En outre, les Britanniques et les Boers s'entendent secrètement au dĂ©triment des Griquas[13] - vol. 6154_3-1">[3]. Cela conduit Ă  l'exode de ces derniers, qui abandonnant la zone, crĂ©ent le Griqualand Est au dĂ©but des annĂ©es 1870vol. 6194_14-0">[14].

Notes et références

  1. (en) « First Raadsaal Museum »
  2. (en) « Convention Bloemfontein », (consulté le )
  3. vol. 6154-3" class="mw-reference-text">Histoire gĂ©nĂ©rale de l'Afrique, vol. 6, p. 154.
  4. Fauvelle-Aymar 2006, p. 201.
  5. Ballard-Tremeer 2016.
  6. (en) « Bloemfontein Convention Signed », South African History Online,
  7. (en) J.D. Fage, E. John et Anthony Roland, The Cambridge history of South Africa, vol. 5, Cambridge, p. 381
  8. (en) James S. Olson et Robert Shadle, Historical dictionary of the British Empire, Westport, Grenwood Press, , 1254 p. (ISBN 0-313-27917-9), p. 145
  9. vol. 6180-9" class="mw-reference-text">Histoire gĂ©nĂ©rale de l'Afrique, vol. 6, p. 180.
  10. Walker 1963, p. 355.
  11. vol. 6180-181-11" class="mw-reference-text">Histoire gĂ©nĂ©rale de l'Afrique, vol. 6, p. 180-181.
  12. (en) « Sand River and Bloemfontein conventions », Encyclopædia Britannica online (consulté le )
  13. (en) Michael Morris et John Linnegar, Every step of the way. The journey to freedom in South Africa, Le Cap, Ministry of Education, South Africa - HSRC Pres., , p. 102.
  14. vol. 6194-14" class="mw-reference-text">Histoire gĂ©nĂ©rale de l'Afrique, vol. 6, p. 194.

Bibliographie

  • (en) Beverley Ballard-Tremeer, « Happy 170th birthday Bloemfontein: From British spy post to judicial capital », South African people news,‎ (lire en ligne)
  • François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l’Afrique du Sud, Éditions du Seuil, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jacob Festus Adeniyi Ajayi (dir.), Histoire gĂ©nĂ©rale de l'Afrique, vol. 6 : L’Afrique au XIXe siècle jusque vers les annĂ©es 1880, UNESCO, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) Rosalie Schaffer, « Succession to treaties: South African practice in the light of current developments in international law », International & Comparative Law Quarterly,‎ (lire en ligne)
  • (en) Eric Anderson Walker, The Cambridge History of the British Empire, vol. 1, CUP Archive, (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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