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Convention d'Alkmaar

La Convention d'Alkmaar est un traité de paix qui fut signé le par les forces bataves et françaises d'une part, et les envahisseurs britanniques et russes d'autre part. Il marque la fin de l'invasion anglo-russe de la Hollande qui constitue l'un des principaux épisodes de la Deuxième Coalition, en imposant notamment aux envahisseurs un retrait de leurs troupes de la péninsule.

Contexte

À la suite de la bataille de Castricum du , au cours de laquelle les deux camps subirent de lourdes pertes, le chef de l'état-major britannique, Frederick d'York, comte d'Ulster et duc d'York et Albany ordonna un repli de ses troupes au niveau de la tête de pont originelle, située à l'extrême nord de la péninsule. Il décida donc d'approcher le général français Guillaume Brune pour lui proposer une capitulation honorable, et un retrait de l'ensemble des troupes avant la fin du mois de novembre[1]. Celle-ci fut transmise par le général Knox le [2].

Les nĂ©gociations qui suivirent furent rapides. Sous l'impulsion du gouvernement batave, Brune exigea dans un premier traitĂ© le retour de l'escadre batave capturĂ©e, ainsi que la libĂ©ration de 15 000 soldats dĂ©tenus au Royaume-Uni[3]. Jugeant les conditions de capitulation inacceptables, le duc d'York menaça de dĂ©truire une digue situĂ©e près de Petten, et donc d'inonder les terres situĂ©es autour du polder de Zijpe. Le gĂ©nĂ©ral Krayenhoff, qui avait lui-mĂŞme passĂ© les prĂ©cĂ©dentes semaines Ă  inonder une grande partie de la pĂ©ninsule, ne se laissa toutefois pas impressionner par cette menace. Conscient que le processus Ă©tait facilement rĂ©versible, il le fit savoir Ă  Brune. Cependant, ce dernier se laissa plus facilement impressionner (oĂą en tout cas le laissa croire, Krayenhoff ayant mentionnĂ© une offrande de plusieurs « magnifiques chevaux » du duc Ă  Brune, ce qui aurait pu faire pencher la balance), et s'entendit avec les Britanniques sur un accord très favorable aux Anglo-russes[4].

Dans cet accord, la Convention d'Alkmaar, qui fut signĂ©e le , il n'Ă©tait plus question de restitution des navires bataves. Une Ă©vacuation sans violence fut accordĂ©e aux troupes anglo-russes et aux mutins orangistes, Ă  condition qu'elle soit finalisĂ©e avant le 1er dĂ©cembre. Un Ă©change de 8 000 prisonniers de guerre, parmi lesquels des marins bataves capturĂ©s au cours de la bataille de Camperdown (dont l'amiral De Winter)[4]. Les Britanniques promirent Ă©galement de restituer la forteresse de Den Helder et ses canons dans un bon Ă©tat. En dehors du retour de leurs prisonniers, les Bataves se sentirent lĂ©sĂ©s par cet accord, mais ils ne furent pas en mesure de nĂ©gocier de meilleures conditions[5].

L'armistice entra en vigueur immédiatement, et l'évacuation des troupes s'acheva le lorsque le général Pulteney quitta la péninsule avec les dernières troupes britanniques[Note 1] - [6] - [4].

Contenu du traité[7]

« M. le. major - général Knox muni des pouvoirs de Son Altesse Royale le duc d'York, commandant, en chef l'armée combinée Anglaise et Russe, et Le citoyen Rostallan, général de brigade, chef de l'état major général, muni des pouvoirs du citoyen Brune, général en chef, commandant l'armée Française et Batave

Sont convenus des articles suivants :

  • Art. I. Ă€ compter de ce jour, toutes hostilitĂ©s cessent entre les deux armĂ©es.
  • Art. II. La ligne actuellement existante des avant-postes des deux armĂ©es, servira respectivement de ligne de dĂ©marcation.
  • Art. III. Tous ouvrages offensifs ou dĂ©fensifs restent suspendus de part et d'autre, et il ne peut en ĂŞtre fait de nouveaux.
  • Art. IV. Les batteries armĂ©es qui existaient au Helder, et dans les proportions oĂą se trouvait l'armĂ©e batave lors de l'invasion seront rĂ©tablies dans leur intĂ©gritĂ©, ou resteront dans l'Ă©tat prĂ©sent amĂ©liorĂ©es, pourvu que les pièces d'artillerie batave y soient toutes conservĂ©es.
  • Art. V. L'armĂ©e combinĂ©e Anglaise et Russe se rembarquera le plus tĂ´t possible, et aura Ă©vacuĂ© le territoire, les cĂ´tes, iles et mers intĂ©rieures de la RĂ©publique Batave au 9 frimaire prochain (), sans y avoir causĂ© aucuns dĂ©gâts, en pratiquant des inondations, coupures, de digues, ou en obstruant les sources de la navigation, etc.
  • Art. VI. Les vaisseaux de guerre ou autres bâtiments qui viendraient avec des renforts pour l'armĂ©e combinĂ©e anglaise et russe ne pourront effectuer aucun dĂ©barquement, et repartiront sur-le-champ.
  • Art. VII. Le gĂ©nĂ©ral en chef Brune pourra envoyer un officier dans le Zijpe et au Helder[Note 2], pour lui rendre compte, tant de l'Ă©tat des batteries que du progrès de l'Ă©vacuation. Son Altesse Royale le duc d'York pourra aussi envoyer un officier sur la ligne française et batave, pour se convaincre qu'on ne fait pas de nouveaux ouvrages. Un officier supĂ©rieur de marque de chaque armĂ©e sera envoyĂ© pour garantir l'exĂ©cution du prĂ©sent accord.
  • Art. VIII. Huit mille prisonniers de guerre, français et bataves, faits antĂ©rieurement Ă  la prĂ©sente campagne, et dĂ©tenus actuellement en Angleterre seront, au choix et dans la proportion rĂ©glĂ©e par les gouvernements des deux rĂ©publiques alliĂ©es, renvoyĂ©s libres et sans condition dans leur patrie. M. le major-gĂ©nĂ©ral Knox restera Ă  l'armĂ©e française pour garantir l'exĂ©cution du prĂ©sent article.
  • Art. IX. Le cartel, Ă©tabli entre les deux armĂ©es par l'Ă©change des prisonniers faits durant la prĂ©sente campagne, continuera d'avoir son exĂ©cution. Il est en outre convenu que l'amiral batave de Winter, est considĂ©rĂ© comme Ă©changĂ©[Note 3].

Conclu à Alkmaar, le 26 vendémiaire de l'an 8 de la République Française ().

Par les généraux soussignés, munis de pouvoirs à cet effet.

Signé Knox et Rostollan

Approuvé : Le général en chef de l'armée française et batave. Signé Brune. Approuvé : Signé Frédéric duc d'York, Commandant en chef l'armée combinée de sa Majesté Britannique et de l'empereur de toutes les Russies. Et Mitchell, vice-amiral de la bleue, etc. , etc., Commandant en chef l'escadre de sa Majesté Britannique, pour l'expédition sur les côtes de Hollande. »

Première proposition de traité[8]

La première proposition de traité formulée par le général Brune était bien plus défavorable aux envahisseurs que la convention qui fut finalement signée entre les deux armées. Elle exigeait entre autres la restitution aux Bataves de la flotte qui leur avait été confisquée à la suite de la Capitulation de Vlieter.

« Art. I. ta flotte Batave, rendue à l'amiral Mitchell par l'amiral Story, sera restituée à la République Batave, avec l'armement et l'équipage. Dans le cas où l'exécution de cette clause excèderait les pouvoirs de monseigneur le duc d'York, S. A. R. s'engagera à obtenir de sa cour une compensation équivalente.

  • Art. II Quinze mille prisonniers de guerre français et bataves dĂ©tenus en Angleterre seront, au choix et dans la proportion rĂ©glĂ©e par les gouvernements des deux rĂ©publiques, renvoyĂ©s libres et sans condition dans leur patrie. L'amiral batave De Winter sera considĂ©rĂ© comme Ă©changĂ©. Le prĂ©sent article ne prĂ©judicie en rien au cartel d'Ă©change qui est en activitĂ©, et n'en fait point partie.
  • Art. III. Les batteries du postĂ© du Helder seront rĂ©tablis dans l'Ă©tat oĂą elles se trouvaient lors de l'invasion faite par l'armĂ©e anglo-russe. Un officier d'artillerie sera envoyĂ© au Helder par le gĂ©nĂ©ral Brune pour surveiller l'exĂ©cution de cet article.
  • Art. IV. Sous quarante-huit heures, l'armĂ©e aux ordres de S. A. R. monseigneur le duc d'York Ă©vacuera la position du Zijpe ses avant postes seront retirĂ©s Ă  la hauteur de Callantsoog. L'armĂ©e française et batave conservera les positions qu'elle occupe actuellement, et prendra nĂ©anmoins avant-poste Ă  Petten, Krabbendam, Schagerbrug et Colhorn. Elle aura seulement une vedette Ă  la hauteur de Callantsoog.
  • Art. V. Les troupes, composant l'armĂ©e anglo-russe s'embarqueront successivement et le plus promptement possible. D'ici au 3o brumaire prochain, tous bâtiments anglais devront ĂŞtre sortis du Texel, ainsi que toutes les troupes anglaises et russes des mers, cĂ´tes et iles de la RĂ©publique batave sans que, dans cet intervalle, ils puissent troubler les grandes sources de la navigation, ni pratiquer aucune inondation dans le pays.
  • Art. VI. Les vaisseaux de guerre et autres bâtiments chargĂ©s de nouvelles troupes pour l'armĂ©e combinĂ©e anglaise et russe, ne pourront effectuer de dĂ©barquement; ils devront se remettre en mer le plus tĂ´t possible.
  • Art. VII. Pour la garantie de ces clauses, il sera donnĂ© par Monseigneur le duc d'Yok des Ă©tages choisis parmi les officiers de marque de son armĂ©e.

Fait à Alkmaar »

Notes

  1. Krayenhoff, alors à la tête des ingénieurs de guerre bataves explique notamment comment il a personnellement inspecté la forteresse au nom des franco-bataves pour vérifier que les conditions du traité avaient bien été respectées.
  2. Cette mission fut confiée au futur général Krayenhoff
  3. L'amiral batave Jean-Guillaume de Winter fut capturé avec sa flotte par les Britanniques à la suite de la Capitulation de Vlieter, au début du conflit.

Références

  1. MacCarthy 1817, p. 189
  2. Campaign, p. 63–64
  3. MacCarthy 1817, p. 192-194
  4. MacCarthy 1817, p. 200-205
  5. Krayenhoff, p. 224–237
  6. Krayenhoff, ch. IX, p. 258
  7. MacCarthy 1817, p. 200-203
  8. MacCarthy 1817, p. 193-194

Bibliographie

  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article M. MacCarthy, Histoire de la campagne faite en 1799, en hollande : Traduite de l'anglais, Plancher, (lire en ligne)
  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article (nl) C.R.T. Krayenhoff, Geschiedkundige Beschouwing van den Oorlog op het grondgebied der Bataafsche Republiek in 1799, University of Michigan Library, , 528 p. (ISBN 1-151-60949-8) (version en ligne sur Google Books: )
  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article (en) Subaltern, The Campaign in Holland, 1799, W. Mitchell Publication, , 36 p. (ISBN 1-151-60949-8, lire en ligne)
  • Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la RĂ©volution française. 1789-1799, Paris, Ă©d. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1987, 1998 [dĂ©tail des Ă©ditions] (ISBN 978-2-221-08850-0)
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