Consentement mutuel
Consentement mutuel est un film français de Bernard Stora sorti en 1994.
Titre original | Consentement mutuel |
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RĂ©alisation | Bernard Stora |
Acteurs principaux | |
Pays de production |
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Genre | Drame |
Durée | 115 minutes |
Sortie | 1994 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le film Ă©voque la sĂ©paration de Jeanne et Romain dix ans aprĂšs leur mariage. La garde de leur fillette, Mado, est confiĂ©e Ă Jeanne. Au dĂ©but, tout se passe bien. Mais peu Ă peu, Romain, qui vit ce divorce comme un Ă©chec, entreprend de dĂ©stabiliser son ex-Ă©pouse. Lâexistence de Jeanne vire rapidement au cauchemar.
Synopsis détaillé
Jeanne et Romain sont mariĂ©s depuis dix ans. Ils ne sâentendent plus. Une nuit, ils sâaffrontent avec une rare violence. Le lendemain, leur dĂ©cision est prise : divorcer. Leur mariage a Ă©tĂ© un Ă©chec, ils veulent rĂ©ussir leur sĂ©paration. Pas de chicane, pas de contestations inutiles. Ils divorceront comme des gens intelligents, comme des adultes : par consentement mutuel. Pas question non plus de se disputer la garde de Mado, leur fille, ĂągĂ©e de huit ans. Ă l'usage des gens raisonnables, la loi prĂ©voit maintenant lâautoritĂ© parentale conjointe. Mado rĂ©sidera chez sa mĂšre, mais Romain la verra aussi souvent quâil le dĂ©sire et les dĂ©cisions importantes seront prises dâun commun accord.
Au dĂ©but, tout marche Ă merveille. Jeanne, qui travaille dans lâimmobilier, a prĂ©fĂ©rĂ© quitter la banlieue rĂ©sidentielle oĂč elle a vĂ©cu avec Romain. Elle et Mado habitent un petit appartement dans le centre de Paris. Positive, fonceuse, elle prend les choses comme elles viennent et ne sâembarrasse pas de principes rigides. Sa gĂ©nĂ©rositĂ© compense bien des choses. Bien sĂ»r, dans le quotidien, il y a parfois quelques dĂ©rapages. Des couchers trop tardifs, des rĂ©veils qui ne sonnent pas le matin, des repas grappillĂ©s devant la tĂ©lĂ©vision⊠Jeanne nâa pas la prĂ©tention dâĂȘtre une mĂšre parfaite. Dâune certaine façon, elle est beaucoup mieux que ça.
En fin de semaine, Mado va chez Romain. LĂ , c'est la reprise en main. Les repas substantiels, les loisirs contrĂŽlĂ©s, la tĂ©lĂ© Ă©teinte Ă neuf heures et les dents lavĂ©es avant de se coucher. Mado passe sans Ă©tats dâĂąme dâun univers Ă lâautre. Elle semble apprĂ©cier tout autant lâoptimisme insouciant de sa mĂšre que la rigueur sĂ©curisante imposĂ©e par son pĂšre. Lâun comme lâautre lui sont nĂ©cessaires. Romain joue le jeu loyalement. Ses relations avec Jeanne n'ont jamais Ă©tĂ© aussi bonnes depuis des annĂ©es. Il leur arrive de converser amicalement, au grĂ© des accompagnements-raccompagnements de la fillette. Jeanne dit partout quâil est ex-tra-or-di-naire. Elle nâaurait jamais cru que ça se passerait aussi bienâŠ
Un soir, en rentrant chez elle, Jeanne trouve dans sa boßte un avis de lettre recommandée. Le lendemain matin, avant d'aller travailler, elle passe à la poste. La lettre est de Romain. Elle est tapée à la machine. Romain y consigne, dans un style administratif, un certain nombre de remarques concernant Mado. Son bulletin scolaire est moins bon que celui du mois précédent⊠Son expression orale s'est relùchée⊠Un bouton manque à son manteau depuis déjà deux semaines⊠La lettre se termine ainsi : « J'espÚre que mes remarques seront entendues et je souhaite en constater les effets le plus rapidement possible⊠»
Abasourdie, Jeanne se prĂ©cipite chez Romain pour lui demander des comptes. Pourquoi une lettre recommandĂ©e, pourquoi ce ton, pourquoi avoir rompu brusquement leur pacte, pourquoi ne pas avoir franchement exposĂ© ses griefs de vive voix ? Romain minimise la portĂ©e de la lettre. Pure formalitĂ©. Maladresse, peut-ĂȘtre, il nâen disconvient pas. Il se montre cordial, presque affectueux. Jeanne, toujours positive, se laisse convaincre. Pour elle, lâincident est clos. Elle se trompe. La guerre est dĂ©clarĂ©e.
Romain va la mener sans faiblir, avec science et dĂ©termination. En fin stratĂšge. Il va y consacrer lâessentiel de son temps. PremiĂšre Ă©tape : harceler lâadversaire. Il met en place un systĂšme de surveillance destinĂ© Ă vĂ©rifier les activitĂ©s, la tenue, la ponctualitĂ© de Mado. Sa mĂ©thode consiste Ă ne laisser aucun rĂ©pit Ă Jeanne, Ă lui donner lâimpression quâelle nâest jamais Ă lâabri dâun contrĂŽle. TrĂšs vite, le systĂšme se perfectionne. Romain pratique de vĂ©ritables filatures. On ne le voit pas, mais il laisse volontairement des traces de son passage. Ne serait-ce que son lourd 4x4, reconnaissable entre tous, garĂ© en Ă©vidence. Le soir, Mado dit Ă Jeanne : « Jâai vu la voiture de Papa, mais jâai pas vu Papa. » Jeanne rĂ©agit plutĂŽt bien Ă ce premier assaut. Elle sâefforce de ne rien changer Ă ses habitudes, refuse de modifier son comportement avec Mado sous prĂ©texte de donner des gages de bonne volontĂ© Ă Romain. Elle en remettrait mĂȘme dans le style Ă©ducation libre, non par provocation, mais pour marquer clairement son territoire. Romain note tout, Ă©tablit des fiches, nourrit des dossiers. Les preuves sâaccumulent.
Il peut passer Ă la seconde phase de son plan : isoler lâadversaire, faire le vide autour de lui. Sa premiĂšre cible, la plus simple Ă atteindre, le lieu oĂč son intervention peut sembler la plus lĂ©gitime, est lâĂ©cole. Romain a le goĂ»t et le sens de la manipulation. Lâinstitutrice de Mado est tout de suite conquise. Elle apprĂ©cie le calme de Romain, la façon dont il parle de son ex-femme avec objectivitĂ©, sans passion. Le vocabulaire psy dont il Ă©maille son discours lui rappelle les confĂ©rences pĂ©dagogiques quâelle frĂ©quente avec assiduitĂ©. Il la persuade sans peine que Mado, du fait de Jeanne, est en danger. Elle sâenrĂŽle sous sa banniĂšre. Jeanne, de mĂšre un peu fantasque, devient une personne instable, peu fiable, Ă surveiller.
Romain ouvre alors un autre front. Il tĂ©lĂ©phone aux parents de Jeanne avec qui il est restĂ© en contact et propose de leur rendre visite avec Mado. Les parents acceptent de grand cĆur. Ils ont toujours eu, vis-Ă -vis de Romain, une attitude un peu servile, empressĂ©e, presque craintive. Romain leur tient un discours de responsabilitĂ©, sâemploie Ă prĂ©server Jeanne, dont il dit respecter les choix, mais expose franchement la situation. Mado ne va pas bien. Elle mĂšne avec sa mĂšre une vie agitĂ©e, confuse, sans repĂšres. Son Ă©quilibre est menacĂ©, son dĂ©veloppement intellectuel ralenti, sa santĂ© compromise. On ne peut pas laisser faire sans rĂ©agir. Les deux vieux opinent, bouleversĂ©s. Jeanne nâĂ©tait pas faite pour avoir des enfants. Elle nâa aucun sens des rĂ©alitĂ©s. Ils trahissent leur fille sans mĂȘme sâen rendre compte, de bon cĆur, sans remords.
Jeanne sent monter autour dâelle une hostilitĂ© diffuse quelle ne sait comment endiguer. Elle perçoit, sans en connaĂźtre tous les rouages, la tactique de harcĂšlement de Romain. Les escarmouches se multiplient. Jeanne tente une conciliation. Elle invite Romain Ă dĂźner, lui demande ce quâil veut au juste. « Je veux que tu reconnaisses tes erreurs, rĂ©pond Romain. â Quelles erreurs ? â Toutes. Je tâobligerai Ă reconnaĂźtre tes erreurs. » Elle prend peur. JusquâĂ prĂ©sent, elle pensait que Romain finirait par lĂącher prise et reviendrait de lui-mĂȘme Ă une attitude plus mesurĂ©e. Mais câest lâinverse qui se produit. Romain ira jusquâau bout. Mado nâest quâun prĂ©texte. Câest elle qui est visĂ©e. Il veut la faire plier, prouver quâelle est incapable de vivre seule, de travailler, dâassumer ses responsabilitĂ©s. Quâelle lui doit tout. Quâelle ne peut exister sans lui.
Un week-end, Jeanne part chez des amis avec Mado. La maison est agrĂ©able, elle se dĂ©tend, les deux jours passent comme un rĂȘve. Jeanne nâa pas envie de rentrer Ă Paris le dimanche soir. Tant pis. Mado manquera lâĂ©cole une demi-journĂ©e. Ă son Ăąge, câest pas bien grave. Quant Ă elle, il suffira quâelle appelle son boulot. Elle trouvera bien une excuse. Romain, comme il le fait parfois, tĂ©lĂ©phone vers neuf heures chez Jeanne pour dire bonsoir Ă Mado. TrĂšs surpris de ne trouver personne, il rappelle plus tard, et encore plusieurs fois dans la nuit. Le lendemain matin, il est Ă la porte de l'Ă©cole et constate l'absence de Mado. Il tĂ©lĂ©phone Ă l'agence immobiliĂšre, apprend que Jeanne a fait prĂ©venir qu'elle ne viendrait pas travailler ce jour-lĂ . Romain se prĂ©cipite chez les flics et leur fait part de son inquiĂ©tude. Il est sans nouvelles de sa femme qui est partie en emmenant sa fille. Elle est trĂšs perturbĂ©e, capable de gestes extrĂȘmes. Il faut agir d'urgence. En peu de temps, la machine sâemballe. Ă tel point que Jeanne, rentrant tranquillement sur Paris vers midi, est arrĂȘtĂ©e par les gendarmes au pĂ©age autoroutier de Fleury-en-BiĂšre, prĂšs de Fontainebleau. AffolĂ©e, Jeanne prend un avocat et engage une action en justice Le piĂšge vient de se refermer.
Romain lâa conduite exactement sur le terrain oĂč il souhaitait livrer bataille. En lui laissant la responsabilitĂ© de lâattaque. Ses dossiers sont prĂȘts, son discours Ă©prouvĂ©, ses arguments aiguisĂ©s. Tout ce que Jeanne a dit, tout ce quâelle a fait depuis des mois, minutieusement dĂ©cortiquĂ©, tĂ©moigne contre elle. La pondĂ©ration de Romain, son objectivitĂ© apparente font merveille. Jeanne perd pied. Elle se sent devenir peu Ă peu lâinadaptĂ©e, la peu fiable, la non-solvable, lâimmature quâon dĂ©crit. LâidĂ©e dâun complot dont elle serait la cible la tourmente insidieusement. Elle rĂ©agit maladroitement, sâagite, finit par agacer. Elle perd encore quelques appuis. Ă bout de nerfs, elle se souvient dâun ami Ă©tabli psychiatre Ă Lyon. Elle dĂ©cide de le consulter. AussitĂŽt dans son bureau, elle se sent mal, demande Ă sâĂ©tendre et sâendort profondĂ©ment. Au retour, elle sait quâelle nâa plus le choix. Elle prĂ©pare une petite valise pour Mado et conduit lâenfant chez son pĂšre. Romain a gagnĂ©.
Jeanne se rĂ©fugie chez ses parents. Ils ont Ă©tĂ© faibles et crĂ©dules, ils lâont abandonnĂ© au moment oĂč elle aurait eu besoin dâeux. Mais elle sait que le chemin part de lĂ . Le chemin dâavant sa rencontre avec Romain. Tous ces liens dĂ©nouĂ©s, toutes ces Ă©motions enfuies, toutes ces sensations oubliĂ©es. Tout ce quâelle Ă©tait, elle, avant de se perdre. Tout ce quâelle doit retrouver si elle veut vivre. Câest comme un retour Ă lâenfance. Au temps dâavant lâexistence du temps. Quelques semaines plus tard, quelques mois peut-ĂȘtre, Romain vient la voir avec Mado. Il a une grande nouvelle Ă lui annoncer. Il aime une femme. Elle est enceinte de lui. Il a dĂ©cidĂ© de lâĂ©pouser. Il lui propose un armistice. En ce qui le concerne, si elle le veut, Ă la minute mĂȘme tout est oubliĂ©. Quant Ă Mado, sa place, il lâa compris, est avec sa mĂšre. Dâailleurs, câest ce quâelle souhaite. Elle ne lui a rien dit, mais il le devine. Avant mĂȘme de lui laisser le temps de rĂ©pondre, il est reparti pour Paris, laissant Mado derriĂšre lui. « Quelle vie, le pauvre, dit la mĂšre de Jeanne. Toujours Ă courir ! » Câest ainsi que la guerre se termine.
Quelle guerre, dâailleurs ? A-t-elle seulement eu lieu ? VoireâŠ
Le sujet
Comme dans tous les pays dits dĂ©veloppĂ©s, on divorce beaucoup en France. De plus en plus chaque annĂ©e. Divorce-t-on mieux pour autant ? Le divorce est-il devenu âpropreâ, inoffensif, bĂ©nin ? Aussi nĂ©cessaire et consentie quâelle puisse paraĂźtre, la sĂ©paration est un Ă©chec. Ăchec des sentiments. Ăchec des ambitions, des rĂȘves et des projets partagĂ©s. LâĂ©chec appelle la revanche.
Quand un enfant vient sâinterposer, la tentation est grande de poursuivre la guerre Ă travers lui. Champ de bataille imposĂ©, la justice offre aux combattants des ressources inĂ©puisables. La mĂšre y bĂ©nĂ©ficie dâune indulgence de principe. Encore faut-il quâelle se conforme strictement Ă son rĂŽle. Toute dĂ©viance est mal perçue. Tout Ă©cart est sanctionnĂ©. Jeanne, avec sa gĂ©nĂ©rositĂ© un peu brouillonne, son langage sans prĂ©caution, se fait vite repĂ©rer : Non conforme. Elle passe du statut enviable de mĂšre, Ă celui, infamant, de âmauvaise mĂšreâ. Le piĂšge se met en placeâŠ
Fiche technique
- RĂ©alisation :Bernard Stora
- Productrice : Adeline Lecallier
- Scénario : Bernard Stora et Philippe Delannoy
- d'aprÚs une idée originale de Marie Dedale
- Image : Romain Winding
- Son : Georges Prat
- Montage : Jacques Comets
- Musique : Jeff Cohen
- Improvisations au saxophone : Steve Lacy
- Chanson Bore ad ana interprétée par Jacinta
- Générique de fin : Le Tic-Toc-Choc ou les Maillotins de François Couperin, interprété au clavecin par Petja Kaufman
- DĂ©cors : Arnaud de Moleron
- Costumes : Jacqueline Bouchard
- Directeur de production : Gilles Sacuto
- RĂ©gie : Sophie Quiedeville
- Producteurs associés : Alain Rocca et Christophe Rossignon
- Production :Lazennec - en coproduction avec France 3 cinéma, avec la participation de Canal+
- Durée : 115 minutes
- Pays :
France
- Langue : Français
- Dates de tournage : du au
- Lieux de tournage : Paris, région parisienne, Nßmes
- Distributeur : MK2
- Date de sortie :
Distribution
- Richard Berry : Romain
- Anne Brochet : Jeanne
- Adrienne Winling : Mado
- Emmanuelle Devos : Judith
- Charles Berling : Laurent
- Christiane Cohendy : MĂšre de Jeanne
- Jean-Claude Bouillon : PĂšre de Jeanne
- Marine Delterme : Ingrid
- Christine Citti : sĆur de Jeanne
- Annick Blancheteau : 1er juge
- Stefan Elbaum : avocat
- Christian Bujeau : le directeur de lâAgence
- Caroline Chaniolleau : professeur de danse
- Aude Briant : Catherine, lâinstitutrice
- Nadia Barentin : la directrice de lâĂ©cole
- Daniel Berlioux : André, le pharmacien
- Catherine Ferran : avocate de Jeanne
- Jean Grecault : lâhuissier
- Aladin Reibel : lâhomme de la banque
- Jean-Marc Roulot : lâavocat au dĂźner
- Isabelle Petit-Jacques : femme de lâavocat au dĂźner
- Karen Strassman : Sonia, lâamĂ©ricaine
- Daniel Martin : 2e juge
- BĂ©atrice Michel : Concierge
- Yasmine Modestine : Standardiste Agence
- Eric Domcarli : Client Agence
- Jean Dell : Gendarme
- Mathieu Robinot : Cyprien
- Xavier Granja : Vincent
- Paul Winling : Mathias
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :