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Commission Shaw

Le rapport Shaw, officiellement, le Rapport de la Commission sur les perturbations en Palestine d'août 1929, communément appelée la Commission Shaw, était le résultat d'une commission d'enquête britannique, dirigée par Sir Walter Shaw, créée pour enquêter sur les émeutes violentes en Palestine fin août 1929. Le rapport de la commission a été publié en mars 1930 et a conduit à la création de l’enquête Hope Simpson de mai 1930. Elle a conclu que la cause première des émeutes était la crainte de l'immigration continue et l’achat de terres par des populations juives européennes. Ces craintes résonnaient particulièrement fort au sein de la classe ouvrière et agricole arabe nouvellement sans terre et en croissance[1]. Ces points furent plus tard repris dans le Livre blanc de Passfield, et la Commission Royal Hope Simpson, qui ont tous les deux appelé à limiter l'immigration juive en Palestine.

Shaw Report, mars 1930

Contexte

La Commission Shaw, octobre 1929, Jerusalem.

La commission d'enquête britannique était dirigée par Sir Walter Shaw, un avocat reconnu, et était composée de trois parlementaires britanniques Sir Henry Betterton (conservateur), R. Hopkin Morris (libéral) and Henry Snell (travailliste)[2]. Le but de la commission était de comprendre les raisons des émeutes violentes en Palestine fin août 1929 qui causa la mort de 110 Arabes et 133 Juifs. La commission d’enquête collecta des preuves sur plusieurs semaines, des premières auditions, le 25 octobre, au 29 décembre; écoutant 120 témoins en témoignages publiques et 20 témoignages à huis clos. Bien qu’écoutant les arguments des deux parties, la Commission élabora ses recommandations principalement sur la base de preuves fournies par des officiels de l’autorité mandataire[3]. La commission se concentra sur deux points des émeutes, la nature immédiate des émeutes et les causes les expliquant. Selon les termes de l’historien américain juif Naomi Cohen

En creusant les causes immédiates –c’est-à-dire : le différend sur le Mur des Lamentations, les publications de presse incendiaires des deux côtés, l'élargissement de l'Agence Juive, les forces de l’ordre insuffisantes pour maintenir la paix ; le rapport met en lumière les causes sous-jacentes aux émeutes dont l’engagement de l'Angleterre en temps de guerre et l’hostilité anti-juive résultat des frustrations politiques et économiques croissante des Arabes [de Palestine]. Le rapport a continuellement critiqué les politiques d’immigration et d’achat de terrains, qui ont, selon le rapport, donné aux Juifs des avantages injustes. La commission a recommandé aux Britanniques de prendre un plus grand soin à garantir les droits fondamentaux des Arabes et à comprendre leurs aspirations. Le rapport Shaw a été un coup dur pour les sionistes partout dans le monde.[4]

Le rapport conclut notamment que l’achat de terres par les sociétés juives s’est fait de manière légale envers les propriétaires arabes mais dans le même temps il souligne que les revendications arabes face au danger pour leur survie que constitue l’achat de terre par les Juifs étaient légitimes. En effet, seules les terres les plus productives étaient rachetées, ce qui signifiait que les Juifs n’avaient pas l’intention d’investir dans les zones sans potentiel et ce qui laisserait la population arabe uniquement avec des terres à faible rendement[5]. La rapport conclut également qu’avec le développement du conflit autour de la colonisation et du rachat de terres, « la Palestine dans son ensemble, ne peut pas accueillir une plus grande population agricole que celle déjà présente ; à moins que les méthodes de culture changent radicalement. »[6]

Conclusions

  • Cette Ă©meute n’était pas prĂ©mĂ©ditĂ©e
  • Les Ă©meutes de JĂ©rusalem du 23 aoĂ»t ont commencĂ© par des attaques des Arabes sur les Juifs (sans lien apparent avec des meurtres d’arabes).
  • Les Ă©meutes ont pris la forme dans leur majoritĂ© d’attaques d’Arabes sur les Juifs accompagnĂ©s de saccages de maisons juives. Le massacre d’HĂ©bron a Ă©tĂ© permis par une inaction des forces de l’ordre. Dans certains cas, des Juifs ont attaquĂ© des Arabes et ont dĂ©truit des maisons arabes en rĂ©ponse bien que cela ne justifie pas leur action.
  • Le Grand Mufti de JĂ©rusalem Ă©tait guidĂ© par ses deux dĂ©sirs. Ă€ la fois, s’opposer aux Juifs et rassembler l’opinion musulmane sur le problème du Mur des lamentations. Il n’avait jamais eu aucune intention d’utiliser sa campagne religieuse comme moyen pour pousser au trouble ou aux Ă©meutes.
  • En ce qui concerne, la pratique religieuse au Mur des lamentations, le comportement du Mufti a Ă©tĂ© juste, ce qui n’a pas Ă©tĂ© le cas de certaines autoritĂ©s religieuses juives… Aucune connexion ne peut ĂŞtre Ă©tablie entre le Grand Mufti et les personnes supposĂ©es ou identifiĂ©es comme ayant lancĂ© les troubles… Après le dĂ©but des troubles, le Grand Mufti a coopĂ©rĂ© avec le gouvernement britannique dans leur effort pour le retour Ă  la paix et pour prĂ©venir l’extension des troubles
  • [On ne peut pas condamner le gouvernement britannique de n’avoir pas fourni d’armes, de moyens de dĂ©fense et moyens similaires aux populations juives]
  • Il existe des preuves incontestables qu’en matière d’immigration, il y a eu un sĂ©rieux Ă©cart des autoritĂ©s juives par rapport Ă  la doctrine acceptĂ©e par l’Organisation sioniste mondiale en 1922 qui clamait que l’immigration devait ĂŞtre rĂ©gulĂ©e par la capacitĂ© Ă©conomique de la Palestine Ă  absorber les nouveaux arrivants
  • Entre 1921 et 1929, il y a eu de nombreuses ventes de terres dont la consĂ©quence est que de nombreux Arabes ont Ă©tĂ© expulsĂ©s sans garantie de trouver d’autres terres. La situation est maintenant critique. Cela a crĂ©Ă© une classe de population sans terre et mĂ©contente pouvant ĂŞtre un danger pour le pays.
  • La cause fondamentale « sans laquelle les troubles n’auraient pas eu lieu ou n’auraient Ă©tĂ© que des manifestations locales est le sentiment d'animositĂ© et d'hostilitĂ© des Arabes envers les Juifs qui dĂ©coulent de la dĂ©ception de leurs aspirations politiques et nationales et de leur peur pour leur avenir Ă©conomique. Ce sentiment tel qu’il existe vient de la crainte ressentie par les Arabes que les nouveaux immigrants juifs soient non seulement vus comme une menace pour leur gagne-pain, mais se prĂ©sentent comme une nouvelle autoritĂ© pour l’avenir.
  • Les causes immĂ©diates des violences sont :
    • la longue sĂ©ries d’incidents liĂ©s au Mur des lamentations… ces incidents doivent ĂŞtre regardĂ©s dans leur ensemble mais l’incident qui selon notre point de vue a le plus contribuĂ© aux violences Ă©tait la manifestation juive près du Mur des lamentations le menĂ©e par la jeunesse du Betar,
    • la deuxième cause la plus importante est l’activitĂ© de l’association de Protection des lieux Saints musulmans et dans une moindre mesure l’organisation sioniste du ComitĂ© pour le Mur des lamentations ;
  • L’existence d’articles virulents dans un quotidien juif, un hebdomadaire juif et dans certains journaux arabes ;
  • La propagande parmi les populations arabes les moins Ă©duquĂ©es pour les pousser Ă  la violence ;
  • La croissance de l’Agence juive ;
  • L’inadĂ©quation des forces militaires et d’une police disponible et fiable ;
  • La croyance que les dĂ©cisions du gouvernement palestinien pourraient ĂŞtre influencĂ©es par des considĂ©rations politiques
  • Les conclusions de la Commission Shaw recommandent au gouvernement britannique de revoir sa politique d’immigration juive et de vente de terres aux Juifs. Ces recommandations ont directement menĂ© Ă  la Commission Royal Hope Simpson de 1930

Recommandations

Synthèse des principales recommandations faites par la commission Shaw[7]

* Le gouvernement de sa Majesté doit émettre un avis clair sur la politique voulue en Palestine. La valeur de cet avis serait encore plus grande s’il définissait le sens qu’ils donne, dans leur Mandat, à la garantie des droits des communautés non-juives et s’ils donnait des directives plus explicites sur des sujets aussi vitaux que les notions de terre et d’immigration

  • La politique d’immigration doit ĂŞtre clairement dĂ©finie “dans le but d’éviter que ne se rĂ©pètent les vagues d’immigration excessives de 1925 et 1926 ». Les rouages de la politique doivent ĂŞtre Ă©laborĂ©s et les parties prenantes non-juives doivent ĂŞtre consultĂ©es sur les sujets d’immigration.
  • Une enquĂŞte scientifique doit ĂŞtre mise en place sur les potentiels de dĂ©veloppement des terres en Palestine; en tenant compte « de l’accroissement naturel de la population rurale ». En parallèle, la tendance Ă  l’éviction de paysans [arabes] de leur terre doit Ă©galement ĂŞtre surveillĂ©e »
  • Sans faire de recommandation sur le dĂ©veloppement politique et constitutionnel, la commission a observĂ© que les difficultĂ©s de l’administration Ă©taient grandement aggravĂ©es par l’absence de mesures de gestion autonome.

Notes et références

  1. Rapport Shaw, pp. 150–157
  2. Henry Laurens, La Question de la Palestine:Une Mission sacrée de civilisation, 1922-1947, Fayard, Paris, 2002 p. 183
  3. Aryeh L. Avneri,The claim of dispossession: Jewish land-settlement and the Arabs, 1878-1948, Transaction Publishers, 1984 p. 125
  4. Naomi Wiener Cohen, The year after the riots: American responses to the Palestine crisis of 1929-39, Wayne State University Press, 1988 p. 34
  5. Aryeh L. Avneri,The claim of dispossession: ibid.p. 126
  6. Aryeh L. Avneri,The claim of dispossession: ibid.p. 127
  7. , The Political History of Palestine under British Administration, The disorders of August 1929. Point 43

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