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Close-up (film)

Close-up (en persan: نمای نزدیک ; Nema-ye Nazdik) est un film de procès dramatique iranien sorti en 1990, écrit et réalisé par Abbas Kiarostami.

Close-up

Titre original نمای نزدیک
Nema-ye Nazdik
RĂ©alisation Abbas Kiarostami
Scénario Abbas Kiarostami
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de l'Iran Iran
Genre Drame
Durée 94 minutes
Sortie 1990

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

L’histoire est basée sur un fait divers : un jeune chômeur d’origine turque vient d’être emprisonné après avoir tenté d’escroquer une famille de la bourgeoisie de Téhéran. Auprès d’eux, il se fait passer pour la vedette du nouveau cinéma iranien, Mohsen Makhmalbaf, un intellectuel engagé dans la révolution islamiste qui devient de plus en plus critique envers le régime et dont la popularité est immense d’un bout à l’autre du pays. Hossein Sabzian a profité d’une rencontre avec une femme dans un bus pour lancer son imposture. Il a proposé à la famille Ahankhah de les enrôler dans son nouveau film et leur a extorqué un peu d’argent pour sa production imaginaire mais la supercherie est découverte par la famille, entrainant Hossein dans un procès [1].

Autour du film

Le film s’inspire intĂ©gralement de faits rĂ©els. Ă€ l’automne 1989, le magazine iranien Sorush publie un article sur un fait-divers peu habituel : un homme pauvre a Ă©tĂ© arrĂŞtĂ© après avoir tentĂ© de prendre l’identitĂ© du rĂ©alisateur Mohsen Makhmalbaf. Après avoir appris cette histoire, Abbas Kiarostami a expliquĂ© qu’il avait rapidement tentĂ© de rĂ©aliser un film sur cette affaire bien que le coupable n’ait pas encore Ă©tĂ© jugĂ©. « Le premier point qui m’a frappĂ© est le fait que cette personne ne soit pas un fraudeur. Il Ă©tait plutĂ´t habitĂ© par une image. C’est pour cela qu’il vint Ă  imaginer un plan poussĂ© Ă  l’extrĂŞme, qui ne pouvait ĂŞtre pris autrement que comme un canular. Ce qu’un rĂ©alisateur de films pouvait faire pour lui, c’était le rĂ©habiliter, faire un portrait de lui en tant que jeune homme amoureux de cinĂ©ma, des gens du cinĂ©ma », a expliquĂ© Kiarostami [2].

Le cinĂ©aste approche Sabzian et le juge de la cour, et obtient la permission de filmer le jugement. Abbas Kiarostami et son Ă©quipe font en sorte d’avancer le procès et de libĂ©rer Sabzian de prison, afin que cela puisse coĂŻncider avec leur pĂ©riode de tournage. Le film mĂ©lange donc des scènes de cinĂ©ma-vĂ©ritĂ© et les sĂ©quences de pure mise en scène pour troubler le spectateur. Ce film brosse Ă©galement un portrait d'une sociĂ©tĂ© iranienne fermĂ©e Ă  l'issue de la rĂ©volution iranienne de 1979 et du dĂ©sarroi de ceux qui n’y trouvent pas leur place. Sabzian symbolise le dĂ©sir d’ascension sociale d’une jeunesse iranienne.  Les promesses d’une carrière artistique paraissent, Ă  TĂ©hĂ©ran, aussi envoĂ»tantes qu'un destin de grande cĂ©lĂ©britĂ© de la chanson dans d’autres pays du monde. Le tĂ©moignage que Kiarostami recueille dans la prison de Ghasr illustre un jeune homme, Ă©pris de poĂ©sie, qui s’est mis Ă  rĂŞver d’une amĂ©lioration de sa condition au sein de la sociĂ©tĂ©. Les confessions de Sabzian sont le point de dĂ©part du long-mĂ©trage.

Si Hossein Sabzian a acceptĂ© d’être filmĂ© pendant son procès, le rĂ©alisateur va plus loin dans sa mise en scène. Il fait rejouer au jeune imposteur et Ă  la famille Ahankhah certains Ă©pisodes du fait divers afin de troubler les repères du spectateur [3].  En effet, Kiarostami est allĂ© retrouver tous les protagonistes de ce rĂ©cit, leur a fait rejouer leur aventure. Parallèlement, il filme le procès d’Hossein Sabzian, qu’il entrecoupe de retours en arrière reconstituĂ©s, et organise après sa libĂ©ration la rencontre de celui-ci avec le vrai Makhmalbaf. Entre reconstitution et documentaire, Close-up apparaĂ®t comme un objet qui mĂŞle le vrai et le faux, l’artifice et l’authentique, jusqu’à brouiller ces notions [4].

Ces dispositifs de mise en scène permettent de plonger le spectateur au cœur de la société iranienne. Les barrières de classes, les institutions (justice, police, prison) s’y incarnent de manière à décrire et d’analyser le fonctionnement d’une machine d’État (la cour de justice) et de dépeindre, de l’intérieur une famille bourgeoise hypnotisée, pour un temps, par les promesses du cinéma [4]. Le film offre une image de la république islamique d’Iran où les riches propriétaires et les hommes modestes partagent un amour pour le cinéma, un amour utilisé par le juge afin de rapprocher les protagonistes opposés. À ce sujet, Abbas Kiarostami déclare : « Ce que je cherche à montrer, c’est que Hossein Sabzian est un martyr, un homme amoureux, alors que beaucoup de gens sont convaincus qu’il n’est qu’un simple imposteur. La vérité que j’essaye d’extraire de cette réalité, c’est que tout homme est bon au plus profond de lui. » [5]

RĂ©ception nationale et internationale

Le film a été accueilli par des réactions généralement négatives lorsqu’il a été montré pour la première fois en Iran en 1990. À l’étranger, Close-Up fut uniquement présenté dans quelques festivals occidentaux, ce qui lui suffit pour bénéficier d’une reconnaissance internationale grâce à l’engouement critique. Ce long métrage a permis d’ouvrir la voie à Kiarostami vers des festivals plus prestigieux tels que ceux de Cannes, New York pour d’autres de ses films tels que Life Goes On (en) en 1992 [6]. En 2012, le film figure dans la liste des 100 meilleurs films du monde de Sight and Sound : il est 43ème dans le sondage auprès des critiques, et 37ème dans le sondage auprès des réalisateurs[7].

Contexte cinématographique

Close-up s’inscrit dans une nouvelle vague du cinĂ©ma iranien qui cherche Ă  dĂ©peindre les problèmes de la sociĂ©tĂ© tels que perçus par le rĂ©alisateur, sans analyse sociale ou politique.  Dans la sociĂ©tĂ© post-rĂ©volution islamique, Kiarostami essaye d’apprendre au spectateur comment percevoir diffĂ©remment la rĂ©alitĂ© et les relations humaines. Le cinĂ©aste innove en proposant un nouveau langage cinĂ©matographique qui, avec l’œil intrusif d’une camĂ©ra, a pour objectif de dĂ©peindre une nouvelle « esthĂ©tique du rĂ©el » [8]

RĂ©compenses

  • Fajr International Film Festival (Iran), 1990 : Prix spĂ©cial du Jury
  • MontrĂ©al Festival of New Cinema, 1990 : Prix du Meilleur film dĂ©cernĂ© par la « Quebec Critics Association »
  • Rimini International Film Festival (Italie), 1990 : Silver R
  • Festival International du Film de Dunkerque, 1991 : Prix du Meilleur rĂ©alisateur
  • Festival International du Film de Dunkerque, 1991 : Prix de la ville de Dunkerque
  • Festival International du Film de Dunkerque, 1991 : Prix de la Critique
  • Istanbul International Film Festival, 1991 : Prix FIPRESCI

Fiche technique

  • Titre original : نمای نزدیک Nema-ye Nazdik
  • Titre français : Close-up
  • RĂ©alisation et scĂ©nario : Abbas Kiarostami
  • Photographie : Ali Reza Zarrindast
  • Production : Ali Reza Zarrin
  • Format : couleur - Son : mono
  • Genre : Drame
  • DurĂ©e : 94 minutes
  • Date de sortie :

Distribution

  • Mohsen Makhmalbaf : lui-mĂŞme
  • Abolfazl Ahankhah : lui-mĂŞme
  • Mehrdad Ahankhah : lui-mĂŞme
  • Hossain Farazmand : lui-mĂŞme
  • Hossain Sabzian : lui-mĂŞme
  • Abbas Kiarostami : lui-mĂŞme
  • Monoochehr Ahankhah
  • Mahrokh Ahankhah
  • Nayer Mohseni Zonoozi
  • Ahmad Reza Moayed Mohseni
  • Hooshang Shamaei
  • Mohammad Ali Barrati
  • Davood Goodarzi
  • Haj Ali Reza Ahmadi
  • Hassan Komail
  • Davood Mohabbat

Notes et références

  1. (en-US) Stephen Holden, « FILM REVIEW; The Pathos Of Deceit By a Victim Of Longing », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  2. « Dossier de presse, Close-up », sur www.cinema-les2scenes.com (consulté le )
  3. « Pourquoi “Close up” est l'un des chefs-d’œuvre d'Abbas Kiarostami », sur Télérama.fr (consulté le )
  4. « Reprise : « Close-up », de Kiarostami, par-delà le vrai et le faux », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Dossier de presse, Close-up » (consulté le )
  6. (en) Godfrey Cheshire, « Close-up: Prison and Escape », sur The Criterion Collection (consulté le )
  7. (en) « Votes for Close-up (1989) », sur BFI (consulté le )
  8. (en) DABASHI Hamid, “Close up : Iranian cinema, past, present and future”, Londres, Verso, 311 p.

Liens externes

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