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Claude Meillassoux

Claude Meillassoux est un anthropologue français né le et mort le .

Claude Meillassoux
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Claude Albert Robert Meillassoux
Nationalité
Activité
Enfant
Autres informations
Archives conservées par
Humathèque Condorcet (d) (Paris1 BRA CM)[1]

Il est l'auteur de nombreux articles dans les revues Cahiers d'études africaines, L’Homme et la société, L’Homme, Économie et Sociétés, Journal de la Société des africanistes, Anthropologie et Sociétés ou L’Ethnographie.

Claude Meillassoux a beaucoup étudié les systèmes économiques des sociétés pré-capitalistes en utilisant les concepts marxistes d'infrastructure, de superstructure ou de matérialisme historique. Il a pour conviction que les mécanismes de domination et d'échange sont présents dans toute société humaine.

Il s'inscrit dans le mouvement de l'anthropologie de la libération loin des pensées fonctionnaliste et structuraliste dominantes en anthropologie dans la deuxième moitié du XXe siècle.


Biographie

Études

Claude Meillassoux naquit le à Roubaix (Nord) d'une famille d'industriels du textile[2]. En 1947, il obtint son diplôme de l'Institut d'études politiques de Paris en section économie. En 1950, il s'envola pour les États-Unis où il fut diplômé d'un Master of Arts in Economics (en économie politique) de la Graduate School of Economics de l'Université de Michigan. Il servit alors d'interprète auprès des industriels français en visite aux États-Unis dans le cadre du plan Marshall, et, plus tard, il collabora avec des experts commerciaux américains. En 1954, il fut engagé chez Dorland, une société de marketing et de publicité siégeant sur les Champs-Élysées[2]. Il se rapprocha du Centre d'action des gauches indépendantes (CAGI), un mouvement de gauche, à la suite des répressions françaises au sein des colonies[3]. Ses engagements politiques lui permirent de découvrir la pensée de Marx et celle d'Engels[2].

Georges Balandier et l'École pratique des hautes études (EPHE)

Ă€ partir des annĂ©es 1955-1957, il se consacra aux recherches en sciences humaines et sociales sous l'Ă©gide de Georges Balandier (1920). En 1958, il partit avec Ariane Deluz (1931-2010) pour sa première mission sur le terrain en CĂ´te d'Ivoire afin d'Ă©tudier les transformations Ă©conomiques et sociales des Gouro[2]. Cette mission fut Ă  l'origine de ses rĂ©flexions thĂ©oriques et Ă  l'origine de sa rĂ©putation au sein de la communautĂ© des ethnologues. En 1960, il rĂ©digea un article intitulĂ© « Essai d'interprĂ©tation du phĂ©nomène Ă©conomique dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles d'auto-subsistance Â»[4], longtemps considĂ©rĂ© comme un article fondateur d'une nouvelle perception de l'anthropologie. Dans cet article, il analysa notamment les particularitĂ©s Ă©conomiques du peuple Gouro. Ă€ la suite de cette Ă©tude de terrain, il soutint une thèse en 1962 sous la direction de Georges Balandier, celle-ci portait Ă©galement sur les Gouro de CĂ´te d'Ivoire. Dès cette annĂ©e-lĂ , il entra Ă  l'EPHE, VIe section. Il prit un congĂ© sans solde, en 1962-1963, et, grâce Ă  une bourse de la National Foundation (États-Unis), il put Ă©tudier, pour le Center for Social Science Research, les « associations volontaires urbaines de Bamako Â»[2].

CNRS

En 1964, il entra au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) comme chargĂ© de recherches grâce Ă  Pierre Monbeig (1908-1987), alors directeur-adjoint. Dès cette annĂ©e-lĂ , il fait partie de la Recherche CoopĂ©rative sur Programme (RCP) n°11, intitulĂ©e « Ethnosociologie de la Boucle du Niger Â», alors dirigĂ©e par Jean Rouch (1917-2004)[2]. En 1964, il publia sa thèse intitulĂ©e Anthropologie Ă©conomique des Gouro de CĂ´te d'Ivoire[5] qui eut un grand retentissement. De Ă  , il partit en mission au Mali oĂą il s'attacha particulièrement Ă  l'Ă©tude des clans, des castes et de l'esclavage en Afrique sahĂ©lo-soudanaise. De Ă  , Claude Meillassoux fut mis Ă  disposition de l'Institut de dĂ©veloppement et de planification de Dakar oĂą il Ă©tudia les populations soninkĂ© au SĂ©nĂ©gal et oĂą il fit une courte mission, en , en pays Goye afin d'Ă©tudier les castes soninkĂ© et de commencer ses observations sur l'esclavage. Une nouvelle mission suivit, de 1966 Ă  1967, oĂą il partit pour le Mali afin d'Ă©tudier les populations marka en s'attachant tout particulièrement aux structures sociales, Ă©conomiques et politiques. De 1967 Ă  1968, il succĂ©da Ă  Jean Rouch et prit la direction de la RCP n°11. En , il partit pour le Mali oĂą il observa les cĂ©rĂ©monies septennales du Kamablon Ă  Kangaba. Ă€ la fin de la RCP n°11, en , il devint le directeur d'une Ă©quipe de recherche sur les « Systèmes Ă©conomiques africains Â», dĂ©pendant de la XXVe section du CNRS[6]. Toutefois, les recherches commencĂ©es sous la RCP continuèrent. Ainsi, il effectua une mission complĂ©mentaire en janvier- au Mali auprès des populations soninkĂ© du Wagadu et des populations maures voisines. De nouveau, il Ă©tudia l'organisation sociale et Ă©conomique de ces populations. De septembre Ă  , il partit au SĂ©nĂ©gal afin d'achever un lexique soninkĂ©-français, d'Ă©tudier les castes toucouleurs, et de recueillir des donnĂ©es sur l'histoire Ă©conomique et sociale de la rĂ©gion.

Ă€ la fin des annĂ©es 1960 jusqu'Ă  la fin des annĂ©es 1970, il anima ce qui fut longtemps appelĂ© « le sĂ©minaire de la rue de Tournon Â» oĂą de nombreux anthropologues furent invitĂ©s, mais Ă©galement des chercheurs d'autres domaines[7]. Ce sĂ©minaire associait la recherche intellectuelle Ă  la passion militante. Plusieurs ouvrages collectifs furent publiĂ©s Ă  l'issue de ces sĂ©ances dont l'ouvrage intitulĂ© Qui se nourrit de la famine en Afrique ? (1974)[8] qui eut un fort retentissement auprès du grand public et des milieux scientifiques. Dès 1971, il anima un sĂ©minaire Ă  la VIe section de l'EPHE. En 1974, il obtint le grade de maĂ®tre de recherches[2]. Ă€ partir du milieu des annĂ©es 1970, il synthĂ©tisa ses principes thĂ©oriques issus de ses observations. En 1975, parut sa thèse d'État Femmes, greniers et capitaux[9] qui Ă©tudiait les modes de production domestiques et les consĂ©quences de sa surexploitation par le système impĂ©rialiste. Cet ouvrage fut traduit dans pas moins de sept langues (allemand, portugais, japonais, espagnol, italien, anglais)[10]. D'octobre Ă  , il effectua une nouvelle mission au Mali afin d'Ă©tudier les relations entre les rĂ©cits lĂ©gendaires et les histoires. En 1977, il sĂ©journa en Afrique du Sud, s'intĂ©ressa Ă  l'apartheid et le dĂ©nonça. Il publia sur ce point un ouvrage intitulĂ© Les derniers Blancs : le modèle sud-africain[11] (1979)[12]. La mĂŞme annĂ©e, il fit sa dernière mission au SĂ©nĂ©gal et au Mali oĂą il examina la situation des populations urbaines du SĂ©nĂ©gal, au regard des migrations et de la construction des barrages de Diama et de Mananteli.

En 1979, il fut nommĂ© codirecteur de l'Ă©quipe de recherche (ER) 225 intitulĂ©e « SociĂ©tĂ©s rurales et politiques du dĂ©veloppement Â» et devint Ă©galement directeur de recherches. En 1982, il dirigea l'Ă©quipe « Afrique australe Â» de l'ER 225. En 1986, il crĂ©a le Groupement de recherche (GR) 846 « Afrique Australe Â» qui regroupait chercheurs, universitaires, doctorants, anthropologues, sociologues et Ă©conomistes[13]. Ce GR privilĂ©giait une approche pluridisciplinaire et le dialogue entre des chercheurs africains et français. Il fonctionna sous diffĂ©rentes appellations jusqu'en 1998. Dans les annĂ©es 2000, il travailla Ă  une anthropologie critique de la Bible en s'attachant tout particulièrement aux liens de parentĂ©.

Claude Meillassoux est décédé le à Paris.

Distinctions

Claude Meillassoux a reçu, en 1984, la médaille d'argent du CNRS pour l'ensemble de ses travaux[14].

Bibliographie

Liste non exhaustive des ouvrages de Claude Meillassoux. Les archives de Claude Meillassoux sont conservées à la Bibliothèque de Recherches africaines.

  • Anthropologie Ă©conomique des Gouro de CĂ´te d’Ivoire : de l’économie de subsistance Ă  l’agriculture commerciale, Paris, Mouton, 1964, 382 p.
  • L’Évolution du commerce africain depuis le XIXe siècle en Afrique de l’Ouest, Oxford, Oxford University Press, 1971, 444 p.
  • Qui se nourrit de la famine en Afrique ?, Paris, Maspero, 1974.
  • L’Esclavage en Afrique prĂ©coloniale, Paris, Maspero, 1975, 582 p.
  • Femmes, greniers et capitaux, Paris, Maspero, 1975, 254 p., rĂ©Ă©dition L'Harmattan, 1992
  • Terrains et ThĂ©ories, Paris, Anthropos, 1977, 344 p (collection de 11 articles)
  • ThĂ©orie de la communautĂ© familiale, un thème d’anthropologie Ă©conomique, Tokyo, Chikuma ShobĹŤ, 1977, 283 p.
  • Les derniers Blancs : le modèle sud-africain, Paris, Maspero, 1979, 311 p.
  • Anthroplogie de l’esclavage, le ventre de fer et d’argent, Paris, PUF, 1986, 375 p.
  • GĂ©nie social et manipulation culturelle en Afrique de l’apartheid, Paris, Arcantère, 1991, 314 p.
  • Les Spectres de Malthus, Paris, EDI-ORSTOM- CEPED, 1991, 442 p.
  • L'Ă©conomie de la vie: DĂ©mographie du travail, BrochĂ©, 1997, 166 p.
  • Mythes et limites de l'anthropologie, BrochĂ©, 2001, 479 p

Articles

  • « Essai d'interprĂ©tation du phĂ©nomène Ă©conomique dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles d'auto-subsistance Â», Cahiers d'Études Africaines, Paris, 1960, n°4, pp 38-67.
  • La grande entreprise historique du mâle, revue PĂ©riode, première publication sous le titre de « Le mâle en gĂ©sine, ou De l’historicitĂ© des mythes Â» dans Cahiers d’études africaines, vol. 19, n° 73-76, 1979, pp. 353-380.
  • De la reproduction Ă  la production, revue PĂ©riode, texte tirĂ© du recueil Terrains et thĂ©ories (Ă©ditions Anthropos, Paris, 1977).
  • De l'incapacitĂ© des hommes Ă  accoucher, et ce qu'il en advient, dans Quel genre d’homme ? : Construction sociale de la masculinitĂ©, relations de genre et dĂ©veloppement, Ă©ditĂ© par Christine Verschuur, Genre et dĂ©veloppement. Rencontres. Genève: Graduate Institute Publications, 2016, pp. 99‑120.
  • Hommages . In Du social hors la loi : L’anthropologie analytique de Christian Geffray, Ă©ditĂ© par Yann Guillaud et FrĂ©dĂ©ric LĂ©tang, 29‑31. Synthèses. Marseille: IRD Éditions, 2013.

Liens externes

Sources

  • « Claude Meillassoux », Journal des anthropologues, n° 118-119, 2009.
  • « Claude Meillassoux. Un parcours original Â», Le Courrier du CNRS, n° 60, p. 61-62.
  • Coquery-Vidrovitch (Catherine), « Hommage Ă  Claude Meillassoux Â», , disponible sur le site du Maitron : maitron.fr/spip.php?article140563, consultĂ© le .
  • Copans (Jean), « Claude Meillassoux (1925-2005) Â», Cahiers d'Ă©tudes africaines, 2005, n° 177, disponible sur le site de la revue : etudesafricaines.revues.org/index4887.html, consultĂ© le .
  • Gaillard (GĂ©rard), « Claude Meillassoux Â», Dictionnaire des ethnologues et des anthropologues, Paris, Armand Colin/Masson, 1997, 286 p.
  • Schlemmer (Bernard), dir. Terrains et engagements de Claude Meillassoux, Paris, Karthala, 1998.
  • Schlemmer (Bernard), « Un coup de tonnerre dans un ciel serein Â», , disponible Ă  cette adresse : http://www.ur105.ird.fr/spip.php?article133, consultĂ© le .

Notes et références

  1. « http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=FileId-3067 » (consulté le )
  2. COPANS (Jean).
  3. CNRS, Le Courrier du CNRS
  4. Article paru dans les Cahiers d'Études africaines, Paris, 1960, n°4, pages 38-67. Disponible sur PersĂ©e : url : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1960_num_1_4_3679. ConsultĂ© le 18 juillet 2010.
  5. MEILLASSOUX (Claude). Anthropologie Ă©conomique des Gouro de CĂ´te d'Ivoire : de l'Ă©conomie de subsistance Ă  l'agriculture commerciale, Mouton, Paris, 1964, 382p..
  6. MEILLASSOUX (Claude). « Projet de recherche sur les systèmes Ă©conomiques africains Â», Journal de la sociĂ©tĂ© des africanistes, Paris, 1964, n°34, vol. 2, pp 292-298. Disponible en ligne Ă  cette adresse : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1964_num_34_2_1464. ConsultĂ© le 27 aoĂ»t 2010.
  7. SCHLEMMER (Bernard). 2005.
  8. Collectif. Qui se nourrit de la famine en Afrique ? (Claude Meillassoux : Ă©d., et Introduction), Maspero, Paris, 1974.
  9. MEILLASSOUX (Claude). Femmes, greniers et capitaux, Paris, 1975, Maspéro, 254 p.
  10. Bibliographie in Terrains et engagements de Claude Meillassoux, dirigé par Bernard SCHLEMMER. Disponible à cette adresse : http://www.ur105.ird.fr/IMG/doc/Publications_Meillassoux.doc, consulté le 27 août 2010.
  11. MEILLASSOUX (Claude). Les derniers Blancs : le modèle sud-africain, Maspero, Paris, 1979, 311p.
  12. COQUERY-VIDROVITCH (Catherine).
  13. Copans (Jean)
  14. SCHLEMMER (Bernard). « Introduction. L'actualité de Claude Meillassoux », in Terrains et engagements de Claude Meillassoux.
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