Clôture électrique entre la Belgique et les Pays-Bas
Au cours de la Première Guerre mondiale, début 1915, le gouvernement allemand en Belgique décide l'installation d'une clôture électrique (en néerlandais : De Draad (« le fil ») ou De Dodendraad (« le fil de la mort »)) à la frontière belgo-néerlandaise.
Historique
La clôture fut construite durant la première moitié de 1915. Elle était sous haute-tension électrique permanente et devait empêcher les citoyens belges de fuir aux Pays-Bas, pays neutre. Elle avait également pour but d'éviter la transmission d'informations sensibles provenant de l'espionnage aux centres de renseignements alliés situés aux Pays-Bas ou encore d'empêcher des volontaires belges de rejoindre le front par le Royaume-Uni en embarquant à Flessingue.
Le fil supérieur de la clôture principale, composée de cinq à sept fils, était situé à une hauteur comprise entre 1,50 m et 3 m du sol. Des deux côtés, se trouvait également une clôture plus petite. Du côté belge, l'espace situé à 100 m de la clôture était considéré comme une zone d'exclusion où les gardes pouvaient tirer sans sommation. Elle parcourait plus de 200 km entre Vaals et Knokke, la plupart du temps en suivant d'assez près la frontière mais parfois coupant court lorsqu'elle était trop sinueuse. La tension électrique était de 2 000 volts, suffisante pour tuer quiconque la touchait. La plupart des victimes étaient soit des espions, des contrebandiers, des déserteurs allemands, des réfugiés belges voire des citoyens négligents. On estime à plus de 800 le nombre de personnes victimes de la clôture ou de ses gardiens en patrouille. La tension était fournie de diverses façons, soit depuis des usines locales, soit depuis des générateurs mobiles, ou depuis des stations de traction pour tram.
Elle était gardée par des soldats des compagnies Landsturm postés tous les 1 à 4 km dans des baraquements qui leur tenaient lieu de logement. Ces baraquements étaient reliés par téléphone. Des alarmes étaient parfois reliées aux fils et certaines sections étaient éclairées la nuit.
La frontière pouvait néanmoins être franchie à certains postes moyennant un laissez-passer délivré par l'autorité allemande.
Des centaines de réfugiés ont réussi à fuir vers les Pays-Bas en utilisant des tonneaux de bois, des couvertures de laine, un cadre pliant en bois, des échelles, des tapis en caoutchouc ou d'autres objets non conducteurs.
Directement après l'armistice, la clôture fut démontée par des agriculteurs qui en récupérèrent les composants pour leurs propres clôtures ou par les administrations communales pour les revendre.
Reconstitution
Sur la frontière belgo-néerlandaise, à proximité de la borne-frontière 174 près de Hamont, une réplique de la clôture a été construite.
D'autres reconstitutions de la clôture existent à Zondereigen, Molenbeersel et au Karrenmuseum à Essen. Il existe un seul monument commémoratif à Sippenaeken.
Galerie
- Monument commémoratif à Sippenaeken
- Détail de la clôture
- Soldat allemand posant pour la photo
- La clôture près de l'Escaut
Sources
- Alex Vanneste, Le premier "Rideau de fer" ? La clôture électrisée à la frontière belgo-hollandaise pendant la Première Guerre mondiale, Bulletin trimestriel du Crédit communal de Belgique, 2000, nr. 214, p. 39-82
- (nl) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en néerlandais intitulé « De Draad » (voir la liste des auteurs).